31 juillet 2007

La vallée magique du Jiuzhaigou

Lundi 30 juillet 2007 - Chengdu / 15h21

Quelques jours ont encore passe, et c'est a nouveau de Chengdu que j'écris ces lignes. Mes derniers moments dans la capitale régionale du Sichuan ? Pas si sur, car la suite s'annonce déjà bien compliquée ! Mais je vous laisse découvrir cela en lisant les lignes qui suivent, ou vous sera notamment contée l'excursion incroyable dans la vallée des merveilles du Jiuzhaigou, probablement l'un des plus beaux lieux que mes pieds aient foulé jusqu'à présent.

On était Jeudi 26 juillet...

En sortant du café Internet, je rejoins Nico et Alex, dit "Le Prussien" (surnom de génie trouve par Nico, bien sur), le grand rouquin teuton qui fait peur au premier abord, mais dont le visage, les gestes et les mots suggèrent rapidement une indiscutable sympathie. On s'était dit qu'on sortirai ensemble ce soir la, il s'était donc empresse d'acheter une délicieuse bouteille d'alcool de riz de qualité a 53 degrés. C'est donc fort sympathiquement, sans doute dans le but de resserer encore l'amitié franco-allemande, qu'il me demande en souriant de vider d'une traite le tiers restant de la bouteille qu'ils avaient commence a siroter a deux en m'attendant. Et moi de m'exécuter bien sur. On s'enfile ensuite quelques brochettes dans la rue, qu'on fait passer avec de la bière chinoise... Alex est dans une forme olympique, il se met a proposer a toutes les chinoises en mini-short qu'il voit passer de nous accompagner en boite. Et ça marche ! On se retrouve rapidement au Top One, une boite branchée et gigantesque, avec plein de salles et tout, avec trois chinoises a nos cotes et une caisse de "Ice beers" tiedes sur la table. Dans une pièce, la techno a la mode rythme les pas de danse approximatifs de centaines de chinois survoltes. Dans une autre, des chanteurs et chanteuses se succèdent sur un podium pour interpréter des chansons pop. Partout, on est les rois. Je n'irai pas jusqu'à dire que les filles se battent pour danser avec nous, mais bon, on se rapproche de l'idée. Le Prussien est incroyable, il dépasse la foule d'une bonne tête et on ne voit que lui, faisant balancer ses bras au dessus de tout le monde ou s'emparant des hanches d'une filles pour danser. Un phénomène qui nous amuse une bonne partie de la soirée, jusqu'au coup de coup de barre qui nous assomme et nous fait reprendre un taxi. On tombe tous les trois dans un lourd sommeil aux alentours de 2h30. Ouais, bon, petits joueurs.

Vendredi 27 juillet

Lever vers 7h, pas frais. Taxi. Car en direction de JiuZhaiGou. Le trajet est estime a 10-12h, on a donc une journée a passer la dedans. Pourquoi pas. Apres 2 heures de grandes routes nationales, on se retrouve déjà engouffre dans une petite route qui serpente à coté d'un fleuve, dans une longue vallée entourée de hautes montagnes. Le paysage ne va aller qu'en s'embellissant dans notre progression vers l'extrême-nord du Sichuan, et on croise plusieurs autres parcs naturels reputes de toute beauté. Pour nous le temps est a la sieste, a la lecture, a la musique... tout ce qu'on peut faire dans un bus quoi. Je me laisse bercer par les images de montagnes qui défilent en écoutant Grandaddy, Hushpuppies, Ghinzu, Galaxie, Coco Rosie... plaisir indescriptible des notes qui ricochent dans la tête, qui emportent les pensées, qui troublent les limites entre rêves et realites, qui offrent un voyage intérieur au voyage physique. Et puis je regarde plusieurs épisodes de la saison 2 de la série "Rome", amenée dans mes bagages grâce a la technologie iPod. Cette série a un souffle épique prodigieux, une mise en scène digne du meilleur du cinéma, un scénario d'une cruauté et d'un tragique rare. Historique pourtant. Oui, je suis en Chine et je regarde des séries américaines, et alors ?

Pendant les pauses (il y en a quelques unes), on s'achète des pommes pas mures, des prunes trop mures, des kiwis sèches très bons et des noisettes locales toutes rondes et grosses qui ont un peu le goût de pistache sucrée. Bon, et de noisette. Pour être sur de manger des denrées comestibles, on a toujours sur nous un paquet d'Oreo (biscuit international au cacao et au lait), ça aide parfois. Il n'y a que des chinois dans le bus a part nous, et l'ambiance est bonne sans plus, on ne se fait pas plein de potes. Il y en a un qui nous parle un peu en anglais, mais il pue tellement de la gueule qu'on tente de raréfier les conversations. A un moment, je regarde par la fenêtre, et j'aperçois un panda en pleine nature ! Non en fait c'est pas vrai. J'aurai bien aime. Le temps se gâte un peu sur la fin. Il pleut. Dernière pause. Des yaks attendent de se faire prendre en photo sur le bord de la route, moyennant une pièce ou deux. Arrivée a la gare routière. On a réservé une guest-house via le Dragon Town, mais on ne se rappelle plus du nom, j'ai perdu l'adresse. On appelle le dit Dragon Town, un mec se trompe aussi de nom et nous dit d'aller dans un hôtel a quarante km d'ici... petite déprime. Je retrouve un papier avec le bon nom, c'est a 5-6 km seulement. Mieux. Le pote d'un pote d'un mec qui cherchait a nous aider nous y emmené pour presque pas un rond. Le cadre est superbe, petite guest-house aux couleurs vives et aux décorations tibétaines, avec stupa et tout. Le personnel est très sympa et parle bien anglais, nous réserve le bus pour rentrer a Chengdu le surlendemain. Il ne pleut plus. L'air est frais, ça sent la montagne, ça sent bon. Mes courbatures me font encore souffrir. On se couche bien sagement vers 23h.

Samedi 28 juillet

Réveil 6h. Un taxi de la guest house nous dépose gratos devant l'entrée du parc. On y est. On acheté une carte du site. Une statue de panda nous dit bonjour. L'entrée coûte un peu chère (310 Y avec le pass pour prendre tous les bus qu'on veut) mais on peut revenir gratuitement le lendemain. Ah merde on n'a prévu qu'une journée. Petit a propos : Le nom Jiuzhaigou provient des neuf villages tibétains dispersés dans toute la vallée (pour comprendre le rapport, demandez a un chinois). Sa beauté primitive et idyllique l'a hisse au rang de trésor national de Chine, et beaucoup se plaisent encore a l'appeler "Le Royaume des Fées". Ouais, nous aussi ça nous a fait envie. Il est maintenant interdit de dormir dans l'enceinte du parc pour préserver au maximum la nature, et seules des navettes ont le droit d'arpenter les routes qui joignent la vallée d'un point a l'autre.

On monte dans une de ces nombreuses navettes, plein sud, en direction des merveilles que regorge la vallée. Le peu qu'on arrive a apercevoir des fenêtres du bus est déjà stupéfiants : une rivière bleue turquoise entourée de bambous, des chutes d'eau, des villages tibétains aux vieux toits typiques... ça a l'air beau, tout le monde s'extasie dans le bus, nous les premiers, c'est chouette de s'extasier, ça remplit de joie sur l'instant. Une fourche. La vallée se sépare en deux, mais grimpe en serpentant, d'un cote en direction du "lac long", de l'autre cote en direction de la "foret primitive". C'est un peu comme dans un " Livre dont vous êtes le héros" ! Tous les visiteurs chinois sortent du bus au niveau de la fourche, on les suit. On décide même de se greffer au groupe qui est plus ou moins guide par un gars. Plus ou moins, car le dit-gars a fait descendre tout le monde au seul endroit ou il n'y a pas d'arrêt de bus ! Ça commence bien, on se met tous a marcher en bifurquant vers l'Ouest, le long de la route. Pause au bord d'un lac, plantes inconnues, canards. On choppe au vol un autre bus, qui nous emmené cette fois tout en haut de la vallée. Une petite place "spéciale touristes" doit être traversée avant d'atteindre la foret : les chinois s'y prennent en photo avec des habits tibétains traditionnels devant la montagne. Pas un ou deux chinois, non, tous les chinois. Un par un. Bien sagement. On a l'impression qu'ils ne prennent même pas le temps d'humer l'air pur d'altitude (3200m), de profiter consciemment de la vue de cette immense montagne qui se dresse derrière eux, dont le sommet, absorbe en partie par les nuages, reflète les rayons de soleil matinaux. Tout au plus un joli décor pour la photo costumée ! Avec Nico on craque, on file loin de "notre groupe" pour se perdre dans la foret. Se perdre est un bien grand mot : tous les sentiers accessibles a pied sont ultra balises, on marche sur des chemins surélevés, en bois, d'environ 2m de largeur, qu'on n'a le droit de quitter sous aucun prétexte. C'est sans doute préférable pour la nature, surtout en prenant en compte le caractère chaotique et sans gène d'une foule chinoise. Mais pour nous, amoureux de la nature, respectueux de l'environnement, d'essence aventureuse,... hum, bon, c'est un peu frustrant. On comprend vite qu'il faut trouver les endroits un peu perdus, avec peu de touristes, pour être vraiment a même de profiter de la nature. Et il y en a.

On prend rapidement nos marques, on comprend le fonctionnement des bus et comment lire la carte. Et puis on se retrouve a marcher, marcher, marcher. On contourne de grands lacs sur des chemins surélevés, coinces entre flanc de montagne et eau. On se retrouve entoure de végétation luxuriante, plantes subtropicales, arbres centenaires, tout ça. On admire des chutes d'eau vrombissantes et titanesques (21m de haut et 162 de large pour la plus grande) qui se faufilent en trombe dans le sillon du cours d'eau pour dévaler les gorges en contrebas. Plaisir de l'accompagnement sonore de l'eau qui éclabousse, ruisselle, emporte. Et puis le son s'arrête. Marais, champs de bambou. Lacs. Lacs majestueux, sereins, bleus turquoise, éclatants, translucides. Lac du cygne, lac du rhinocéros, lac du tigre, lac du panda, lacs des 5 couleurs... couleurs jamais vues, visions effectivement féeriques. On s'imagine les hommes vivant la il y a des millions d'années, se baignant dans ces eaux claires, se lavant dans les chutes. Avaient-ils conscience de l'incroyable beauté qui les entourait ? Nous oui. La légende raconte que ces lacs sont chacun l'un des 118 morceaux d'un miroir magique, brise par un démon qui était jaloux de l'amour unissant la déesse Wunosemo et le dieu guerrier Dage. C'est la classe les légendes, moi je suis (presque) sur que c'est vrai.

Temps de pause pic-nic bien mérite, vue sur une petite cascade, bord du chemin, entoure de végétation, sous un arbre. On mange des morceaux de yak sèches achetés le matin même, c'est délicieux, et puis des chips... ça fait moins rêver, bon. Soudain, une forme noire et blanche semble descendre le long de l'arbre, et je vois devant mes yeux Nico se faire emporter par un panda ! ! ! Bon, c'est pas vrai, ok, je voulais juste donner un peu de rythme au récit. Mais quand même j'aurai bien aime.

Finalement on se fait transporter en bus dans tous les endroits les plus recules, mais on fait la plus grande partie de la (multiple) vallée a pied. Bien sur, ça réveille nos maux de genoux, bien sur les courbatures font mal, bien sur leur manie de mettre des marches partout nous rend dingue. Mais on y va, vaillant, heureux même, parce que c'est beau et qu'on ne veut pas rater la moindre parcelle des époustouflants trésors caches qui truffent les alentours. La fin de journée approche toutefois, et il nous reste toute la première vallée a redescendre jusqu'à l'entrée. On se dépêche, on admire, on se dépêche, on profite, on se dépêche, on écoute, on se dépêche, on sent, on a mal. De plus en plus mal. Un temple est indique sur la carte, un temple tibétain, il faut au moins qu'on arrive jusqu'à lui, il ne devrait plus être loin, après on prendra un car pour redescendre. La, on entame une portion pas vraiment belle (je m'explique : très belle, mais tellement mois que d'autres), mais vraiment longue, interminable même ! On n'en voit pas le bout, les jambes en compote, le moral vacillant. L'heure de fermeture officielle du parc (18h) arrive, on est toujours en train de suivre ce satané cours d'eau, sans aucune possibilité de rejoindre la route et d'attraper une navette, l'horreur. On débouche pourtant sur une route, une autre. Le temple est indique a droite... sans qu'on ai besoin d'en débattre, on part a gauche ! Attente, plus de car, il reste 5 km jusqu'à l'entrée... si, une petite navette finit par débouler et nous prendre ! Il est 19h quand on arrive a l'entrée. Taxi. Une fois de plus, on arrive très fièrement a la guest-house en boitant. Epuises mais heureux, une fois de plus.

On a faim. On entend de la musique juste a cote de la guest-house, et puis un filet de viande grillée nous titille les narines... on va voir. Des jeunes filles en robe traditionnelles nous accueillent avec le sourire et nous invite a prendre place dans une grande tente dressée avec d'autres touristes chinois. Au centre, un mouton est en train de griller a la broche. A cote, un jeune homme chante a tue-tête dans un micro qui resonne par dessus une bande musicale ultra forte qui grésille. Ça a l'air rigolo, on accepte de se joindre a la fête, de manger la. Les jeunes qui animent la soirée (environ 2 mecs et 4 filles, entre 16 et 25 ans) sont assez touchants, un peu approximatifs dans leurs voix et maladroits dans leurs pas de danse, ce qui confère a l'ensemble un cote populaire super plaisant ! On est rapidement invite a danser avec eux, on fait de superbes chorégraphies en tournant autour du mouton. Avec nos pâtes folles, c'est pas triste. Une chinoise dit poliment a Nico qu'il danse très bien, se qui me fait éclater de rire. Il fallait le voir danser. Puis vient le temps du chant, plusieurs chinois invites s'en vont pousser la chansonnette. Et moi... aussi, bien sur ! Pas maso, j'y vais a grand coup de Joe Dassin, je sais que ça fonctionne a chaque fois. Bon, ils n'ont pas l'air de connaître, mais je m'applique dans le micro en aillant l'air d'y croire, ce qui n'est pas si évident quand tu chantes " Aux Champs Elysées" ou "Et si tu n'existais pas" (spéciale dédicace a Léo, remember le lac Baïkal) ! Tout le monde semble ravit que je me sois plie au jeu, c'est déjà ça. Et Nico de rire a son tour, bien sur. On boit une sorte de thé tibétain assez spécial, pas du tchai, autre chose, ça se boit. Et puis une boisson (très peu) alcoolisée et (très peu) goutue. On mange des morceaux de patates froides, du pain maison, et puis enfin du mouton. Il a été enduit au pinceau pendant des heures d'un mélange d'épices assez fortes et salées qui ont eu le temps de bien griller avec la viande. Moi je trouve ça très bon, Nico n'est pas tout a fait du même avis et craque sur la nourriture trop épicée. Mais il est courageux, il mange, et il sait qu'un bon paquet d'Oreo l'attend sous son oreiller. Session photos pour finir. La (vieille) chinoise qui n'a pas arrête de draguer Nico demande la sienne bien sur. Moi je crois avoir tapé dans l'œil a l'une des filles au profil tibétain, très mignonne. Mais non, je ne suis pas un homme facile (!!). On rentre se coucher, il est 23h. On s'enduit les jambes de Nifluril, gel hisse au rang divin. La lune est pleine je crois.

Dimanche 29 juillet

Lever 7h. A 7h30, le bus s'arrête devant la guest-house pour nous prendre, direction Chengdu. Retour. Il fait plus beau qu'a l'allée, les paysages de montagnes sont encore plus frappants de majesté. On s'incline une fois de plus devant la nature. On croise encore des pandas en liberté. C'est une fois de plus faux, et ça commence a m'énerver. Pause de midi, nouilles et soja sauce Sichuan, aubergines sauce Sichuan, Nico craque. Arrêt pipi, je me trompe de bus et monte dans un autre, le chauffeur vient me chercher, tout le car se fout de ma gueule, surtout Nico. Et puis siestes, musique et lectures. Je m'enfile dans la journée l'intégralité des " Ritals" de Cavanna (merci Steph), qui se passe avant "Les Russkofs" (lu lors de mon voyage précédant) et qui raconte sa vie d'immigré italien en France entre 6 et 16 ans. Très bon, vraiment. Arrivée a Chengdu. Le car fait 2-3 tours en ville, finit par nous poser quelque part et nous demande de changer de car pour rejoindre la gare routière. Pas compris. Il est 19h00.

De retour au Dragon Town, on croise 3 français a la réception, l'air sympa. Bouffe ensemble dans la rue, on goûte des crevettes pas cuites, des noix de St-Jacques pas vraiment St-Jacques, des mélanges végétariens avec de la viande, et c'est cher. Mais le moment est sympa, les français pas (trop) cons. La lune est pleine, cette fois c'est sur. Une pensée pour Kev, évidemment. En sortant de table, Nico oublie son sac a ses pieds... mais est rattrape par le gérant qui lui rend. Pas mal, ça change un peu. Je demande a la réception si je peux avoir mon billet d'avion pour le Tibet (paye il y a une semaine), on me dit pas de problème, demain matin. Dans notre nouveau dortoir, un couple de français (décidément) d'un certain âge a réussi a s'organiser un tour du Tibet de 20 jours en louant jeep et chauffeur. Ça fait envie. On verra bien ! Il est 23h, l'heure du dodo.

Lundi 30 juillet. Lever 6h50. La raison ? Déjà c'est la pleine lune, et mon sommeil est super léger, je suis presque réveille depuis 5h. Ensuite, les moustiques se sont acharnes sur moi cette nuit, ça me gratte. J'ai heureusement sur moi ce fabuleux gel contre les piqûres d'insetto acheté en Italie. La vraie raison ? A force de voir des pandas partout, on s'est décide a aller les voir, les pandas, ça devenait une obsession. Alors hop, circuit matinal organise par la guest-house, direction le Centre de recherche et d'élevage du panda géant ! Et la on en voit des pandas, des vrais, par dizaines. On a du mal a croire que ce n'est pas des peluches-robots articulées, et puis quand on s'est fait une raison on trouve ça vraiment craquant. Ça bouffe des bambous a la pelle, ça te regarde avec des yeux vraiment gentils, ce se déplace de façon rigolote. Il y a des panda géants adultes, des pandas géant gamins, et puis des pandas géants de 5 a 20 jours ! Alors la c'est carrément craquant, encore que l'appellation "panda géant" fait un peu bizarre pour ces mini-portions de vie. Il y a aussi des pandas rouges, plus petits. Et puis un documentaire sur les pandas, et puis un musée du panda, et puis on nous offre une petite peluche en forme de panda. Ok, c'est génial, mais la j'ai eu ma dose.

Retour au Dragon Town pour midi, je réclame mon billet d'avion pour le Tibet... le mec vient vers moi avec un air sincèrement désole et me dit qu'il n'y a pas de bonnes nouvelles, que le bureau d'immigration du Tibet refuse de me donner un permis pour ce jour la, qu'il faut que je parte le lendemain. Ça m'emmerde, je lui dis, surtout que j'ai paye il y a longtemps et que j'ai l'impression qu'il vient juste de s'en occuper. Il se dit désole, me dis qu'il me rendra 100Y pour que je puisse passer une nuit de plus dans la guets-house et manger... bon, j'ai pas le choix. Je lui dis Ok, mais c'est sur pour mercredi matin ? Il me répond oui, je vais gérer, repasse tout a l'heure pour confirmation. On va retirer de l'argent, manger des nouilles, du riz, boire du thé, et tout a l'heure arrive. Il me dis en fait ça n'est pas sur, le bureau de l'immigration fais des histoires car je suis seul, normalement il faut faire parti d'un groupe pour aller au Tibet, il attend la réponse, il va tout faire...

Et voila, j'en suis la. Nico part demain soir pour Xi'an en train. Je devais partir demain matin. Et je ne suis plus sur de partir du tout ! Mon voyage prend du retard sur mes prévisions, même si c'était prévisible, et c'est un petit peu déprimant. A chaque fois que je me retrouve seul pour la première fois dans un voyage, il m'arrive quelque chose. Il y a deux ans, je me fais virer du bus de Guillin qui devais m'emmener a Kunming, puis cracher dessus, juste après avoir quitte Pierre. L'année dernière, je perd mon passeport juste avant de prendre mon vol retour, au moment du départ de Léo et Erwan pour Shanghai. Et rebelote, je ne suis pas sur de pouvoir continuer comme prévu. Pas si grave après tout, je n'irai peut-être pas au Tibet, ou peut-être mais différemment. Quoi qu'il en soit je me débrouillerai pour rebondir et pour profiter au maximum du voyage, je dois aller de l'avant ! Mais ça fait déjà 4h que je tape, il est temps pour moi de rejoindre Nico et d'entendre le verdict pour le Tibet... qui devait m'être donne a 18h ! Wait and see...

27 juillet 2007

DEad le jaune

Jeudi 26 juillet - Chengdu / 17h54

Ça pète comme titre de post, non ? On dirait qu'on va lire un Tintin ou un truc comme ça. Et... en fait on n'est pas loin de la vérité ! Car sacrée ou pas, je me rappellerai très longtemps des quelques jours passes sur cette incroyable montagne chinoise, dont on ne sort pas indemne... lisez plutôt ce qui suit et vous comprendrez ! Âmes sensibles s'abstenir.

Lundi 23 juillet.

Le réveil sonne a 8h. Je prépare un sac a dos de fortune pour l'ascension de l'Emei Shan, une montagne sacrée qui se trouve a 130 km au sud de Chengdu, puis dépose mon gros sac en consigne a la guest house. J'arrive aussi a m'y procurer un billet d'avion + permit pour le Tibet pas trop cher, une bonne chose de faite. Je passe ensuite quelques heures passées sur Internet a rédiger ce blog notamment. La merde, c'est que j'ai été tellement subversif dans mes récits les années précédentes que le gouvernement chinois a bloque ericde.com, ainsi que ericde.blogspot.com (mon blog l'été passe) ! Du coup je ne peux rien poster d'ici... j'envoie donc le contenu a Manu, qui a crée ericde et qui, en tant qu'hébergeur, grand maitre du site, et ami, accepte de le mettre a jour a ma place.

Nous voici dans un taxi, puis dans le bus en direction d'Emei. 2h30 plus tard, un autre taxi nous emmené a une autre gare routière ou on attend encore 45 minutes le bus qui nous transportera enfin aux pieds de la montagne. Sacrée. Je l'ai déjà dis ? Mais c'est parce que c'est important (et parce que ça claque). Sachez tout de même que l'Emei Shan est l'une des 4 montagnes bouddhiques de l'empire du milieu, que son sommet culmine a 3077m et que beaucoup de chinois rêvent de la gravir au moins une fois dans leur vie.

On entre dans l'enceinte du territoire sacre a la station de Wuxiangang, a 650m d'altitude environ. On est beau et en pleine forme, il est 17h, on y croit. Le chemin est d'abord plat, borde de nombreuses zones marchandes, et longe une rivière assez large qui serpente dans la vallée. Les paysages de montagne sont déjà très beaux, des ponts en bois joignent les deux rives, et on aperçoit quelques statues de vieille pierre en forme d'animaux sur le bord du sentier. Quelques km plus loin, les marches commencent. Le chemin pour parvenir au " Sommet d'or" n'est en fait compose que de marches en pierre, ponctue par des temples, échoppes et autres monastères.

On entame 2 heures de grimpette sans relâche, ça tire déjà bien sur les muscles. Par chance le chemin est vraiment a nous, on est a une heure du jour ou personne n'entame la montée habituellement. Les paysages qui s'offrent a nous sont sublimes, les sapins, cèdres et autres épineux laissent filtrer quelques rayons de soleil. Ça sent bon le sapin, la terre, la pierre. Et puis le Wannian Temple apparait au détour d'une marche. Le temps est magnifique et permet d'admirer cet édifice immense, compose en fait de multiples petits temples rivalisant de beauté, dont un abritant une impressionnante cloche en bronze et un autre une statue du Xleme siècle représentant un grand bouddha sur le dos d'un éléphant. On y rencontre de nombreux voyageurs et pèlerins qui ont élu domicile ici pour la nuit. Sur l'Emei Shan, on peut dormir partout ! Des dortoirs jouxtent tous les temples et monastères, et on peut avoir un lit ou une couverture pour une somme modique, il suffit de demander aux moines qui accueillent tout le monde avec le sourire. Je prend des vieilles japonaises en photo qui sont prises d'un fou rire hystérique en se regardant dans le visualiseur. Bon trip. Nico est, comme moi, émerveille par ce lieu paradisiaque perdu dans la montagne. On décide quand même de le quitter pour avancer un peu l'ascension avant la tombée de la nuit.

Une heure d'efforts (et 400m de dénivelé !) plus tard, on arrive en vue d'un petit monastère alors que la lumière du jour se met a décliner. On est a 1400m d'altitude, un bon début, on peut y passer la nuit. On nous propose même une chambre double a l'étage pour 40Y chacun, c'est le pied. Dehors, l'air est frais et des milliers d'étoiles se sont mises a briller. La lune, qui entame juste la deuxième moitié de sa croissance, trône au dessus du temple et de la montagne. En contrebas, on discerne les lumières du temple Wannian, et beaucoup plus bas, dans le lointain, d'autres lumières se perdent dans la vallée. C'est de ce splendide promontoire qu'on se met a discuter de choix de vie et d'amitié avec Nico. On s'est très peu vu cette année, c'est un vrai plaisir de se retrouver ici avec ce vieux pote de lycée avec qui je me marre quand même bien ! On finit par trouve le sommeil vers 23h30.

Mardi 24 juillet

Le réveil sonne a 7h, le jour est levé depuis peu, on est des warriors, on y va. Apres une première volée de marches qui donnent le ton, on s'avale une omelette aux légumes, un bol de riz et une boisson au lait (et aux 15 nutriments essentiels...) au hasard d'une échoppe. Il fait encore très beau et le soleil ne tarde pas a nous faire transpirer a grosses gouttes. Les marches sont interminables, on parle moins, on se concentre sur notre respiration. On s'accorde quelques pauses pour visiter un temple par ci, admirer une vue par la, se repérer sur la carte de la montagne qu'on a toujours sous la main. On se dit parfois qu'on n'y arrivera jamais en voyant le chemin qu'il nous reste a parcourir, les mètres qu'ils nous restent a monter, mais on repart toujours. Aux environs de 2600m d'altitude, un bon bol de noodles aux œufs nous remet d'aplombs pour entamer l'ultime ascension. Et du thé bien sur. Du thé, j'en bois plusieurs litres par jour depuis mon arrivée en Chine, je ne peux plus m'en passer. Dans un temple, on se retrouve nez a nez avec des singes sauvages qui courent le long des poutres rouges. Cette montagne est aussi connue pour le nombre incroyable de singes en liberté qui y vivent. On les appellent les " Joking Monkeys" car ils n'arrêtent pas de se marrer et de taquiner les voyageurs.
Les dernières heures sont difficiles. Pour moi ça va plutôt bien, mes muscles sont chauds et j'ai l'impression de ne plus sentir la douleur, même si ça reste pénible, mais Nico, affaiblie par une diarrhée chronique, est un peu plus souffrant. On rencontre de plus en plus de monde qui grimpe a nos cote, dont un nombre incalculable de petites vieilles chinoises de plus de 70 ans, en pleine santé et qui sourient en montant, nous disent bonjour. Globalement, on représente quand même une véritable attraction pour la population locale, qui nous matte systématiquement avec des gros yeux. Les voyageurs occidentaux sont rares, mais les quelques regards échanges ne laissent aucun doute : ils sont tout aussi épuises que nous.

On finit par y arriver ! Le sommet, a 3077m d'altitude, est de toute beauté. Malheureusement, le ciel s'est progressivement voile et on se retrouve perdu dans les nuages. Une atmosphère cotonneuse, comme un voile onirique se dégage de cet étrange sommet. Une gigantesque stupa d'or se dresse sur la place principale, avec des visages de déesses regardant dans 10 directions différentes. D'autres temples dores lui tienent compagnie. Par moment, un rayon de soleil parvient a percer la couche de nuages, et tout l'or se met a briller de façon éclatante. L'air est frais. L'après-midi touche a sa fin. Bonheur d'être la, perdus dans les nuages, a côtoyer ces merveilles. On redescend quelques centaines de marche pour se poser dansun hôtel pas cher. L'objectif : se coucher tôt pour se lever avant le lever du soleil et se donner une chance de voir son apparition au dessus d'une mer de nuages, si le temps est clément. On est épuise, nos cuisses sont en feu. J'allume la télé dans la chambre et regarde un dessin anime avec des poissons. A la fin la maman meurt, attaquée par un serpent de mer, c'est super triste, je zappe. Clips. De la pop mièvreuse, j'adore ça. Les garçons pleurent, les filles aussi. Tentative de rock a grosses guitares ici... ah non, la mélodie est totalement pop, et... ah, c'est un clip promotionnel pour une console de jeux... subversif? Les images ont raison de moi... 23h.

Mercredi 24 juillet

5h. Il fait nuit noire quand le réveil sonne, mais on aperçoit les étoiles ! Ça se tente. On loue un manteau a la réception de l'hôtel et on regrimpe jusqu'au sommet... les rebords de la place sont progressivement envahis par une marrée de monde. Attente. Des nuages noirs voilent un peu l'horizon qui s'éclaircit puis se met a rougeoyer. Soudain, une immense clameur se fait entendre... on voit une virgule rouge sortir de l'horizon, a travers les nuages. Ça forme vite un cercle parfait, qui finit par se hisser en partie au dessus de la brunie pendant un instant. Magnifique vision rouge orangée prise dans le tumulte des nuages. Il est 6h du matin, on est content de s'être levé... et on a conscience du chemin qui nous reste a faire en descente !

Je commence a expliquer a Nico que je ne supporte pas de descendre lentement... du coup je me met a descendre les marches très vite, en trottinant, sans m'arrêter. A peine 250m de dénivelé plus loin, et mon genou droit commence a me faire souffrir ! Je ne calme pas le jeu pour autant et le mal empire. La, je commence a faire attention, mais c'est un peu tard, et je n'ai plus trop le choix. Une sorte de tendinite me terrasse, ça devient douloureux même sur le plat, et je suis dans l'obligation de descendre les marches en boitant. Je ne peux bientôt presque plus plier la jambe ! A l'allée, je ne passais déjà pas inaperçu, mais la j'ai carrément l'impression d'être une bête de foire ! Tous les porteurs (des gens qui portent les visiteurs du haut en bas de la montagne pour une misère) me proposent de me prendre, rigolent beaucoup en montrant mon genou. Mais non, j'ai ma fierté, je descendrai tout seul ! Ben oui, quand on est con, on est con. Tout le monde rigole a mon passage.

Seules les pauses calment la douleur pour un précieux moment. Lors de l'une d'elles, on est tranquillement assis avec Nico sur des marches lorsqu'on se fait titiller par des singes, qui jouent notamment avec la canne en bois que je me suis acheté sur le chemin pour me soutenir. Mais l'un d'eux se met a montrer les dents a Nico et ils sont une dizaines a venir vers nous ! On ramasse nos affaires en hâte, un singe vole un sac (heureusement vide) dans le sac de Nico... des chinois s'avancent vite a notre rescousse pour leur faire peur et les éloigner. Voila, c'est fait, on s'est fait attaquer par des singes. On continue par un autre chemin qu'a l'allée, beaucoup plus long, " pour voir d'autres temples". Une belle connerie, on ne pensait pas que ça rallongeait autant. Mais superbe. On descend une vallée recouverte d'arbres et de plantes tropicales. Les falaises abruptes sont recouvertes d'arbres et de nuages qui viennent s'y accrocher, comme dans les peintures de montagnes chinoises quoi. C'est splendide, mais je souffre. Et mon T-shirt dégouline de transpiration. On croise un pèlerin qui s'arrête toutes les 6 marches pour faire une prière compliquée ou il s'allonge complètement sur les marches, embrasse la terre, et se relevé. Un fou. Entendez bien, je respecte la folie, je trouve ça génial.

Ça aura mis le temps, mais Nico se met lui aussi a souffrir, du genou gauche ! Il comprend ma douleur, on parcoure encore une vingtaine de kilomètres en claudiquant, en souffrant a chaque marche descendue, mais en s'extasiant devant la magnifique petite vallée de montagne, son ruisseau, ses chutes d'eaux, ses singes et ses inscriptions millénaires sur la pierre.

On finit par arriver en bas. Je tiens a peine sur ma jambe gauche, tant elle a fait tout l'effort pour deux, et mon genou me lance sans cesse. Nico n'en peux plus non plus. On arrive juste a temps, vers 16h30, pour prendre place dans l'un des derniers bus a destination de la ville. 17h30, on est dans le bus qui nous ramène vers Chengdu. A l'arrivée, j'arrive a peine a marcher avec ma canne jusqu'à un taxi ! Retour a l'hôtel, on se pose enfin. Une bonne douche. Du Niflugel (gel contre les tendinites que j'avais eu le génie de prendre). Rencontre d'Alex dans le dortoir, un allemand qui fait 2 fois la taille d'un homme, il vaut mieux s'en faire un ami. Petite bière dans le hutong, quelques brochettes, au lit.

Jeudi 26 juillet

Ce matin, premier geste, première souffrance. Le Niflugel a fait des miracles, mon genou ne me lance plus du tout... tout le reste, oui ! Je n'ai jamais eu de telles courbatures de toute ma vie, je ne savais même pas que l'être humain avait autant de muscles ! Les mollets, les cuisses, les fesses, les reins, les bras (l'appui de la canne ?)... c'est l'horreur. On se traine jusqu'à un resto sympa ou on mange des morceaux de poisson, des boulettes de viandes et des légumes, baignes dans un grand bouillon avec pleins de trucs, Qu'on trempe dans une sauce ultra piquante (Sichuan oblige). Et puis direction le salon de massage : une heure de massage complet du corps suivi d'une heure de massage des pieds ! Le comble de la souffrance. Je me dis que ça va faire du bien, mais je mords l'oreiller tout le long pendant que le gars me masse les mollets, me tapote les cuisses,... et j'ai toujours l'air aussi con quand je marche. Demain, un journée entière de bus pour aller dans le JiuZhaiGou (parc naturel) dans le nord du Sichuan devrait nous remettre d'aplombs ! Bon, vous le savez maintenant, je vais rentrer svelte, muscle et beau. C'est vraiment la classe les voyages.

23 juillet 2007

Pékin 2, le Retour

J'avais laissé Beijing derrière moi en ce début septembre 2006... et je la retrouve, un peu moins d'un an plus tard ! Nouveau départ, nouvelle donne. nouveau compagnon de voyage, nouvelles pérégrinations chinoises... ces cinq premiers jours dans l'empire du milieu sont racontés ici.

Mercredi 18 Juillet. Paris. La nuit est très courte. Des Gobelins, petit trajet a pied jusqu'au RER B, gros sacs sur le dos. Les arrêts défilent. Fake Oddity dans les oreilles, le son au casque est top dans mon nouveau iPod. Pensées qui se bousculent. Terminus, Charles De Gaulle 2. Plus de 2h d'avance. Louche, carrément même. Ça a un cote flippant d'être en avance, si nouveau pour moi. Quelque chose va foirer. Et puis non. Enregistrement ok, attente tranquille. Je commande un café et un croissant... ne paye que le croissant, le gars m'offre le café. Comme ça, juste parce qu'il l'avait oublie au départ. Super louche, carrément flippant même. Quelque chose va foirer. Coups de fils de dernières minutes, boulot, famille... embarquement. Tout roule. Aeroflot, encore et toujours. La compagnie la moins chère, on se rappelle pourquoi a chaque vol ! Décollage. Je suis assis a cote d'Ute, une allemande parisienne de quarante ans, et sa fille Tiffany, sept ans, franco-allemande-vietnamienne (par son père), toutes les deux très sympa. Atterrissage a Moscou avec du retard, je rate la correspondance pour Pékin... 4h d'attente en rabe (rien d'incroyable pour l'instant), que je passe avec mes 2 nouvelles copines. On discute, on rigole. Tiffany est super mignonne et rigolote, elle fait aussi un carnet de voyage ou elle me dessine, la classe. Une fouille et un embarquement plus tard, et on survole déjà l'Asie. On mange un truc a l'odeur assez récalcitrante, on se fait insulter par les hôtesses... mais on survole l'Asie. La nuit est très courte, pour deux raisons : le changement d'horaire qui réduit la nuit, et puis le réveil brutal des hôtesses 2 heures avant l'atterrissage, pour qu'on ait bien le temps de remplir les fiches d'arrivée. Sympa. L'avion finit par atterrir, il est 9h50 du matin ici, et je n'ai encore presque rien dormi. Aéroport de Beijing... ouais la ça me dit quelque chose. On se dit au revoir avec les filles, et puis hop direction les bus navettes qui relient le centre-ville. Je demande le bus qu'il faut prendre pour Tiananmen, la Far East Youth Hostel n'étant pas loin, et c'est la bas qu'on a Rendez-vous avec Nico. C'est la fameuse guest-house qui nous avait héberge avec Léo et Erwan l'armée dernière, et on avait "kiffe grave". Ligne 2. J'essaye de demander a un autre gars a quel arrêt (sur les 4 indiques) il faut s'arrêter pour Tiananmen, avec les mains, l'air interrogateur, le bon ton, tout ça... il me répond : oui oui. Ok, j'avais oublie, on ne se comprend pas. Des français dans le car sont plus aptes a m'indiquer. Bon. Le car débarque en ville, et la des dizaines de souvenirs surgissent. Je reconnais les interminables avenues que j'ai arpentées a vélo sans relâche en août dernier, les immenses buildings dans tous les sens. Des nouveaux chantiers fleurissent partout, des centaines de nouveaux bâtiments semblent en construction... ils n'ont pas l'air de vouloir s'arrêter, et l'approche des JO de 2008 doit les rendre encore plus frénétiques. Et puis ce bon vieux smog... je l'avais oublie celui la. Je regarde a gauche : tiens, le bureau d'Aeroflot de Pékin ! A droite : eh, je reconnais le gars qui fait la circulation au coin de cette rue ! A gauche : attends, ça serait pas dans ce taxi que j'ai perdu mon passeport ? Bon, je dois un peu surjouer. Mais c'est vrai que le retour dans cette ville me procure une impression étrange, j'ai déjà tendance a m'approprier les lieux, je me sens un peu chez moi. A peine quelques jours semblent s'être écoules depuis la fin du mois d'août, et j'ai vraiment la sensation de reprendre mon voyage la ou je l'avais laisse. Arrive a la place historique de Tiananmen (ou a seulement 2 ou 3 km, tout a fait a cote), je choppe un taxi qui ne comprend pas l'adresse que je lui montre et qui est oblige d'appeler la guest-house pour piger. Enfin " a la maison", je reconnais le personnel, et ça me ravie. Eux ont l'air de s'en foutre, sauf un ou deux qui me reconnaissent, morts de rire. Nico n'est pas encore arrive, il est 12h40. Je réserve 2 lits dans un dortoir, m'allonge sur le premier... et dors une demi-heure avant l'entrée fracassante d'un Nico dont la bonne vieille tête fait plaisir a voir. Cette guest-house, elle fait apparaître les potes en Chine. C'est dans une piaule juste a cote qu'on avait frappe a une porte et qu'Erwan était apparu les cheveux en pétards l'été dernier. Du coup j'ai presque envie d'attendre que d'autres se pointent ! Nico me raconte sa cuite de la veille avec son pote Stéphane qui travaille ici, rien d'anormal. On part se promener dans les hutongs du coin, c'est un plaisir d'en redécouvrir les ambiances, les odeurs. Et a la fois j'ai le décalage horaire dans la gueule et j'ai du mal à me rendre compte où je suis, d'autant plus que j'ai l'impression d'avoir été la hier, tout se mélange. On bouffe un peu trop cher dans un petit resto du coin, un plat sympa au poulet avec du riz, et un autre qu'on n'arrive ni a identifier ni a manger, au final. Taxi jusqu'au temple du ciel, Nico n'y était pas allé l'année passée (il avait fait le même trajet que Léo et moi - Moscou a Pékin, mais trois semaines plus tôt). Je me dis que je vais en profiter pour dormir pendant qu'il visite. Je passe d'abord un peu de temps au milieu des chinois sur une petite place a cote des "Seven Star Stones" (pierres des 7 étoiles, pour les moins anglophiles), a écouter la musique qu'ils jouent avec des harmonicas amplifies pendant que d'autres jouent aux échecs chinoises, font leurs exercices ou observent en silence. Je suis assis a cote d'un très vieil homme en fauteuil roulant et en Nike rosé fluo (flippant, ça aussi) qui semble effraye par ma présence, ne cessant de se retourner vers moi avec les yeux de la peur. Je le regarde posément en lui souriant, ça empire, il se met a trembler... jusqu'à ce que son fils (?) le change de place. Bon, je finis par bouger aussi et trouve un banc sur lequel je m'endors. Je me réveille un peu panique, regarde l'heure... on s'était donne RV avec Nico a 17h30, il est déjà 18h30 ! Je regarde partout, il n'est pas... ah si, il dors sur le banc d'à cote ! Bon, je le réveille, taxi, guest-house. Une petite douche et on repart en taxi en direction du nord-est, a environ 20 km (toujours le centre-ville), ou vit Stéphane le pote de Nico. On va manger un Hot Pot avec lui et Tiffany (encore une), sa copine sino-new-yorkaise. On fait cuire soi même des tas d'aliments différents (lamelles de viande, boulettes de poisson, tranches de patates douces, nouilles fraiches...) dans un pot a la saveur choisie (champignons, bouillon de canard...), puis on les agrémente de différentes sauces. Super bon. Stéphane et Tiffany sont très sympa, le souci est que je suis fracasse et que j'ai du mal a faire semblant d'être en forme. Retour a 23h a la guest, je tombe sur le lit et m'endors a 00h30 pour me lever... 14h plus tard !

Vendredi 20 juillet. L'après-midi est déjà bien entamée. On s'enfile un english breakfast dans la cours intérieure d'en face avant de se louer des bons vieux vélos. Ne perdons pas les bonnes habitudes. Les salauds, ils louent maintenant des nouveaux vélos a 15 Y (1,5 E) la journée ! Par réaction on en prend des vieux (10 Y), faut pas nous prendre pour des cons. On a repère la gare de l'ouest, de laquelle on devrait pouvoir partir vers le sud. 10 petits km plus tard et un immense hall traverse, nous voila en train de faire la queue dans une file chaotique pour acheter des tickets. Comptoir 16, le panneau dit : english speaking. La nana nous vire en nous disant que pour les couchettes, c'est le comptoir 19. Comptoir 19, la nana nous dit qu'il n'y a pas de place, pendant que des dizaines de chinois hurlent et essaient de nous passer devant. Un vieil homme s'approche de nous en baissant son froc, il pleure en nous demandant de l'argent, un flic fonce dessus et l'emmené. On redemande a la fille du comptoir des places pour Xi'an, assises cette fois, elle nous dit ok mais nous donne des tickets pour 2 trains différents ! On lui montre, elle nous renvoie nos sous a la gueule. Ok, on n'aura pas ce qu'on veut. La je dis a Nico qu'on a qu'a prendre les billets de l'hôtel, ils les réservent pour 5 E de commission. Il halluciné qu'on ait fait tout ça alors que cette solution était si simple... du coup on décide d'une règle. Avec Léo, il y avait la règle du " Chui sur", il y aura avec Nico la règle de l'alternance : on décide chacun un jour sur deux tout ce qu'on va faire dans la journée ! Comme c'est mon jour, c'est moi qui décide aujourd'hui... c'est pas gagne. De retour a la Far East, on demande des tickets. La encore, on se fait remballer. En Chine, avoir un ticket de train a 2 jours c'est carrément la galère. On nous propose 35h de train debout... on va réfléchir. Et l'avion ? On nous donne des prix pour Chengdo (directement, sans passer par Xi'an), c'est dans les 130 E, ça se fait. Et la j'ai une idée de génie : l'année dernière, j'avais trouve des super solutions pour aller a Shanghai grâce a une agence, un peu lointaine. On ré-enfourche les vélos, et c'est reparti pour 10-15 km. Arrive là-bas... c'est ferme ! Nico est vraiment mort, et de rire aussi. Il ne comprend pas comment un habitue des voyages comme moi peut rentrer avec autant de complaisance et de facilite dans une lose aussi totale. Moi ça fait 28 ans que je vis la dedans, et il est vrai que c'est pas facile tous les jours. Marre des grandes artères, on rentre par des petites hutongs super mignones, saules pleureurs, ambiances de quartier et senteurs de rue. On se pose dans une cours qui sert de cantine ou l'on commande des brochettes de poulet et de pains épicés avec une bonne TsingTao bien méritée. Les gens parlent fort, vivent, s'engueulent, rigolent. Ça sent bon, ça fait du bien. Je crois que pour la première fois depuis mon arrivée, je me sens vraiment en Chine, loin de chez moi, prêt a vivre 6 semaines incroyables. On rigole avec Nico. C'est un moment agréable et chaleureux, le genre qu'on recherche en voyageant. Repus, on remonte sur nos selles, direction la cite interdite. On se promené sur le petit chemin pave qui se faufile entre les murs de la cite et les douves. Calme, sérénité. C'est beau. On s'allonge dans l'herbe, on prend des photos de nuit des magnifiques temples éclaires, on fait des courses de vélo (parce que quand même, on reste des mecs). On prend le temps de se balader, c'est tellement plus calme et plus beau que de jour, avec le brouhaha incessant de milliers de touristes. On finit par rentrer. 23h, je m'allonge tout habille. 23h15, je dors.

Samedi 21 juillet. Réveil a 7h du matin, ça y est je suis dans le rythme ! Je prends le temps, puis une douche. Nico a plus de mal, il a super mal dormi. Internet... des tas de mails sympas, d'autres moins. Dans les mails sympas, l'Agence Française de Mongolie me dit que je peux passer quand je veux a l'Alliance Française de Chine a Pékin pour présenter les groupes de Mediatone et proposer des projets... cool. On finit par prendre les billets d'avion pour Chengdo (départ dimanche), le problème est règle. Nico se glorifie d'être plus efficace que moi... je ne peux pas lui enlever. Petit dej en face, et puis vélo ! On s'achemine jusqu'à Sanlitun en vélo (20 km ?), le quartier des boites et des ambassades (que je connais par cœur... hum), en faisant un immense crochet (un moment de perdition ou Nico m'a laisse reprendre les choses en main). Une petite bière fraiche bien méritée, et c'est reparti, chacun de notre cote. Nico va visiter le temple des lamas (déjà vu en ce qui me concerne) alors que je me dirige vers les bureaux de l'Alliance Française. Je met bien 45 minute pour les trouver, et... la nana responsable du service culturel est bien entendue absente le samedi ! Du coup je laisse les albums de Fake Oddity et de La Mine de Rien avec une petite lettre bien rédigée pour expliquer un peu le truc. Dans le bâtiment, il y a aussi une immense médiathèque avec tous les livres et films français imaginables. Retour a la guest-house. J'écoute les Fatals Picards a fond sur mon vélo, et le décalage absolu entre les paroles débiles du groupe ( La Country !) et l'ambiance d'ici (des milliers de pékinois qui brassent) fend mon visage d'un immense sourire tout au long de l'épuisant trajet. De retour a la Far East, je fais écouter Fake Oddity a la nana qui nous a vendu les billets d'avion, elle adore et veut que je lui file les morceaux en mp3 avant de partir ! La Chine es bientôt a eux. Et puis me voila devant cet ordi en train d'écrire. Ce soir, on va voir le meilleur concert du monde : celui du nouveau groupe de punk hong-kongais de Pierre, ex (?) chanteur de Less Kro, le pote qui vit a Hong Kong depuis quelques années et qui m'avait accueilli a mon passage là-bas il y a deux ans. On va enfin découvrir la vérité sur le mouvement punk chinois !

Lundi 23 juillet 2007 - Chengdo /11h45

Hey, je suis déjà des milliers de kilomètres au sud de Beijing ! Allez, reprenons la ou je vous avais laisse, dans le café Internet....

Samedi 21 juillet 2007 - Beijing / 19h40

C'est donc la que je fais la connaissance de Jo, David et Cécile, français en stage (enfin, en vacances) ici. Je leur parle du concert punk, ils sont plutôt curieux de ce que ça peut donner eux aussi. On va manger ensemble un bol de riz, du poulet épicé aux cacahouètes et du porc frit a l'ananas. Grâce aux quelques cours de chinois que j'ai pris avec mon pote Louis, je me débrouille un peu pour demander des choses et comprend certains (rares) mots... c'est pas grand chose mais c'est super agréable, ça me donne envie de progresser. On prend deux taxis qui nous emmènent au nord-ouest de la ville, extrêmement loin... sans doute encore le centre ville ? Le bar s'appelle le D-22. Des chinois a crêtes sont poses devant avec des bières. L'un porte un T-Shirt The Exploited, un autre arbore un bon vieux Fuck You. On est un peu chez nous quoi. On paye 30Y l'entrée. Pas grand monde a l'intérieur, une quarantaine de personnes, ambiance de club, bar latéral. Une bonne proportion d'occidentaux aussi, dont le responsable du bar, Nevin, un bon vieux rouquin originaire de Washington et qui a monte ce bar après 5 ans a " développer le mouvement punk en Corée". Bon trip. Au final on se retrouve a 8, avec une copine des français qui nous ont suivi, Tiffany qui est venue aussi, et un autre anglais a qui j'avais donne l'adresse. Pas de Pierre en vue, je ressors. Il est bien la, avec sa nouvelle crête, en train de boire des bières devant, normal. Retrouvailles, ça fait trop plaisir, il halluciné un peu de me voir la, me présente aux autres musiciens, fais une blague ou deux, me paye une bière. Se retrouver ici est quelque peu surréaliste, j'adore ça. Son groupe, Défiant Scum (littéralement "la crasse qui t'emmerde") est compose d'un allemand a la batterie, deux australiens au chant et guitare, une hongkongaise a la basse, et Pierre a la guitare et cœurs. C'est l'un des deux seuls groupes punk de Hong Kong, avec The Squawks, également a l'affiche ce soir. Le concert commence et c'est une boucherie, c'est du vrai punk qui ne fait pas dans la dentelle ! Du coup tous les autres français s'enfuient en boite de nuit. Nico est mort de rire face a cette absence totale de finesse, et moi je prend mon pied, trop content de vivre ça. Ça joue très fort et très vite, très approximativement, mais c'est jouissif. Les Défiant Scum donnent tout, les bières se vident unes a unes, Pierre envoie tout ce qu'il peut, moi aussi en me ruant dans le pogo final. Nico finit par craquer et part en boite avec Tiffany, je reste. Pierre me parle du mouvement punk naissant en Chine, en pleine montée mais qui reste très confidentiel et très axe sur les apparences. Je me rend compte que les trois groupes chinois qui jouaient ce soir rentrent se coucher a minuit bien gentiment, ils ne veulent pas manquer de sommeil. Alors que les Défiant Scum ont passe 12h debout dans le train pour venir et sont bien parti pour finir les bières et ne pas dormir. Je chancelle un peu en montant dans le taxi (vers 3h30) qui finit par me reconduire a mon lit. Super soirée, je devrai recroiser Pierre a HK a la fin de mon périple. Punk's not Dead

Samedi 22 juillet. Lever a 9h, Nico est la, le bâton de mal de crâne aussi. Lui est rentre vers 4h30 du matin après une soirée dans une grosse boite techno avec plein déjeunes, et il partage ma condition. C'est le grand départ de Pékin, on boucle nos sacs dans la souffrance. Douche réparatrice, petit dej salvateur. C'est mon jour (règle de l'alternance). Du coup je décide qu'on prenne un taxi jusqu'à une navette qui nous emmènera pour beaucoup moins cher a l'aéroport. Comme ça ça peut faire peur, mais tout se passe bien. On arrive même en avance a l'aéroport, on s'enregistre... et puis on va aux toilettes. Un peu plus tard, on marche en direction de la salle d'embarquement quand je m'aperçois que... je n'ai plus mon carton d'embarquement ! Panique, je cours dans les toilettes. La porte du toilette dans lequel j'étais est ferme, je frappe... un gars de la sécurité me vois perdre mon sang-froid et se dépêche d'ouvrir la porte avec son pass, il entre dans l'habitacle ou un homme hébété est encore en train de faire ses besoins et retrouve mon précieux carton, pose sur le rouleau de papier toilette. Je suis vraiment incorrigible. Nico n'en peux plus de rire. On finit par embarquer, l'avion part en retard, Nico a peur en vol mais survit. L'avion se pose a Chengdu, dans la province du Sichuan, a 15h30. La sortie de l'aéroport est assez vivifiante : des centaines déjeunes se mettent soudainement a courir et a hurler frénétiquement, on ne comprend rien a ce qui se passe. Au final on croit comprendre qu'une star de cinéma ou de musique est passe par la... dans la navette qui nous mené au centre ville, rebelote. Le taxi dans lequel la star est montée n'est pas loin, et tout le monde se bouscule vers les vitres de gauche en criant et en prenant des photos pendant le trajet. On essaye de comprendre qui c'est, mais on ne nous répond même pas. Arrive en ville, taxi jusqu'au Dragon Town Youth Hostel conseille par le Lonely. On se retrouve dans un dortoir avec des anglaises assez vulgaires qui nous disent qu'on a beaucoup de chance d'être avec des filles comme elles. Du coup, on se casse. Ballade en ville a pieds, Chengdu est de taille plus humaine que Beijing. Bon, on marche quand même beaucoup. La ville respire le calme et le smog a laisse la place a un beau ciel bleu, ça change tout. Il y a pourtant des buildings partout, mais tout semble serein. Les enfants rigolent, les gens sourient, semblent prendre le temps. On dit boujour a la grande statue de Mao qui borde la place principale. Toujours la, lui. On fait le tour des agences de tourisme ou j'essaye (avec une réussite toute contenue) de me dégoter un billet de train et un permit pour le Tibet. On passe le long d'un cours d'eau, avec vue sur un pont aux néons clignotants kitchissimes. Ça mérite une photo... je fouille mon sac, plus d'appareil ! Course effrénée jusqu'aux agences de voyage, personne n'a rien vu. Je reconnais la fille de la première agence qui s'apprête a partir en scooter, lui fait un signe... elle tient mon appareil dans ses mains ! Elle me le rend avec un sourire, mais elle avait déjà fait des photos avec et était quand même en train de me l'embarquer... pfffu, je me sens vraiment invincible aujourd'hui ! Il faut que je fasse attention, je commence quand même le voyage avec un certain niveau. La ballade se poursuit, il fait nuit. Sur une petite place, on assiste a une danse de groupe. Ça, c'est génial. Des vieux, des enfants, tout le monde danse dans le rythme, ou pas, ou s'amuse a cote. Nous, on ne passe pas a travers. Les enfants nous disent bonjour et rigolent, les vieux nous observent posément mais fixement. On reste la pendant de longues minutes, debout, a vivre ce moment au rythme de la ville de Chengdu et de ses habitants. Un petit tout dans un grand hall de jeux vidéos, une dégustation de délicieux riz aux œufs et aux légumes (6Y l'assiette), une ballade dans les rues piétonnes et commerçantes, et c'est le retour au Dragon Town en Ricshaw. Une fille blonde apprend a jouer Léonard Cohen a la guitare dans la cours intérieure. Des chinois mangent et crient dans le hutong juste devant. Des voyageurs boivent quelque bières et s'échangent quelques expériences de voyage. Le thé au jasmin est bon. J'aime cette ambiance. Ça y est, je me sens plus que jamais en voyage.

Lundi 23 juillet 2007 - Chengdo /13h45

18 juillet 2007

Paris, l'urgence tranquille

Mercredi 18 juillet - Paris /00h45

L'avion décolle dans très exactement 11 heures. Un nouvel avion, pour un nouveau voyage.

Que s'est-il passé depuis mon dernier passage ici ? Tellement de choses.

Récupération sans heurts de mon laissez-passer à Pékin. Je me retrouve dans le bon avion, n'en déplaise à mes détracteurs.

Et puis la saison de concerts se déroule, sans attendre. Encore une année forte, tendue, intense, solidaire.

Deuxième édition du Reperkusound, tension maximale et réussite sur le fil, qui permet à Mediatone de rester en vie au moins une année de plus. Déjà 10 bougies. Superbe aventure, tellement improbable...

Autre aventure, celle que je partage maintenant avec Fake Oddity (pas en tant que musicien, rassurez-vous), le groupe lyonnais dont je ne peux plus me passer, musicalement comme humainement.

Enregistrement à Istanbul en février. Magnifique album plein de tout ce que ces gars sont : brut, naïf, sensible, mordant, généreux.

Et puis la vie qui va, avec son lot d'élans passionnés, d'instants précieux, de rencontres éphémères, de troubles enivrants, de rêves, de cauchemars, de rires, d'amitié, de rapprochements, d'éloignements, de folies, d'ivresse, d'inquiétudes et de doutes aussi. Et puis les bonnes nouvelles de naissances, et puis les mauvaises nouvelles de maladies.

Une année marquée par une élection déprimante, dans un pays où la recherche du tout pour soi prime sur la réflexion globale et les véritables courants de pensées, à gauche comme à droite. Où le dernier fait divers relayé par la folie des médias prend le pas sur l'essentiel et l'inutile (tout aussi essentiel par ailleurs).

Une année de musique avant tout, de redécouverte de ce qu'elle est pour moi, de ce qu'elle permet de faire vivre intérieurement et de partager avec les autres.

Et puis l'arrivée à Paris, cette belle capitale d'où je gère tant bien que mal des dizaines de détails plus ou moins importants de dernière minutes : récupération de mon (nouveau) passeport à l'ambassade du Myanmar, achats de livres de voyage, rendez-vous professionnels, acquisition d'un super rasoir électrique (à piles !), retrouvailleq d'une amie perdue, rires sincères autour d'une bière avec mon copain Guigui.

L'avion décolle dans 10h. Un nouvel avion, pour un nouveau voyage…