18 juillet 2006

Moscou : grandeur et parano

Moscou, Mardi 18 Juillet - 19h30

Apres un mariage bien arrose et un dimanche parisien bien fragile (mais fort sympathique au demeurant), Augustin chez qui nous dormions nous conduit pour 5h a l'aeroport, apres une nouvelle tres courte nuit. 10h en 3 nuits c'est peu, et je ne suis que l'ombre de moi-meme ("moi-meme" etant un etre d'une vivacite phenomenale, d'une energie peu commune et d'une jovialite en toute circonstance). En bref ce n'est pas avec la mine la plus valeureuse que je monte dans l'avion en direction de Copenhage. Copenhage ? Et merde, on a du se tromper de vol !!!! Ah, non on a une correspondance, tout va bien. Quelques montees d'euphorie plutot mal a propos et a tendance rire hysterique viennent quand meme egayer le voyage entre deux crises d'apathie et brusques somnolences. Une correspondance a Copenhage un peu embrumee avant d'embarquer dans le 2eme avion, pour Moscou cette fois. Leo se rend compte qu'il part pour 1 an et ca le met dans une excitation tangible, qu'il tente (avec une reussite assez peu probante) de me faire partager. Je suis content de partir mais sans plus, j'ai l'impression que la fatigue est plus forte que tout et que meme dans l'avion, le voyage m'apparait encore lointain ! Nous atterissons a Moscou vers 14h50 heure locale, il fait gris et assez froid. Nous nous frayons un chemin entre les taximen qui essayent de nous soutier plein de roubles pour nous emmener au centre-ville et trouvons un minibus pas cher qui nous amene a un terminus de metro. Valentin nous a donne une carte de la ville, des roubles, des numeros de telephone.... normalement pas de piege. Sauf qu'a Moscou, tout est ecrit en Russe. Et ca c'est deja pas evident. Mais c'est sans compter sur Leo, qui a fait du Russe et parviens a dechiffrer avec enthousiasme les ecriteaux et meme regulierement a les comprendre, ce qui est heureux. Moi je reste dans la brume, je m'endors debout dans le metro et me laisse guider. J'ai un peu l'air de faire la gueule (deja ?) mais c'est assez faux. Je vois du marbre a outrance a chaque arret. Les gens nous regardent. On arrive a la bonne station et puis on essaye de se reperer au milieu de la jungle d'immenses avenues qui s'entrecroisent autour de nous. Sur le plan, on a repere l'avenue qui nous mene chez la mere de Valentin qui est sensee nous attendre avant de nous laisser completement l'appart. Le pied en perspective, si ce n'est qu'a chaque fois qu'on demande a quelqu'un l'avenue "Prospekt" (Leo s'essaye au Russe avec beaucoup de fougue si ce n'est de resultats), on nous indique une direction differente... jusqu'a ce qu'on comprenne qu'en russe, "Prospekt" veut tout simplement dire "Avenue" ! C'etait donc le mot de devant qui etait important... bon, la premiere difficulte passe, c'est sans aucun soucis qu'on marche 15 bonnes minutes avant d'arriver a la bonne adresse. Nos sacs de voyage sont plutot legers (moins de 10 Kg pour Leo, 13 Kg - dont 2 Kg de creme de marron - pour moi) mais la fatigue est toujours bien la. La mere de Valentin nous accueille avec gentillesse et dynamisme (empressement ?) et nous explique en francais (10%) et en russe (90%) plein de choses utiles, sous l'oreille concentree d'un Leo qui en chie, mais qui comprend quand meme 10% des mots (...russes il va sans dire, ne soyons pas mauvaise langue). Un des fils de Valentin est la aussi, Max, cheveux longs, blond, l'air assez sombre et timide, genre metalleux d'obediance gothique, peu bavard. C'est de bonne guerre, il ne parle que russe. La mere fait tourner les feuilles d'un petit dico russe-francais a tout allure pour nous donner des informations utiles a chaque fois qu'on lui dit ce qu'on veut faire. Dans l'ordre : "voleur", "brigands", "courir", "danger", puis plus construit : "courir le danger"... c'est pas gagne tout ca ! On la remercie quand meme pour ses conseils avises. Elle nous laisse apres nous avoir ecrit plein de numeros de telephone en cas de problemes et avoir insiste pour qu'on fasse comme chez nous : prendre des douches, piller le frigo, ramener des filles... enfin c'est ce que j'ai cru comprendre. On est vraiment content d'etre ici mais vraiment epuise, surtout moi. Il est deja 18h30 et on n'a pas la force de sortir, surtout que Youra (2eme filsde Valentin), avec qui il etait question qu'on aille a un concert de petits groupes de metal russes, est malade. On pille donc le frigo et je me laisse tomber sur le lit qui m'a ete indique.... pour me reveiller 14h plus tard !!

Une bonne douche et un bon cafe me donnent l'energie pour rentrer dans la journee. Et je me rens soudain compte d'un etat de fait qui ne m'etait pas encore apparu comme veritablement evident : ca y est, je suis a Moscou ! Je suis en voyage ! C'est avec une mine avenante (et sans doute rayonnante) que j'accueille Leo qui a effectue pas loin de 15h de dodo ! On prend le temps de se rendre compte, de profiter, de discuter, de se preparer. C'est vers midi qu'on ferme la porte de l'appart. Et la c'est le drame : on a bien les cles qui permettent d'ouvrir la premiere porte, mais on ne parvient plus a ouvrir la 2eme, il doit nous manquer une cle ! Et puis on a oublie le numero de portable des fils de Valentin. On est a la rue en quelque sorte. Je gagne donc une fois de plus haut la main le concours de rapidite pour se mettre dans la merde en voyage (c'est moi qui ai ferme la porte). Belle performance applaudie de maniere un peu jaune par un Leo qui n'en revient pas. Il nous reste le numero de fixe des fils, qui habitent a 10 minutes a pied, on devrait s'en tirer ! Pour l'heure c'est vers le centre, en direction des tresors de Moscou, qu'on se dirige. Metro, facile. Toujours du marbre, mais reveille c'est plus impressionant. On sort a un arret separe du Kremlin par... une immense avenue a 8 voies infranchissables. Mais quand meme, c'est beau. On decide de faire le tour de cette vieille ville fortifiee aux nombreuses tours, en empruntant au hasard le chemin le plus long qui nous fait par 2 fois traverser la Moskova (fleuve traversant la ville de maniere sinueuse). Du coup on se fait une idee sur la taille du pate de maison et sur ses alentours, pleins de grands batiments anciens imposants et de cathedrales orthodoxes aux clochers d'or. On arrive a la place rouge (qui borde le flan Est du Kremlin) par le Sud, ou s'erige la tres emblematique cathedrale Basile-le-Bienheureux qui semble toute droit sortie d'un film de Walt Disney ou du jeu "Prince of Persia"... bon d'accord, chaqu'un ses references. Elle degage en tout cas quelque chose de feerique avec ses couleurs roses criardes et ses nombreux clochers russes (j'ecris "russe" car je ne sais pas comment on appelle ca, vous savez genre les domes qui pointent vers le haut et qui ont un peu la forme d'une larme tassee). La contourner nous achemine vers l'impressionante place rouge, balisee au Nord par le musee d'histoire. Ce batiment rouge sombre a la monumentale majeste gothique semble porter tout le poids de l'histoire sur ses epaules. Toutes ses surfaces orientees vers le ciel, meme infimes, sont drapees de blanc, comme s'il etait enneige pour l'eternite. C'est la premiere grosse claque, il en faut bien une. Au centre de la place, sur le cote, le tombeau de Lenine fait un peu le fier. On longe la place jusqu'au flan Nord du Kremlin ou s'etale le Jardin Aleksandrovsky, qui semble servir de refuge a des centaines de personnes etant venus chercher le calme entre les fleurs de toutes les couleurs et les fontaines aux jets apaisants. Il est deja 15h30, trop tard pour se lancer dans la visite des nombreuses "tueries" du Kremlin, on se decide donc a se balader. La promenade nous fait admirer de nombreuses eglises et nous fait, plus globalement, humer l'air de ce centre ville de Moscou, aux proportions de vraie grande capitale. Leo s'efforce de se remettre au russe et fait des progres notables dans la comprehension... de certains mots ecrits. Et il dit aussi tres bien "Merci", ce qui est au moins tres poli, surtout que je sais le dire aussi, et du coup on est carrement polis. Mais heureusement pour moi, en fait il est bien meilleur que ca (mais pas trop). On mange dans un petit resto sympa avec des serveuses jolies et qui ont l'air sympa aussi... sauf quen fait elles le sont pas, alors on s'efforce a voir dans leur manque de sourire un signe d'affection ou de timidite. On mange bien (un pate de fromage au saumon et aux avocats, de l'agneau cuisine aux petits legumes, de la soupe piquante aux morceaux de viande et de fromage), on boit bien (de la bonne biere russe en pinte), ca c'est important et on repart revigore. Chemin sinueux jusqu'a la place rouge. On se rend compte qu'on a meme pas essaye d'appeler Max et Youra et qu'on est a la rue, toujours. Achat d'une carte telephonique. Tentative d'utilisation dans une cabine publique infructueuse. Deuxieme tentative toujours sans suite. On continue a marcher dans les rues de maniere hasardeuse. De jolies rues un peu plus pietones. Une librairie internationale. A l'interieur, un gars qui parle quelques mots d'anglais a qui on explique notre galere de telephone. Il nous permet d'utiliser celui du magasin. Max decroche et Leo se rend compte que lui expliquer nos galeres de portes sans connaitre les mots "porte" et "cle" en russe est assez ardu... du coup on explique le soucis a un gars du magasin qui traduit a Max au telephone. Selon ce dernier, la 2eme porte ne peut pas se fermer a cle et il suffit de lever la poignee et pousser ! Le verdict est simple : on est des debiles. C'est donc fiers de cet etat de fait qu'on decide de s'engouffrer dans ce cafe Internet pour raconter nos premieres aventures (suivez aussi celles de Leo - et donc avec des versions ultras differentes des miennes - sur www.ouestleo.com) qui, force est bien de l'avouer, n'en sont pas.

Mais rien n'est gagne. Gardons en pensee que les lendemains russes peuvent s'averer truffes de pieges et d'anecdotes insolites pour les pauvres demeures que nous sommes, comme une porte ouverte peut ne pas vouloir s'ouvrir.

Moscou, Mardi 18 Juillet 2006 - 22h30

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi je dis chapeau pour la rapidité avec laquelle vous vous êtes mis dans la merde avec les clés. Je m'attendais bien à un truc de ce genre moi là quand même c'est du très très haut niveau !!!

Patrick

Anonyme a dit…

Héhé, salut à toi !
Comme tu vois je suis au rendez vous histoire de te suivre du début dans ton périple et c'est déjà bien amusant...;-). Bref, profitez bien, bonne route et à bientôt !

Anonyme a dit…

Cool !
C'est sûr que c'est un petit peu plus détaillé que le compte rendu de Léo.
Bonne continuation