14 août 2007

"Des Retrouvailles et des Adieux"

Je ne suis plus très loin du Myanmar. Tout près même. Si tout se passe bien, j'y serai demain matin. Une semaine s'est écoulée, déjà. Une semaine commencée par les douces retrouvailles avec Fan Ling, terminée par les adieux déchirants aussi. Une relation étonnante, naïve, compliquée, belle, triste et probablement vaine. Une relation d'une semaine entre un français de 28 ans et une chinoise de 24 ans. Une relation racontée le plus fidèlement (et subjectivement) possible dans les lignes qui suivent...

Lundi 13 août - Kunming /10h36

On est toujours Jeudi 9. Je suis dans le bus. Il arrive a Mengzi. Je redoute un peu. Et si je ne la reconnaissais pas ? Et si on avait plus rien a se dire ? Et si c'était un foirage intégral ? Il est un peu tard bien sur, il faut savoir garder du recul et vivre l'instant, on verra bien. Le minibus s'arrête, je la cherche du regard a travers les vitres, ne la vois pas. Je sors, récupère mes bagages, fais un petit tour... non, elle ne semble pas être arrivée. Le bus a un peu d'avance, il est 19h25. La gare routière est totalement nouvelle, beaucoup plus grande et moderne que celle que j'avais fréquentée deux ans auparavant. A l'instar des routes, spacieuses, a double voie, avec de grands lampadaires. J'avais l'image d'un village, et c'est devenu une grande ville... tout va vraiment très vite ici. Je m'assois, en essayant de calmer mon enthousiasme (ma peur ?). Et puis la voila, je la reconnais. De blanc vêtue, les cheveux un peu plus courts, me cherchant du regard d'un pas mal assure. Troublant. Je lui fais un signe, elle s'approche, me souris. Je me levé et la prends dans mes bras. Elle, de marbre. Ok, rien n'a vraiment change ! On échange quelques phrases un peu timides. Je lui dis que je suis très heureux qu on finisse par se revoir. Elle acquiesce. Elle me dis qu'elle vient d'appeler la sœur de sa grand-mère qui est ok pour me loger... ok, bon trip. On s'y rend en taxi. La fameuse vieille fille habite seule dans un petit appartement mignon du nouveau quartier moderne de la ville, il y a 3 chambres. Elle est avec un ami de son âge, les deux vieux me sourient, je sens que je leur inspire confiance. Ils posent des questions a Ling (c'est le prénom dans Fan Ling) sur moi, je sors deux-trois mots en chinois, ça les fait rire. Les affaires posées, on sors dehors pour manger un bout, un bon bol de nouilles de riz et un jus de citron. La situation me semble quelque peu irréelle, je suis en face de Fan Ling quoi, c'est pas rien. Je lui pose des tas de questions sur elle, sur son année a l'université du Jiangsu (près de ShangHai), tout ça. Ses réponses ne sont majoritairement tristes : elle est souvent triste, elle s'est fait vole plein d'argent par une coturne, elle travaille beaucoup, elle ne sait pas quoi faire de sa vie, elle ne fait rien depuis qu'elle est rentrée a Mengzi, elle s'ennuie. J'essaye d'être positif, de lui remonter le moral, je lui dis que je suis la, que c'est quand même la meilleure chose qui pouvait lui arriver et qu'on va passer des supers journées ensembles... bon, ça la fait sourire un peu.

De retour chez l'ancienne (une petite voûtée ridée et souriante), je me rend compte que je pue. Bon, ça arrive. J'en touche diplomatiquement un mot a Ling qui m'arrange la salle de bain pour que je puisse m'y doucher. J'emprunte aussi une serviette, j'ai oublie la mienne a Lhassa. Lorsque je sors de la, tout propre, Ling a l'air contrariée. L'ancienne vient de lui dire qu'elle ne me connaissait pas assez pour me laisser dormir chez elle, elle a eu un coup de flippe, elle me sent pas si bien que ça ! La tristesse et l'énervement se lit sur le visage de Ling qui me dit : " Let's go ". Hop, je récupère mes bagages et on se retrouve dans la rue. La vieille descend et nous "aide" a appeler un taxi a qui elle donne l'adresse de la mère de Ling. Elle veut sans doute être sure qu'on ne va pas se réfugier dans un hôtel !

Arrivée tardive chez la maman. Elle habite avec un " beau-père ". Ling ne voit d'ailleurs plus son père qui semble ne plus se préoccuper de sa fille. D'un autre cote, son beau-père ne lui adresse pas la parole non plus ! C'est un peu tragique. L'appartement n'est pas immense (45m carre ?) et plutôt vieux, use. La mère se réveille (elle était déjà couchée), me dit bonjour en souriant (je me méfie, maintenant) et discute avec sa fille. Ling me montre sa chambre et me dit de prendre son lit, elle dormira sur le canapé. La mère me dit de me coucher tout de suite, m'escorte dans la chambre de sa fille après avoir refait le lit et ferme la porte derrière moi... a peine le temps de faire un signe a Ling dans l'entrebâillement ! Je suis seul dans la petite chambre. Un lit a baldaquin voile de rosé brode, un sac en forme de nounours pose a cote, encore un napperon rosés qui recouvre le matelas... on dirait la chambre d'une petite fille. Ling m'a toujours donne l'image d'une petite chose fragile, friable, qu'on a envie de protéger. Elle semble vraiment vivre dans son monde imaginaire, loin de la réalité. Son lit sent bon. Je m'endors comme un bébé dans les draps rosés de mon amour platonique de l'empire du milieu.

Vendredi 10 août. Je me leve vers 9h. Fanling manque de sommeil, elle n'a pas pu dormir avant 3h du matin et s'est réveillée aux aurores... la faute au canapé pas confortable, ou a ma présence a proximité ? Je me sens un peu mal a l'aise, du coup. Je lui demande s'il ne vaudrait pas mieux que je dorme dans un hôtel la nuit suivante. Yes, maybe, me répond elle du tac au tac. Merde, ça ça fout un coup au moral, je ne m'y attendais pas. Mais a la fois c'est plus confortable de ne se sentir dépendant de personne, surtout que j'ai du mal a comprendre toutes les reactions de la famille. Et puis je ne m'attend pas a vivre une histoire de quelques jours avec Ling... elle semble toujours attendre l'homme de sa vie et semble loin d'envisager quoi que ce soit en dehors d'un mariage, d'après les discussions que nous avions eu deux ans plus tôt. Je m'en voudrais de créer un cataclysme qui détruirait ses illusions ou nourrirait trop d'espoirs en elle, et je ne me sens etonnament pas prêt a la demander en mariage, si fort

soit l'envoûtement qu'elle crée en moi. M
On sort petit-déjeuner vers 11h, encore des rice noodles, et puis un verre de lait frais (ça faisait longtemps) et un verre de jus de pastèque. On se promené ensuite dans un grand parc renfermant un lac. Les habitants pratiquent le Tal-Shi, la gym, la danse, ou jouent de la musique assis sur des bancs. Les enfants jouent aux auto-tamponneuses dans un mini-parc d'attraction. Tout est propre et neuf, on pourrait sans difficulté se croire dans une capitale regionnale. C'est pourtant une toute petite ville de seulement 300 000 habitants ! Le Lonely ne parle de cette ville que dans un point historique sur le Yunnan en disant qu'elle a été colonisée par les français pendant une courte période, au tout début du XXe siècle. Lorsque j'en parle a Ling, elle me dit qu'effectivement, de nombreuses chinoises ont épouse des français a cette période... hum. Des petits pavillons a la chinoise agrémentent le parc. Au pied de l'un d'eux, on peut louer des pédalos. Bien sur, je lui propose de faire un tour ! Je me retrouve en train de pédaler au fil de l'eau de ce lac urbain. Ling cueille dans les arbres des fleurs rouges (qui sont en fait des fruits sucres et visqueux), on passe sous des ponts en pierre... plus bucolique, ça n'exsite pas. Elle finit par s'endormir en pleine balade (merci Richard). Je la ramené sur la rive, elle ne tient plus debout. Un taxi me pose devant une salle Internet vers 13h, elle part pour une longue sieste " dans son lit".

Vers 16h, toujours pas de nouvelles (on se parle par textos, c'est pratique). Je pars donc me balader dans les rues. Plein de boutiques de fringues, de téléphones surtout. Je me retrouve soudain nez-a-nez avec un temple, celui-là même que j'avais "visite" lors de mon passage éclair dans la ville deux ans plus tôt, quand j'attendais Fanling (qui n'est jamais venu). Je retrouve la salle Internet ou j'avais passe un moment. C'est toujours amusant de faire le lien physique, les deux voyages sont a présent geographiquement relies. Ling finit par se lever et on se retrouve chez elle vers 17h30. Elle se met a me cuisiner plein de petits plats : morceaux de patates epicees, sortes de racines de bambou cuisinées au gingembre, soupe d'oeufs... de la bonne cuisine locale quoi. Et puis elle me propose de passer la soirée au KTV (Karaoké en salle) : bien sur, je roule a 100% ! On me trouve d'abord un hôtel, une chambre très propre, juste pour moi, avec lit double, salle de bains et télé, pour seulement 50 Y...

On arrive dans un grand bâtiment. Une dizaine d'agents d'accueil nous escortent jusqu'à un petit salon avec canapés, table basse, grande télé et console de contrôle. On nous amené des pop-corn, une assiette de fruits et du thé. Derrière la télé, le papier peint montre des femmes a poils se faisant toucher par des créatures imaginaires... si c'est pas un appel, ça. Je suis seul avec Ling. Elle regarde les morceaux disponibles et fait une liste de ce qu'elle veut chanter. Je regarde les titres en anglais, il n'y en a que quelques dizaines, rien qui fasse rêver, loin de la. Ling commence a chanter des chansons pop chinoises. Ça parle probablement d'amour impossible, ça pleure dans les clips. Moi je la regarde chanter en buvant du thé et en me délectant d'une tranche de pastèque. Elle a une voix magnifique, ça me touche, bien sur. Je ne suis pas sur d'avoir déjà vécu un vendredi soir aussi trépidant.

On n'est pas seuls longtemps. Une copine, puis trois copains viennent nous rejoindre. Ils chantent a tour de rôle ou ensemble des chansons, toutes plus incroyables les unes que les autres. De la pop variété comme on n'ose même pas faire en France. Mais ils s'amusent beaucoup, ils sont a fond, super rigolos, j'irai jusqu'à sympas. Ils hurlent dans les micros de manière très enthousiaste, a défaut de chanter juste. Tout le monde réclame un chant de ma part. Je me résigne à choisir "My Heart will go on" de Céline Dion, que je chante en duo avec Fanling sous des tonerres d'applaudissements. Irréel vous dis-je. Je suis un peu Bill Murray comme dans " Lost in Translation ", baigne dans une ambiance que je ne comprends pas très bien mais qui me fait sentir bien, si loin de chez moi.

Taxi. Hôtel. Je suis seul. J'allume la télé. Sur la chaine CCTV5 (la chaine de sports en continu chinoise), je tombe sur le tournoi de Tennis de Montréal ! Comme deux ans plus tôt, je crois que c'était exactement a la même période, ce doit donc être le même tournoi ! L'américain Roddick affronte le tchèque Stepanek en quart-de-flnale. Stepanek gagne en faisant un match prodigieux. S'ensuit Fédérer contre Hewitt... j'essaye de lutter mais finis par sombrer, vers 2h du matin.

11 août 2007

DEad au Tibet (deuxième partie)

Mardi 7 août - Lhassa /17h10

Le Tibet est déjà derrière moi... ces neuf jours seront passes tellement vite, et j'ai a la fois l'impression d'y avoir vécu tellement de choses. Je suis a présent a Mengzi, la ville natale de JustifierFanling... avec elle ? Seul ? Hum, ceci est une autre histoire, je m'en voudrais de raconter avec trop d'empressement. Ce sera pour le prochain post, je présume. En attendant, voici la deuxième partie de mon passage au Tibet, mes cinq derniers jours passés sur le toit du monde...

Dimanche 5 août. Mon réveil sonne a 5h40. Peu dormi. Quelques jours plus tôt, avant de partir pour Ganden, des gars nous avaient alpague pour nous demander si on voulait aller a Shigatse en bus. Il était 6hlO, c'était dans la rue d'à cote. Même endroit même heure, le gars est encore la, tout roule. Je m'installe dans le car, je suis seul. Je demande au type a quel heure est le départ, il me répond 8h ! Bon, j'aurai pu dormir presque 2h de plus. Ce que je m'efforce de faire, pas évident. Le bus finit par partir, il est plein, il est 8h20.

Le trajet dure environ 6h de bonne route, empruntant une vallée plus ou moins large et tortueuse et belle. Une rivière court tout du long, avec quelques gorges plus resserrées qui créent des rapides. Quelques pauses. Je manque de m'étouffer avec des patates ultra-epicees. Le bus arrive a la gare routière de Shigatse a!4h20.

Me voila installe dans une chambre sympa au troisième étage d'une guest-house avec vue sur une sorte de grand palais a la Potala sur la colline d'en face. Ça doit être le monastère dont ils parlent dans le Lonely. Cette ville, bien qu'étant la deuxième ville du Tibet, est a échelle humaine. Elle est depuis longtemps le siège du panchem-lama, deuxième personnage de la hiérarchie du bouddhisme tibétain. Petite ballade dans le quartier, je flâne un peu, négocie 2-3 colliers tibétains dans un petit marche sympa. En observant un peu, je m'aperçoit que la ville est remplie de... billards ! C'est incroyable, il y a des rangées de 5 ou 6 tables de billards en pleine rue, et elles sont presque toutes utilisées. Je regarde quelques parties, ils jouent bien, les gars, du coup.

J'ai un peu de mal a trouver le chemin pour me rendre sur la colline et visiter le Potala 2, mais j'y parviens. Pas un chat, le parking est vide. On est Dimanche, ça doit être ferme. Je monte quand même les marches jusqu'en haut. La grande porte est close. Et puis au moment de repartir, elle s'ouvre ! Un gars me fait signe, j'y vais. Je rentre, il ferme la porte a clé derrière nous ! Hum. Il me dit de le suivre. On entre dans un endroit lugubre, pas de lumière du tout... il allume une lampe de poche. Je le suis, ça sert a rien d'être parano. On monte un escalier, plusieurs étages, il éclaire mes pas a chaque virage. Et puis on débarque dans une immense friche, genre bâtiment en construction, trois étages de haut. Un escalier en béton monte dans le vide en tournant, au milieu de cet immense espace. Arrive en haut, on marche encore un peu et... nous voila sur le toit du bâtiment ! Belle vue sur la ville, soit, mais je ne comprends toujours pas. Ces cons, ils ont tout détruits ? J'essaye d'extorquer des réponses au type qui ne parle pas anglais, en vain. Et puis il me montre une pierre sur laquelle est grave un truc, en anglais : ça explique que grâce a la volonté d'un groupe de soutien a la culture tibétaine, ils sont en train de restaurer l'ancien fort de la ville et qu'ils veulent en faire un musée de la culture tibétaine. Ok, c'était pas du tout le monastère, mais le fort de Shigatse "en ruine" ! Dans le Lonely, ils disent juste que les vieilles ruines donnent un certain charme a la ville. Ils sont en train de tout reconstruire. Je dis au gars le nom du monastère, il m'indique de l'autre cote de la montagne, la bas (il tend la main). Ok. Il me raccompagne avec sa lampe de poche le long du no man's land, me demande du pognon (et oui, pas idiot) et me laisse partir. Etrange expérience.

Je prend le chemin indique qui longe la montagne avec une petite vue sur le quartier tibétain, jusqu'à l'entrée du monastère de Tashilhunpo. Monastère construit en 1447, siège du panchem-lama, qui accueille environ 600 moines aujourd'hui. La, il y a plein de cars, de boutiques de souvenirs, tout ça. Plein de monde surtout. Ça fait la queue devant les temples pour sonner la cloche, c'est un peu lent. Mais le monastère dans son ensemble est très grand, très impressionnant, et il regorge de petites tueries. A commencer par une stature du Bouddha Jampa (Maitreya) - encore des trucs en "a" - haute de 27m, qui force le respect. Et puis le mausolée du quatrième panchen-lama, une stupa couverte de 85 kg d'or et de pierres précieuses, pas degueu non plus. Je commence a connaitre un peu les divinités a force, et je me mets a filer régulièrement du blé a certaines (les plus effrayantes souvent, les noirs et rouges avec de grandes dents, plein de bras et des yeux écarquillés). Un peu aussi par solidarité avec les sans-le-sou qui donnent tout ce qu'ils ont au monastère, sinon je me sens vraiment trop radin. Parfois il est difficile de bien voir les statues tellement la vitre les protégeant est recouverte de billets ! C'est assez déprimant, mais on s'y fait. Le Bouddhisme, comme les autres religions, parvient sans trop de difficulté a palper du blé aux fidèles. A la sortie d'une chapelle, un moine vend des amulettes de protection... trop la classe, j'en acheté une, évidemment : je suis invincible a présent, plus rien ne peut m'arriver.

En sortant du village monastique, je tourne bien sur a droite pour me faire le Kora. Ben oui, un monastère sans son Kora c'est de la triche, ça compte pas. Et puis le top c'est qu'on y est enfin seul. On y croise quelques pèlerins qui viennent faire tourner les moulins a prières qui bordent la majeure partie du chemin, mais pas un touriste. Pourtant c'est chouette les Kora. On se retrouve vite sur la montagne, avec vue sur le monastère et la ville, entoure de rochers peints d'inscriptions tibétaines, de guirlandes, d'herbes sacrées (?) qui brûlent... et puis ça fait marcher un peu, respirer l'air frais (et pas l'air vicie au beurre de yak), du bien quoi. Vers la fin du tour, je prends un petit raccourci qui me ramené dans la rue de mon hôtel. Je croise une jeune tibétaine qui me crie : " Hello ! I love you !". La déclaration d'amour, je l'avais pas encore eue. Je lui réponds, sur de moi, le regard pénétrant : "I love you too". Elle me répond : "What's your name ?". Ben oui, faut peut-être se présenter avant. J'ai a peine le temps de répondre, elle rentre chez elle en rigolant. J'étais pas loin. Je rentre bredouille a ma piaule.

Une petite toilette pour éradiquer cette odeur désagréable que mon corps a le mauvais goût de produire. Je sens bon, je suis (et il fait) beau, la ville est a moi. J'emprunte la grande rue piétonne du centre ville, celle qui rejoint le monastère. Les jeunes jouent au billard, sur l'une des très nombreuses tables qui inondent la rue. Je regarde une partie, on me propose de prendre la gagne. Yes ! Je suis bien sur sous-entraîné part rapport a eux et me prend une bonne taule en deux manches. Bien sur, la pression est grande : je joue contre un gars (super bon au billard, bien sur), mais une dizaine de ses potes sont venus observer la partie. Des que je foire correctement un coup, ils sont tous morts de rire. Et je crois que ma manière de tenir la canne les fait rire aussi. Il faut dire que j'ai vraiment... un style. Je me casse, je me fais trop latter ici. Un peu plus loin, une table vide. Je m'approche, un autre jeune me propose immédiatement une partie... allons-y ! Cette fois j'ai un poil plus d'entrainement, je ne pars pas de zéro. Et je me débrouille pas si mal ! Il finit par me battre, mais en trois manches, et je sors 2 ou 3 coups gagnants applaudis par les observateurs (la chance ?). En tout cas je rigole beaucoup, le billard c'est vraiment fun. Une ville paumée au Tibet ou tout le monde ne jure que par le billard, c'est quand même rigolo. J'aimerai bien connaitre l'histoire de sa percée ici ! Quoi que s'inventer l'histoire, c'est sympa aussi.

Je m'acheté un CD. Dessus, une étiquette : "New album from thé fîrst Tibetan Rock Band-Vajara". Ça devrait déchirer. Je rentre dans un resto, il est 22h passées. Mon ventre ne me semble pas a son meilleur niveau, je prend une assiette avec du riz et des patates au curry, et puis quelques morceaux de mouton. Un gars bourre s'assoit a cote de moi, il parle un anglais très pauvre et difficilement defrichable, mais semble me dire des choses gentilles. Et puis 4 filles de 2l a 22 ans (je leur ai demande) viennent s'assoir en face de moi. Elles rigolent, me disent que je suis " beautiful", devinnent mon âge avec difficulté (elles me donnent moins), ne me croient pas quand je leur dis que je n'ai pas de petite copine, elles pensent que c'est une vieille technique d'occidental pour en profiter hors du lit conjugal. Ah ouais, si ma bonne foi est mise en doute c'est pas gagne. L'une d'elles me dit que j'ai un "big nose". Ah bon. Les autres me défendent en disant "beautiful". Ouf. Leurs parents (?) me regardent avec un air un peu moins cordial, je ne suis pas en odeur de sainteté. Tout le monde finit par monter a l'étage en disant Goodbye. C'est l'heure de rejoindre l'hôtel.

Je monte au resto interne a l'hôtel et discute un moment avec une italienne sympa (lire sympa et jolie) qui me raconte son périple au camp de base de l'Everest, ça a l'air magnifique. Elle aussi va se coucher. Je monte dans ma chambre, il y a trois lits, dont deux filles. Une Suisse et une Philippinaise, qui parlent ensemble en chinois. Du coup on parle anglais. Elles cherchent quelqu'un pour les accompagner au Népal... ça sera pas pour cette année pour moi ! Et puis elles se couchent. C'est une journée pleine d'espoirs qui prend fin... vers minuit.

Lundi 6 août. Lever vers 7h30. Je prends mon temps, puis file a la gare routière. L'objectif du jour : faire un tour a Gyangtse, 120 km au Sud-Est de Shigatse, puis rentrer sur Lhassa. Serre, mais ça se tente. Et surtout, je n'ai pas le droit ! Mon permis m'autorisait a aller a Shigatse (normalement en voyage organise), mais il m'est strictement interdit de mettre un pied a Gyangtse. Pourquoi ? Je sais pas, c'est comme ça. Un minibus me prend, j'arrive là-bas vers 1 Ih. Gyangtse est une petite ville. Je longe la rue principale en baissant les yeux et en accélérant le pas "l'air de rien" des que je vois des flics. Je deviens un peu parano, le coeur qui bat et tout. Ça fait donc ça d'être sans-papiers !

Je me rend le plus vite possible au monastère de Pelkhor Chode (encore un !), l'attraction principale du bled. Une voiture de police est garée sur le coté de l'entrée. Je ne décélère pas, marche d'un pas assure et franchis l'entrée. Je l'ai tellement bien fait que je suis même passe sans faire exprès dans l'enceinte du monastère sans payer le droit d'entrée ! Décidément, je truande sec aujourd'hui. Un groupe de français d'une beauferie indiscutable fait des réflexions aberrantes de bêtise devant moi. Je m'enfuis, dommage, leur guide (au parle français) donnait des infos intéressantes. Grand temple, sympa. Excusez-moi de ne plus m'extasier, je m'en suis farci pas mal ses derniers temps, et pas les pires. Je retrouve mes dieux préfères, on commence vraiment a faire pote. Normal avec le pognon que je leur ai déjà file. A cote, il y a ce qu'on appelle la Stupa aux 10 000 visages. L'édifice renferme pas moins de 108 petites chapelles sur 9 étages ! Dans chaque chapelle, il y a de vieilles peintures murales et de superbes statues, j'en profite pour prendre plein de photos de ces divinités multicolores, multi-bras, multi-visages. Certaines tirent a l'arc, d'autres jouent d'instruments de musique. Du haut de la stupa, on a un superbe panorama de la petite ville (au style tibétain quasi omniprésent a part son allée principale), des champs et des montagnes environnantes. Un peu moins impressionnant toutefois que du haut du vieux fort, le Dzong, ou je me rend ensuite en passant par des petites ruelles pavées tibétaines. J'y croise des dizaines de vaches et de chevaux, ça sent la campagne, les enfants me demandent de les prendre en photo et éclatent de rire en se regardant. Sur la route qui grimpe au Dzong, une jeep de flics passe juste a cote de moi et me reluque, sans s'arrêter. C'est assez stressant. Je profite un peu de la vue, mais prend vite le chemin du retour. Un minibus va partir pour Shigatse. Je rentre dedans, l'un des passagers est un flic. Je lui souris, lui de même, rien de plus. Arrivée à Shigatse vers 16h, je souffle, je suis en règle ici.

Le dernier bus pour Lhassa part a 17h, tout se déroule parfaitement. J'ai le temps de manger un bout. Dans un resto tibétain a cote de la gare routière, je tombe sur une carte avec une ligne "TRIPECURRY". Comme ils font beaucoup de fautes, je me dis que ça doit être un triple curry, le même genre de plat que j'ai mange la veille, c'était bon, je prend ça. Mais non, c'est bien une assiette pleine de tripes qu'on me sert ! C'est visqueux, ça me fais tout de suite moins envie. J'en mange, un peu, puis me rabats sur un bon vieux bol de noodles tibétaines, en fait des momo's a la viande de yak baignes dans un bouillon avec des nouilles de riz. Ça nourrit bien et c'est meilleur, de loin. Le bus part.

Voyage retour extrêmement agréable. Les montagnes défilent dans l'autre sens. Il a plu ce matin et les rapides sont plus furieux encore. L'ambiance est géniale dans, beaucoup de monde chante des "omanipadmeom " en même temps que le poste diffuse la musique tibétaine, tout le monde a le sourire. Je termine "L'insoutenable légèreté de l'être" de Kundera pendant le trajet, alternant des grands moments de réflexion sur l'écrit et des laisser-aller en rêveries au gré des merveilleux paysages et des mélodies euphorisantes. J'adore lire. Je ne lis presque qu'en voyage, que quand je n'ai rien "d'autre à faire". Aux chiottes et dans les transports.

En arrivant a Lhassa, en ayant partage le voyage avec ces gens, et a la vue du Potala, je me dis que, sincèrement, vivre ici ne me déplairait pas. Loin de la. Et le conducteur dépose chaque personne ou elle veut ! Je suis le dernier dans le bus, je lui dis le nom du Kirey Hôtel, pas de soucis, il m'emmené juste devant ! Incroyable. Le Kirey étant complet, l'hôtel d'à cote aussi, celui encore plus loin aussi, etc..,, je finis par me replier sur une petite guest-house perdue dans le quartier du Barkhor, a peine plus chère. Je n'ai pas vraiment de quoi négocier. Je me retrouve dans un dortoir rien qu'a moi. Dodo vers minuit.

Mardi 7 août. Lever a 8h30 (grasse mat' !). Je prend le temps de changer de guest-house (retour au bon vieux Kirey), de prendre une douche, mettre des vêtements a laver (service gratuit !), prendre un aller-retour pour le Nam-Tso Lake demain, acheter un billet d'avion pour Kunming après-demain (c'est ça ou 4 a 5 jours de bus, je décide de me le permettre), poster des cartes postales que Nico m'avait donne a poster il y a une semaine, retirer de l'argent... bref quelques broutilles. En me promenant dans Lhassa, je me rend compte (oui, je suis un peu long a la détente) qu'il n'y a quasiment aucun feu de circulation ! C'est pour ça que c'est un joyeux bordel entre les ricshaws, les piétons, les bus qui s'arrêtent n'importe quand, les bagnoles... moi je trouve ça rigolo. Des gars sont en train de mettre des guirlandes de pub entre chaque lampadaire. Voyant le mot festival, je m'approche... c'est des pubs pour le " Yogurt festival !". Les tibétains, ils sont énormes. Ils osent faire le truc le plus dément du monde : le festival du Yaourt. Je serai déjà parti, vraiment dommage j'aurais aime voir (goûter) ça.

Je grimpe dans un bus en direction du nord de la ville, pour aller visiter le dernier monastère important a rajouter a mon CV, le monastère de Sera. Quelques frites de la rue avalées au passage, et me voila dans l'enceinte, a suivre une grande ruelle ombragée par des arbres denses. Il y a une file immense devant un temple. Je m'apprête a faire la queue quand un jeune couple avec leur très-jeune bébé (sur le dos de la mère) me fait signe de les suivre, genre ya rien à voir ici, nous on va te montrer ce qu'il faut. Je m'exécute. Us me prennent totalement en mains, me disent ou il faut aller, ou ça n'a aucun sens de mettre les pieds. On parcourt les chapelles ensemble, ils sont tous les 2 avec leur pot de beurre de yak liquide qu'ils versent dans toutes les lampes a beurre de toutes les chapelles, consciencieusement. Et puis ils donnent pas mal de pognon aussi. Etrangement, je nie sens plus "vrai pèlerin" avec eux, et je me prête a tous les rituels. Je me fais tamponner le front par un moine avec un bâton relie a une statue, taper le dos avec une grosse pierre noire par un autre, je m'incline devant les trucs importants, pousse dans le dos par un troisième. Au fond d'un temple, un écriteau stipule "interdit aux femmes" a l'entrée d'une chapelle. La jeune mère reste a attendre son mari. Ça me déçoit, premièrement - cette religion ne serait pas plus égalitaire que d'autre ? Je me décide quand même a y jeter un oeil, mais au moment de rentrer 4 moines m'interpellent fortement ! Je me retourne, et la ils prennent un fou rire et me font signe d'avancer ! ! Ça me fait rire aussi, j'ai presque mis du temps a comprendre ce qui se passait. Rien de particulier la dedans au demeurant. Le tour monastique termine, c'est avec regret que je vois partir ce couple attachant. A nouveau seul, je retourne a l'immense queue, un peu moins grande. C'est très long, et c'est en fait uniquement pour avoir le droit de faire une offrande de tissu blanc (payant) a une statue devant un moine qui te bénis pendant que tu pries allonge dessus, un truc comme ça. Bon, mais quand-même, avec toutes les offrandes, toutes les bénédictions, et mon amulette en prime, il est clair qu'il ne peut plus rien m'arriver. Ça fait probablement de moi un semi-Dieu. Le problème c'est qu'on est nombreux dans ce cas ! N'empêche, a force de voir des dieux et autres mystiques te regarder avec des yeux mi-clos ou écarquillés a longueur de journée, il y a de quoi péter un plombs ou faire des cauchemars. Apres celui-là, j'arrête ! A propos de temples, et parce que je n'en ai pas encore parle, sachez que les photos du Dalaï-lama y sont interdites depuis 1995. Il y a des photos de saints, d'autres gars importants de la hiérarchie spirituelle, mais de Dalaï-lama, que dalle.

Allez, je me fais le Kora, bien oblige. Je suis seul, comme a chaque fois. Au dessus du monastère, derrière, un sentier grimpe dans la montagne... allons-y ! Je crapahute un peu et découvre un petit temple cache dans un repli de montagne, avec une belle vue sur Lhassa et le monastère, la classe. Je continue a grimper. Bientôt, le chemin se perd,., avant de carrément disparaître. Je m'efforce de grimper comme je peux, ça devient un peu dur. Arrive en haut, la vue est encore plus belle, mais je n'ai pas la moindre idée de comment redescendre. Il y a sûrement un chemin, je ne le vois pas et je n'ai pas envie de contourner toute la montagne. Du coup je descends "comme je peux". C'est de plus en plus pentu, de plus en plus glissant. De plus en plus dangereux, en vérité. Mon sac est un peu lourd derrière moi et me déséquilibre, je dérape sur des minuscules cailloux qui recouvrent la pierre. Je suis oblige a plusieurs reprises de jeter mon sac un peu plus bas pour le rejoindre en sautant. En fait je suis très con de ne pas avoir cherche plus loin un sentier, maintenant il est trop tard, je commence a avoir peur. Plus bas, des gens passent. Ils me voient, me disent bonjour en riant et disparaissent... je voudrais leur crier de rester ici pour prévenir les secours si je tombe, mais, bêtement, je leur réponds "Tashi Delek !". Soudain j'entends un bruit juste derrière moi... je me retourne, plus rien. Il est quasiment certain que c'était le Yeti, bien sur. Malheureusement je ne pourrai jamais le prouver, j'arrive finalement en bas sain et sauf. Il n'y a plus de doute, je suis bien protège par mon amulette et tout le reste !
Retour en bus au centre-ville. J'arrive au café Internet de l'hôtel, croise Louis et Anne Laure qui sont rentres et réitèrent leur proposition d'aller manger tous ensemble ce soir. Bien sur, avec un grand plaisir. Et ce soir, c'est maintenant.

Mardi 7 août - Lhassa / 20h10

Vendredi 10 août - Mengzi / 13h36

Mardi soir, je retrouve donc la bande des 6 trekeurs au Snowlands hôtel Ils sont en forme, souriants Ça a été dur mais ça en valait la peine, ils ont vu toutes sortes de paysages, de fleurs de montagnes (edelweiss, rhododendrons,...) et se sont régalés. C'est le dernier soir de Laurence et Julie qui prennent le train le lendemain matin, d'où fïesta. On rigole encore beaucoup, les discussions partent dans tous les sens, ça fait super plaisir de les revoir. Je mange un excellent poulet massala a l'indienne, et puis un cheese cake (gâteau au fromage !) qui tue. On va boire un "dernier verre" en bar et on se couche... plus tard que d'habitude, après avoir dit au revoir chaleureusement aux deux "deserteuses".

Mercredi 8 août. J'ai réserve un aller-retour dans la journée au lac Nam-Tso. C'est devenu ces dernières années une véritable attraction touristique. On parle de sa grandeur, de ses eaux turquoises, des sommets enneiges qui l'entourent. Ça n'a pas l'air mal. C'est aussi le plus haut lac de cette taille du monde, a 4800m environ. Ça convint, même. A 7h30, le minibus part. On est 9 a faire le trajet : 1 allemand, 2 français, 1 australien, 2 américains, 2 chinoises, 1 hongrois. Ça discute un peu, moi je suis un peu fatigue de ces discussions qui sonnent comme un concours de celui qui a le plus voyage et vu le plus de trucs incroyables, du coup je me plonge dans Harry Porter, le 3. Ouais je sais, après Kundera, c'est la classe. 4h30 plus tard et après avoir passe un col à 5200m, nous y sommes.

Je me joins a l'autre français, l'allemand et le hongrois pour manger un bout (du riz frit avec des œufs, une valeur sure) et boire du sweet tea (du thé au lait chaud et sucre). Dehors, il ne fait pas beau. Pas de pluie, mais des nuages sombres et bas qui cachent les sommets environnants et rendent les eaux du lac bien ternes. Pas de bol. On gravit quand même une pente pour pouvoir apprécier le lac en hauteur, sur un joli promontoire. C'est vrai qu'il est très grand, il reste impressionnant maigre tout. Et puis on aperçoit un peu de neige, là-bas, entre deux nuages. Allez, c'est joli. Je me marre bien avec le hongrois, un peu cynique, super drôle. A 15h, deux heures et demi seulement après notre arrivée, il est déjà temps de repartir ! 9h de bus dans la journée pour voir un lac sympa... pourquoi pas. Je veux dire, avec du beau temps ça peut valoir le coup ! Retour tranquille, montagnes, vallées, sieste et lecture... Arrivée au Kirey à 19h30.

On s'est donne RV a 20h au Tashi 2 (le bon resto tibétain pas cher dans l'enceinte de l'hôtel) avec les "survivants dutrek". On se retrouve donc avec Lisa, Bruno, Louis et Anne Laure. Les nouvelles ne sont pas fameuses de leur cote : il semblerait que des "mouvements" aient conduits les chinois (les népalais ?) a fermer la frontière entre le Tibet et le Népal, Personne ne sait vraiment ce qu'il se passe, mais ça mine un peu l'ambiance, car tous s'apprêtaient a partir pour le Népal par les terres. Ça ne nous empêche pas de passer un très bon moment. Je mange un bon vieux steak de Yak, un vrai, avec une sauce aux champignons, des frites et du ketchup ! Salvateur. Et puis un autre cheese cake, mais un spécial de la maison... absolument délicieux, avec des petits morceaux d'ananas dessus, rien a voir avec celui de la veille. Ça faisait longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir avec un dessert, c'est un truc de dingue. On termine au bar, a parler musique. Bruno veut monter un café-concert a son retour en Belgique. Les deux écoutent Fake Oddity et trouvent ça très bon. On s'entend bien a des tas de niveaux, c'est super agréable. Mais toute belle rencontre a une fin. On se dit "a bientôt" (il faut toujours y croire) et on va se coucher. Il est minuit et demi.

Jeudi 9 août. Mon vol part de l'aéroport de Lhassa a 1 Ih30. Je dois prendre la navette qui part de la ville a 9h pour être a l'heure là-bas. Mon réveil sonne a 6h50, je voudrais encore faire plein d'achats que je n'ai pas pris le temps de faire jusqu'à présent. Je prépare mes bagages et file du cote du Barkhor. Tous les étals sont encore vides, il est trop tôt. Je fait le tour du Kora. Quelques boutiques finissent par ouvrir, mais je me rend compte au bout de 10 minutes de rude négociation que je n'ai presque plus d'argent liquide ! Je dois retirer (j'espère pouvoir). Je trouve un DAB quelconque et tente un retrait de 2000 Y... c'est trop. 1000 Y... ça rouie. Ça me donne le ticket de retrait, ça prépare l'argent... et puis ça se bloque, ça met "opération cancelled" et la machine ne marche plus... et puis ça met super longtemps avant de me rendre la carte, j'ai bien le temps de me dire "Quel con, me faire aspirer ma carte a îh du départ... !" surtout que la banque ne rouvre qu'a lOh. Ça finit par me la rendre, j'espère au moins ne pas être débite. J'arrête un ricshaw en lui demandant de m'amener a une Bank of China (seule banque ou je n'ai jamais eu de souci). Le souci, c'est qu'elle est loin ! Il pédale jusqu'au quartier chinois, bien a l'ouest, je retire (2000 Y, pas de problème ici), et me remmené au Barkhor. Il est tard, je n'y arriverai jamais. Je cours vers un étal (ils ont finis par s'installer progressivement) et entame un marathon de la négoce duquel je me sors avec les honneurs (enfin je crois). Je cours comme un fou a l'hôtel, récupère mon gros sac, monte dans un taxi en lui disant (comme je peux) de se dépêcher. Me voila a l'airway hôtel, d'où partent les navettes, il est 8h59. Je cours dans la grande cour intérieure, elle est vide. J'aperçois un minibus qui s'apprête à franchir le portail d'entrée, a l'autre bout... je finis par le chopper, c'est bien la "navette de 9h" !

Le vol est à l'heure. C'est avec tristesse que je dis au revoir au Tibet. Je reviendrai ! L'avion survole les montagnes, le peu de nuages laisse apparaître de nombreux sommets enneiges, des lacs de toutes les couleurs (bleus, verts, jaunes - lire boueux), des vallées verdoyantes, de longs cours d'eau sinueux. C'est sublime vu d'ici. L'avion se pose une première fois a Zhongdian, tout au nord du Yunnan, ou j'avais voyage avec Fanling il y a deux ans. Fanling... le but de ma prochaine étape, c'est la revoir. On s'est rate de peu l'été dernier, mais cette fois je passe par le Yunnan, ça serait vraiment dommage de ne pas se croiser. Pour ceux qui ne connaîtraient pas l'histoire de cette rencontre, vous pouvez vous reporter au post d'août 2005 : " La traversée du Yunnan avec Pocahontas" (quelque chose comme ça). On s'est envoyé pas mal de textes depuis le début de mon voyage. Elle voulait retourner a Lijiang (la ville de noue rencontre) avec moi, mais il semble que ses parents aient refuse (elle a 24 ans...). Rien ne semble très simple. Pourtant, j'ai décide d'y aller, de la rejoindre dans sa ville de Mengzi (prononcer "mongdzeu"), tout au sud de la province, a 80 km au nord de la frontière du Vietnam.

L'avion atterrit enfin a Kunming, capitale du Yunnan. Taxi jusqu'à la gare routière. Apres Pékin, c'est la deuxième ville de Chine ou je suis déjà allé. Elle me donne la même impression que la première fois : trop de larges routes, trop de voitures, trop de buildings, l'ambiance y est étouffante. A la gare routière, j'essaye de demander un aller pour Mengzi en m'appliquant sur la prononciation (une autre ville du Yunnan s'appelle Mangshi, je ne veux pas me retrouver a des centaines de km \). Je montre bien la carte en même temps, ça a l'air de rouler. Tl est ! 5h30; un bus part a 16h ! Tout s'emboîte parfaitement. Le minibus part sur une route qui semble entièrement refaite. On traverse des paysages connus... d'abord la foret de pierres de Shilin (des roches karstiques qui s'érigent verticalement par milliers), puis de nombreuses rizières en terrasse. Je refais un peu mon voyage d'il y a deux ans, des tas de souvenirs s1 emmêlent dans ma tête. Je termine le Harry Potter, je le trouve beaucoup mieux que les deux premiers. Le soleil se couche. Dans moins d'une heure, je serais en face de Fanling. J'ai le cœur qui bat, un peu.

Vendredi 11 août - Mengzi / 14h55

05 août 2007

DEad au Tibet (première partie)

Vendredi 2 août - Lhassa / 18h30

Oui, bon, question titre je n'arrive pas vraiment à me défaire de l'influence de Tintin... mais la, avouez qu'une perche était tendue. Je'suis donc bien arrivé à Lhassa, et mes quatre premières journées ici ont été tout simplement irréelles. Je pense déjà a prolonger mon séjour, a revenir plus longtemps, a venir m'installer ici... je m'emballe, probablement. C'est l'altitude qui doit me faire tourner la tête. Bon, commençons plutôt par le commencement. Un commencement qui n'était pas il y a trois jours, non il faut puiser un peu plus loin, dans les histoires de mon enfance. Souviens-toi...

J'ai toujours été berce par les Bandes Dessinées. Enfant, j'allais chaque semaine a la bibliothèque municipale pour en emprunter quelques-unes. Le choix était difficile, les pochettes me faisaient toutes envie. Presque toutes. Apres m'être avale tous les "classiques" (Tintin, Astérix, Yoko Tsuno, Le Scrameustache...), je me suis senti oblige d'aller a la découverte d'autres horizons. Ça faisait un moment que je lorgnais du coin de l'œil les pochettes de " Jonathan". Non pas qu'elles m'aguichaient, mais elles m'interpellaient : blanches, simples, avec une frise colorée étrange, entrelacée, encadrant un dessin central dénué de couleurs trop vives. Je m'y suis mis. Et c'est la que j'ai voyage au Tibet pour la première fois (toutes mes condoléances a Hergé). Depuis, j'y suis retourne souvent. Les BD de Cosey m'ont accompagne tout au long de ma vie. A chaque relecture, j'y ai perçu quelque chose de nouveau. L'histoire, les images, la poésie, le drame historique, l'engagement politique, l'humain, toujours, avant tout. Des destins qui semblent si éloignes et qui s'entrecroisent pourtant de manière si belle, un peu comme les enluminures sur les pochettes. " Souviens-toi, Jonathan..". C'était le titre du premier album. Jonathan, perdu dans l'Himalaya, a la recherche de ses souvenirs, y fait ressurgir en 48 pages l'atroce vérité : la femme tibétaine qu'il aimait a succombe suite a un bombardement de l'armée chinoise dans son petit village de montagne. Plus tard, il se liera d'amitié, sans le savoir, avec le chinois qui avait lâche la bombe. Jonathan, c'est un peu tout ça. Réaliste, tangible, poignant. Pour un gamin, c'est pas rien. On est a la fin des années 70, personne ne parle encore trop du Tibet, qui ne s'ouvre au tourisme qu'au milieu des années 80. Alors souvenons-nous...

Les écrits les plus anciens sur l'histoire du Tibet remontent au Vlleme siècle. Les armées tibétaines étaient alors très craintes, et le bouddhisme dit "tibétain" commençait déjà a faire autorité. En 1641, le grand prêtre des Gelugpa (dits "bonnets jaunes") battit ses rivaux des bonnets rouges grâce a l'aide des bouddhistes mongols, et reçut le titre de Dalai Lama. Depuis, chaque Dalai Lama est considère comme la réincarnation du précèdent, les moines parcourant le pays pour trouver l'enfant présentant les signes de l'esprit défunt. A la chute de la dynastie Qing, en 1911, le Tibet connut une période d'indépendance, jusqu'en 1950, date de sa " libération" par la République populaire chinoise. Ses prétentions sur le Tibet reposent évidemment sur des motifs historiques extrêmement douteux. Le résultat n'en est pas moins affligeant : condamnation a l'exil de son guide spirituel et de 100 000 intellectuels, génocide de 1,2 millions d'habitants (pour un pays qui en compte actuellement 2,7 millions), destruction de la majeure partie de l'héritage culturel du pays. Bon, maintenant j'ai une bonne raison d'être censure.

En 1989, le Dalai Lama en exil reçoit le prix nobel de la paix et la cause tibétaine ne cesse d'être défendue par un nombre croissant d'occidentaux, maigre les efforts du gouvernement chinois pour occulter les faits et donner une image flatteuse de la vie dans cette "province". Les intérêts commerciaux conduisent bien sur les dirigeants occidentaux a ne pas aborder cette question avec leurs homologues chinois, d'autant plus que l'indépendance du Tibet semble a présent relever de l'utopie. Une lourde politique de colonisation chinoise poussent les han des provinces voisines a venir s'y installer en masse, phénomène qui s'intensifie encore avec l'ouverture l'an passe des 2 lignes ferroviaires reliant Beijing et Chengdu a Lhassa, et qui devrait a terme rendre les tibétains minoritaires dans leur propre "pays". En bons colonisateurs, les chinois jouent la carte de la modernisation : ils ont doté le pays de routes, d'écoles, d'hôpitaux, d'usines, d'un aéroport et d'un semblant d'industrie touristique, ils ont débarrassé le Tibet de son féodalisme.
Il y a 2 ou 3 mois, des touristes américains ont manifeste en bas de l'Everest et y ont brûle un drapeau chinois, après avoir appris que le trajet de la flamme olympique passerai en 2008 par le Tibet. Conséquence ? La fermeture de la province aux touristes pour plusieurs semaines. Depuis, la tension est latente. Une grande partie des places des train de Chengdu ont été réquisitionnées par les militaires pour organiser une montée en nombre a l'occasion d'une fête chinoise qui sera célébrée a Lhassa en grande pompe le 13 août, nouvelle démonstration de la puissance chinoise. Les permis de circuler dans les terres sont de plus en plus difficiles a obtenir, et la majeure partie des touristes (comme moi) sont tenus de rester dans les environs de Lhassa, pour un maximum de 6 jours, sous peine de lourdes amendes. Voila le climat dans lequel je me pointe ici.

Mercredi 1er août

Je quitte Chengdu. Je n'ai pas le droit de voir mon permis, c'est un intermédiaire qui fait viser des papiers aux autorités a l'aéroport II me dit qu'un double de mon permis est a Lhassa, dans une agence de tourisme affiliée dont il me donne l'adresse. L'avion décolle avec un léger retard. Ih30 plus tard, on aperçoit les sommets enneiges de l'Himalaya sur la gauche.

Atterrissage. Ça y est, je suis au Tibet. Je n'arrive pas a le croire. Dans la navette en direction de Lhassa, je vois des montagnes défiler. Rocheuses, arides, sans arbre, recouvertes d'une fine couche d'herbe on est loin des montagnes a la végétation luxuriante du Sichuan. Je n'arrive pas a faire le lien entre ces montagnes, somme toute si réelles, si communes, et la force du symbole que représente le Tibet dans ma tête. Ce lieu si évocateur d'histoires lointaines et irréelles, a la spiritualité si rayonnante, aux sommets semblants si inaccessibles, ce "toit du monde" existe vraiment, et je suis en train de le fouler. Ma respiration est haletante, je mets ça sur le coup de l'émotion, mais je sais bien que c'est l'altitude (on me la fait pas). Lhassa est a 3700m d'altitude environ, et le haut plateau tibétain est globalement plus proche de 4000m, avec de nombreux cols culminants a 5000m.

Entrée dans Lhassa. La ville est entourée de montagnes, elle semble posée au milieu, comme ça. Les bâtiments ne sont pas très hauts (pas encore de grands buildings a l'horizon), mais les nies traversées sont essentiellement remplies de boutiques chinoises, de restaurants chinois, de bars chinois. Bank of China. China Post. Bon, on est en Chine, tout est normal. Sur la gauche, se dresse soudain le palais du Potala. Immense édifice, en largeur comme en hauteur, carrément impressionnant, plus tibétain tu meurs, marron (rouge ?), blanc. Il existe, alors, lui aussi. Le car s'arrête non loin de la. On récupère les bagages, des militaires vérifient les soutes. Je pars a pied en direction de l'Est de la ville, la partie tibétaine de Lhassa. Effectivement, après une rue encore bien sous influence chinoise (la Beijing Lu), on est très vite projeté dans une autre ambiance. Bâtiments tibétains a un seul étage, inscriptions tibétaines, moines... je trouve une guest-house très agréable, le Kirei Hôtel, 30Y le lit dans une chambre de trois, accès Internet rapide.

Acquitte du poids du gros sac, je me ballade dans le quartier du Barkhor. C'est LE quartier tibétain par excellence, qui se déroule tout autour du temple du Jokhang. Les rues sont plutôt étroites, piétonnes, avec une atmosphère de marche permanent. Etals de fruits, cpiccs et viande hachée, boutiques de chapeaux et vêtements chauds, choix infini de pendentifs, bracelets, bols tibétains, portes-encens, tissus, clochettes et autres tapis. Les gens sont souriants, disent " Tashi Delek !" (bonjour) au passage, en faisant trainer le dernier "e". C'est doux, amical. On peut souvent se faire une première idée d'un peuple a la manière dont ils disent bonjour, ici l'impression est excellente. De nombreux moines se baladent, Le chemin faisant le tour d'un temple est toujours considère comme un circuit de pèlerinage, appelé Kora, et il s'emprunte dans le sens des aiguilles d'une montre. Ici, c'est en pleine rue, d'où le nombre de moines qui s'entremêlent a la population, tous se dirigeant dans le même sens. Bon, on sent que les temps ont change : les moines d'aujourd'hui crachent, fument des clopes, boivent du Red Bull et bouffent des glaces a longueur de temps. Des moines modernes, quoi.

En face du Jokhang, une place (très large rue) s'étend vers l'Ouest, truffée de stands de fringues et de bouffe. Au delà, on est à nouveau en Chine ! Je continue jusqu'au Potala Square, qui fait face au palais. Un grand drapeau chinois se dresse fièrement en plein centre de la place, entre l'édifice le plus symbolique du Tibet et un monument commémoratif a la gloire du parti communiste chinois, très staliniste. Plus a l'Ouest, c'est des centres commerciaux et des logements chinois. J'admire un bon moment le Potala, je le trouve véritablement aberrant de beauté.

En fait je m'attendais tellement a une sino-isation a outrance de la ville que j'arrive presque a être agréablement surpris. La Chine est belle et bien la, mais le Tibet survit, il reste un vrai quartier ou l'atmosphère perdure. Bien sur, je ne connaissais pas avant, et j'imagine la déception de ceux qui sont venus il y a 15 ans et qui prennent la différence dans la gueule.

Je me rend a l'agence de voyage qui est censé avoir mon permis de résidence a Lhassa. Ils refusent de me le donner, ils doivent le garder. Ils m'expliquent que, comme je n'ai pas pris de tour organise, il faut que je me levé a 3 h du matin pour avoir une chance d'avoir une entrée (a 100 Y) pour visiter le Potaia le jour suivant, ils me disent que les transports locaux me sont interdits, qu'il faut que je passe par une agence (en l'occurrence eux) pour tous mes déplacements en dehors de Lhassa, tout en respectant le périmètre très délimite qui m'est autorise. C'est la fête. Je repars sans trop savoir quoi faire, je flâne dans les guest-houses a la recherche de panneaux ou les voyageurs laissent des messages et annonces. De nombreux groupes de 3 cherchent une personne pour compléter une jeep afin de traverser le pays (mont Kailash, camp de base de l'Everest...). Souvent beaucoup trop- long (15 jours minimum) et très cher (environ 500Y par jour par personne pour la jeep + chauffeur)

La nuit tombe, je décide de manger dans le resto a l'intérieur de l'hôtel, le "Tashi 2". Je croise le regard d'un gars qui a l'air sympa. On se fait souvent une impression au premier regard, la je le sens bien, le mec. 11 est attable avec deux filles, ils parlent en anglais. Je m'assois a une table a cote d'eux et bois un thé au beurre de yak "spécial touriste", c'est a dire un peu sucre et buvable, qui me fait croire que j'aime le thé au beurre (pour l'instant). Je mange une spécialité du coin, des légumes et viande de poulet mélanges dans des galettes de blé avec du fromage. Excellent. Et puis je goûte le Chang, boisson alcoolisée a base d'orge fermente, je ne crains pas non plus. Mes trois voisins sont en pleine discussion, je n'ose pas les déranger. Sortie de table. Je tombe de fatigue, la tête me tourne un peu, mon souffle est court, mes paupières se ferment, je vais me coucher. Au moment de monter l'escalier du Kirei, le gars du resto me court après pour me ramener mon chapeau, oublie a ma place. Il est français, s'appelle Louis, on se met a discuter. Il me dit qu'il part en trek de 5 jours avec 6 autres personnes le lendemain matin. Il est sympa, je décide d'aller boire un coup avec eux. L'une des autres filles (Anne Laure) est sa copine, l'autre (Lisa) une rencontre de route "anglophone". Le Snowlands Hôtel, ou on débarque, est un vrai repère de voyageurs. Je suis présente a tout plein de gens, majoritairement français, mais pas que. On mange des gâteaux, il y a une très bonne ambiance. Tous se sont rencontres sur la route. Je décide de me lever tôt le lendemain matin pour me rendre avec eux au monastère de Ganden, 40 km a l'est de Lhassa, ou ils veulent passer une nuit avant de partir pour leur trek. Je suis la vague, quoi. De retour a la guest-house, j'ai beaucoup de mal a trouver le sommeil maigre la fatigue. L'altitude, ça tabasse.

Jeudi 2 août

Lever 5h. J'ai tellement mal dormi que le réveil est presque une libération, ne plus lutter pour trouver le sommeil. Les douches sont fermées, j'opte pour une toilette a l'eau froide dans la cour. Il fait frais. J'en oublie mon chapeau (encore !) a cote des lavabos. Gros bagages laisses a la consigne, petit sac sur le dos. Devant la place du Jokhang, des bus s'apprêtent a partir. Ceux pour Ganden sont pleins, on négocie le droit de se poser sur des tabourets dans l'allée centrale ou de rester debout pendant l'heure et demi de trajet; ça passe, Ganden est un monastère très mignon accroche au flanc de la montagne, a 4350m d'altitude. Il a la gueule d'un petit village bien paisible, constitue de nombreuses chapelles, temples, chambres de méditation, salles de discussions théologiques et logements, a l'usage des quelques 400 moines qui y résident. On pose nos affaires dans Tunique gite, qui fait face au monastère, et puis on emprunte le Kora qui en fait le tour. Le haut de la crête dominant les bâtiments est blindé de fanions tibétains en guirlande, de toutes les couleurs. Tout au bout, un stupa blanc au milieu de rien. La vue sur la large vallée est magnifique, avec un dédale de cours d'eau scintillants qui s'y entremêlent. Le ciel est bleu, le soleil tape fort. Des moines marchent le long du sentier. Un lapin se cache derrière la stupa, une vache se promène nonchalamment, et des dizaines d'aigles se servent des courants ascendants pour monter en tournoyant dans les airs jusqu'à disparaitre. On discute joyeusement, puis on s'allonge et le silence prend le pas, tout absorbe par la montagne qu'on est. Respiration, calme, sensation de bien être (encore l'altitude ?), recueillement, observation silencieuse de la nature. Pas un klaxon ni un chinois ne vient troubler l'instant. Dodo pour certains.

Certains, c'est donc :
Louis et Anne Laure, marseillais, qui reviennent de 2 ans d'étude en Nouvelle Zelande.
Lisa, sud-africaine venant de Californie et dont les parents habitent a Londres, sur la route en attendant de savoir ce qu'elle va faire de sa vie.
Laurence, ardéchoise d'origine qui travaille dans l'horlogerie a Miami et en Amérique latine, qui voyage avec Julie.
Bruno, belge (de Waterloo), fan de BD (de Cosey en particulier !) et de livres fantastiques.

Tous sont ultras sympas et pas prise de tête une seule seconde, bonne pioche.

On visite de nombreuses chapelles de prière avec leur lot de statues de divinités tibétaines, de peintures murales colorées et d'encens, avant d'entrer dans le plus grand temple du monastère. Cérémonie, on s'assoit en silence. Des centaines de moines assis, enveloppes dans de grandes capes rouges, pieds nus Sourde cacophonie qui remplit de sérénité Tintements de clochettes, silences, chants en solitaires, en groupe, douces mélodies reprises en cœur, ambiance bruitiste de voix multiples qui s'enchevêtrent, litanies apaisantes, voix de gorge. Nouveau tintement de cloche, certains moines se lèvent et se prêtent a une course chaotique et hasardeuse dans les ailées. Ils sont tout sourire, se taquinent. Je pense aux hauts dignitaires de la religion catholique (pour ne citer qu'elle) faisant l'éloge de la Joie d'un ton moraliste et sentencieux. Ici, personne ne semble avoir besoin de mots pour la ressentir et la faire passer. Le temple est frais et tamise (seul un peu de lumière est filtrée par des ouvertures en hauteur, au centre de l'édifice), il est difficile de rester éveille. On sors de la complètement apaise. A peine le temps de terminer le Kora, de s'enfiler un bol de (mauvaises) noodles, de croquer dans un momo moyen,... et nous voila parti pour une bonne sieste.

Un se réveille tous a peu près au même moment. L'après-midi n'est pas terminée, on se motive pour gravir la montagne et en rejoindre la plus haute crête visible. Ça monte très vite et dur. On a besoin de nombreuses pauses pour reprendre son souffle, avec la nette impression d'un manque d'oxygène dans l'air. En haut, la vue surplombe la montagne du monastère ainsi que trois vallées ! C'est encore une fois superbe, mais plus encore. Tous les autres me disent qu'après ça, je ne peux qu'être déçu par tout ce que je vais voir les jours suivants ! On reste la un moment a profiter du lieu, en discutant notamment des enchaînements de hasards qui créent l'instant, et des symboles qu'on peut y percevoir. Je suis en plein dans Kundera ("L'insoutenable légèreté de l'être") qui traite pour une bonne partie de ça. Je me dis que si je n'avais pas oublie mon chapeau au restaurant, je ne serais pas la actuellement. Bien sur, la vie n'est faite que de hasards, mais ça me plait d'y penser en ces termes. Le soleil se couche derrière un sommet, de l'autre cote de la vallée. Splendides couleurs.

La descente est également ardue mais on arrive a bon port. Au gite, on acheté des préparations de noodles toutes faites dont les chinois raffolent. Il n'y a plus qu'à saupoudrer les pâtes des épices de la boite et verser de l'eau dedans. C'est pas mauvais, c'est surtout une valeur sure (le repas de midi nous a calmé un peu). On "dîne" sur !a terrasse du gite qui donne vue sur l'ensemble du monastère et de la montagne sur le flanc de laquelle il est pose (d'ici, ça fait plutôt colline). L'obscurité prend le pas. La lune n'est pas encore levée et des millions d'étoiles apparaissent de part et d'autre d'une voie lactée éblouissante. On est tous en admiration. Une étoile filante accroit encore l'excitation du groupe. Je m'allonge sur le muret qui borde la terrasse, emmitoufle dans une polaire et deux pulls. Tout le monde est silencieux, sauf a chaque étoile filante bien sur. On passe un moment a identifier quelques constellations, il y a tellement d'étoiles qu'elles sont plus difficiles a distinguer ! La vallée est silencieuse et on est les sept seuls étrangers dans le gite ce soir, on a conscience de la chance qu'on a. Quelques moines discutent le long du sentier, quelques aboiements de chiens dans le lointain. Je tourne ma tête vers la droite. Cassiopée est lovée sur la colline de laquelle une centaine de lumières du monastère continuent a briller faiblement. Elles s'éteignent progressivement.

Bruno prend la parole : "Mes amis, en Belgique, ils me demandent souvent se qui me pousse a continuer de voyager. La réponse est la, évidemment." Je suis tellement d'accord avec lui. On est a 4500m d'altitude, perdus au milieu des montagnes tibétaines a cote d'un monastère, et le moment qu'on partage scelle un peu plus encore une amitié éphémère (donc plus forte) entre nous, on est juste sept a vivre ces instants. Un par un, les amis d'un soir finissent par aller se coucher. Moi je reste allonge encore un moment sur mon muret, scotche au ciel, vide, heureux d'être la, ici et maintenant. Il y a une éternité avant, il y aura une éternité après, il y a des milliards de galaxies et peut-être même d'univers. On est a un moment très précis du temps, a un endroit tout a fait particulier de la géocosmogomie (??), et je m'y trouve. Conscient d'être en vie, conscient d'aimer la vie pour ce genre d'instants. On est tous de passage sur cette terre, autant en profiter pour voir les belles choses et prendre conscience des bons moments. Le reste n'a sans doute pas tant d'importance. Je sais la chance que j'ai. Je sais que des gamins crèvent la dalle et que mon petit bonheur n'est pas forcement a propos, mais on ne peut pas vivre qu'a travers cette réalité. Encore une étoile filante qui traverse la voûte céleste. Je suis sur le toit du monde, au Tibet. Je ne m'y fais pas.

Vendredi 3 août

Encore une nuit sans trop de sommeil, avec une respiration haletante et quelques cauchemars qui ponctuent le tout Dormir a 4500m, on ne le fait pas tous les jours, et la j'y suis peut-être allé un peu fort pour un lendemain d'arrivée au Tibet. Réveil vers 7hOO, avec les autres qui partent pour leur trek. Et puis merde, je les suis. Pas 4 jours bien sur, mais je les accompagne au moins au début. Le bus qui rentre a Lhassa part a 13h30, ça me laisse un peu de temps. Petit déjeuner au porridge, prépare consciencieusement par Louis qui y rajoute des morceaux de pommes cuites et des raisins secs. Bruno a un gros mal de tête et de cou du a l'altitude, un massage énergétique de Lisa le fait revivre en un quart d'heure (elle est bien dans le trip des énergies, elle fait du yoga... je connais ça). Derniers préparatifs, j'ai un peu l'air con avec mon petit sac a dos alors que les autres charrient leur maison sur le dos. Il est 8h30.

La pente montante est beaucoup plus douce que la veille, on avance bien, c'est agréable. Les autres n'ont pas l'air tout a fait de cet avis, c'est vrai qu'avec 10 kg de plus ça doit faire quand même mal. On marche ensemble deux bonnes heures, vues sublimes d'une vallée ou d'une autre selon le moment. Ce sont de larges vallées un peu montantes, avec des petits cours d'eau et des cultures en terrasse verdoyantes. Le soleil est encore au rendez-vous. Je continue, je recule le moment de rebrousser chemin... il est 10h40, ça ne sert a rien que je continue beaucoup plus longtemps. Je dis au revoir a mes 6 compagnons, j'ai un petit serrement en les quittant. Ça fait parti de la beauté des rencontres éphémères. Allez, pas si éphémères que ça, on se prévoit un reste a leur retour sur Lhassa !

Je me retrouve donc seul, je refais le chemin parcouru. Mais a mi-chemin, je décide de ne pas prendre le sentier qui descend doucement et je prends la direction de la crête. Je remonte beaucoup et j'arrive finalement tout en haut. Le soleil réchauffe doucement ma peau pendant qu'un petit filet d'air vient la rafraîchir, je respire a pleins poumons, l'endorphine qui irrigue mon cerveau après la grimpette me fais sentir bien, comme invincible. Les vues sont démentielles une fois de plus, je suis le chemin de crête (quand il y en a) et profite a chaque pic de nouvelles perspectives. Des tas de pierre son déposes sur chacun d'eux et des guirlandes tibétaines les relient les uns aux autres. Je vois peu a peu le monastère apparaître en contrebas, j'arrive a l'endroit ou on était la veille en fin d'après-midi. Le monastère se rapproche, la crête devient descendante et j'arrive vers 12h30 devant les bus. Je me nourris avec des chips maisons préparées par des femmes sur le bord e la route, c'est entre les chips et les patates sautées (pas croquant partout), très bon.

Dans le bus, je retrouve Carine (New-Yorkaise typée asiatique) et Pierre (français de Bourgoin-Jallieu), que j'avais rencontre au Snowlands l'avant-veille avec les autres. De retour sur Lhassa, on part se perdre tous les trois dans les ruelles du Barkhor. Pierre veut partir le lendemain a vélo pour trois jours pour aller voir le lac Namdrok. J'hésite un instant à le suivre, mais je n'ai pas tant de temps que ça et... il y a quand même 1000m de dénivelé, je le sens pas des masses. Le Kirei Hôtel est plein, je me retranche sur une Youth hostel chinoise et me retrouve dans un dortoir de 10 lits, avec 9 chinois qui hurlent. Tentative de douche, pas d'eau chaude, tout roule. Je retrouve finalement Carine et Pierre pour visiter un petit monastère cache de Lhassa, qu'on a du coup beaucoup de mal a localiser. Les temples sont fermes, on arrive quand même a se hisser sur les toits pour une petite vue. Le soir, on décide de manger tibétain. Pas tibétain "touristique", vraiment tibétain. Ce petit resto perdu devrait faire l'affaire. La viande de Yak poêlée aux légumes est mangeable, pas très tendre. Les boulettes de poulet concasse avec les os et baigne dans du ketchup local est... assez spécial, il y a plus d'os que de viande. Les Momo's (gros raviolis locaux) aux légumes ne sont pas mauvais, par contre ceux au fromage de yak sont... immangeables. On goûte tous un tout petit coin, on n'est pas loin de tout recracher, c'est a la fois sucre, gras, épais, écœurant. Pris de folie, je décide d'en manger un en entier, pour le trip. C'est un calvaire. Heureusement, il y a du bon thé au beurre de yak pour faire passer. Pas celui de l'autre soir, non, du vrai, avec plein de beurre qui se dépose a la surface et un goût bien saie, bien particulier. Je parviens a le finir lui aussi, en me disant que si mon estomac résiste a ça je ne craint plus rien du voyage. Pierre aussi se fait un Cheese Momo en entier, lui il est vraiment a deux doigts de vomir. Carine est moins farouche mais rigole bien en voyant nos gueules. Ça y est, on a mange tibétain. On a le droit d'aller se coucher.

Samedi 4 août

Couche un peu tard après avoir commence a taper ce long post (oui, je sais, il faut que je sois plus concis) Du coup je dors jusqu'à 8h30, presque une grasse mat. Le sommeil est meilleur. Apres une douche (chaude !), je m'empresse de changer d'hôtel et de ré-emménager au Kirei, ou Pierre m'a laisse son lit. Je me retrouve avec deux japonais bien rigolos et sympas, dont un canadien (?). Je me dis que je vais profiter de [ajournée pour aller visiter un maximum de temples.

Direction le Jokhang, l'un des temples les plus sacres, et aussi l'un des plus anciens (sa construction a débute en 642), du Tibet. Il renferme de précieuses statues, la plus vénérée d'entre elles étant le Jowo, Bouddha offert par la princesse Wencheng, épouse chinoise du roi tibétain Songtsen Gampo. Il représente maintenant un ensemble imposant et c'est le noyau dur du quartier du Barkhor. Devant, de nombreux pèlerins s'y pressent, se prosternant d'abord devant la devanture, puis faisant tourner les moulins à prière et parcourant tout le temple a petits pas, les uns derrière les autres, dans le sens des aiguilles d'une montre, en en visitant toutes les chapelles latérales et en taisant des offrandes, d'argent aux divinités, de beurre de yak (dont les propriétés semblent proches de la cire) aux bougies les éclairant. L'ambiance dans le temple reste sereine maigre l'afflux de visiteurs et de pèlerins. L'intérieur est resplendissant. Les minuscules chapelles regorgent de trésors, statues dorées de rois Dharma, de Bhouddas, de Bodhisatvas, de Dalaï-lamas et autres divinités qui terminent en "a". Je fais une offrande (0,1 Y) a un dieu rouge avec pleins de bras qui me fait un peu peur. Certains pèlerins prononcent des litanies sans s'arrêter, versent du beurre de yak dans chaque bougeoir, filent un pognon fou a toutes les statues et se prosternent partout en se tappant la tête sur les vitres et les cadres en bois. Ils vont rentrer chez eux blesses et fauches, mais sûrement très heureux. Des toits, on a une très belle vue de tout le quartier du Barkhor et de la place qui s'étend devant le temple, en pleine ébullition. On voit aussi le Potala bien sur. D'ailleurs, celui la, je ne sais pas si j'aurai le courage d'y aller.

Allez, on le tente. Pierre m'a fait part hier de la feinte qu'il a utilise pour rentrer dans le Potala, "a la française", c'est a dire en resquillant quelque peu : tu te pointes a l'entrée en disant que ton groupe est déjà a l'intérieur, et avec un peu de crédibilité ils te laissent rentrer dans l'enceinte. Âpres, tu payes comme tout le monde, Rn fait, la queue dans la nuit, c'est juste pour avoir un papier avec la date et l'heure précise a laquelle t'as le droit de rentrer dans l'enceinte. Je me mets donc a courir, histoire de travailler ma crédibilité. J'arrive a l'entrée principale complètement essouffle, l'air panique, j'ai du mal à parler, je dis : "my group inside l'm late !....". Je dégouline, tout ça. Au top. La nana me dis que pour les groupes c'est la porte est. Merde, je repars en courant. Et puis je reviens, Pierre, il était rentre ici. Je recommence ; "main entrance !,.. they told me,.., main entrance !.,," La, elle craque, elle me laisse rentrer. Comme dirais Sylvain, "chui trop un mac !". Je commence a monter les longs escaliers qui conduisent progressivement au niveau des splendides bâtiments totalement asymétriques qui composent le palais du Potala. Au Ticket office, une meuf me redemande de montrer mon papier avec l'heure d'entrée... je reprend un air défait, gesticule, explique que mon groupe est déjà rentre... ok, elle prend mon pognon, me dorme le ticket.

Le palais du Potala a été l'ensemble administratif, religieux et politique du Tibet pendant plus de 13 siècles. Compose du palais blanc (lieu d'activité politique et de résidence) el du palais rouge (ou sont entreposes de nombreux trésors), cet édifice de 13 étages est un joyau d'architecture tibétaine. Les chambres sont toujours ensoleillées et fraiches, les colonnes finement sculptées, les murs colores de fresques éclatantes, les tangkas (tissus brodes) riches en couleur. Dans les différentes chapelles, on peut admirer des statues d'argent et d'or de divinités, d'immenses mandatas, des sculptures de jade et de pierres précieuses, des écrits très anciens. On voit aussi d'immenses stupas dorées de 10m de haut, incrustées de turquoise, qui ne sont autres que les tombeaux de tous les Dalaï-lamas des temps anciens. Ça, c'est pour le palais rouge. Dans le palais blanc, on peut visiter les pièces ou le Dalaï-lama recevait, celle ou il lisait, le petit bout de couloir ou il méditait, et puis sa chambre a coucher, minuscule et sobre. C'est la ou le Dalaï-lama (actuellement en exil a Dharamsaîa, dans le nord de l'Inde) habitait. C'est assez flippant de voir a quel point les chinois ont transforme tout cela en simple musée. La visite dure environ Ih30, on monte des escaliers, on en descend, on traverse des chambres, des cours intérieures, des couloirs, on s'efforce de suivre le sens du parcours. Un moine qui parle anglais se mets a discuter avec moi, il me dit être complètement fan des cheveux longs et triste de ne pas avoir le droit de les laisser pousser en tant que moine ! Marrant. J'en ai quand même plein la vue en sortant de la, pas déçu de m'être "introduit" !

J'emprunte le Kora qui entoure le Potala. Des moulins à prières a perte de vue, le long du mur extérieur. Derrière, un petit parc charmant accolé à un lac, ponts de pierre, jeux pour enfants, stupas blanches. Beaucoup de monde est installe sur l'herbe, grignote, observe, fait la sieste. Un petit coin sympa. De retour devant le Potala, il est 13h40... encore le temps d'aller visiter quelque chose, non ?

Je monte dans le bus 301, direction le monastère de Drepung, situe a 7 km a l'ouest de la ville. Le bus me lâche a un croisement ou je monte dans la remorque d'un camion avec une vingtaine d'autres personnes (pèlerins, moines...) pour nous hisser jusqu'au monastère. Il est impressionnant, plus grand que celui de Ganden (700 moines y résident), même si le cadre est moins fascinant. Il est quand même dans un creux de montagnes, c'est pas degueu. Je me promené dans les nombreux temples en empruntant plein d'escaliers, de ruelles. Les chapelles sont elles aussi très belles, même si j'en viens a ne plus vraiment les différencier les unes des autres tant j'en ai vu aujourd'hui. De partout règne cette odeur acre (âpre ?) de beurre de yak qui se consume lentement. Je préfère quand même l'odeur au goût. J'assiste encore a une cérémonie avec ses litanies cacophoniques si reposantes. Le monastère est assez grand, on peut se perdre aisément dans les ruelles, c'est agréable. Je suis attire par un lieu d'où provient un boucan d'enfer : c'est en fait une place ombragée dans laquelle des centaines de moines se prêtent a des "débats" aux allures de règlements de comptes. Ils parlent, haussent le ton, et terminent toutes leurs phrases en claquant très fort dans les mains, comme s'ils allaient taper celui d'en face. Mais a la fois ils ont l'air de s'amuser. Ça crée un ensemble sonore chaotique rythme de claquements et de blabla. De retour a l'entrée du monastère, je m'en vais a l'assaut du Kora qui contourne l'ensemble de la cite monastique. Ça monte pas mal, mais les vues des montagnes environnantes sont très belles et le monastère vu de derrière, il a la classe, on se rend compte comme il est grand. Des inscriptions tibétaines colorées sont peintes sur les rochers qui égrainent le parcours. On voit aussi de nombreuses ruines de bâtiments bombardes, jamais reconstruits. Je croise de nombreux moines sur la route qui redescend. Ils se taquinent. L'un d'eux shoote dans une petite bouteille d'eau vide,,, un autre lui renvoi!., et ils se mettent tous a jouer au foot ! Je suis mort de rire, du coup ils me font la passe, et on passe tout le reste du chemin a courir et a se faire des passes en avançant, ils font même des figures, des feintes de jambes et tout. Génial. Le foot avec des moines, ça c'est fait.

Je redescends par un sentier pédestre qui passe par le petit monastère de Nechung, sympa aussi. Il se met a pleuvoir. Je cours vers la route en contrebas, un bus m'y attend. Retour sur Lhassa, il ne pleut déjà plus. J'arrive dans ma chambre de l'hôtel, discute avec les japonais qui me font décidément marrer, et puis me voila en train d'écrire, depuis longtemps déjà ! Rassurez-vous, j'ai fait une pause pour manger. Voila donc mes 4 premiers jours au Tibet. La classe. Demain, je pars pour Shigatse, a quelques centaines de km a l'Ouest de Lhassa. La, je suis en train de me taire virer de l'espace Internet qui ferme.


Dimanche 5 août
- Lhassa / 0h30

01 août 2007

Le plus grand Bouddha du monde

Mardi 31 juillet - Chengdu / 21h21

Je suis seul a présent. Et encore a Chengdu. Pour combien de temps ? L'attente doit être intenable pour vous, fidèles lecteurs. C'est trop dur, je ne peux vous laisser languir plus longtemps. Vais-je partir au Tibet, ou mes rêves vont-ils s'effondrer a jamais ? La vérité est ici.

Lundi 30 juillet, suite.

J'arrive au Dragon Town. Léonard (c'est son prénom pour touristes) me fais attendre. Il repasse un coup de fil. Stress, de nouveau. Je sors, je le sens pas. Il finit par me rattraper pour me dire que... c'est ok ! Je partirai donc bien mercredi matin, good news.

On s'éloigne un peu de la guest-house pour aller boire un coup avec les 3 français de la veille, dans un bar un peu chic, au bord du fleuve. La bière est chère et insipide mais il y a un spectacle : des nanas bien fringuées qui chantent au micro des tubes américains et chinois accompagnées au synthé, avec des mecs bourres qui n'arrêtent pas de leur voler les micros pour chanter (très faux) a leur place. Ça discute sociologie, sexualité et politique (ben oui on est français). 23h, je ne suis pas encore couche. Crise de panique, mon corps m'envoie des signaux, ne comprend plus se qui se passe. Ça doit faire des années que je ne me suis pas couche avant minuit, et la rien a faire, c'est le coup de barre de 23h qui me terrasse. Un taxi nous ramené et, comme chaque soir, je tombe.

Mardi 31 juillet

Lever 6h50, la aussi j'ai pris un sacre rythme. On s'est donne Rendez-vous avec "les 3 français" pour aller a Leshan. Une journée de rabe, on va pas se priver . Leshan, c'est une ville a 2h de bus... enfin plutôt un lieu-dit a l'échelle chinoise, avec ses quelques 155 000 habitants ! C'est pourtant l'une des plus grandes attractions touristiques du Sichuan. Pourquoi ? Juste pour un grand Bouddha. Bon allez, je lâche l'info : le plus grand bouddha du monde ! ! Et ouais, la on fait moins les malins (ah merde, vous aviez peut-être lu le titre). Moi j'en ai vu des bouddhas, pas mal même. Une centaine ? Beaucoup plus ? Mais la, le plus grand bouddha du monde, avouez que ça fait envie. Les 2h de bus sont derrière nous. Un autre bus local, on est a l'entrée du site touristique. Il n'y a pas que le bouddha, grande star de la visite, il y a aussi des temples (assez grands avec pleins de statues très colorées représentant des divinités étranges), des chemins sinueux, des marches en pierre (encore ! on est a peine remis), des collines, des ponts, des jolies pagodes, des tombeaux, des idéogrammes graves dans la roche. Je les soupçonne un peu d'avoir construit plein de trucs a cote pour légitimer le prix d'entrée, un peu élevé (70Y). Mais c'est sympa quand même. Et puis arrive La Tuerie. 2h d'interminable queue, sans les autres français qui n'ont pas souhaite goûter l'attente (dommage, on y rigole, on se fait plein de copains-copines qui se battent pour se faire prendre en photo avec nous). Et on finit par apercevoir la bête. Effectivement, le truc, il est grand. 71m, entièrement grave dans la roche ! On voit d'abord la tête qui dépasse, puis on descend des escaliers escarpes jusqu'aux pieds de la falaise. Et de la statue, du coup. Seule une petite esplanade sépare le bouddha du fleuve, d'où les bateaux peuvent le contempler. Debout, on ne dépasse pas ses doigts de pieds. Ce n'est pas une merveille de précision, il est un peu abime et son style est épure, c'est le moins qu'on puisse dire... mais bon, il est immense, c'est le plus grand bouddha du monde, il s'en fout quoi, tout le monde vient le voir, il se la pète. Dehors il fait une chaleur humide et suffocante, on se paluche encore une bonne journée de marche, et puis zoom, retour en bus, en car, en taxi.

Nico est a moins de 2 heures du départ. Derniers préparatifs un peu speeds, dernières vérifications. Le sac est boucle. Dernier bol de riz tous les 2. Dernières brochettes épicées. Dernière bière. Il est déjà tard, on court a un taxi... les adieux n'ont pas vraiment le temps d'être déchirants, mais on se dit au revoir quoi, c'est la fin de quelque chose. On a super rigole pendant cette dizaine de jours ensemble. Plus de " l'important c'est le bre de che", plus de "on s'est fait dry gomore"... et toutes ces expressions si chères a Nico(les inities apprécieront). Le taxi s'éloigne. Je suis seul. Ça y est. Le voyage change d'ambiance, de goût, de perspectives. Encore quelques brochettes. Elles, elles ont toujours le même goût.

Rencontre de 5 anglais qui écoutent The Strokes dans leur piaule... je leur donne l'album de Pake Oddity et leur demande de créer un buzz londonien... ça devrait marcher.

Aller au Tibet, c'est un rêve d'enfant. Et c'est demain.

mercredi 1 août 2007 à 11:32

31 juillet 2007

La vallée magique du Jiuzhaigou

Lundi 30 juillet 2007 - Chengdu / 15h21

Quelques jours ont encore passe, et c'est a nouveau de Chengdu que j'écris ces lignes. Mes derniers moments dans la capitale régionale du Sichuan ? Pas si sur, car la suite s'annonce déjà bien compliquée ! Mais je vous laisse découvrir cela en lisant les lignes qui suivent, ou vous sera notamment contée l'excursion incroyable dans la vallée des merveilles du Jiuzhaigou, probablement l'un des plus beaux lieux que mes pieds aient foulé jusqu'à présent.

On était Jeudi 26 juillet...

En sortant du café Internet, je rejoins Nico et Alex, dit "Le Prussien" (surnom de génie trouve par Nico, bien sur), le grand rouquin teuton qui fait peur au premier abord, mais dont le visage, les gestes et les mots suggèrent rapidement une indiscutable sympathie. On s'était dit qu'on sortirai ensemble ce soir la, il s'était donc empresse d'acheter une délicieuse bouteille d'alcool de riz de qualité a 53 degrés. C'est donc fort sympathiquement, sans doute dans le but de resserer encore l'amitié franco-allemande, qu'il me demande en souriant de vider d'une traite le tiers restant de la bouteille qu'ils avaient commence a siroter a deux en m'attendant. Et moi de m'exécuter bien sur. On s'enfile ensuite quelques brochettes dans la rue, qu'on fait passer avec de la bière chinoise... Alex est dans une forme olympique, il se met a proposer a toutes les chinoises en mini-short qu'il voit passer de nous accompagner en boite. Et ça marche ! On se retrouve rapidement au Top One, une boite branchée et gigantesque, avec plein de salles et tout, avec trois chinoises a nos cotes et une caisse de "Ice beers" tiedes sur la table. Dans une pièce, la techno a la mode rythme les pas de danse approximatifs de centaines de chinois survoltes. Dans une autre, des chanteurs et chanteuses se succèdent sur un podium pour interpréter des chansons pop. Partout, on est les rois. Je n'irai pas jusqu'à dire que les filles se battent pour danser avec nous, mais bon, on se rapproche de l'idée. Le Prussien est incroyable, il dépasse la foule d'une bonne tête et on ne voit que lui, faisant balancer ses bras au dessus de tout le monde ou s'emparant des hanches d'une filles pour danser. Un phénomène qui nous amuse une bonne partie de la soirée, jusqu'au coup de coup de barre qui nous assomme et nous fait reprendre un taxi. On tombe tous les trois dans un lourd sommeil aux alentours de 2h30. Ouais, bon, petits joueurs.

Vendredi 27 juillet

Lever vers 7h, pas frais. Taxi. Car en direction de JiuZhaiGou. Le trajet est estime a 10-12h, on a donc une journée a passer la dedans. Pourquoi pas. Apres 2 heures de grandes routes nationales, on se retrouve déjà engouffre dans une petite route qui serpente à coté d'un fleuve, dans une longue vallée entourée de hautes montagnes. Le paysage ne va aller qu'en s'embellissant dans notre progression vers l'extrême-nord du Sichuan, et on croise plusieurs autres parcs naturels reputes de toute beauté. Pour nous le temps est a la sieste, a la lecture, a la musique... tout ce qu'on peut faire dans un bus quoi. Je me laisse bercer par les images de montagnes qui défilent en écoutant Grandaddy, Hushpuppies, Ghinzu, Galaxie, Coco Rosie... plaisir indescriptible des notes qui ricochent dans la tête, qui emportent les pensées, qui troublent les limites entre rêves et realites, qui offrent un voyage intérieur au voyage physique. Et puis je regarde plusieurs épisodes de la saison 2 de la série "Rome", amenée dans mes bagages grâce a la technologie iPod. Cette série a un souffle épique prodigieux, une mise en scène digne du meilleur du cinéma, un scénario d'une cruauté et d'un tragique rare. Historique pourtant. Oui, je suis en Chine et je regarde des séries américaines, et alors ?

Pendant les pauses (il y en a quelques unes), on s'achète des pommes pas mures, des prunes trop mures, des kiwis sèches très bons et des noisettes locales toutes rondes et grosses qui ont un peu le goût de pistache sucrée. Bon, et de noisette. Pour être sur de manger des denrées comestibles, on a toujours sur nous un paquet d'Oreo (biscuit international au cacao et au lait), ça aide parfois. Il n'y a que des chinois dans le bus a part nous, et l'ambiance est bonne sans plus, on ne se fait pas plein de potes. Il y en a un qui nous parle un peu en anglais, mais il pue tellement de la gueule qu'on tente de raréfier les conversations. A un moment, je regarde par la fenêtre, et j'aperçois un panda en pleine nature ! Non en fait c'est pas vrai. J'aurai bien aime. Le temps se gâte un peu sur la fin. Il pleut. Dernière pause. Des yaks attendent de se faire prendre en photo sur le bord de la route, moyennant une pièce ou deux. Arrivée a la gare routière. On a réservé une guest-house via le Dragon Town, mais on ne se rappelle plus du nom, j'ai perdu l'adresse. On appelle le dit Dragon Town, un mec se trompe aussi de nom et nous dit d'aller dans un hôtel a quarante km d'ici... petite déprime. Je retrouve un papier avec le bon nom, c'est a 5-6 km seulement. Mieux. Le pote d'un pote d'un mec qui cherchait a nous aider nous y emmené pour presque pas un rond. Le cadre est superbe, petite guest-house aux couleurs vives et aux décorations tibétaines, avec stupa et tout. Le personnel est très sympa et parle bien anglais, nous réserve le bus pour rentrer a Chengdu le surlendemain. Il ne pleut plus. L'air est frais, ça sent la montagne, ça sent bon. Mes courbatures me font encore souffrir. On se couche bien sagement vers 23h.

Samedi 28 juillet

Réveil 6h. Un taxi de la guest house nous dépose gratos devant l'entrée du parc. On y est. On acheté une carte du site. Une statue de panda nous dit bonjour. L'entrée coûte un peu chère (310 Y avec le pass pour prendre tous les bus qu'on veut) mais on peut revenir gratuitement le lendemain. Ah merde on n'a prévu qu'une journée. Petit a propos : Le nom Jiuzhaigou provient des neuf villages tibétains dispersés dans toute la vallée (pour comprendre le rapport, demandez a un chinois). Sa beauté primitive et idyllique l'a hisse au rang de trésor national de Chine, et beaucoup se plaisent encore a l'appeler "Le Royaume des Fées". Ouais, nous aussi ça nous a fait envie. Il est maintenant interdit de dormir dans l'enceinte du parc pour préserver au maximum la nature, et seules des navettes ont le droit d'arpenter les routes qui joignent la vallée d'un point a l'autre.

On monte dans une de ces nombreuses navettes, plein sud, en direction des merveilles que regorge la vallée. Le peu qu'on arrive a apercevoir des fenêtres du bus est déjà stupéfiants : une rivière bleue turquoise entourée de bambous, des chutes d'eau, des villages tibétains aux vieux toits typiques... ça a l'air beau, tout le monde s'extasie dans le bus, nous les premiers, c'est chouette de s'extasier, ça remplit de joie sur l'instant. Une fourche. La vallée se sépare en deux, mais grimpe en serpentant, d'un cote en direction du "lac long", de l'autre cote en direction de la "foret primitive". C'est un peu comme dans un " Livre dont vous êtes le héros" ! Tous les visiteurs chinois sortent du bus au niveau de la fourche, on les suit. On décide même de se greffer au groupe qui est plus ou moins guide par un gars. Plus ou moins, car le dit-gars a fait descendre tout le monde au seul endroit ou il n'y a pas d'arrêt de bus ! Ça commence bien, on se met tous a marcher en bifurquant vers l'Ouest, le long de la route. Pause au bord d'un lac, plantes inconnues, canards. On choppe au vol un autre bus, qui nous emmené cette fois tout en haut de la vallée. Une petite place "spéciale touristes" doit être traversée avant d'atteindre la foret : les chinois s'y prennent en photo avec des habits tibétains traditionnels devant la montagne. Pas un ou deux chinois, non, tous les chinois. Un par un. Bien sagement. On a l'impression qu'ils ne prennent même pas le temps d'humer l'air pur d'altitude (3200m), de profiter consciemment de la vue de cette immense montagne qui se dresse derrière eux, dont le sommet, absorbe en partie par les nuages, reflète les rayons de soleil matinaux. Tout au plus un joli décor pour la photo costumée ! Avec Nico on craque, on file loin de "notre groupe" pour se perdre dans la foret. Se perdre est un bien grand mot : tous les sentiers accessibles a pied sont ultra balises, on marche sur des chemins surélevés, en bois, d'environ 2m de largeur, qu'on n'a le droit de quitter sous aucun prétexte. C'est sans doute préférable pour la nature, surtout en prenant en compte le caractère chaotique et sans gène d'une foule chinoise. Mais pour nous, amoureux de la nature, respectueux de l'environnement, d'essence aventureuse,... hum, bon, c'est un peu frustrant. On comprend vite qu'il faut trouver les endroits un peu perdus, avec peu de touristes, pour être vraiment a même de profiter de la nature. Et il y en a.

On prend rapidement nos marques, on comprend le fonctionnement des bus et comment lire la carte. Et puis on se retrouve a marcher, marcher, marcher. On contourne de grands lacs sur des chemins surélevés, coinces entre flanc de montagne et eau. On se retrouve entoure de végétation luxuriante, plantes subtropicales, arbres centenaires, tout ça. On admire des chutes d'eau vrombissantes et titanesques (21m de haut et 162 de large pour la plus grande) qui se faufilent en trombe dans le sillon du cours d'eau pour dévaler les gorges en contrebas. Plaisir de l'accompagnement sonore de l'eau qui éclabousse, ruisselle, emporte. Et puis le son s'arrête. Marais, champs de bambou. Lacs. Lacs majestueux, sereins, bleus turquoise, éclatants, translucides. Lac du cygne, lac du rhinocéros, lac du tigre, lac du panda, lacs des 5 couleurs... couleurs jamais vues, visions effectivement féeriques. On s'imagine les hommes vivant la il y a des millions d'années, se baignant dans ces eaux claires, se lavant dans les chutes. Avaient-ils conscience de l'incroyable beauté qui les entourait ? Nous oui. La légende raconte que ces lacs sont chacun l'un des 118 morceaux d'un miroir magique, brise par un démon qui était jaloux de l'amour unissant la déesse Wunosemo et le dieu guerrier Dage. C'est la classe les légendes, moi je suis (presque) sur que c'est vrai.

Temps de pause pic-nic bien mérite, vue sur une petite cascade, bord du chemin, entoure de végétation, sous un arbre. On mange des morceaux de yak sèches achetés le matin même, c'est délicieux, et puis des chips... ça fait moins rêver, bon. Soudain, une forme noire et blanche semble descendre le long de l'arbre, et je vois devant mes yeux Nico se faire emporter par un panda ! ! ! Bon, c'est pas vrai, ok, je voulais juste donner un peu de rythme au récit. Mais quand même j'aurai bien aime.

Finalement on se fait transporter en bus dans tous les endroits les plus recules, mais on fait la plus grande partie de la (multiple) vallée a pied. Bien sur, ça réveille nos maux de genoux, bien sur les courbatures font mal, bien sur leur manie de mettre des marches partout nous rend dingue. Mais on y va, vaillant, heureux même, parce que c'est beau et qu'on ne veut pas rater la moindre parcelle des époustouflants trésors caches qui truffent les alentours. La fin de journée approche toutefois, et il nous reste toute la première vallée a redescendre jusqu'à l'entrée. On se dépêche, on admire, on se dépêche, on profite, on se dépêche, on écoute, on se dépêche, on sent, on a mal. De plus en plus mal. Un temple est indique sur la carte, un temple tibétain, il faut au moins qu'on arrive jusqu'à lui, il ne devrait plus être loin, après on prendra un car pour redescendre. La, on entame une portion pas vraiment belle (je m'explique : très belle, mais tellement mois que d'autres), mais vraiment longue, interminable même ! On n'en voit pas le bout, les jambes en compote, le moral vacillant. L'heure de fermeture officielle du parc (18h) arrive, on est toujours en train de suivre ce satané cours d'eau, sans aucune possibilité de rejoindre la route et d'attraper une navette, l'horreur. On débouche pourtant sur une route, une autre. Le temple est indique a droite... sans qu'on ai besoin d'en débattre, on part a gauche ! Attente, plus de car, il reste 5 km jusqu'à l'entrée... si, une petite navette finit par débouler et nous prendre ! Il est 19h quand on arrive a l'entrée. Taxi. Une fois de plus, on arrive très fièrement a la guest-house en boitant. Epuises mais heureux, une fois de plus.

On a faim. On entend de la musique juste a cote de la guest-house, et puis un filet de viande grillée nous titille les narines... on va voir. Des jeunes filles en robe traditionnelles nous accueillent avec le sourire et nous invite a prendre place dans une grande tente dressée avec d'autres touristes chinois. Au centre, un mouton est en train de griller a la broche. A cote, un jeune homme chante a tue-tête dans un micro qui resonne par dessus une bande musicale ultra forte qui grésille. Ça a l'air rigolo, on accepte de se joindre a la fête, de manger la. Les jeunes qui animent la soirée (environ 2 mecs et 4 filles, entre 16 et 25 ans) sont assez touchants, un peu approximatifs dans leurs voix et maladroits dans leurs pas de danse, ce qui confère a l'ensemble un cote populaire super plaisant ! On est rapidement invite a danser avec eux, on fait de superbes chorégraphies en tournant autour du mouton. Avec nos pâtes folles, c'est pas triste. Une chinoise dit poliment a Nico qu'il danse très bien, se qui me fait éclater de rire. Il fallait le voir danser. Puis vient le temps du chant, plusieurs chinois invites s'en vont pousser la chansonnette. Et moi... aussi, bien sur ! Pas maso, j'y vais a grand coup de Joe Dassin, je sais que ça fonctionne a chaque fois. Bon, ils n'ont pas l'air de connaître, mais je m'applique dans le micro en aillant l'air d'y croire, ce qui n'est pas si évident quand tu chantes " Aux Champs Elysées" ou "Et si tu n'existais pas" (spéciale dédicace a Léo, remember le lac Baïkal) ! Tout le monde semble ravit que je me sois plie au jeu, c'est déjà ça. Et Nico de rire a son tour, bien sur. On boit une sorte de thé tibétain assez spécial, pas du tchai, autre chose, ça se boit. Et puis une boisson (très peu) alcoolisée et (très peu) goutue. On mange des morceaux de patates froides, du pain maison, et puis enfin du mouton. Il a été enduit au pinceau pendant des heures d'un mélange d'épices assez fortes et salées qui ont eu le temps de bien griller avec la viande. Moi je trouve ça très bon, Nico n'est pas tout a fait du même avis et craque sur la nourriture trop épicée. Mais il est courageux, il mange, et il sait qu'un bon paquet d'Oreo l'attend sous son oreiller. Session photos pour finir. La (vieille) chinoise qui n'a pas arrête de draguer Nico demande la sienne bien sur. Moi je crois avoir tapé dans l'œil a l'une des filles au profil tibétain, très mignonne. Mais non, je ne suis pas un homme facile (!!). On rentre se coucher, il est 23h. On s'enduit les jambes de Nifluril, gel hisse au rang divin. La lune est pleine je crois.

Dimanche 29 juillet

Lever 7h. A 7h30, le bus s'arrête devant la guest-house pour nous prendre, direction Chengdu. Retour. Il fait plus beau qu'a l'allée, les paysages de montagnes sont encore plus frappants de majesté. On s'incline une fois de plus devant la nature. On croise encore des pandas en liberté. C'est une fois de plus faux, et ça commence a m'énerver. Pause de midi, nouilles et soja sauce Sichuan, aubergines sauce Sichuan, Nico craque. Arrêt pipi, je me trompe de bus et monte dans un autre, le chauffeur vient me chercher, tout le car se fout de ma gueule, surtout Nico. Et puis siestes, musique et lectures. Je m'enfile dans la journée l'intégralité des " Ritals" de Cavanna (merci Steph), qui se passe avant "Les Russkofs" (lu lors de mon voyage précédant) et qui raconte sa vie d'immigré italien en France entre 6 et 16 ans. Très bon, vraiment. Arrivée a Chengdu. Le car fait 2-3 tours en ville, finit par nous poser quelque part et nous demande de changer de car pour rejoindre la gare routière. Pas compris. Il est 19h00.

De retour au Dragon Town, on croise 3 français a la réception, l'air sympa. Bouffe ensemble dans la rue, on goûte des crevettes pas cuites, des noix de St-Jacques pas vraiment St-Jacques, des mélanges végétariens avec de la viande, et c'est cher. Mais le moment est sympa, les français pas (trop) cons. La lune est pleine, cette fois c'est sur. Une pensée pour Kev, évidemment. En sortant de table, Nico oublie son sac a ses pieds... mais est rattrape par le gérant qui lui rend. Pas mal, ça change un peu. Je demande a la réception si je peux avoir mon billet d'avion pour le Tibet (paye il y a une semaine), on me dit pas de problème, demain matin. Dans notre nouveau dortoir, un couple de français (décidément) d'un certain âge a réussi a s'organiser un tour du Tibet de 20 jours en louant jeep et chauffeur. Ça fait envie. On verra bien ! Il est 23h, l'heure du dodo.

Lundi 30 juillet. Lever 6h50. La raison ? Déjà c'est la pleine lune, et mon sommeil est super léger, je suis presque réveille depuis 5h. Ensuite, les moustiques se sont acharnes sur moi cette nuit, ça me gratte. J'ai heureusement sur moi ce fabuleux gel contre les piqûres d'insetto acheté en Italie. La vraie raison ? A force de voir des pandas partout, on s'est décide a aller les voir, les pandas, ça devenait une obsession. Alors hop, circuit matinal organise par la guest-house, direction le Centre de recherche et d'élevage du panda géant ! Et la on en voit des pandas, des vrais, par dizaines. On a du mal a croire que ce n'est pas des peluches-robots articulées, et puis quand on s'est fait une raison on trouve ça vraiment craquant. Ça bouffe des bambous a la pelle, ça te regarde avec des yeux vraiment gentils, ce se déplace de façon rigolote. Il y a des panda géants adultes, des pandas géant gamins, et puis des pandas géants de 5 a 20 jours ! Alors la c'est carrément craquant, encore que l'appellation "panda géant" fait un peu bizarre pour ces mini-portions de vie. Il y a aussi des pandas rouges, plus petits. Et puis un documentaire sur les pandas, et puis un musée du panda, et puis on nous offre une petite peluche en forme de panda. Ok, c'est génial, mais la j'ai eu ma dose.

Retour au Dragon Town pour midi, je réclame mon billet d'avion pour le Tibet... le mec vient vers moi avec un air sincèrement désole et me dit qu'il n'y a pas de bonnes nouvelles, que le bureau d'immigration du Tibet refuse de me donner un permis pour ce jour la, qu'il faut que je parte le lendemain. Ça m'emmerde, je lui dis, surtout que j'ai paye il y a longtemps et que j'ai l'impression qu'il vient juste de s'en occuper. Il se dit désole, me dis qu'il me rendra 100Y pour que je puisse passer une nuit de plus dans la guets-house et manger... bon, j'ai pas le choix. Je lui dis Ok, mais c'est sur pour mercredi matin ? Il me répond oui, je vais gérer, repasse tout a l'heure pour confirmation. On va retirer de l'argent, manger des nouilles, du riz, boire du thé, et tout a l'heure arrive. Il me dis en fait ça n'est pas sur, le bureau de l'immigration fais des histoires car je suis seul, normalement il faut faire parti d'un groupe pour aller au Tibet, il attend la réponse, il va tout faire...

Et voila, j'en suis la. Nico part demain soir pour Xi'an en train. Je devais partir demain matin. Et je ne suis plus sur de partir du tout ! Mon voyage prend du retard sur mes prévisions, même si c'était prévisible, et c'est un petit peu déprimant. A chaque fois que je me retrouve seul pour la première fois dans un voyage, il m'arrive quelque chose. Il y a deux ans, je me fais virer du bus de Guillin qui devais m'emmener a Kunming, puis cracher dessus, juste après avoir quitte Pierre. L'année dernière, je perd mon passeport juste avant de prendre mon vol retour, au moment du départ de Léo et Erwan pour Shanghai. Et rebelote, je ne suis pas sur de pouvoir continuer comme prévu. Pas si grave après tout, je n'irai peut-être pas au Tibet, ou peut-être mais différemment. Quoi qu'il en soit je me débrouillerai pour rebondir et pour profiter au maximum du voyage, je dois aller de l'avant ! Mais ça fait déjà 4h que je tape, il est temps pour moi de rejoindre Nico et d'entendre le verdict pour le Tibet... qui devait m'être donne a 18h ! Wait and see...