24 juillet 2005

Ils sont fous ces Hong Kongais !

Hong Kong est définitivement une ville de malades. Au terme de trois jours passes dans cette ville qui bat a mille a l'heure, on ne peut qu'avoir envie d'en voir un peu plus mais aussi de fuir loin vers plus de quiétude ! ! Je décide de recopier une partie de mes notes en ce matin brumeux et étouffant, dans un café si climatise que ça serait de la folie de ne pas mettre de pull ! ! La musique qui passe est de la soupe américaine (j'aurais préfère de la "Canton Pop" !) et le café que je bois en même temps est "a l'américaine", autrement dit pisseux. Mais ne nous arrêtons pas a de si basses critiques et reprenons au départ... ou plutôt a l'arrivée.

Samedi 23 Juillet - Hong Kong / 13h21 (Heure de HK = Heure française +6)

Arrivée sans encombre en plein orage sur l'ile qui constitue a elle seule l'aéroport de Hong Kong. Les éclairs zèbrent l'océan agite et révèle des iles de différentes tailles. L'avion semble atterrir sur l'eau jusqu'au dernier moment ou il touche terre. A peine le sas de l'avion ouvert et un pied mis a l'extérieur, je me sens déjà noyé dans une chaleur tropicale inédite qui me fait tourner la tête. J'apprendrai plus tard que le taux d'humidité dans l'air ce jour la était de 98%, c'est a dire tout simplement le maximum envisageable sur terre ! Les douanes me demandent d'enlever mon chapeau (au cas ou j'aurais planque un Smith & Wesson sur mon crâne), le passeport est vérifie... me voila Hong Kongais ! Pierre est la et m'accueille comme un roi : il me donne une carte chargée a bloc pour me balader en transports en commun dans la ville, un téléphone portable de son entreprise pour pouvoir se joindre facilement et un billet de 100 HK$ ("au cas ou tu sois en rade")... ah oui j'allais oublie une tape dans le dos aussi et un "Bienvenu mon pote".

Effectivement en terme de bienvenue j'ai connu pire ! On prend un car qui nous amené sur l'île de Hong Kong en passant par différentes autres iles, via d'immenses voies rapides érigées au dessus du sol. La différence entre la température extérieure suffocante, sous la pluie, et la température a l'intérieur du bus (18 degrés ?) est saisissante... mais on a intérêt a s'y habituer vite, c'est comme ça absolument partout a Hong Kong. D'après Pierre s'il y avait la possibilité de construire une serre climatisée au dessus de la ville nul doute qu'ils le feraient sans hésiter !


A la sortie du bus on est au cœur de la ville et ça devient impressionnant : il n'y a que des buildings immenses qui rivalisent de hauteur, de modernisme et d'originalité, et des panneaux publicitaires, omniprésents, sur les façades, au dessus des rues, sur les transports en communs, au sol et au ciel... je connaissais des vues de HK qui montraient ce genre d'ultra-modernisme pousse a l'extrême, mais ce qui choque est la quantité effarante de ces vues, a chaque carrefour, a chaque mouvement du regard. J'ai pris de nombreuses photos de ce "psychédélisme post-capitalistique". Pour aller chez Pierre il faut monter assez haut sur la colline qui domine l'île de Hong Kong en son centre. Pour ce faire nous empruntons un escalator de 800 m de long (le plus grand du monde, comme pleins d'autres choses a HK, ils aiment bien), fabrique par une entreprise française d'ailleurs, heureusement morcelé en nombreux tronçons. Ça me permet d'observer pour la première fois la foule grouillante et cosmopolite (surtout dans ces quartiers riches de l'ile) qui anime la ville. On sent globalement que les gens ont de l'argent (après recherche le revenu moyen par mois et par habitant est de 1200 euros). On sent le règne du fric et de la consommation. On sent la colonie anglaise derrière tout ça, l'influence de cet ultralibéralisme très british, mais pousse a son paroxysme grâce a l'acceptation du peuple. Ici, pas de droits sociaux, pas de contrats de travail, pas de retraite, pas de système de santé... et presque pas de chômage ! Le Hong Kongais moyen travaille plus de 60 heures par semaine sans se poser de questions, et vient travailler le Dimanche si l'entreprise le lui demande. Les conditions de travail sont aberantes. Pierre bénéficie heureusement de conditions plus qu'acceptables en bossant pour une entreprise française (il teste si les jouets fabriqués en Chine répondent aux différentes normes de sécurité pour les enfants). On a du mal a croire qu'Hong Kong fasse partie intégrante de la République de Chine avec son régime communiste totalitaire. HK bénéficie en réalité d'un statut spécial au sein de la Chine depuis sa rétrocession en 1997, mais l'influence du pouvoir central s'y fait progressivement sentir. Ce régime dictatorial ote toute liberté individuelle, censure la presse (ou plutôt interdit la presse libre !) et dicte a sa population quoi penser et quoi faire. Mais il accueille les bras ouverts HK et ses richesses, peu importe que ce soit le fruit du capitalisme pousse a l'extrême. Les autres grandes villes chinoises sont d'ailleurs elles aussi rattrapées par cette folie financière. Les inégalités augmentent a un rythme impressionnant, mais ils voient les chiffres de la croissance (d'environ 10%) et ils l'acceptent. En rentrant de plein pied dans la mondialisation, la Chine est donc en elle même un paradoxe en faisant cohabiter un système collectiviste et dictatorial avec un système ultralibéral ou seule la loi du marche décide. On vit une époque formidable.

Mais revenons au voyage ! Pierre habite un petit appart super sympa de 30m2 environ ("immense pour un Hong Kongais seul"), climatise (de manière acceptable !), au 14eme étage d'un building a flan de colline. Je pose nés affaires et nous allons manger (indien, soyons cohérents) avant qu'il ne reparte au taf. Je vais pour ma part me perdre dans ces dédales vertigineux de buildings et d'escalators. Arrive aux abords de la baie, je prend un vieux ferry qui me transporte de l'autre cote, dans le quartier de Kowloon. La traversée est reposante, on voit se dessiner sur toutes les berges des buildings de toutes formes et couleurs, jusqu'à perte de vue ou la brume rend les formes vaporeuses et indistinctes. Curieusement je trouve ça assez joli ! A Kowloon je continue ma promenade, toujours cette même folie visuelle, l'espace reste sature de pubs aux couleurs kitschissimes et de vidéos géantes. Je visite un parc très agréable (enfin un peu de vert), même s'il est lui aussi entièrement pense et formate. La végétation y est quand même luxuriante, avec son lot d'arbres aux formes étranges et de plantes que je ne connais pas. Soudain le décalage horaire se fait sentir et je me sens piquer du nez (je préfère le sentir avant sinon avec le mien ça fait mal...). Je m'allonge sur un banc et m'assoupi quelques heures. Je suis réveillé brutalement par une femme flic qui hurle a 1m de moi : "DONT SLEEP !, DONT SLEEP !, DONT SLEEP !" Je me redresse halluciné sur le banc, avec les yeux vitreux du gars qu'on a réveille en plein rêve. J'ai ensuite appris que les Hong Kongais étaient démesurément civilises, que personne ne fraudait, ne traversait au rouge, ne crachait par terre ou ne jetait de papiers par terre (sous peine d'une amende de 1500 HK$ = 150 euros). Ce que je faisait n'était pas digne d'une conduite d'homme civilise, j'ai du en choquer plus d'un ! Personne ne s'écarte trop des sentiers battus ici, même la drogue, sévèrement réprimée (la vente de drogue est passible de peine de mort dans le reste de la Chine), est quasiment introuvable (parait-il, je ne suis pas un drogue moi... hum).


Je me ballade ensuite dans les marches qui ouvrent vers 18h dans les rues de Kowloon, on y trouve a peu près tout et l'ambiance y est bon enfant. Comme je suis un consommateur de merde j'achète un splendide T-shirt jaune avec une fille en rouge qui mange une sucette au milieu, et puis un truc écrit en chinois (Attention Léo la compet' est réouverte !). Je rentre chez Pierre (métro et pieds) et nous voila repartis dans la ville. Une pizza a l'italienne (restons cohérents) et direction le quartier de Wan Chai, ou "ça bouge grave" le soir, avec des bars de toutes confessions (attrapes-touristes, petits rads sympas, bars musicaux, bars a putes...). On se rend au "palais du Rock a Hong Kong" selon Pierre, The Wanch, dans lequel se produit un groupe de reprises Rock. Ça enchaine du Led Zep, du Deep Purple et du Doors, et ça joue pas si mal maigre un son trop fort. Le chanteur, cheveux longs et ultra-efféminé, et me fait délirer avec des poses crooner a hurler de rire. Le public semble très enthousiaste, c'est le top. Avant de rentrer on entre dans un bar a putes "juste pour voir" : plein de jeunes chinoises qui se frottent a des vieux occidentaux yeux injectés de sperme... ça fait pas tre envie on ressort prestement.

La nuit qui suit, la première a HK, est excellente, et c'est en pleine forme que j'entame cette journée après 10h de sommeil. On est Samedi après-midi et j'écris dans un gymnase ou Pierre est venu jouer au Badminton avec des amis de sa boite je crois. Ils parlent français et ont l'air sympas. It's time to go !

Dimanche 24 Juillet - Hong Kong / 22h48

Lendemain soir. La journée d'hier a été géniale, même si Hong Kong me semble de plus en plus dingue... et puis je suis loin de l'aventure et de l'ascétisme, ici c'est plutôt le règne du confort, de l'opulence et de la consommation de loisirs, mais chaque expérience en son temps ;-). Nous sortons du gymnase et allons tous au ciné. Tous, c'est Valérie (copine de travail de Pierre, d'origine cambodgienne), Jean-Luc (son mari, qui travaille aussi a Hong Kong - ils vivent ici depuis 3 ans et demi avec leurs 2 enfants, ils ont pris la nationalité française après s'être extrade pour fuir le régime de Polpot au Cambodge), Laurence (une autre copine de travail d'origine Hong Kongaise mais qui a vécu plusieurs années a Lyon a la Guillotiere !), Harry (Hong Kongais pur souche, le seul a ne pas parler français), Pierre et moi. Le film que nous allons voir, Fantastic 4, est une daube intégrale, mais on se retrouve ensuite pour boire un coup et c'est beaucoup mieux.



Les 4 personnes que je rencontre sont vraiment très sympas, c'est agréable de pouvoir parler sans limite avec des habitants de HK pour mieux cerner la ville, faire des comparaisons avec la France, etc... Jean-Luc et Valérie décident de nous inviter avec Laurence pour manger une paella espagnole chez eux (une idée germe dans ma tête : "passer 6 semaines en Asie sans manger rien de local"... non c'est con, OK). Harry nous quitte, non sans m'avoir écrit en chinois sur un bout de papier l'adresse de Jean-Luc et Valérie. A savoir qu'ici les gens parlent principalement le cantonais (Canton étant la grande ville chinoise la plus proche), alors que ce qu'on appelle communément le chinois est en fait le mandarin, parle notamment a Pékin et Shangai. Je m'éloigne a mon tour pour me rendre dans un Pacific Coffee (chaine de cafés systématiquement équipée en Internet) écrire mes premières impressions sur ericde et relever mes mails. En sortant j'attrape un taxi (non sans mal, les rues sont compliquées... et en + ils roulent a gauche) et montre a son chauffeur le précieux bout de papier sur lequel est inscrit l'adresse. Il me fait signe que c'est bon et démarre, puis me dit quelque chose que je ne comprends pas. Il se met a parler tout seul. Comme il a un écouteur dans les oreilles je pense qu'il s'adresse a quelqu'un d'autre, mais après avoir répète 10 fois une sorte d'onomatopée se rapprochant de "Fifafo" en me regardant dans le rétroviseur, je comprend qu'il me parle. Et il continue, je dirai sur le ton de l'interrogation : "Fifafo ?, Fifafo ?". Je lui dis en anglais que je vais chez des amis, qu'on m'a juste dit de montrer ce papier ou figure leur adresse. Il a l'air de comprendre, se tait et continue a rouler. Il grimpe avec son taxi sur la colline, beaucoup plus a l'Est de l'ile que chez Pierre, en empruntant une longue route sinueuse qui offre de très belles vues sur la ville. Ça ressemble un peu a Mulholland Drive et je n'ai pas la moindre idée de ma destination, ça contribue a l'atmosphère inquiétante qui règne dans le taxi qui s'éloigne du centre. Il finit par s'arrêter au pied d'un immeuble magnifique, surplombant la baie. Il me répète : "FIFAFO ! FIFAFO !". C'est alors que je comprends et explose de rire : le numéro de l'immeuble est le 354 de la rue, le "Three, Five, Four" !. Le rire est partage quand je raconte l'anecdote a table. On rigole beaucoup pendant ce repas, l'ambiance est super détendue et on raconte plein de conneries, ça fait du bien. L'appartement est très grand et bien place, c'est une "commodité" que fournit l'entreprise de Jean-Luc. Il a une très bonne place de manager informatique dans une entreprise de produits de luxe et est en charge de toute l'Asie pacifique ! Au menu c'est foie gras, salade composée, paella, poulet rôti, bons vins... je ne pensais pas faire un seul repas de cette qualité ici, je me régale. Vers 23h on décide de faire un bowling et on part en voiture tous les 5. Laurence ne joue pas, on fait donc un FRANCE-CAMBODGE, Pierre et moi contre le couple. On se fait éclater par le Cambodge et le bon jeu toute en régularité de Jean-Luc, mais non sans quelques coups d'éclats typiquement français. Globalement on se fait remarquer en criant, sautant partout, faisant des gestes aux ralentis ou s'écrasant ostensiblement par terre en cas d'échec. 2-1 pour le Cambodge, c'est pas si mal. On a l'idée d'aller dormir sur la plage dans le Sud de l'ile et les 3 autres nous y emmènent en voiture !

La plage est plutôt belle, dans une baie entourée de montagnes, et la lune est encore quasi pleine dans le ciel. Seule les étrangeté : les barrières qui plongent dans l'eau a quelques dizaines de mètres du sable. On m'explique que c'est des protections anti-requins... tout est normal. Derrière nous, des buildings a n'en plus finir, il n'y a décidément pas de havre de verdure sur l'ile. Il n'y a d'ailleurs plus du tout de place pour construire et ils envisagent de créer des lopins de terre artificiels dans la mer pour agrandir la surface constructible (a l'instar du nouvel aéroport, entièrement terra formé sur l'eau). Je profite de cette simili-quiétude, assis a regarder la mer, pour discuter longuement avec Jean-Luc qui m'en apprend davantage sur différentes destinations asiatiques et sur la vie a Hong Kong. Il me raconte la période d'angoisse et de paranoïa qui a accompagne le Sras il y a 2 ans (HK a été la ville la plus touchée, et difficile d'enrayer une maladie quand on est 7 millions a vivre les uns sur les autres) : il avait fait rapatrie en France Valérie et les enfants mais lui a vécu ces scènes irréelles ou personne ne se baladait sans masque, ou la moindre toux dans une rame de métro déclenchait la panique, ou les lieux publics étaient déserts. Pour le coup, l'épidémie a sûrement été stoppée grâce a leur obéissance aveugle a toutes les mesures sanitaires préconisées, ce qui aurait été une autre paire de manche en Europe. Mais les Hong Kongais ont la mémoire courte : on n'entend plus parler de cette période, sinon pour regretter ne pas avoir acheté de biens immobiliers a l'époque avec la plus-value consécutive !

Allez, continuons sur Hong Kong. Il n'y a réellement aucune délinquance, aucune criminalité, aucun vol (ou presque), tout le monde ne vit que pour obtenir une position sociale, gagner de l'argent, avoir de beaux habits et de belles voitures. Personne ne se cache d'avoir de l'argent, c'est au contraire extrêmement bien vu, un signe de réussite très respecte. Quand les gens perdent leur emploi ou échouent dans ce qu'ils avaient projeté, ils préfèrent se jeter d'un building plutôt que d'être un boulet pour la société. Ce qui explique le faible nombre de mendiants et de voleurs... on accepte la société telle qu'elle est et on s'en retire si on ne parvient pas a l'intégrer ! Il n'est a priori pas rare de voir des attroupements en bas de buildings ou carrément de voir des gens sauter (de tout âge), sans que cela choque personne. Mais on a pourtant une impression de bonheur relatif dans cette ville, maigre la pression écrasante générée par le système. Et puis la population y est extrêmement flexible, s'adaptant aux changements sans piper mot. La rétrocession de HK a la Chine en 1997 s'est donc faite sans problème majeur, peu importe que le pouvoir de Pékin soit totalitaire (il est vrai que la ville bénéficie d'un régime spécial, mais le pouvoir central gagne du terrain). Le mandarin est devenu langue obligatoire a la place de l'anglais alors que personne ne le parlait auparavant... aucun problème ! En terme de logement il n'est pas rare de voir des familles entières (grands-parents compris) s'entasser dans un 30m2... aucun problème ! Ils travaillent a des horaires invraisemblable... aucun problème ! Ils sont complètement dans l'acceptation des choses. Ça fait relativiser pas mal, quand on pense au tôle que provoque la moindre restriction sociale en France. Je ne suis pas en train de dire qu'il faut cesser de défendre nos acquis sociaux, mais on a aussi beaucoup a apprendre de ce genre d'attitude.

Nos amis partent vers 3h et je me baigne pour la première fois dans la mer de Chine, au clair de lune. L'eau est heureusement un peu fraiche mais très bonne. C'est un peu dur de sécher sans serviette avec l'humidité de l'air... mais ça se fait. S'ensuit un temps calme absorbe de sérénité, entre discussions et repos, Radiohead dans les oreilles. Le jour finissant par pointer son nez derrière la montagne, je propose qu'on monte au sommet observer le soleil levant sur les buildings (ça c'est de la poésie !). On prend le premier bus qui passe, il est en direction d'Aberdeen... j'insiste pour qu'on s'y rende car c'est le nom de la ville ou a grandi Kurt Cobain ! C'est pas du tout le chemin et, comme on pouvait s'y attendre, il n'y a rien a voir, on reprend un taxi pour The Victoria Peak. On a perdu du temps et le soleil est déjà levé, mais le pire est qu'un grand centre commercial est érige au sommet, avec des horaires d'ouverture donnant notamment droit d'accès aux splendides terrasses avec vue. Effectivement, quel intérêt de laisser les gens profiter d'une jolie vue sans qu'ils puissent consommer ? Dégoûte, on parvient quand même a trouver un angle de vue super chouette en cherchant beaucoup. On voit la baie de HK se lever dans un filet de lumière nébuleuse... bon OK c'est joli, mais j'ai l'impression de vendre mon âme au diable en l'avouant ! On redescend avec le premier Peak Tram, un funiculaire vieux d'un siècle dont l'inclinaison atteint jusqu'à 45 degrés vers le bas ! Puis on remonte jusqu'à chez Pierre a pieds, les escalators ne fonctionnant pas a cette heure. Il est 8h du mat et je plonge rapidement dans un sommeil d'enclume.



Réveil a 15h, Pierre a dormi beaucoup moins que moi. On joue de la guitare puis je sors me balader. Je passe toute la fin d'après-midi sur l'ile que je parcours de long en large en empruntant les vieux Tramway britanniques prévus a cet effet (ressemblant aus bus a étage de Londres). Me voici replonge dans un délire kaléidoscopique de pubs et de commerces sans fin. Je décide de visiter un centre commercial de bout en bout, après tout ce sont les seuls monuments culturels ici (le plus vieux bâtiment a 1 siècle !). Je tombe au 1 leme et dernier étage de ce dernier sur le NAMCO World, un immense réseau de salles d'arcades sur toute sa superficie. Je remarque aussi que le réseau piéton est extrêmement bien pense dans la cite, très souvent en hauteur, avec de grands tunnels surplombants les voies routières. J'arrive a Victoria Park, un des plus grands parcs, au nord-est de l'île. Un grand espace vert est dégage en son centre, entre 2 fastfoods et quelques terrains de sport. J'entends de la musique a l'une des extrémité : un groupe de rock chinois se produit en plein air ! Le son est fort et pourri (normal avec une régie sur le cote), mais ce qui est très drôle, en plus d'entendre le chant chinois, c'est qu'il n'y a pas le lights du tout ! Du coup on ne voit rien, on entend juste du gros son. D'ailleurs ça n'intéresse personne, le public debout n'est composé que d'une vingtaine de personnes... décidément, le Rock 'n Roll ne viendra pas mourir a Hong Kong.

J'écris a présent a une table du Peak Café, un bar très agréable pas très loin de chez Pierre dont la devanture donne sur les marches de la colline. Nous sommes maintenant Lundi 25 Juillet depuis peu de temps.

23 juillet 2005

Le grand départ, enfin !

Je n'ai pas eu le temps de terminer ma chronique sur Les Enfants du Rhône mais qu'importé, je suis maintenant loin et préfère concentrer mes écrits sur mon voyage ! Je tiens un carnet de route au fur et a mesure et j'ai pris le parti d'en recopier une partie sur ces pages plutôt que de raconter tout cela avec un recul de plusieurs jours... je pense que ça peut être un peu + vivant ! Alors commençons par le commencement...

Jeudi 21 Juillet - Paris / 13h07

Ça y est, je suis dans l'avion et le moteur se met en route ! Les derniers jours ont été très speed entre les "bricoles" a terminer pour Mediatone (dont un site !) et l'envie maladive de voir et revoir tous les amis, tous les gens qui me sont chers avant le départ. De nombreux symboles rendent ce voyage particulier : Nous sommes un 21 Juillet, la pleine lune est très exactement totale en ce moment, alors que l'avion s'apprête a décoller, et j'ai ce matin dit adieu a la maison de mon enfance a La Tour de Salvagny... c'est comme le commencement d'autre chose. En repensant a cette maison je me rend compte a quel point mon enfance a été enviable en tout point, a quel point la famille que nous formons, que nous avons forme a 5 pendant tout ce temps est quelque chose d'unique, un tout compose de 5 individualités propres et qui forme ce quelque chose d'indéfinissable qui marque toute la vie... /... La nostalgie a parfois du bon, elle existe grâce a ce que l'on a vécu de fort et d'intense. Cette émotion nous rappelle que tout vit et meurt : les gens et les instants. C'est grâce a cette mort programme que la vie est si savoureuse et qu'on a tant besoin de s'en emparer au maximum... / ... Cette "dépendaison de crémaillère", organisée pour dire au revoir a la maison avec tous ceux qui avaient contribue a la faire vivre pendant 25 ans, revêtait une signification toute particulière pour moi. On "fête" la fin d'un cycle en partageant des derniers instants qui seront autant de souvenirs a ne pas oublier. Ça y est, l'avion accélère et... je suis au dessus de Paris, pour la première étape en direction de Moscou.

Nous côtoyons a présent les nuages dans un ciel clairsemé et accueillant... ça y est, je suis parti ! Je me rend enfin compte... je quitte l'Europe pour 6 semaines... c'est a la fois court et long je vais essayer de profiter de tout au maximum. Yes ! Les nuages ne forment a présent plus qu'une couche cotonneuse unifiée, loin en dessous de l'avion.

Après avoir dévoré un plateau-repas plutôt pas mal, arrose au Bourgogne plutôt pas degueu (sûrement mon dernier plaisir vinicole avant longtemps !), puis avoir sommeille plutôt longtemps, une voix me réveille : "Nous entamons la descente sur Moscou...". Je jeté un œil au travers du hublot : d'immenses forets occupent la quai-intégralité du paysage, et des buildings éclaires d'une lueur orangée se détachent au lointain (Moscou ?). C y est l'avion se pose... je suis russe pour la première fois de ma vie et pour quelques heures... et je trouve ça assez fun.

Jeudi 21 Juillet - Russie / 21h et quelques (heure de Moscou)

Je vole a présent en direction de Hong Kong, ma destination finale. Le transit a l'aéroport de Moscou a été complètement surréaliste ! On nous avait bassine pour remplir des formulaires précis (pour valoriser nos biens !) dans l'avion précèdent, et sur place ils s'en branlent et nous les jettent a la gueule ! Une grosse femme russe se met a hurler a la longue file patientant devant le panneau Transfer International : "HONG KONG ! HONG KONG !" 40 fois de suite. J'avoue qu'il a fallu bien 20 fois avant que je comprenne le mot prononce a la russe. Elle est en train de s'engueuler avec sa collègue lorsque je parviens a elle en passant devant les autres. Elle me crie dessus, puis voit mon billet d'avion pour Hong Kong et me jeté une carte d'embarquement a mon nom a la gueule-charmant. Juste avant de passer le SAS pour la salle d'embarquement, ça se met a puer grave : Ils font ôter leurs chaussures aux gens pour les passer dans le scanner a choses interdites ! Tout le monde a bien macère des pieds et c'est une véritable épreuve olfactive. J'enlève a mon tour mes sandales et passe pieds nus, c'est dégueulasse par terre, mais ça me fait plutôt marrer. Surtout qu'ils vérifient pas les passeports ! Arrivé dans l'avion je suis plutôt rassuré sur AEROFLOT : c'est un grand boeing avec 2 couloirs, des télés + casques et des hôtesses charmantes : plutôt la classe. Le repas n'est pas mal non plus, sauf le vin qui est évidemment moins bon. Sinon il y a une majorité d'asiatiques, ce qui égayé l'atmosphère (ils rigolent beaucoup), et de grands russes costaud, et la on n'a moins envie de rigoler !

A ma gauche, le ciel passe de l'orange a l'horizon a un bleu très clair qui s'assombri avec l'altitude. A ma droite il est bleu pénombre, avec au centre du hublot une immense lune orange/rouge qui triomphe dans la nuit et me plonge dans des rêveries célestes. C'est d'une beauté étourdissante. Les couleurs dépareillées d'un cote et de l'autre de l'avion donnent au tout une intensité onirique presque palpable. J'ai envie de remercier la lune de m'accompagner ainsi a l'autre bout du monde, m'irisant de sa douceur et de son fiel. La nuit est a présent totale a ma droite et seule la lune est belle et bien la, alors qu'a ma gauche il fait encore jour, et ça ne change pas depuis des heures... il y a sûrement une explication mais c'est très surprenant. Je suis loin de tout a présent et je me sens bien... par contre j'ai bien peur qu'ils passent Mr Bean a la télé !

Arrivée a Hong Kong et premiers jours en ligne demain !

06 juillet 2005

Les Eurockéennes 2005 : Rock is (not) Dead


Les Eurocks, j'y suis allé en 95, et depuis je n'ai raté que 3 éditions. C'est le symbole du début de l'été et de la période estivale. Ça te fait aimer la pluie. Ça t'apprend à vivre en collectivité avec des néo-babs et des junkies et à pas te laver. Ça entraine ton endurance à l'alcool, et surtout ça te permet (si t'es très fort, ce qui n'est pas mon cas) de te farcir 70 concerts en 3 jours, ce qui est... un bon score. Surtout qu'au milieu, il y souvent des groupes dont t'as rien à foutre mais qui font saliver tes potes absents quand tu leurs dis qu'ils ont joué, et ça c'est assez jubilatoire (vous trouvez ça mesquin ?). Retour sur un "week-end de oufs, man".

Tout d'abord l'équipe en présence : Jay, Sandra, Loïc, Seb Diereman, Sylvie et moi même pour la team Mediatone, Pierlo et Fafa pour les trublyons libres et Adrien, jeune padawan de 17 ans, pour ses premières Eurocks. 6 tentes. 180 € de courses. Des goûts différents mais une féroce volonté commune de raconter des conneries et de s'en mettre plein la tête et les oreilles... et c'est déjà pas mal

Ensuite les conditions : Mediatone ayant effectué toute la com du festival sur Lyon, nous avons hérité de plusieurs PASS professionels. Ça veut dire quoi ? On fait pas la queue pour rentrer sur le site, on peut se faire transporter d'une scène à l'autre avec une mini-navette spéciale, on peut "faire du relationnel" en allant aux conférences de presse des artistes ou dans les bars pros, et surtout se la péter en mettant en valeur son bracelet VIP devant tous les festivaliers lambdas qui sont dans les longues files d'attente pour aller dans des chiottes qui puent... bref là bas on est les rois du pétrole. Heureusement on s'en fout, on vient pas là pour participer activement à cette odieuse mascarade mais bien pour bouffer des groupes sur scène jusqu'à n'en plus pouvoir. Bon OK, la mini-navette on la prend quand même.

Musicalement, la claque absolue a été sans hésitation les mythiques SONIC YOUTH qui nous ont livré 1h30 de concert sans concession, alliant leurs sempiternelles déconstructions sonores expérimentales et bruitistes à des joyaux mélodiques dans un embrasement de guitares jouissif... une bonne leçon donnée aux petits morveux de THE KILLERS qui jouaient juste avant leur pop-rock formatée et édulcorée qui donnait envie de crier à son petit frère d'éteindre la radio ou de changer de station. Les autres grands moments sont nés des rencontres artistiques au sommet : NOSFELL et EZ3KIEL nous ont transporté dans un entre deux mondes où apaisement et exhultation ne font plus qu'un, et BUMCELLO nous a fait voyager au delà de l'imaginable en mêlant ses musiques aux prodigieuses voix de SHUSHEELA RAMAN et STANLEY BECKFORD.

On a pu voir la confirmation sur scène de très bons groupes comme NINE INCH NAILS (précurseurs de génie de la MarylinMansonmania), QUEEN OF A STONE AGE (mélangeant habilement un son Rock 70's grinçant et de lourdes guitares plus métal), INTERPOL (nouveaux très bons challengers du renouveau Rock, un poil mou sur scène), GHINZU (notre groupe belge préféré qui a écrit bien d'autres perles que le déjà trop matraqué "Can you read me"... ont avait organisé son concert au Ninkasi Kao cette année), MASS HYSTERIA (qui malgré un nouvel album plus fade continue à foutre littéralement le feu sur scène), et bien sûr THE CHEMICAL BROTHERS (énorme show tout en lumières et sons, hypnotisant et dévastateur, qui après s'être emparé de chaque sens l'un après l'autre finit rapidement par tous les mettre d'accord).

Les découvertes les plus frappantes ? THE NATIONAL en une, groupe sublime enchaînant ballades crooner et Rock tendu, comme si Tindersticks avait rencontré The Doors... THE EAGLES OF DEATH METAL (!!) dont le guitariste n'est autre que le bassiste de Queen of a Stone Age (ou l'inverse) qui envoie du Rock 'n Roll brut de décoffrage excellement bien huilé (et non pas du gros bourrin comme on pourrait le penser en traduisant négligeament le nom du groupe : Les Aigles du Métal de la Mort !). Et puis ANDREW BIRD qui nous a livré un concert d'une sensibilité rare emporté par sa magnifique voix en apesanteur fleurtant avec le fantôme de Jeff Buckley.

Au delà des concerts l'ambiance au Camping a été fidèle : on y crie beaucoup pour prouver qu'on est nombreux, on se sent appartenir à cette grande famille de jeun's festivaliers (je me suis bien gardé de dire que j'étais déjà là en 95... quoi que ça s'Ia pète j'aurais du en profiter), on boit des mélanges de Punch mal dosé et on fume de la drogue. Et puis on y vend des colliers en pâte fimo que des cons achètent (moi), et puis le matin en se levant quelques heures après s'être endormi on sourit à son voisin d'à côté du sourire niais du gars qui a abusé de trop de chose la veille, on se paye une kro et on sort un avenant "tu vas voir quoi toi aujourd'hui ?" de sa voix rockailleuse...

Moi, j'aime bien les Eurockéennes.