Mardi 21 août
Pour ceux qui auraient raté la première possibilité, elle s'est entrevue à Madagascar, il y a très exactement un an. L'expérience était à renouveler. Quelques jours de pur farniente ne fait pas de mal quand la fin du voyage (et des vacances) pointe le bout de son pif. Pour nous, Phu Quoc n'avait guère d'autre objectif que de créer une bulle de détente, décélérer le rythme, dans un cadre taillé pour la glande. J'ai envie de dire, objectif atteint. Pour ceux qui resteraient sur leur faim je ne peux que les inviter à lire l'expérience de l'année passée, plus stimulante à bien des niveaux. Pour les autres, il reste quelques anecdotes à piocher dans le récit de ces quatre jours sur l'île du coq fou...
Jeudi 16 août
On est de retour au Vietnam. Dans l’extrême sud cette fois. Le van nous pose vers l’embarcadère de la ville de Ha Tien, en direction de l’île de Phu Quoc, où on a bien envie de se prélasser quelques jours avant d’entamer la dernière ligne droite du voyage et de remonter jusqu’à Ho Chi Minh Ville (Saigon), en passant par le Delta du Mékong.... la boucle sera bouclée.
Le bateau est plutôt spacieux. Des écrans plats diffusent une espèce de comédie musicale vietnamienne ultra chorégraphiée, aux costumes too much, et une ignoble reprise d’Isabelle Boulay en vietnamien. Je n'aurai jamais pensé regretter un jour l'original. Le volume est lui aussi tout sauf raisonnable, il doit être au moins à 11 !
Arrivée à Phu Quoc après deux heures de navigation. On est lâché tout au bout d’un long embarcadère bien enfoncé dans la mer, bien étroit aussi, et sur lequel les scooters semblent largement prioritaires. Nouveau mini-van rempli d’occidentaux. Le chauffeur demande si on a déjà un hôtel pour pouvoir nous déposer au bon niveau de la plage de Long Beach, sur le littoral ouest. Mais il n'en a cure et nous emmène tous dans le sien, en nous ventant son emplacement incroyable et ses prix défiant toute concurrence. On a déjà réservé trois nuits au Paris-Beach Resort, et il finit par accepter de nous y déposer.
On est accueilli par une vietnamienne, la cinquantaine souriante, parlant un français impeccable. Elle est en fait mariée avec un français, la soixantaine, bonne gueule lui aussi. Ils tiennent le bazar ensemble. L’accueil est complété par les quatre chiens de la maisonnée, un bâtard, un noir de la race que les vietnamiens aiment bien manger, un cocker et... un bouledogue français ! Guère besoin de préciser qu'il a une sale trogne. On prend nos aises dans un bungalow spacieux et meublé avec goût, dont l’entrée ouvre sur la mer. Le Golf de Thaïlande nous tend les bras, plages de sable fin et de cocotiers.
A la nuit tombée, on loue un scooter (environ 2€ la loc. !) pour se rendre à Duong Dong, ville la plus importante de ce côté de l’île, un peu plus au nord. Un marché de nuit s’étend en direction du port. Les nombreux étals y sont remplis de poissons (on ne peut plus) frais et de fruits (tout juste sortis) de la mer, qu’il suffit de désigner pour être servi quelques minutes plus tard, à la façon souhaitée. On se tente des brochettes de crevettes grillées, des coquilles St-Jacques et un autre type de petit coquillage assaisonné dans une sauce cacahouètes. Bon, on n’est pas bien sûr de ce qu’on a mangé, le personnel ne baragouinant pas le moindre mot en anglais. Il s'est d'ailleurs probablement planté dans la commande, vu le monde en train d'attendre et le chaos organisationnel qui semble régir le lieu.
On rentre au Paris-Beach. C’est Alice qui conduit bien sûr, le personnel fait des gros yeux. Je dois vraiment passer pour une lopette.
On s'endort bercé par le roulement des vagues.
Vendredi 17 août
Petit déj, en terrasse, à quelques pas de l’eau. On discute avec les proprios qui nous racontent deux trois trucs sur Phu Quoc en vue des jours à venir. Ils nous préviennent de ne pas acheter de coquillage à perle au marché, car ce sont des petites perles achetées en Chine qui sont insérées dedans. Comme si j’avais la moindre chance de tomber dans ce genre de piège ! pour rappel, la dernière fois que j’ai acheté des saphirs en Thaïlande en 2005 pour les revendre trois fois leur prix... c’était du verre.
La gérante nous raconte que son fils est une superstar à Saigon, chanteur et présentateur télé sur les chaines officielles ! Du coup, il n’arrête pas de se faire offrir des chiens par des fans (ça doit être dans leur culture), et les chiens se retrouvent... au Paris Beach, d'où la meute qui n'arrête pas de nous coller aux basques. Le cocker a un bon trip : il est raciste envers les vietnamiens, et aboie à mort dès qu'il en flaire un passer ! Il est mal tombé. Et le bouledogue, je commence à m'y faire, ça devient un pote.
Un nuage gris arrive sur nous, les patrons nous conseillent d’attendre qu’il passe avant d’aller se balader. Il ne passera pas ! Des goutes commencent à tomber, de plus en plus grosses, le vent se lève, la mer fait des bonnes vagues…. c'est la tempête toute la journée. Une journée qui, du coup, est un échec.
On en profite donc pour faire quelque chose qu’on apprécie pas mal : RIEN. Glander dans le bungalow, écouter la pluie, le vent et les vagues se jeter violemment sur la plage.
On n’en sort que pour dîner à l’abri de la terrasse de l’hôtel, une bonne dorade de mer grillée (entière) au beurre et au citron. Et c'est déjà pas mal.
Samedi 18 août
Petit déj en compagnie de mon pote le bouledogue. La gérante nous explique que le mauvais temps est dû à un typhon de force 5 qui est descendu des côtes chinoises jusqu’à Hanoï, provoquant de graves dégâts à la capitale, des arbres arrachés en centre ville et même trois morts. Nous voilà rassurés. Mais elle nous dit que Phu Quoc est globalement épargné par ces phénomènes et que ça ne va pas durer. Effectivement, la météo semble s'améliorer quelque peu… on tente une sortie à pieds !
Tout le long de la route, on découvre des stations essence qui rivalisent de taille et de style.
On continue la balade les pieds dans l’eau et le sable, avec les cocotiers penchés, les bars de plage et les séries de bungalows plus ou moins luxueux qui inondent le littoral. Grand bain d’air marin, sous un temps mitigé mais peu pluvieux.
Arrivée en ville, traversée du port et du marché local. On est presque les seuls à pieds, les vietnamiens descendent à peine de leur scooters pour acheter ce qu’ils sont venus chercher au gré des étals. Ils parcourent les allées en klaxonnant et en faisant pétarader leurs moteur. Pas cool, trop de bruit. On se réfugie dans un coin reculé de la ville, où on est, pour le coup, un peu perdu.
Le soleil a refait son apparition et commence à cogner. Je cherche à changer de l’argent, le gars me gueule "Monday !" et me fait un signe, genre dégage. On se retrouve en pleine sortie d’école, au milieu des élèves rentrant chez eux en vélo et arborant tous la même tenue, pantalon sombre, chemise blanche et petit foulard rouge.
On ne croise pas beaucoup de touristes, la haute saison est plutôt entre décembre et janvier ici (avec des prix trois fois plus élevés). Par contre on tombe régulièrement sur des chinois ou des japonais avec des caméras énormes et des perches pour prendre le son, pour avoir... des souvenirs de vacances ! Certains élaborent même des scénarios et réfléchissent à des séquences vidéos pour pouvoir chapitrer le film : "achat d'un chapeau au marché" sera donc suivi de "prière avec bâton d’encens dans le temple", etc. Ils sont bien taré. Quoi que je fais bien un blog qui me prend des heures à écrire pour mettre en scène mes propres vacances… je devrais aller consulter moi aussi.
Retour en taxi au Paris Beach. Le soleil est toujours de la partie, on profite de la fin d’après-midi pour se baigner. La mer est presque tiède et fait encore de grosses vagues. Une femme un peu âgée me propose un massage complet. Ok. Elle en vient aussi à m’épiler le dos au fil (ça fait trop mal), et puis les jambes d’Alice pendant qu'elle y est.
On est paisible ici, à se reposer en se laissant bercer par le tumultueux vrombissement des vagues.
La nuit tombe rapidement. Pour le dîner, la question n'est pas de savoir si on va manger du poisson, mais plutôt comment on va le déguster. Ce soir, c'est curry.
Dimanche 19 août
Encore un réveil tranquille et un bon petit déjeuner face à la mer. Les scooters de l'hôtel ont tous été loué, on se replit sur de bonnes vieilles bicyclettes (sans vitesse) pour découvrir un bout d’île. On hésite entre la fabrique de Nuoc Mam (sauce obtenu par la macération de poisson, Alice ne supporte pas), le parc naturel (devenu une zone militaire infranchissable), et une cascade qui fait couler beaucoup d'eau (oui je sais, c'est nul). Ça sera la cascade.
Elle est à environ 6 km vers l'est, on emprunte un petit sentier de terre rouge bien cabossé, avant de rattraper une fine route goudronnée envahie par de gros camions. Depuis l’entrée, encore 2 km à parcourir à pied dans la forêt, le long de la rivière, avant d’arriver à la fameuse chute d’eau. Autant le dire tout de suite : c’est véritablement incroyable. Deux pauvres jets sortent d’un rocher, et des vietnamiens s’amoncellent autour, qui pour se laver les cheveux sous le jet, qui pour se baigner tout habillé, qui pour se bourrer la gueule avec ses potes. On comprend qu’on est dimanche, et que "le dimanche à Phu Quoc, c’est biture à la cascade". Sur le chemin du retour, on croise encore des tas de bandes de potes, packs de bière sous le bras. Des détritus jonchent le sol de partout, les habitants jettent absolument tout par terre.
Retour en vélo, ça n’a servi à rien, mais on a fait une bonne promenade, qui se ponctue naturellement par une baignade rafraichissante au retour. Le truc sous le bras d’Alice va nettement mieux, ça part en croûte et en peaux mortes, ça ne lui fait plus mal, on est sur la bonne voie. Par précaution, elle ne trempe quand même que ses pieds.
Le soir, je me laisse tenter par une marmite de poisson-chat au caramel (comme dirait Sylvain, ça tape), pendant qu'Alice se régale de nouilles à la seiche et aux crevettes. L'île n'a pas eu de mal à nous insuffler son rythme au ralenti, et paradoxalement, ces quatre jours sont passés si vite qu'on prend juste conscience que le départ, c'est déjà demain. On n'aura pas foutu grand-chose, mais ça nous aura fait du bien.
Lundi 20 août
Lever aux aurores pour le grand départ de l’île. Un mini-van nous fait rejoindre le « Superdong III », le bateau qui va nous transborder sur le continent, dans la ville de Rach Gia. Le Dong étant la monnaie vietnamienne, c’est un peu comme si leur bateau s’appelait « superdollar ». Classe.
Pendant la traversée, on a de nouveau le droit à une farandole de clips vietnamiens de toute beauté. Toujours la même rengaine, des demandes en mariages avec à la fin l’un des deux qui meurt, écrasé par une voiture au ralenti, suicidée car ce n’était pas un mariage d’amour, ou suite à une grave maladie fulgurante. S’ensuit un excellent Jackie Chan. On est gâté.
Nos pieds finissent par fouler la terre ferme. Il ne nous reste plus qu’à trouver le bus en direction de Can Tho, au cœur du Delta du Mékong.
Suite et fin au prochain épisode...
Pour ceux qui auraient raté la première possibilité, elle s'est entrevue à Madagascar, il y a très exactement un an. L'expérience était à renouveler. Quelques jours de pur farniente ne fait pas de mal quand la fin du voyage (et des vacances) pointe le bout de son pif. Pour nous, Phu Quoc n'avait guère d'autre objectif que de créer une bulle de détente, décélérer le rythme, dans un cadre taillé pour la glande. J'ai envie de dire, objectif atteint. Pour ceux qui resteraient sur leur faim je ne peux que les inviter à lire l'expérience de l'année passée, plus stimulante à bien des niveaux. Pour les autres, il reste quelques anecdotes à piocher dans le récit de ces quatre jours sur l'île du coq fou...
Jeudi 16 août
On est de retour au Vietnam. Dans l’extrême sud cette fois. Le van nous pose vers l’embarcadère de la ville de Ha Tien, en direction de l’île de Phu Quoc, où on a bien envie de se prélasser quelques jours avant d’entamer la dernière ligne droite du voyage et de remonter jusqu’à Ho Chi Minh Ville (Saigon), en passant par le Delta du Mékong.... la boucle sera bouclée.
Le bateau est plutôt spacieux. Des écrans plats diffusent une espèce de comédie musicale vietnamienne ultra chorégraphiée, aux costumes too much, et une ignoble reprise d’Isabelle Boulay en vietnamien. Je n'aurai jamais pensé regretter un jour l'original. Le volume est lui aussi tout sauf raisonnable, il doit être au moins à 11 !
Arrivée à Phu Quoc après deux heures de navigation. On est lâché tout au bout d’un long embarcadère bien enfoncé dans la mer, bien étroit aussi, et sur lequel les scooters semblent largement prioritaires. Nouveau mini-van rempli d’occidentaux. Le chauffeur demande si on a déjà un hôtel pour pouvoir nous déposer au bon niveau de la plage de Long Beach, sur le littoral ouest. Mais il n'en a cure et nous emmène tous dans le sien, en nous ventant son emplacement incroyable et ses prix défiant toute concurrence. On a déjà réservé trois nuits au Paris-Beach Resort, et il finit par accepter de nous y déposer.
On est accueilli par une vietnamienne, la cinquantaine souriante, parlant un français impeccable. Elle est en fait mariée avec un français, la soixantaine, bonne gueule lui aussi. Ils tiennent le bazar ensemble. L’accueil est complété par les quatre chiens de la maisonnée, un bâtard, un noir de la race que les vietnamiens aiment bien manger, un cocker et... un bouledogue français ! Guère besoin de préciser qu'il a une sale trogne. On prend nos aises dans un bungalow spacieux et meublé avec goût, dont l’entrée ouvre sur la mer. Le Golf de Thaïlande nous tend les bras, plages de sable fin et de cocotiers.
A la nuit tombée, on loue un scooter (environ 2€ la loc. !) pour se rendre à Duong Dong, ville la plus importante de ce côté de l’île, un peu plus au nord. Un marché de nuit s’étend en direction du port. Les nombreux étals y sont remplis de poissons (on ne peut plus) frais et de fruits (tout juste sortis) de la mer, qu’il suffit de désigner pour être servi quelques minutes plus tard, à la façon souhaitée. On se tente des brochettes de crevettes grillées, des coquilles St-Jacques et un autre type de petit coquillage assaisonné dans une sauce cacahouètes. Bon, on n’est pas bien sûr de ce qu’on a mangé, le personnel ne baragouinant pas le moindre mot en anglais. Il s'est d'ailleurs probablement planté dans la commande, vu le monde en train d'attendre et le chaos organisationnel qui semble régir le lieu.
On rentre au Paris-Beach. C’est Alice qui conduit bien sûr, le personnel fait des gros yeux. Je dois vraiment passer pour une lopette.
On s'endort bercé par le roulement des vagues.
Vendredi 17 août
Petit déj, en terrasse, à quelques pas de l’eau. On discute avec les proprios qui nous racontent deux trois trucs sur Phu Quoc en vue des jours à venir. Ils nous préviennent de ne pas acheter de coquillage à perle au marché, car ce sont des petites perles achetées en Chine qui sont insérées dedans. Comme si j’avais la moindre chance de tomber dans ce genre de piège ! pour rappel, la dernière fois que j’ai acheté des saphirs en Thaïlande en 2005 pour les revendre trois fois leur prix... c’était du verre.
La gérante nous raconte que son fils est une superstar à Saigon, chanteur et présentateur télé sur les chaines officielles ! Du coup, il n’arrête pas de se faire offrir des chiens par des fans (ça doit être dans leur culture), et les chiens se retrouvent... au Paris Beach, d'où la meute qui n'arrête pas de nous coller aux basques. Le cocker a un bon trip : il est raciste envers les vietnamiens, et aboie à mort dès qu'il en flaire un passer ! Il est mal tombé. Et le bouledogue, je commence à m'y faire, ça devient un pote.
Un nuage gris arrive sur nous, les patrons nous conseillent d’attendre qu’il passe avant d’aller se balader. Il ne passera pas ! Des goutes commencent à tomber, de plus en plus grosses, le vent se lève, la mer fait des bonnes vagues…. c'est la tempête toute la journée. Une journée qui, du coup, est un échec.
On en profite donc pour faire quelque chose qu’on apprécie pas mal : RIEN. Glander dans le bungalow, écouter la pluie, le vent et les vagues se jeter violemment sur la plage.
On n’en sort que pour dîner à l’abri de la terrasse de l’hôtel, une bonne dorade de mer grillée (entière) au beurre et au citron. Et c'est déjà pas mal.
Samedi 18 août
Petit déj en compagnie de mon pote le bouledogue. La gérante nous explique que le mauvais temps est dû à un typhon de force 5 qui est descendu des côtes chinoises jusqu’à Hanoï, provoquant de graves dégâts à la capitale, des arbres arrachés en centre ville et même trois morts. Nous voilà rassurés. Mais elle nous dit que Phu Quoc est globalement épargné par ces phénomènes et que ça ne va pas durer. Effectivement, la météo semble s'améliorer quelque peu… on tente une sortie à pieds !
Tout le long de la route, on découvre des stations essence qui rivalisent de taille et de style.
On continue la balade les pieds dans l’eau et le sable, avec les cocotiers penchés, les bars de plage et les séries de bungalows plus ou moins luxueux qui inondent le littoral. Grand bain d’air marin, sous un temps mitigé mais peu pluvieux.
Arrivée en ville, traversée du port et du marché local. On est presque les seuls à pieds, les vietnamiens descendent à peine de leur scooters pour acheter ce qu’ils sont venus chercher au gré des étals. Ils parcourent les allées en klaxonnant et en faisant pétarader leurs moteur. Pas cool, trop de bruit. On se réfugie dans un coin reculé de la ville, où on est, pour le coup, un peu perdu.
Le soleil a refait son apparition et commence à cogner. Je cherche à changer de l’argent, le gars me gueule "Monday !" et me fait un signe, genre dégage. On se retrouve en pleine sortie d’école, au milieu des élèves rentrant chez eux en vélo et arborant tous la même tenue, pantalon sombre, chemise blanche et petit foulard rouge.
On ne croise pas beaucoup de touristes, la haute saison est plutôt entre décembre et janvier ici (avec des prix trois fois plus élevés). Par contre on tombe régulièrement sur des chinois ou des japonais avec des caméras énormes et des perches pour prendre le son, pour avoir... des souvenirs de vacances ! Certains élaborent même des scénarios et réfléchissent à des séquences vidéos pour pouvoir chapitrer le film : "achat d'un chapeau au marché" sera donc suivi de "prière avec bâton d’encens dans le temple", etc. Ils sont bien taré. Quoi que je fais bien un blog qui me prend des heures à écrire pour mettre en scène mes propres vacances… je devrais aller consulter moi aussi.
Retour en taxi au Paris Beach. Le soleil est toujours de la partie, on profite de la fin d’après-midi pour se baigner. La mer est presque tiède et fait encore de grosses vagues. Une femme un peu âgée me propose un massage complet. Ok. Elle en vient aussi à m’épiler le dos au fil (ça fait trop mal), et puis les jambes d’Alice pendant qu'elle y est.
On est paisible ici, à se reposer en se laissant bercer par le tumultueux vrombissement des vagues.
La nuit tombe rapidement. Pour le dîner, la question n'est pas de savoir si on va manger du poisson, mais plutôt comment on va le déguster. Ce soir, c'est curry.
Dimanche 19 août
Encore un réveil tranquille et un bon petit déjeuner face à la mer. Les scooters de l'hôtel ont tous été loué, on se replit sur de bonnes vieilles bicyclettes (sans vitesse) pour découvrir un bout d’île. On hésite entre la fabrique de Nuoc Mam (sauce obtenu par la macération de poisson, Alice ne supporte pas), le parc naturel (devenu une zone militaire infranchissable), et une cascade qui fait couler beaucoup d'eau (oui je sais, c'est nul). Ça sera la cascade.
Elle est à environ 6 km vers l'est, on emprunte un petit sentier de terre rouge bien cabossé, avant de rattraper une fine route goudronnée envahie par de gros camions. Depuis l’entrée, encore 2 km à parcourir à pied dans la forêt, le long de la rivière, avant d’arriver à la fameuse chute d’eau. Autant le dire tout de suite : c’est véritablement incroyable. Deux pauvres jets sortent d’un rocher, et des vietnamiens s’amoncellent autour, qui pour se laver les cheveux sous le jet, qui pour se baigner tout habillé, qui pour se bourrer la gueule avec ses potes. On comprend qu’on est dimanche, et que "le dimanche à Phu Quoc, c’est biture à la cascade". Sur le chemin du retour, on croise encore des tas de bandes de potes, packs de bière sous le bras. Des détritus jonchent le sol de partout, les habitants jettent absolument tout par terre.
Retour en vélo, ça n’a servi à rien, mais on a fait une bonne promenade, qui se ponctue naturellement par une baignade rafraichissante au retour. Le truc sous le bras d’Alice va nettement mieux, ça part en croûte et en peaux mortes, ça ne lui fait plus mal, on est sur la bonne voie. Par précaution, elle ne trempe quand même que ses pieds.
Le soir, je me laisse tenter par une marmite de poisson-chat au caramel (comme dirait Sylvain, ça tape), pendant qu'Alice se régale de nouilles à la seiche et aux crevettes. L'île n'a pas eu de mal à nous insuffler son rythme au ralenti, et paradoxalement, ces quatre jours sont passés si vite qu'on prend juste conscience que le départ, c'est déjà demain. On n'aura pas foutu grand-chose, mais ça nous aura fait du bien.
Lundi 20 août
Lever aux aurores pour le grand départ de l’île. Un mini-van nous fait rejoindre le « Superdong III », le bateau qui va nous transborder sur le continent, dans la ville de Rach Gia. Le Dong étant la monnaie vietnamienne, c’est un peu comme si leur bateau s’appelait « superdollar ». Classe.
Pendant la traversée, on a de nouveau le droit à une farandole de clips vietnamiens de toute beauté. Toujours la même rengaine, des demandes en mariages avec à la fin l’un des deux qui meurt, écrasé par une voiture au ralenti, suicidée car ce n’était pas un mariage d’amour, ou suite à une grave maladie fulgurante. S’ensuit un excellent Jackie Chan. On est gâté.
Nos pieds finissent par fouler la terre ferme. Il ne nous reste plus qu’à trouver le bus en direction de Can Tho, au cœur du Delta du Mékong.
Suite et fin au prochain épisode...