15 août 2012

Le Laos, terre de paix - part 2

Mercredi 15 août

Voici donc mon deuxième passage éclair au Laos. Ma première claque. L'un des pays où j'avais le plus envie de revenir. J'ai attendu sept ans, et même si les choses ont forcément évoluées, j'ai retrouvé le même pays, et surtout les mêmes habitants, toujours aussi délicieusement à la ramasse, calmes et souriants en toute circonstance. Lors de mon premier passage au Laos, j'avais sillonné le centre/nord du pays (pour les nostalgiques et les curieux, récit à relire ici). Cette fois, c'est l'extrême sud du pays que j'ai pris le plaisir de découvrir, et avec Alice, pour ne rien gâcher. Et je dois avouer que j'y resterai bien encore quelques semaines de plus...

Lundi 6 août

Le bus pour le Laos est censé nous prendre à l’hôtel à 7h30. On a faim. Commande d’un gros petit déjeuner vers 7h, on a conscience qu’on n’aura sûrement pas l’occasion de faire un vrai repas dans la journée.


Et le bus arrive… j’avais oublié de vérifier l’horaire, le bus était en fait à 7h ! Annulation de la commande et branle bas de combat pour aller descendre les bagages de la chambre et prendre place. Le bus fait la tournée des hôtels avant d’accueillir encore une bonne vingtaine de personnes en plus, "installés" sur des mini tabourets en plastique dans l’allée centrale.


Première pause sur le trajet. Des petites vieilles vendent des Banh Mi, sandwiches qu’elles préparent en direct en enfouissant des simili-patés ou des préparations en sauce à la viande dans une mini baguette. Même si un piment meurtrier au milieu donne un sacré coup de fouet... c'est bon.

Alors qu'un mec de l’allée centrale commence à s’endormir sur mon épaule, une fille me demande d’un regard si elle peut reposer sa tête sur ma cuisse. Ils dormiront sur moi... l’intégralité du trajet.


Arrivée à la frontière. On nous demande 35$ par personne pour les visas laotiens. Impossible de payer par carte, ni en Euros, et il ne nous reste plus assez de Dongs. Par chance, j’avais pensé à ramener des Kips (monnaie laotienne) qui me restaient sur les bras de mon voyage en 2005. Et j’ai exactement la somme nécessaire ! On est censé donner une photo d’identité, on n’en a pas… en fait le mec s’en fout et nous laisse passer. Pas trop regardants les laotiens. De l’autre côté du bureau, un collègue en uniforme est en train de faire un solitaire sur son ordi.

Le bus continue sa route en terre laotienne. Je suis trop content d’être de retour au pays qui écoute les grains de riz pousser. Long trajet sans croiser (ou presque) le moindre village, se faufilant entre forêts primaires et secondaires. J’avais oublié à quel point le Laos était peu peuplé et la nature envahissante.

Le bus arrive en fin de journée à lac gare routière de Savannakhet. La fille qui m’a dormi dessus m’offre un gros paquet de biscuits en guise de remerciements. Oui, j’ai prostitué ma cuisse.

On est plutôt motivé pour dormir dans cette ville, mais on voit que des bus partent le soir même pour Paksé, plus au sud. Ici personne ne parle français ni anglais, c’est la merde pour obtenir une info. On prend une moto tuk-tuk pour nous amener retirer de l’argent en ville et nous ramener à la gare routière. On voudrait pouvoir réserver un hôtel à Paksé, car on imagine qu’à 2h du matin, on aura du mal à trouver un logement. Sans wi-fi, on ne sait plus comment s’y prendre ! Je parviens finalement à emprunter le portable d’un chauffeur de tuk-tuk, en lui montrant les numéros à appeler sur le Lonely, et à réserver une piaule pour le soir même. La réceptionniste parle anglais, et m'invite à bien frapper à la porte à notre arrivée. Impeccable. On prend place dans un bus, la chaleur y est étouffante, les passagers nous regardent bizarrement, il ne doit pas y avoir beaucoup d’étrangers qui prennent ce bus local.
On se rend compte qu’on n’a quasiment rien avalé de la journée, et les biscuits offerts par ma compagne de bus s’avèrent salvateurs.

Arrivée un peu après 1h du matin à Paksé, le bus nous lâche au milieu de pas grand-chose. Un tuk-tuk nous dépose à la guest-house. Un peu pourrie, avec une chambre qui pue le renfermé. Mais on est arrivé, et c’est quand même panache !


Mardi 7 août

Réveil en milieu de matinée, après une bonne nuit reposante. La chambre pue toujours autant. On file à l’extérieur prendre le pouls de Paksé. C’est une petite ville, peu de circulation, des bâtiments qui culminent à deux étages, une ambiance tranquille, mais rien d’exceptionnel à priori. C’est surtout une ville jonction entre les différents spots prisés du sud Laos. Petit déj bien complet, avec omelette, jus de fruit frais, mais aussi muesli au yaourt et Pancakes au sirop. Et puis du café top, provenant du plateau des Bolovens, à l’Est de la ville, qui produit un café réputé et l’exporte dans le monde entier.

Le plateau des Bolovens est d’ailleurs notre prochaine destination. Mais comment y aller et y circuler ? On hésite un peu. Il y a l’option « 1 day tour » avec un minibus qui nous emmène directement voir les plantations de choux et de café, les grandes cascades cachées à droite à gauche, avec une pause dans la ville de Paksong, ce qui semble le plus ressembler à un bled sur le parcours. Option n°2 : louer des motos (scooters à vitesses) pour se rendre sur le plateau et le parcourir à notre guise en plusieurs jours. Des français nous ventent les mérites d’une telle escapade, en insistant sur le fait que les scooters sont faciles à conduire. Deux autres françaises reviennent aussi de plusieurs jours en moto : elles nous disent qu’il pleut tout le temps là bas, que les chemins sont boueux et casse gueule, que c’est vraiment du sport, et que les cascades sont invisibles car nimbées de brume. Mouais. On finit par opter pour l’option n°3 : se rendre à Paksong en bus et voir ce qu’il est possible d’organiser de là-bas, au cœur du plateau.

C’est dans une sorte de « camion Tuk-tuk » qu’on va faire le trajet, à la faveur du vent. Un vent qui se rafraichit à mesure que le véhicule grimpe en altitude (le plateau culmine à 1300 m). Dans le machin, un vieux avec des habits militaires de Korée nous fait de grands sourires édentés. Tout le monde est plutôt « friendly » avec nous. Il faut dire que les laotiens ne sont pas des énervés. Le tuk-tuk nous dépose devant une guesthouse à Paksong, peut-être la seule de cette toute petite ville aux allures de far west. Les tenants de la maison parlent un peu français. La chambre donne vue sur un petit lac (ok, un étang) avec des pêcheurs.

Le cœur du village est à 1 km à pied de la Savanna Guest House. Le Lonely Planet recommande de rendre visite à un hollandais passionné de café, qui a pour autre intérêt de posséder le seul point wi-fi de la bourgade.


Tous les tours s’arrêtent chez lui, il y a déjà du monde à notre arrivée. Celui qui se fait appeler Koffie vit ici depuis quelques années. Il a la soixantaine, semble avenant mais speed. Il doit se boire chaque jour des litres de café. Il a un fils de 3 ans (avec une jolie coupe mulet) qui regarde des conneries japonaises sur youtube. Koffie fait griller du café devant les touristes en présence, en remuant les grains continuellement pendant 15 minutes environ, le temps qu'ils passent de jaune à noir ou marron. Il les fait ensuite sauter sur un plateau de bambou. Une délicieuse odeur de café grillé a envahit l’espace. Il ne reste plus qu’à moudre les grains à l'aide d'un moulin à main, et on peut déguster un café succulent, on ne peut plus frais.





En parlant de frais, il ne fait pas chaud ici, et le ciel est complètement couvert, avec de régulières averses. On fait une croix sur les motos et on décide de rester se reposer ici pour la fin de la journée. Tous les autres sont partis, mais on est vite rejoins par un couple français un peu plus jeune que nous, Ivan et Aude, enthousiastes et funs. On passe donc l’après-midi à tchatcher et à boire des cafés, avec Koffie jamais bien loin, et ramenant toujours les discussions à la seule chose qui semble lui tenir à cœur dans la vie : le café. Tout autour, la vie semble s’être ralentie. Aucune agence ne s’est installée ici, on a l’impression que l’option n°3 ne va pas nous permettre de faire grand-chose !

Le soir, on s’installe avec nos nouveaux amis dans le seul resto ouvert, semble-t-il. A peine assis, une nana allume un foyer de charbon au centre de la table, avant de déposer devant nous deux récipients remplis de feuilles de salades, de nouilles de riz crues, de tiges de plantes… et des assiettes pleine de viande crue (bœuf, canard, lard, couenne) saupoudrée de sésame. C’est une sorte de fondue chinoise (on apprendra plus tard que c'est en fait une spécialité cambodgienne, le "Cambodian BBQ" !). On dépose les morceaux de viande sur une sorte d’égouttoir renversé posé au dessus du foyer fumant, et on verse de l’eau dans une rigole tout autour, pour y faire cuire les plantes et les nouilles. On presse un peu de citron sur le tout, et on remplit nos petits bols avec tout ce qu’on veut, en ajoutant un peu de sauce piquante à envie. Un régal. Et personne ne nous a demandé ce qu’on voulait manger, c’est un peu en mode cantoche, J’adore. Ivan et Aude sont vraiment rigolos, on passe un bon moment ponctué d’anecdotes de voyages (ils ont bien vadrouillé et méritent un diplôme de galère niveau 2 ou 3)… et arrosé de beerlao, bien sûr.


Notre guest house n’est pas à côté et on se prend une grosse radée au retour. On est bloqué pendant vingt bonnes minutes, abrités sou un bout de toit de boutique fermée, en attendant que le déluge se calme. On arrive trempé dans la chambre après avoir parcouru les 500 derniers mètres à la frontale. La ville est complètement morte. On ne va sans doute pas rester longtemps ici !


Mercredi 8 août

Comme prévu, on se retrouve à 9h30 chez Koffie, avec Ivan et Aude. On avale quelques petites bananes et… du café, évidemment. C'est vrai qu'il est bon. Koffie demande à Ivan et Aude s’il les a déjà vu. M'est avis que notre ami commence à légèrement tourner de la carafe.



Un autre couple belge se joint à nous pour suivre Koffie dans les plantations autour du village. Il nous montre différents caféiers et nous explique la différence entre les robustas (tronc  blanc, grande taille, poussent en dessous de 1200m) et les arabicas (plus petits, feuilles qui ressemblent à du plastique, poussent entre 1200 et 1800m d’altitude). Pour pouvoir survivre, les caféiers ont donc besoin d’altitude et d’une terre poreuse, volcanique, afin de boire suffisamment mais sans jamais patauger.




A chaque phrase, il insiste sur le fait que son café est le meilleur du monde. Il est quand même cheulou le hollandais. Il répète : « Nespresso fait de très bon café. Moi, je fais simplement le meilleur du monde », puis souris, satisfait. Il dit qu’il aurait aimé avoir l’idée de la chaine Starbuck Coffee. Et qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais café, tout dépend de comment on l’aime. Avant de réaffirmer que son café est... le meilleur du monde. On s’enfonce un peu dans une plantation de caféiers, des sangsues viennent becter les pieds d’Ivan et Aude, restés en tatanes. De notre côté, on est en futal, chaussures de marche et goretex… il fait vraiment frais dans les hauteurs. Mais le soleil fait presque un début d’apparition pendant quelques instants, fait assez rare ici.

Koffie est fou, mais il est bon trip : il demande à tous les visiteurs d’aller acheter de l’excellent café et de le boire à sa santé le 4 mars, jour de son anniversaire. L’idée que des tas de gens boivent du bon café ce jour là lui plait, c’est le plus beau cadeau qu’il puisse avoir. Il est vrillé. Lolo, si tu veux vivre une retraite tranquille à fumer des clopes et boire du café, tu peux aller le rejoindre. On viendra pas te voir souvent, mais tu seras bien.



A midi, repas au même resto que la veille, même fondue chinoise, on est fan. Ivan et Aude nous font toujours autant marrer. Ils nous avouent essayer de s’inscrire à l’émission « Pékin Express » !




On fait des signes à un Tuk-tuk pour qu’il s’arrête, retour à Paksé. A la gare routière, à peine prononcé la destination Don Khong, des gars nous on déjà mis les bagages dans un autre Tuk-tuk. On a à peine le temps de dire au revoir à Aude et Ivan, qui s’en vont de leur côté à Vientiane, la capitale, bien plus au nord.

Les trois heures de route sont agréable, on a l'impression de passer un bon moment avec les laotiens passagers (de toutes les générations), même si ça ne passe que par des regards et des sourires. L’engin s’arrête au bon vouloir des passagers. Arrêt pour récupérer un cochon en le tirant par une oreille, provoquant les couinements stridents de la bête, et le ficeler au véhicule.



Arrivé à Si Phan Dong, territoire dit des « 4000 îles », qui marque l’extrême sud du Laos. Le Mékong s’élargit à ce niveau et de nombreuses îles, plus ou moins grandes, apparaissent  entre les deux rives, sur plusieurs dizaines de km, jusqu’à la frontière avec le Cambodge. Le coin tire surtout ce nom de l’impression laissée lors de la saison sèche, lorsque le Mékong, au plus bas, laisse des centaines de petits îlots éclore entre les eaux. En pleine saison des pluies, il y a surtout une vingtaine d’îles qui sortent  du lot, dont Don Khong, la plus grande (sur laquelle on souhaite poser nos valises), Don Det et Don Kon, des petites « iles à touristes » où les visiteurs se reposent généralement dans des hamacs au bord de l’eau, en se faisant servir des happy cakes, happy pizza, et tout autre type de denrée précédée du mot happy. mais on peut aussi s'y procurer de la marijuana en  toute facilité, sans qu'elle soit cachée dans de la nourriture !

Le tuk tuk monte sur un petit ferry qui traverse rapidement le bout de Mékong qui nous sépare de l'île Don Khong, avant de nous transporter jusqu’à Muang Khong, son village principal, quelques 4 km plus au nord.



Il fait déjà nuit. Quelques occidentaux trainent dans la petite enfilade de Guest Houses et restos au bord du fleuve, mais l’ambiance est plutôt au calme. On s’installe à la Souk Sabay Guest House, grande chambre paisible, et pas de télé. Dégustation de délicieux laap, spécialités laotiennes qui m'avaient manquées : salades de poisson, poulet ou porc assaisonnées de la coriandre fraiche, menthe, citron, citronnelle, piment et plein d’autres herbes et épices du cru. Alice trouve ça trop épicé, moi je me régale. On est vraiment détendu.


Jeudi 9 août

Réveil un peu paresseux, no stress. Petit déj bien complet sur une terrasse sur pilotis au bord du Mékong.

On décide de louer des vélos à la guest house. De bonnes vieilles bicyclettes, sans vitesse, mais particulièrement agréables à conduire. Départ vers midi, on fait tout le tour de l’île en 5h environ (environ 45 km). Balade tranquille le long du littoral, entre les rizières, dans lesquelles le travail ne s’arrête pas. Les paysans arrachent des touffes de riz agglutinés pour les replanter à intervalle régulier, de manière plus aérée. N'ayons pas peur de le dire : ils font le maillot à la rizière.





Petites pause devant une maison pour boire un coup. Une femme confectionne un toit de temple avec des feuilles de bambou pour décorer les piquets de l'enclos qui entoure son terrain. Son fils, apprenti moine, se balade drapé d'orange.


On zigzague entre les troupeaux de bœufs, qui se baladent en liberté. En nous voyant passer, les enfants (et pas que) sautent et font de grands signes en hurlant « SABAÏDIIIIIII ! SABAÏDIIIIIIII ! ». Toutes les personnes qu’ont croisent accueille nos regards par de grands sourires, on se sent vraiment bienvenus. Ai-je déjà dit que j’étais amoureux du Laos ?



Parfois, les nuages s’amoncellent et des averses orageuses se mettent à tomber. On s'abrite alors avec les habitants sous leurs maisons sur pilotis, et on essaye d’échanger quelques mots… mais surtout des sourires. Et jamais le moindre début de tentative de nous vendre quelque chose sans qu'on leur en fasse la demande.






Dans les villages, l’occupation principale semble être la Pétangue, dérivée (mais alors de très près) de notre bonne vieille pétanque ! Plus la journée avance et plus on sent de l’affluence sur les nombreux terrains. On atteint un pic à l'heure de l'apéro... non, vraiment, c'est le même "sport".

On croise aussi quelques vieux temples « à la Laotienne », avec la juxtaposition de trois toits aux arrêtes bien affutées, et des dragons-serpent et autres créatures mythologiques qui fleurissent dans tous les angles et recoins. Ces temples sont vraiment les plus beaux d’Asie. Oui, j’ai bien conscience d’être parti pris, et en tout point subjectif, mais j’ai le droit. Tout autour des temples, les moines vaquent à leurs occupations (= se reposent).





Le soir, bouffe excellente : poisson au lait de coco avec des légumes un peu croquants et des pousses de bambous. Un régal absolu. Je crois qu’on va se plaire ici. Alice est elle aussi ravie d’être dans un endroit aussi reposant.


Vendredi 10 août

Réveil plus précoce, on a réservé un tour en bateau pour se balader sur d’autres îles de l’archipel. On est une dizaine dans le petit bateau à moteur, qui se dirige vers le sud. Le trajet dure environ 1h30, on a tout loisir d’observer les nombreuses îles, dont la plupart semblent à l’abandon, avec une nature qui a reprit le dessus. De ci de là, des cimes d'arbres dépassent du niveau de l'eau, donnant le preuve de l'existence de nombreuses îles immergées.




Arrivé aux abords de Don Det, on s’aperçoit que tout le littoral est pris d’assaut par les hôtels, qui proposent invariablement des chambres avec terrasse et hamac, donnant vue sur le Mékong. Et ce sur plusieurs kilomètres. Don Khong est nettement plus au calme, avec un tourisme moins envahissant. Don Det est relié à Don Kon, autre "paradis pour voyageurs, par un petit pont. C’est ici qu’on est débarqué.

Balade sur cette petite île qui propose aussi son lot de guest houses, de restos et de boutiques. On emprunte une ancienne voie de chemin de fer pour s’éloigner du village. Un peu plus loin est exhibé le cadavre d’une locomotive, utilisée par les français pendant la colonisation du pays. En continuant le long du littoral, on traverse des temples et des petits ponts, et on se réfugie sous un porche le temps d'une bonne averse. Des enfants en profitent pour se rouler par terre en riant sous la pluie, et essayent de monter en même temps sur un vélo trop grand pour eux.







Le temps se calme, le chemin aboutit à une zone de cascades. L’eau rougeâtre du Mékong se déverse avec force entre arbres et rochers, sur une bonne largeur, offrant un spectacle naturel et assourdissant.



Pendant la balade, on s’est rapproché de Nicolas et Faustine, un couple de français de notre âge, from Orléans, qui était sur le même bateau. On suit les flèches pour accéder au « no man’s land » appelé plage (sur laquelle il est interdit de se baigner), avant de rebrousser chemin pour aller avaler un bout. Au passage, je m’achète un marcel « BeerLao » rose, de première classe.


Après un repas moyen en compagnie de chats tout maigres et à la queue cassée (comme  partout dans le pays), retour sur le bateau, qui repart une trentaine de minute pour déposer tout le monde sur le continent. Un minibus nous prend pour nous emmener plusieurs dizaines de km plus au sud et aller admirer une autre cascade « tête d’affiche ». En fait on n’avait pas payé pour cette partie là du tour, mais ça ne semble affoler personne. Le nouveau spot de cascade est effectivement cool, elle est elle aussi particulièrement large. Globalement, les cascades, je kiffe pas mal. Bon, on se pose un moment avec Nicolas et Faustine... et on se jette une petite beerlao au passage, faudrait voir à pas perdre le rythme.







De retour à la Guest House, un vieux qui parle français vient nous demander un peu de pognon pour s’être incrusté dans le van et être allé voir la cascade, mais beaucoup moins que ce que les autres ont payé… à condition de n’en rien dire au tour opérateur ! Malin le petit vieux. On lui lâche un bifton.

Le soir, on se retrouve avec Nicolas et Faustine autour d’une table et on mange une spécialité qui tue : du poisson cuit à l’étouffé dans une feuille de banane avec un assaisonnement qui déboite. Un must. Le repas, arrosé de beerlao et de (nombreux) mojitos, s’avère être un moment précieux, quoi qu'un peu flou sur la  fin. On s’entend définitivement bien avec nos deux nouveaux amis, et les discussions fusent et s'entremêlent, de légères à passionnantes. On parle beaucoup de musique (des grands amateurs), mais aussi de bouquins, de BD, de sport, d'histoire, de géographie, de comment enseigner ces matières, de coutumes laotiennes, de différences culturelles et sociales entre France et Laos. Le frère de Faustine habitant à Vientiane avec une laotienne, ils nous font partager les anecdotes sur la semaine passée chez l’habitant. On apprend au passage que la pire insulte qu'on puisse faire à un laotien est de l'appeler "Face de pieds" ! On rentre un peu ivres, mais plus que détendus.


Samedi 11 août

Réveil tranquille dans la matinée, on rejoint Nico et Faustine pour le petit déj. A la table à côté, un gars est en train de lire Le Trône de Fer ("A Storm of Swords"). Les copains vont louer des vélos. Avec Alice, on décide de ne rien faire du tout, de s’accorder une vraie journée de glande, entre sieste, lecture, écriture et tri de photos. Il fait trop chaud et moite dehors, on s’enferme donc toute la journée dans notre chambre climatisée !

C’est à la nuit tombée qu’on tente enfin une sortie, et qu’on retrouve avec plaisir Nico et Faustine, avec qui on partage encore un dîner parfait à tous niveaux. Le repas est servi n'importe comment, comme tous les repas au Laos (l'apéro arrive à la fin du repas, les plats servis dans un ordre aléatoire et sur un intervalle assez long, on a rarement ce qu'on a commandé...) mais ça fait parti du charme du pays. Et puis c’est notre dernier vrai repas laotien, alors on se fait péter le bide en partageant plein de plats : poissons curry, poisson coco, poisson grillé, laap de poulet, pad thaï, sticky rice (meilleur riz au monde)… et beerlao. C’est un régal de parler avec des passionnés de musique comme eux. Nico est plutôt hip-hop (MF Doom, Modern Mouse, Fuzatti…), et Faustine plutôt Death Country (16horse power, Woven hands…). On parle aussi de conditionnement social et culturel, de politique, de secrets de famille, de  photos, de collaboration pendant la guerre, de France-Afrique… et  pleins d’autres sujets passionnants, le tout dans une ambiance décontractée. Une vraie belle rencontre.

C’est totalement repus qu’on s’endort vers 23h.


Dimanche 12 août

C'est aujourd'hui qu'on est censé quitter le Laos. Sur le papier, tout semble rouler : départ en bus à 7h30 de l'île de Don Khong, 3h de trajet pour revenir à Paksé, et décollage de l'avion pour rejoindre Siem Reap au Cambodge à 13h20. On a de la marge. Sauf que le bus de 7h30 ne semble pas décidé à partir à l'heure. Il fait des tours dans le village pour prendre du monde, puis revient stationner devant les hôtels. A 8h30, c'est le vrai départ. Traversée du minibus en ferry avant de reprendre la route en direction du nord, à bonne allure, ça va le faire. Mais on croise un Tuk-tuk en panne, et les laotiens sont des gens gentils. Là où n'importe qui aurait laissé le véhicule se démerder, notre chauffeur s'arrête et, voyant qu'il n'y a rien à  faire, décidede tracter le tuk-tuk (style camion, assez gros) jusqu'à Paksé ! N'ayant pas de barre pour accrocher les véhicules, il en confectionne une avec une grosse branche et beaucoup de corde. Ça prend 40 bonnes minutes.





On continue, beaucoup plus lentement, avec un gros véhicule accroché derrière. On a perdu du temps, mais si tout va bien on devrait encore être à l'heure à l'aéroport, heureusement qu'on avait de la marge. Une demi heure plus tard, crack, l'accrochage pète ! Et c'est rebelotte, une vingtaine de minutes pour réaccrocher l'engin. On commence à être juste sur le timing.


Arrivée à une station près de la gare routière de Paksé. On descend nos sacs du toit pour faire signe à un tuk-tuk se s'arrêter. On demande à être posé à l'aéroport, on mime un avion. Ça semble parler au gars. mais on n'est pas seuls, et le tuk-tuk pose d'abord tous les autres passagers, un par un, en prenant son temps. L'heure tourne, je commence à lui taper sur l'épaule en essayant de lui signifier qu'on va rater l'avion. Bien sûr, ça n'a pas l'air de l'affoler, et il continue à poser celui-ci à l'hôpital, celui-là au marché... quand on arrive à l'aéroport, on est à seulement 45 minutes du décollage.

Mais l'aéroport est minuscule et... on est les premiers dans la salle d'embarquement ! J'explique à une Alice (étonnamment zen d'ailleurs) qu'on était très large, que je contrôlais la situation. On finit par embarquer dans un avion à hélices (ATR-72), petit mais donnant l'impression d'être bien entretenu. L'employé laotien au pied de l'avion a une pure touch. L'hôtesse de l'air à l'intérieur est belle comme un cœur

Ce passage sur les 4000 îles nous a complètement rechargé. On se sent prêt à affronter le tourisme débridé autour des temples d’Angkor Wat au Cambodge…

L'avion ne tarde pas à décoller, et le Mékong à devenir de plus en plus fin, jusqu'à ne représenter qu'un simple trait rouge au milieu de paysages invariablement verts... avant que le tout soit englouti par les nuages.


3 commentaires:

romain blachier a dit…

t'es parti dans quel cadre?

Anonyme a dit…

Yo !!!

Belle surprise ce blog simple et spontané relatant quelques péripéties alléchantes. Les photos sont belles et sincères (si si même celle avec ton Tshirt marcel rose hahaha !!!). Bref une vraie pause qui permet de changer d'air pour de vrai sans mauvais jeux de mots ...

La bise et profitez bien

Francis

Guillaume a dit…

Putaaaaaaaaaaiiiiinnnnnnnnnn !!!!!!!!!!! Comme ça a l'air chouette le Laos !! Dommage qu'il se soit fait absorber par les nuages...