Pekin - Vendredi 1er Septembre - 18h44
Que de jours ecoules depuis le dernier post ! La Mongolie me revient flouee par le temps qui passe, si lointaine deja. 1er Septembre... je devrais etre a Paris, je suis toujours la. Comme un con, serais-je tente d'ajouter, vous comprendrez pourquoi en lisant les lignes qui suivent. La vie est pleine d'imprevus, c'est encore plus vrai en voyageant. Mais ne tournons pas autour du pot. Nous etions encore en Mongolie en cette fin de journee, le 21 Aout 2006...
On file rejoindre Jojo qui recupere la cle de Noemie, on le remercie pour tout, puis direction de la gare en taxi. On a le temps, mais on n'est pas non plus exceptionnellement en avance. Arrives devant la gare, le taxi s'arrete un peu au dela du depose-minute central. Ils sont deux a l'avant. L'un sort, l'autre reste. Il enleve d'un coup un objet de devant le compteur et nous montre le prix a payer : 9999 Togrods ! Alors que le court trajet valait 500 environ... on lui donne 1000 en se disant qu'il a oublie une virgule mais non, il en veut bien 10000. La, on s'apercoit que le gars qui etait devant bloque la portiere arriere avec 2 ou 3 autres potes bien baraques. Ils font les enerves et nous font comprendre qu'on ne montera pas dans le train si on ne paye pas ! C'est vraiment stupide de se faire avoir comme ca si pres du depart, d'avoir cette derniere image de la Mongolie. On ne cede pas, on reste fermes (sans non plus en mener large), on dit que ca ne vaut pas ce prix, on attend. Leo met discretement ses billets de 10000 de cote et montre finalement quelques billets en disant que c'est tout ce qui nous reste, environ 3500 T. Le gars les prends et nous les rebalance a la gueule. C'est 10000 qu'il veut. Il finit par nous laisser sortir en empochant cette somme, voyant qu'on n'est absolument pas enclin a payer plus. Un moindre mal, mais on se serait bien passe de l'experience. Notre train part dans 10 minutes, ca devrait le faire. Sur les quais, j'entends soudain "DEad ! ". Je sursaute. Mais oui c'est bien moi qu'on appelle, j'apercois Fabienne et son copain qui se dirigent vers nous ! Fabienne, c'est une fille que j'ai rencontre cette annee a Rome et qui bossait a la FAO avec Roots. Je crois aussi que c'est une copine de la cousine de ce dernier... bref, on avait visite la villa d'Adrien ensemble et on s'etait bien marre, je savais aussi qu'elle faisait un voyage semblable au mien, mais ca fait toujours bizarre de voir une tete connue dans un endroit si eloigne. On a juste le temps d'echanger nos positions respectives dans le train, il faut embarquer. Compartiments a quatre couchettes. Tous sont ouverts, sauf le notre qui est bloque ! Un autre francais de 38 ans, Xavier, attend devant. On est les trois francais du wagons, on est les trois cons. Tout le reste est occupe par des equipes mongoles de basquet avec leurs maillots numerotes au dos. Sur les quais, toutes leurs familles sont la pour les encourager en balancant des liquides laiteux sur les rails avec des petites cuillers, pour leur porter chance sans doute. Le train part, on est toujours comme des cons avec nos gros sacs devant la porte clause. Les portes ont oubliees d'etre nos amies pendant ce voyage. Finalement un mec arrive et l'ouvre... en forcant. La porte n'est plus refermable mais on peut se poser. Couchettes confortables et discussions interessante avec Xavier, speleologue fou et chercheur en sciences cognitives, puis Fabienne et son copain qui sont venus nous tenir compagnie. Ca echange experiences de voyages et reflexions sur l'evolution des robots, puis ca dit au revoir au 2 amis qui sortiront du train avant la frontiere au petit matin. Sympa de les voir ici.
Que de jours ecoules depuis le dernier post ! La Mongolie me revient flouee par le temps qui passe, si lointaine deja. 1er Septembre... je devrais etre a Paris, je suis toujours la. Comme un con, serais-je tente d'ajouter, vous comprendrez pourquoi en lisant les lignes qui suivent. La vie est pleine d'imprevus, c'est encore plus vrai en voyageant. Mais ne tournons pas autour du pot. Nous etions encore en Mongolie en cette fin de journee, le 21 Aout 2006...
On file rejoindre Jojo qui recupere la cle de Noemie, on le remercie pour tout, puis direction de la gare en taxi. On a le temps, mais on n'est pas non plus exceptionnellement en avance. Arrives devant la gare, le taxi s'arrete un peu au dela du depose-minute central. Ils sont deux a l'avant. L'un sort, l'autre reste. Il enleve d'un coup un objet de devant le compteur et nous montre le prix a payer : 9999 Togrods ! Alors que le court trajet valait 500 environ... on lui donne 1000 en se disant qu'il a oublie une virgule mais non, il en veut bien 10000. La, on s'apercoit que le gars qui etait devant bloque la portiere arriere avec 2 ou 3 autres potes bien baraques. Ils font les enerves et nous font comprendre qu'on ne montera pas dans le train si on ne paye pas ! C'est vraiment stupide de se faire avoir comme ca si pres du depart, d'avoir cette derniere image de la Mongolie. On ne cede pas, on reste fermes (sans non plus en mener large), on dit que ca ne vaut pas ce prix, on attend. Leo met discretement ses billets de 10000 de cote et montre finalement quelques billets en disant que c'est tout ce qui nous reste, environ 3500 T. Le gars les prends et nous les rebalance a la gueule. C'est 10000 qu'il veut. Il finit par nous laisser sortir en empochant cette somme, voyant qu'on n'est absolument pas enclin a payer plus. Un moindre mal, mais on se serait bien passe de l'experience. Notre train part dans 10 minutes, ca devrait le faire. Sur les quais, j'entends soudain "DEad ! ". Je sursaute. Mais oui c'est bien moi qu'on appelle, j'apercois Fabienne et son copain qui se dirigent vers nous ! Fabienne, c'est une fille que j'ai rencontre cette annee a Rome et qui bossait a la FAO avec Roots. Je crois aussi que c'est une copine de la cousine de ce dernier... bref, on avait visite la villa d'Adrien ensemble et on s'etait bien marre, je savais aussi qu'elle faisait un voyage semblable au mien, mais ca fait toujours bizarre de voir une tete connue dans un endroit si eloigne. On a juste le temps d'echanger nos positions respectives dans le train, il faut embarquer. Compartiments a quatre couchettes. Tous sont ouverts, sauf le notre qui est bloque ! Un autre francais de 38 ans, Xavier, attend devant. On est les trois francais du wagons, on est les trois cons. Tout le reste est occupe par des equipes mongoles de basquet avec leurs maillots numerotes au dos. Sur les quais, toutes leurs familles sont la pour les encourager en balancant des liquides laiteux sur les rails avec des petites cuillers, pour leur porter chance sans doute. Le train part, on est toujours comme des cons avec nos gros sacs devant la porte clause. Les portes ont oubliees d'etre nos amies pendant ce voyage. Finalement un mec arrive et l'ouvre... en forcant. La porte n'est plus refermable mais on peut se poser. Couchettes confortables et discussions interessante avec Xavier, speleologue fou et chercheur en sciences cognitives, puis Fabienne et son copain qui sont venus nous tenir compagnie. Ca echange experiences de voyages et reflexions sur l'evolution des robots, puis ca dit au revoir au 2 amis qui sortiront du train avant la frontiere au petit matin. Sympa de les voir ici.
Petit matin donc, apres petite nuit reposante bercee par le ronronement du train traversant dans l'obscurite la plus totale le desert de Gobi. On s'arrete trois heures pour passer la frontiere en restant dans le compartiment. Les autorites mongoles demandent passeports et declarations de biens, Leo retrouve son papier a la derniere seconde. Ca prend du temps. Les compartiments sont fouilles dans les recoins. Ca passe. Encore un ou deux km dans un no man's land de steppes entourees de grillages et de barbeles, puis c'est au tour de la douane chinoise. Aucun probleme. Trop facile cette frontiere, on reviendra. On pose enfin les pieds sur le sol chinois et on trouve un homme et une femme qui nous attendent pour nous faire prendre le bus. On a leur photos sur une carte pour les reconnaitre, c'est super bien organise. Il changent notre monnaie en Yuan chinois (1 Euro = 10 Yuan) puis direction la gare routiere en minibus avec nos potes de l'equipe de basquet. La bas on va se ravitailler dans un petit resto tout simple qui nous sert un plat de poulet absolument delicieux avec cacahouetes, sauce aigre douce, ail etc... un vrai plat chinois, bon et complet. C'est un bonheur, on se rend compte qu'on va beaucoup mieux manger ici qu'en Mongolie. Installation dans le grand bus aux trois allees de doubles couchettes, on est bien. Les steppes de la Mongolie interieure qui continuent a nous entourer sont peu a peu plongees dans le noir. Il est une heure de moins ici (France +6), le soleil se couche donc plus tot. Traversee sereine et comfortable sur des routes sans accrocs, je laisse mes pensees vagabonder sur les paysages, je me sens tres heureux d'etre de retour en Chine. Je m'impregne a nouveau du pays a travers les ideogrammes des echoppes et au gre des pages de "L'eternite n'est pas de trop " de Francois Cheng, une histoire d'amour au XVIIeme siecle durant la dynastie des Ming. Je me projete aussi de maniere convulsive dans mon precedent voyage, il va sans dire. La frontale s'epuise sur les dernieres pages du roman et je m'eteins a mon tour dans cet habitacle silencieux. L'arrivee est matinale et le reveil penible, il est 5 ou 6 heure. On partage un taxi avec deux autres francais qui se font poser un peu avant nous. Nous c'est au Far East Youth Hostel qu'on devrait rejoindre Erwan, arrive sensement la veille. En fait on sait qu'il est arrive grace a un texto qui nous dit meme son numero de chambre. Le taxi nous pose dans un Hutong (petite ruelle) devant le grand batiment de 4 etages. Pas de place disponible pour nous avant midi, on demande si on peut rejoindre notre pote, ok. Chambre 123, on frappe. Petit bruissement, quelqu'un se casse la gueule... c'est bon, ca ne peut etre que lui ! Effectivement, sa tete endormie des grands jours apparait dans l'entrebaillement de la porte, les yeux quasi-inexistants et les cheveux en petard. Genial, on est content de se voir, si on est capable de se retrouver si facilement en Chine je ne vois pas ce qu'il peut nous arriver, on est vraiment trop fort.
On se pose au cafe d'en face (qui appartient aussi a la guest-house) qui propose des petits dej' anglais, americains, suisses, francais... allez, un peu de bacon, d'oeufs tournes, de tomate et de toasts au beurre-confiture, on revit. Erwan nous raconte son arrivee la veille, son premier egarement dans les hutongs et les quelques jours qu'il a passe a Rome juste avant. Et puis hop, on loue des velos (10 Yuan la journee !), on va pas se laisser abbatre, et on se perd une premiere fois dans des grandes avenues en direction de la place Tian'anmen, a 2 petits kilometres de la guest-house. On finit par y arriver. Une barriere doree en fait tout le tour, avec quelques ouvertures surveillees par des militaires. On pose les velos pas loin avant de penetrer dans l'enceinte de la plus grande place du monde. Reelement immense, meme si un grand batiment entoure d'arbres en son centre empeche de se rendre compte de la veritable longueur d'un bout a l'autre. Celui ci n'est autre que le mausolee de Mao (surnomme "Maosaulee" par les maitres du jeux de mots que nous sommes). Des touristes en pagaille s'amassent de part et d'autre de la place malgre l'heure matinale (8h ?). Un autre edifice immense du genre large obelisque a la gloire du communisme trone dans l'alignement du Maosaulee. Au Nord se profile une grande porte rouge-rose-violacee au toit chinois (en tuiles avec plein d'ornements et les pointes qui rebiquent) qui fait toute la largeur de la place, avec plusieurs passages. Au dessus du passage central, un tableau tout aussi immense de Mao qui nous regarde magistralement. Impressionant. On passe un moment la, et puis on se dit "allez, on se fait la cite interdite ". Et pourquoi pas ? Elle est la, nous aussi, autant commencer par LA tuerie de Pekin.
La cite interdite est veritabement grande, sorte de ville dans la ville (750 m de large, 1 km de long) impregnee de la grandeur megalo des dynasties Ming et Qing qui y vecurent pendant plus de 500 ans (debut XVeme a debut XXeme). Avec des centaines de palais rouges pourpres, de cours interieures, de longs corridors, de grandes esplanades et de jardins luxuriants, ces 72 hectars nous plongent brutalement dans la gloire et la grandeur passee. A l'epoque, la "Cité pourpre interdite" etait juste considérée comme le centre de la Terre, mettant la résidence impériale sur le même pied que le centre de l'Univers. Pourquoi pas. Entouree de douves larges de 52m et d'une muraille de 10 m de haut, on peut dire que l'ensemble a de la gueule. Les palais ont des noms sympas : "de l'harmonie", "de la tranquillité", de "la pureté" ou encore "de la longévité". Toutes les colonnes et murs sont rouges (symbole du bonheur), et des tuiles vernissées jaune impérial couvrent les toits incurvés en ailes de faisant. C'est la grande classe, a cela pres qu'il y a tellement de touristes que le charme du lieu en prend un coup... alors j'essaye de faire un effort d'abstraction, de me projeter au dela du brouhaha, loin dans le passe, de laisser libre court a mon imagination pour m'impreger des lieux... et j'y arrive, un peu. Mais c'est vrai que les touristes chinois sont frenetiques ! Ca se bouscule pour prendre sa photo devant tel ou tel palais, ca joue des coudes pour arriver aux barrieres permettant d'admirer les interieurs (heureusement pas directement accessibles sous peine d'etre reduit a neant en quelques jours...), ca colle ses mains sales sur les vitres des chouettes galeries d'antiquites qui agrementent de nombreux batiments mitoyens. Bref, ca pullule. Au dela de l'axe central alignant les grands batiments, il est plus facile de se perdre et de se retrouver seuls dans le dedale des petits palais de l'est et de l'ouest, avec leurs cours interieures pleines de charme. En sortant par la porte nord, on se fait bien etendu tomber dessus par des dizaines de vendeurs de babioles (cartes postales, lions miniatures protecteurs, cailloux qui font du bruit en s'entrechoquant dans l'air et autres conneries)... Erwan achete des cartes postales sous pretexte qu' "il en avait besoin". On fait le tour du "pate de palais" pour rejoindre nos velos, seulement attaches par un petit cadenas. Ici, un velo, ca ne se vole pas.
Sur le chemin du retour, on se perd un peu dans les hutongs etroits plutot que d'emprunter les grandes avenues. Normalement, les hutong ne devraient etre aligne que d'est en ouest, tres precisement, pour le feng shui... mais en fait il y en a un peu dans tous les sens, on ne leur en veut pas. On invente l'expression : "t'es con comme un hutong nord-sud ! ". Je ne sais pas si ca passera en France. On se pose a une table en exterieur en face d'une enseigne a l'aspect et la signification opaque. Le tenancier est tres souriant, il nous prend le lexique du routard des mains et nous montre : "raviolis ". Cool. On commande aussi trois bieres en les montrant, et puis du the. Les bieres (Tsingtao) sont claires et rafraichissantes, le the the leger mais agreable et les raviolis delicieux, baignant dans un bouillon qu'on boit jusqu'a la derniere goute. En tout, on en a pour... 16 Yuen a trois, c'est a dire 1,60 Euros... veritablement incroyable. On a simplement eu les prix locaux, pas ceux habituellement appliques aux touristes. Les gars attables a cote nous apprenent a compter jusqu'a 10, avec la voix et les mains. Je me rappelais un peu de l'annee derniere, c'est tres different de la France, super ludique et tres pratique pour negocier. De retour au Far East, on rend nos montures et puis on file se coucher apres avoir fait la connaissance de quelques francais. Ca nous coute 60 Yuan la nuit, c'est pas non plus bon marche mais c'est grand luxe je trouve, avec la clim', des lits larges, de la place pour ranger ses affaires, des douches communes bien chaudes, plein de lavabos et des chiottes avec des crochets (tres pratique)... la classe. On s'est leve tot, on s'est pris une grosse claque de Pekin dans la gueule, on est content d'etre la, avec un copain en plus. Un copain qui parle fort, un peu chiant et qui se casse la gueule partout, mais un copain quand meme. On se couche donc, contents.
Les jours de la semaine qui s'ensuit defilent a une vitesse fulgurante, avec un fil rouge commun ressemblant a : "p'tit dej occidental reparateur " le matin, "tueries chinoises " la journee, "tentative de bonnes decouvertes culinaires " a chaque repas et "regulieres virees festives " en soiree, le tout en se deplacant exclusivement en velo la journee et en taxi le soir. Beaucoup de rencontres et de fou-rires aussi. Mais parlons un peu de la ville. Tout d'abord, a Pekin, il y a du "smog". Le smog c'est cette nappe de brume blanchatre persistante cree par la pollution et posee sur la ville, empechant toute vue a distance, grignotant les buildings et meme les nuages. On a beau le savoir, on ne s'attend pas a une telle epaisseur, une telle omnipresence. Et puis Pekin est une "grande ville". La aussi on peut se dire "ouais, c'est bon, j'en ai deja vu des grandes villes..." mais la c'est vraiment grand, sans commune mesure avec ce que je connaissait. En regardant la carte de Pekin (rassemblant tout ce qui se trouve dans les quatre premiers peripheriques de la ville sur cinq), on se dit que tout est assez proche. On a l'impression que les rues ne sont pas si eloignees les unes des autres, qu'en velo pas de probleme. Et puis on le prend, le velo, on se retrouve lance dans la jungle urbaine, en essayant de respecter les feux, les lignes de demarcations entre voies des differents vehicules (chaque rue ayant une largeur plus ou moins grande reservee aux 2 roues), on pedale comme des fous en essayant de reperer les noms des rues, heureusement traduits en pinyin... et a chaque fois qu'on se repere sur la carte, on hallucine, on se rend compte qu'on a parcouru 2 cm. Du coup on fait beaucoup de velo, on se depense, on se construit des bons mollets bien muscles (hum). C'est tres agreable, si ce n'est la tonne de fumee d'echappement qu'on se prend dans la gueule a chaque trajet. Au debut la circulation fait assez peur, et puis on s'y fait, on se surprend a passer entre d'autres vehicules, a anticiper intuitivement les mouvements des autres et le passage des feux, on se met progressivement en pilote automatique en prenant de l'assurance et en comprenant le comportement des autres vehicules. Et puis a chaque carrefour, des employes a fanions et sifflets nous aident a lire les feux et nous indiquent quand passer. Typique de la culture chinoise du "petit boulot". Bon, le deuxieme jour de location, on a quand meme reussi l'exploit de casser nos trois velos et de rentrer a pied (5 km environ) a la guest house ! Le mien une pedale en moins, celui de Leo la fourche cassee et Erwan une roue toute voilee... bon score, apprecie moyennement par le loueur qui nous a quand meme rendu la caution. Avec Erwan, on a aussi reussi a convaincre un chauffeur de tuk-tuk de nous le laisser conduire, c'est rigolo et ultra maniable.
En faisant du velo, on a aussi le temps d'observer la ville qui fourmille. Parce qu'a Pekin, il y a beaucoup de monde aussi. pas loin de 15 millions d'habitants. Et j'ai rarement vu une ville avec un urbanisme aussi peu coherent, une architecture si disparate... un vrai meli-melo fourre tout de modernisme exacerbe, avec des milliers de buildings (rivalisant de hauteur, de formes ineptes, de materiaux, de petites touches typiques parfois) de part et d'autre de tres nombreuses grandes avenues a cinq voies jalonnees de panneaux GH Decaux (le frere de JC ?). Et puis des centaines de quartiers de hutongs, dedales de petites ruelles tres etroites, naissant au pied d'un building et debouchant bien plus loin sur d'autres grandes avenues. Certains hutongs pres du centre semblent etre preserves pour que la ville garde son cote ancien et typique, et sans aucun doute pour ravir les touristes, mais des milliers par an sont detruits pour laisser la place a de nouveaux batiments plus modernes et plus hauts. Il y a les "hutongs a hotels", bourres de petites echoppes a souvenir, restaurants, supermarches, salons de massage et maison du the bien propre (a l'instar du quartier de notre hotel). Et puis il y a les hutongs sans touristes, avec la vie qui s'ecoule doucement, des odeurs etranges emanant des fenetres entrouvertes et des joueurs de majong ou d'echec chinoises a l'ombre de petits arbres. Mais bien souvent il suffit de faire 50 m pour debarquer a nouveau sur une immense avenue bruyante et etouffante d'echappements et de smog. Et puis, de ci de la, se dressent des temples sortis d'un autre temps, des grands lacs aux rives calmes abritant des joueurs de flutiau et des pecheurs, des collines et des parcs fleuris. Si on veut resumer, Pekin est une ville globalement impressionante, globalement oppressante et grande, tres grande.
Niveau bouffe, on se fait plaisir en goutant pas mal de choses. On choisit en montrant les plats des voisins quand ca nous tente, mais les restos du coin ont souvent des menus traduits en anglais. Sinon on utilise la section bouffe du lexique du routard, ou encore on s'essaye a prononcer les quelques mots qu'on apprend a dire au fur et a mesure. Mais sans beaucoup de succes. C'est sur que quand t'essayes de dire "the " et que le gars en face comprend "maison ", c'est pas gagne. Il y a des classiques, des valeurs sures, genre le porc ou le poulet a la sauce aigre-douce et aux cacahouetes, toujours bon. Par contre la prise de risque n'est pas toujours recompensee ! On s'essaye un jour a des brochettes bizarres trempees dans un bouillon aigre et tres epice au lieu d'etre grillees... on a du mal a identifier ce que c'est : des legumes verts au gout etrange, des boulettes soufflees et visqueuses a l'arriere gout de poisson, des petits morceaux de viande bourres d'os et de gras... ok on s'y laissera pas reprendre. Quelques jours plus tard on se rend a un resto conseille par Nico et Gagou (qui etaient la trois semaines plus tot et qui nous avaient envoyes par mail un de ses ideogrames comme indice pour le trouver), et on se retrouve devant... exactement le meme principe, des brochettes a bouillir ! On palit. En plus la serveuse va nous chercher un message ecrit par Nico qui dit en substance : "C'est une bonne adresse qu'on vous conseille ! ". Si on n'y mange pas, ca va etre pris pour du deni de trip, on peut pas se le permettre, on a une reputation, on est des fous. Alors on se pose, et en fait c'est bien meilleur que la premiere fois, on a meme le droit a quelques brochettes grillees de bonne viande, le top. En parlant de brochettes, une rue entiere est consacree chaque soir a des degustations un peu "experimentales". Les etals proposent des brochettes de fruits de mer visqueux ou de scorpions (pas pour moi, je ne mange pas mes semblables), et pleins d'autres etrangetes. La plupart du temps, les plats sont pleins de glutamate. Le glutamate, c'est une sorte d'agent de saveur qui sale et lie les plats cuisines. La theorie d'Erwan est que le glutamate c'est le mal, que ca te donne 40% d'impression de faim en plus et que ca te bousille la sante. Le truc c'est qu'il n'y a pas un plat sans glutamate ici. Et j'ai vraiment l'impression qu'il dit vrai : il suffit que je goute une bouchee de plat glutamate pour m'empiffrer du reste, meme quand je n'ai absolument pas faim ou que je viens de manger... c'est horrible, ils vont nous engraisser comme des porcs, de toute facon il veulent notre mort (je continue a citer Erwan, bien sur). On se fait aussi un canard laque. Un a trois. C'est bon, avec plein de petites garnitures, differentes sauces et des petites galettes dans lesquelles on peut faire des melanges. On boit beaucoup de the aussi. En mangeant, le the est systematiquement offert, et on prend vite l'habitude. Un jour on va carrement dans un etablissement de the pour une petite degustation ceremonielle : ginseng oolong, the noir, the au jasmin... une femme nous sert, nous explique les vertues, nous detaille les provenances et les gouts. C'est delicieux. Un autre jour encore, pour faire une pause lors d'un eprouvant deplacement en velo, on s'arrete dans une "Tea House 24/24 ", interloques. Le consept est simple et genial : tu payes 18 Y (1,8 E) et tu bois absolument ce que tu veux pendant maximum 24h, sans rien repayer une seule fois ! Et en plus t'as le choix entre pleins de jus (orange, concombre...), de thes (vert, noir, rouge, jasmin...), de milk-shakes (mangue, ananas, myrtilles...), et on te serre des petits pois secs et cacahouetes a grignoter a volonte. Autant dire que la pause y est plus longue que prevu !
Pekin est aussi un lieu d'encheres et de negoce, beaucoup plus que les deux pays precedents. Moi j'adore ca. J'aime passer du temps en face de quelqu'un a discuter d'un prix, c'est l'occasion d'echanger, de rigoler, parfois de s'engueuler gentiment. Comme j'aime ca, je dis aux autres que je veux bien negocier les trucs qu'ils veulent a leur place. Un soir, je comprend que Leo accepte d'acheter un kit de baguettes chinoises a 100 Y. Le prix initial est 250 je crois. Alors je commence a discuter. Je descend a 150, je crie a Leo "ca se rapproche ! ", et puis je tombe le prix a 100. Fier de moi, je vais le chercher et il m'explique qu'il ne voulait pas du tout ca, qu'il voulait un vetement et qu'il l'a deja negocie et achete lui-meme depuis un moment. J'etais tellement dans mon truc que je ne m'etais apercu de rien ! Ca la fout mal, car je n'ai personnellement aucune envie de cet objet. Mais j'ai passe tellement de temps a negocier... je leur explique la situation, que c'etait pour mon ami, que je n'en veut pas, que je suis desole. Finalement ils descendent jusqu'a 50 Y en tirant la gueule. J'achete bien sur, pas tres fier de moi. Un autre jour, on va "visiter" un grand department store a 7 etages avec "tout ". C'est un grand mall, on parcourt les etages, se fascine pour les nouveaux jouets, Erwan se fait cirer les pompes... et on arrive devant un comptoir avec des appareils electroniques, mp3, tout ca. Je demande au gar s'il vend des iPod, pour voir les prix. Il me dit oui, me sort d'une vitrine un "nano iPod" 4Go a 500 Y. C'est vraiment un bon prix. Je regarde, il l'allume... le systeme est totalement different, c'est tres manifestement un faux. Je lui dit, il me repond oui, mais quand meme, 4 Go ! Bon, il n'a pas tord non plus. Je fais quand meme descendre le prix et l'achete finalement 280 Y, beaucoup moins cher qu'une simple cle USB d'une taille inferieure. On verra si ca tient. Je me fais aussi voler un sac de quelques souvenirs que je venais d'acheter, tout est normal.
Autre passage oblige en Chine : les massages. On se rend a velo dans un centre de massage recommande par le routard pour son serieux et parce que les masseurs sont aveugles et neamoins doues. C'est tentant ca. On se fait donc masser pendant une heure, allonges cote a cote, par des aveugles nous faisant comprendre par des gestes et des pressions quand et comment se retourner. Globalement ca fait a la fois mal et beaucoup de bien, chaque point sensible du dos, de la nuque, du crane, des jambes, des pieds et des fesses est passe au crible deleurs doigts. On en ressort un peu vides, un peu endoloris, veritablement detendu. Je me dis qu'a ce prix la (6 E l'heure) j'irai chaque semaine si ca existait en France. Un autre soir, on se prend l'envie d'un shampoing avec Erwan... peut etre est-ce cet ecriteau lumineux qu'on voit tous les soirs a cote de la guest-house qui a eu raison de notre volonte. Il n'empeche, le shampoing est accompagne de longs massages du crane et de la nuque et dure 45 minutes, pour seulement 10 Y. Apres ca, les jours suivants, le jeune shampouineur ne cesse de revenir me voir en me serrant dans ses bras et en me caressant les epaules... probablement un signe d'amitie virile. M'enfin faut quand meme se mefier avec un coiffeur. De facon general tous les vendeurs de la rue de l'hotel deviennent un peu familiers et amicaux apres plusieurs jours. On fait copain avec les vendeurs de montres Mao, les gars de l'accueil, du bar en face, du supermarche d'a cote et de quelques restos. On prend un peu nos habitudes, c'est un environement presque "trop facile", touristique et pas completement depaysant, mais c'est agreable aussi.
Les touristes, parlons-en. On rencontre de sacres personnages, essentiellement francais. D'abord quelques jeunes sinophones avides de fetes, de biere et de tentations diverses. Quentin "le fou", tres dur a suivre, toujours a donf, et qui prefere boire de la biere, raconter des conneries et parler chinois (aux filles mignones) que faire des visites culturelles. Son acolyte Raphael, de la meme ecole de chinois a Paris, est un peu de la meme famille, du genre qui aime bien "glander en Chine". Et puis il aime bien Los 3 Puntos (dont il a deja organise des concerts !), Les Cameleons et Les Cowboys Fringants. Florent voyage seul, il a tout du beau gosse sympa de bonne compagnie, bien delirant aussi. Olivier (je crois) est un frappe de Kung-Fu tres etrange, qui parle bizarement et qui a quelque chose d'angoissant, mais qui est toujours la pour aller boire un coup. Et puis Andrei, un russe qui habite a Montreal depuis 10 ans et ne parle pas un mot de francais, qui ne fait que se siffler des bieres cul-sec, imiter l'accent chinois en parlant anglais ou repondre a cote de ce qu'on lui demande. Plus tard viendra la rencontre de Soline, qui arrive a Pekin pour y faire du theatre contemporain pendant un an avec sa copine Claire, qui parlent excellement bien chinois et nous aide a communiquer et a choisir de bons petits plats. Un peu fieres et parisiennes, mais sympas. Et puis Mathieu et ses potes, qui viennent aussi du transsiberien. Lui, il a vecu 2 ans en Australie a faire des petits boulots comme demenageur ou docker... des gens bons trips, ouverts, etranges, differents, des rencontres quoi. En tout cas on ne s'ennuit pas. Les soirees qu'on passe en boite avec Quentin et ses amis (deux ou trois) sont hautes en couleur et partent a mille a l'heure. On va au "dancing house" de la rue, petite boite a la con, avec de la musique pourrie mais rigolote et des nanas qui sont la pour chauffer un peu les touristes mais juste ce qui faut pour faire consommer. A un moment je vais aux chiottes, un gars m'ouvre la porte et la referme. Je ressors, il me dirige vers l'evier, ouvre le robinet d'eau, me gicle un peu de savon sur les mains, attend qu'elles soient rincees et me les essuie avec une serviette. Genial. Un soir on va au Kai, un bar branche de la rue Sanlitun (LA rue des bars et des boites) ou toutes les boissons (coktails inclus) sont a 1 Euro, et on enchaine avec le Banana, qui a tout de la grande boite chinoise boum-boum mode (egalement conseillee par Nico). Pour moi ca va un moment mais ca me gave assez vite. Et puis vient la soiree du 29 Aout... mais plus tard. L'environnement est maintenant pose, faisons maintenant un tour des "tueries" culturelles pekinoises, qu'on enchaine malgre tout presque chaque jour, portes par nos velos. Ben oui, La Cite interdite nous a mis en appetit. Allez, on y va chronologiquement.
Jeudi 24, on gravit la colline de Charbon, une colline artificielle amenagee dans un parc tranquille et qui offre une tres belle vue... du smog alentours. Et puis ses 5 palais en hauteur sont en renovation ! Globalement, a Pekin, tout est en renovation. Il faut le savoir et se le rentrer dans la tete pour eviter les deceptions en cascade. La ville restaure tous ses monuments et reamenage ses parcs pour redorer son image lors des JO de 2008. D'ambitieuses campagnes de communication essayent d'insuffler un nouveau savoir-vivre a la populace pour l'inciter a ne plus cracher par terre et a jeter les detritus dans les poubelles. Le recyclage semble aussi au coeur des preoccupations, avec des consignes importantes pour les gens qui ramenent des sacs de bouteille en plastique ou des cagettes de bieres vides. Du coup il y a toujours quelqu'un pour courir vers toi prendre ta bouteille quand tu viens d'avaler la derniere gorgee, en te remerciant. Ca a beau etre de l'appat du gain, ca participe quand meme d'un mouvement collectif pour un environnement un peu plus preserve... on peut toujours rever. Bon, je me suis eloigne. Tout est en renovation donc, et les batiments les plus symboliques de la Cite interdite n'echappaient d'ailleurs pas a la regle. Grilles de protections vertes et echaffaudages. Par contre les batiments deja restaures sont eclatants, petent de milles feux. J'ai l'impression que nous, "europeens", aimons particulierement la vieille pierre un peu creusee, les batiments qui assument leur role de temoins du temps qui passe. Ici, les restaurations ont pour but de rendre aux batiments leur prime jeunesse, leur clinquance des premiers jours. En 2008, quand tout sera parfaitement remis a neuf, ca devrait etre absolument magnifique (et les prix d'entrees absolument plus chers si on en croit les sommes colossales investies par l'etat). Bon, revenons a nos moutons. On grimpe aussi dans la Tour des Tambours et la Tour de la Cloche. La premiere abrite des dizaines de gros tambours dans une salle haut perchee, on a meme droit a une vraie demonstration, la deuxieme renferme la plus grosse et plus lourde cloche de la ville. Bon, ok, elle est grosse.
Apres une journee plus pepere, on repart Samedi 26 avec Erwan et Florent en direction du Palais d'ete (pendant que Leo en profite pour avancer dans son recit de voyage - www.ouestleo.com, avec plein de belles photos a l'appuie ;-). Ce con (le palais, pas Leo) est en fait a environ 25 km. Pas si loin sur la carte. A l'arrivee on a les mollets... bien chauds. Le Palais d'ete, c'est en fait LA tuerie de Pekin : grand lac, parc, collines, magnifiques palais, tours, vestiges, places ceremonielles, dedale de batiments et de cours interieures, vues imprenables (et la, pour le coup, c'est vrai - avec le smog), musee... c'est un peu le tout en un, la synthese. On n'a pas le temps de s'emmerder. Les palais sont moins reguliers et ecrasants que dans la cite interdite, espaces de verdures et agrementes de jardins dans les etangs desquels des fleurs de lotus poussent a l'ombre des saules pleureurs. Un imposant bateau de marbre donne l'impression d'etre en partance sur les rives du grand lac. Sur un pan cache de colline, des vestiges de palais et stupas, ronges par le temps, grignotes par les rochers dans lesquels on a creuse des escaliers et tunnels. Une petite ile tres mignone (renfermant le temple du dragon et ancien havre de paix de l'imperatrice Cixi au XVIIIeme) est reliee a la rive par un magnifique pont aux 17 arches (particulierement apprecie par Florent, architecte de formation). L'ensemble du palais d'ete, pas trop vieux, a ete entierement reconstruit apres une mise a sac franco-anglaise vers 1860. Oups, encore nous. Les empereurs venaient ici des qu'ils pouvaient pour echapper a la touffeur de l'ete et se detendre. Ils avaient bien raison. En tout cas le retour a velo est au moins aussi eprouvant que l'allee, on arrive meme a se perdre sur les berges sombres d'un canal...
C'est le Dimanche 27 qu'on se decide a franchir le pas : reveil a 5h et saut dans un bus en direction de l'une des 7 "vraies tueries" du monde, La Grande Muraille de Chine. On est le lendemain d'une bonne fete avec dodo vers les 3h, on essaye peniblement de ratrapper notre retard de sommeil dans les 3h de bus qui suivent. Pendant le trajet, je me rend compte que Pekin n'en finit jamais... c'est apres plus de 2 heures qu'on qu'on a l'impression de sortir vraiment de la ville ! Le car nous depose a Jingshanling, de la on a un parcours de 10 km a pied sur la muraille pour rejoindre le spot "touristique mais pas trop" de Simatai. La premiere tour se dresse devant nous, on grimpe jusqu'a elle, et puis a son sommet. Ca y est, on est sur la muraille. Muraille qui se perd au loin, dans les montagnes et... le smog, toujours lui, qui nous coupe un peu la vision a couper le souffle qu'on attendait. Mais la nature est quand meme sauvage et belle de part et d'autre, on apercoit meme quelques rizieres en terasse. Et puis ca donne un cote un peu plus fantastique et irreel. Au debut, ca grimpe beaucoup, chaque tour a atteindre etant plus haute que la precedente. Et on en chie, surtout Erwan et moi, les deux plus physiques du groupe. Des centaines de hautes marches mal taillees, de rochers maladroitement soudes par le temps a la muraille et de paves branlants ont raison de nous, on se prend un gros retour de baton des exces de la veille. Mais c'est beau, ca impressionne. On imagine les gardes de l'empire faisant leur ronde et guetant l'ennemi, on est aussi un peu Jon Snow sur le Mur, attendant febrilement le troisieme coup de cor, l'arrivee des Autres. Les tourelles apparaissent une a une. Et nous on continue a crapahuter ou a descendre au gre des caprices de la montagne. La nature s'est installe confortablement par endroit, d'autres parties ont ete restaurees, d'autres encore totalement ecroulees, il nous faut alors "mettre pied a terre" et contourner l'infranchissable avant de pouvoir fouler a nouveau la bete. Sa longueur est folle. On a enfin un point de vue grandiose lorsque la muraille, obliquant agauche, se met a remonter toute la crete de la montagne en face. Les tourelles se perdent dans les cieux, aspirees progressivement au sommet, tout en haut, par une blancheur laiteuse. Pendant tout le trajet des amis nous accompagnent, vendeurs de babioles et d'eau glacee (mais chere) et guides de circonstance. Il nous montrent des ideogrames de plus de 500 ans graves sur les remparts et nous donnent des informations sur notre avancement ou le nombre de marche avant la tour suivante. Et puis ils n'arretent pas de se foutre de notre gueule parce qu'on transpire. Il fait chaud et humide, nos corps sont encore fatigues de la veille, on doit sembler a l'agonie (moins Leo, qui s'en sort bien, le salaud). Alors qu'eux sifflotent, gambadent, nous ventilent la tete tout en marchant et nous annoncent les pierres branlantes. Apres ca, va les envoyer chier quand ils te demandent d'acheter leurs conneries ! Alors on achete. Un eventail pour Leo, un T-Shirt pour Erwan, un kit de carte postale pour moi. Ben oui mais bon. La deuxieme moitie du trek est un peu moins eprouvante, on est plus enclin a redescendre jusqu'a la vallee de Simatai ou on emprunte un pont suspendu pour traverser un fleuve. Apres 4h de marche (forcee), on est arrive. Le spot est tres beau, avec encore un alignement de tours dont on ne voit pas le bout. La grande muraille de Chine, c'est quelque chose d'unique au monde, la grande classe. On rejoint le parking en traversant a nouveau le fleuve en tyrolienne puis en prenant un petit bateau. C'etait bien, j'reviendrai (desole Raph, mais je l'aime bien celle la).
Lundi 28, c'est le Temple du Ciel. En fait un grand parc avec une tour-temple haute et majestueuse dans laquelle l'empereur venait prier, et puis un dressing a empereur, une cuisine pour l'empereur, des abbatoirs de luxe pour preparer a manger a l'empereur, une place "centre du monde" (encore ?) pour l'empereur, des longs et beaux corridors exterieurs pour les allers et venues de l'empereur, et puis un palais de la musique-musee (rassemblant tous les instruments chinois cheulous) pour donner des representations devant l'empereur. En ayant ras-le-cul de l'empereur et en mal de plaisirs populaires, on fonce en sortant de la (de maniere hasardeuse tout de meme) a Amusement Park, un parc d'attraction (payant !) aux imageries niaiseuses-enfantines chinoises ! On n'a peur de rien j'vous dis. Grand-huits, bateau pirate (leo est a deux doigts de vomir), soucoupes chinoises (c'est a mon tour), riviere canadienne et maneges rivalisant d'inepties s'enchainent. On termine par un spectacle de danseuses a paillettes sur de la musique d'une pauvrete rare. On a bien fait de venir. Non mais en vrai le pire c'est que j'aime bien...
Mardi 29, Temple des Lamas. C'est le temple tibetain le plus grand de Chine en dehors du Tibet. Un chouette alignement de batiments et de cours interieures... toujours un peu les memes, au bout d'un moment ca fait plus grand chose. Mais quand meme, les interieurs regorgent de petites merveilles, buddhas, bodhisatvas, dharmas, et caetera. Je me prend d'affection pour Tara la blanche et ses 7 yeux (trois au visage, un sur chaque paume sur chaque plante de pied) et Tara la verte, guerisseuse des souffrances du monde, rien que ca. Beaucoup de fideles sont veritablement la pour prier et se recueillir, une atmosphere religieuse palpable et rassurante qui tranche avec la fievre touristique habituelle. Et puis tout au bout s'erige un imposant boudda dore de 26 m de haut qui pete la classe. Comme a Oulan Bator ? Ouais, sauf que celui la est dans le Guiness des records, il doit etre plus fort. Ca donne quand meme envie d'aller au Tibet tout ca.
C'est en rentrant a la guest-house ce jour la qu'on croise toute la fine equipe qui s'apprette a sortir en boite pour feter "le dernier soir"... waouh, on prend conscience que tout le monde se casse. Quentin, Raphael, Florent, Olivier... et puis moi aussi, la nuit suivante (je dois partir a 4h du mat pour attraper mon avion qui part le 31 a 7h30). Et puis Erwan et Leo pour Shanghai le 31 au soir, ca s'est decide recemment. Et puis Andrei... On n'avait pas prevu ca, mais la forcement notre sang ne fait qu'un tour, bien sur qu'on va faire une derniere fete tous ensemble ! On se fait emmener en deux taxis a The World of Susie Wu, une boite conseillee par un tiers. Certains rentrent et ressortent faches : la biere est a 35 Y et l'endroit est un peu luxueux ! Du coup on s'achete des bieres dans un tutu et on les boit dehors en discutant, d'autres rentrent puis ressortent boire des bieres pas cheres. Notre petit manege est vite mis a jour et tout le monde se fait virer... moi j'arrive quand meme a re-rentrer dedans pour chercher des gens, je ne les trouve pas, ressort, re-rentre, me fait0 virer a mon tour. On se retrouve tous plus ou moins, sauf Quentin qui a disparu il y a un bon moment. On le voit finalement descendre les echaffaudages devant la boite et nous expliquer qu'il est alle taper le carton et boire de l'alcool de riz avec des ouvriers de 8 ans... hum, il est fou ce mec. A cote Andrei le Russe-Canadien chante et hurle, il est devenu fou aussi je crois. Allez, on reprend des taxis vers Sanlitun et le Kai, la valeure sure, sympa et pas chere. Au sortir du taxi, on se fait accoster par des gars qui nous proposent des putes ("lady massage... ! "). Olivier "Kung-Fu" est tout de suite interesse et demande les prix, pendant que Florent pete les plombs et se met a leur hurler : "No ! I want sex, but for free !! ". C'est plus le romantisme francais qui risque d'en prendre un coup ! Il est frustre car il etait en train de draguer une fille au Susie quand on s'est fait virer. Arrives au Kai, on commande un mojito, et puis une vodka tonic, et puis... bon, au bout d'un moment on est bien dans la brume et on a perdu tout le monde (schema classique des soirees passees avec eux), du coup on decide de prendre un taxi et rentrer, Leo, Erwan, Florent et moi. A l'arriere du taxi, Florent m'ecrit son adresse e-mail, et puis on est depose au coin de la rue, tout est normal, tout va bien, on s'ecroule jusqu'au lendemain.
Mercredi 30 donc. Le reveil est tardif et lascif, on prend un bon petit dejeuner au bacon avec les survivants de la veille, on se raconte les variantes de fin de soiree. Soline, mignone, sinophone, debarque a ce moment la, un peu perdue, sortant juste de l'avion. Florent est dedans, lui. L'apres-midi pointe deja son nez et on decide de prendre un tuk-tuk pour la place Tian'anmen, on veut aller admirer le corps preserve de Mao dans son Maosolee, c'est quand meme important ! Lenine pour commencer, Mao pour finir : la boucle est bouclee, je peux rentrer chez moi ! Le tuk-tuk nous depose. C'est au moment de le payer que je m'apercois que mon passeport n'est plus dans mon portefeuille ! C'est sa place depuis le debut du voyage, je suis toujours en train de verifier s'il y est ou non, mais la... montee de stress, fouillage dans toutes les poches. Bon, il y a des chances pour qu'il soit reste a l'hotel, qu'il ai glisse dans le lit, j'essaye de me calmer un peu. On va quand meme voir cette histoire de Mao : c'est ferme l'apres-midi, on rentre vite a l'hotel. Et la bas on ne trouve rien non plus. Toutes les affaires y passent, les sacs, les habits, les recoins de la chambre... j'essaye de me rappeler. Et je me souviens : j'ai ouvert mon portefeuille dans le taxi retour pour trouver un bout de papier ou ecrire l'adresse de Florent, juste avant qu'on arrive. Le passeport a du glisser de mon portefeuille a ce moment la et avec le speed de l'arrivee, je n'ai pas verifie. Ca ne peux etre que ca. Je prend sur moi, je brule de l'interieur : quel con, mais quel con ! Le voyage c'etait parfaitement bien passe, aucune galere a l'horizon (ou anecdotiques), et voila que je perd mon passeport la veille du depart ! LA DEad galere quoi. Et puis je l'aimais bien mon passeport, il commencait a etre rempli de visas, de symboles, de dates, de tampons, d'images et de reves, je voulais le garder. Le pire c'est que je m'etais fait a l'idee de partir, je gerais bien dans ma tete le fait de rentrer, j'avais envie de revoir les amis et la famille, et puis conscience de la somme de boulot de ce debut d'annee avec Mediatone. Bon, ne pas se laisser abattre, se reprendre. J'appelle l'ambassade francaise, on me passe le specialiste de ce genre de cas, Mr LAMI. Il faut que je m'en fasse un pote (ouais, bon). Il m'explique calmement que j'aurais du prendre la petite facture du taxi avec son numero, que sinon je n'ai aucune chance de retrouver quoi que ce soit (a Pekin, il y a effectivement quelques taxis), que je ne pourrai pas prendre mon vol le lendemain, et que soit j'attend 2 ou 3 jours en esperant que quelqu'un le retrouve (peu probable avec le marche noir de passeports), soit je vais faire une declaration de perte aux autorites chinoises, auquel cas meme s'il etait retrouve, l'ancien passeport ne serait plus valide. Ensuite il faut encore passer a l'ambassade avec la declaration pour avoir un papier permettant de passer la frontiere avant de redemander un visa a la Chine, de dernier pouvant etre delivre en 4 a 7 jours... la je commence a prendre peur. Ils veulent me retenir ! Je ne pourrai pas rentrer chez moi ! Ils vont m'enfermer dans un bunker et plus personne n'aura de nouvelles ! Ils veulent ma mort ! Hum, restons calmes. Je n'ai plus d'autre choix que de faire mon deuil et le maximum pour rentrer le plus tot possible malgre tout. Tout d'abord Aeroflot : je veux etre sur de pouvoir changer mon vol sans payer un nouveau billet plein tarif, je dois donc aller les voir avant le depart de l'avion. Il est 16h30 et leurs bureaux a Pekin ferment a... 17 ! Quelqu'un m'ecrit l'adresse en chinois sur un bout de papier et je saute dans un taxi avec Erwan et Raphael qui est encore la et peut m'aider avec son chinois. Il y a plein de bouchons, et le taxi arrive vers 17h03 devant une enseigne de compagnie russe (meme pas aeroflot) dont l'interieur est en pleins travaux... c'est pas la. Du coup on marche (presque une heure) jusqu'a Sanlitun, on retourne au Kai... aucun passeport n'y a ete trouve. Je reviens meme au croisement ou on a pris le taxi, on peut toujours rever. Je ne me rappelle meme pas ni sa couleur ni la gueule du chauffeur ! On rentre, penauds, surtout moi. Le soir on va manger avec Quentin, Raph, Soline, et puis on rencontre Matthieu et ses potes. Je raconte ma mesaventure, ca rigole et ca compatit, ca essaye de trouver des solutions, ca n'en a pas. Quentin prend le train pour Chengdu dans une heure, au revoir a cote du resto, accolades et tout. Ca sent la fin, ca rend triste. Je me dit que je vais voir tout le monde partir les uns apres les autres et que me retrouverai tout seul. Sniff. Je vais me coucher vers 1h. Pas trop tard, j'ai decide d'aller quand meme a l'aeroport a l'heure prevue pour essayer de negocier en direct un changement de billet...
Jeudi 31, 4h30... le reveil sonne et je me leve sans bruit. Le hall de l'hotel est vide et silencieux. Devant, deux francaises sont a moitie endormie sur leur sac en attendant l'heure ou elles pourront prendre une chambre. On discute 3 secondes, elles s'appellent "Claire et sa soeur", viennent de Mongolie et de l'Eyrieux ! Des gens montent dans un bus d'une douzaine de places pour l'aeroport. Ils ont reserve, pas moi. J'explique ma situation au mec d'en face qui gere le cafe Internet, il parle au chauffeur puis me dis de monter et d'occuper la dernier place libre. Je lui demande combien ca coute. "Nothing for you ! ". Je l'ai attendri, j'ai de la chance (les autres ont paye 150 Y). Les rues sont vides et on arrive a l'aeroport en 30 minutes. C'est encore le brouillard dans ma tete. Je trouve le hall d'embarquement puis la queue devant les comptoirs Aeroflot. Ca fait bizarre, j'ai bien le billet d'avion, c'est le bon, je suis au bon endroit 2 heures avant le depart pour la premiere fois de ma vie, mais je ne peux pas embarquer ! La chinoise du comptoir me fait signe de parler a son responsable qui parle anglais. C'est un russe a moustache, il me fait peur. Je lui montre mon billet et explique la situation, il me dit en substance que je n'ai rien a foutre la, que je ne prendrai pas cet avion, que je dois faire changer mon vol au bureau Aeroflot en ville. Super, bien avance. A 6h10, me voila de nouveau devant l'aeroport. Pas de bus avant 7h30... je me dis que j'avais budgete le taxi pour l'aller, je peux mettre la somme pour le retour. Je demande au taxi de se rendre d'abord au BSP (Bureau de la Securite Publique) pour commencer les demarches. C'est ferme, ca n'ouvre qu'a 8h30. Je me fais finalement ramener a la guest-house ou je me rendors pour deux petites heures, un peu deprime. A 9h, Erwan et Leo sont chauds pour aller enfin voir la depouille de Mao. Allez, ca peut pas faire de mal pour commencer la journee... on enfourche 3 velos. La queue sur la place Tian'anmen est asez rapide, on est devant la bete en 20 petites minutes, pour 20 petites secondes. Juste le temps de se rendre compte qu'on regarde Mao, et c'est deja pas mal comme impression. Comme Lenine, un visage cireux, un peu plus vieux peut-etre. On passe les nombreuses boutiques de souvenirs, voila, c'est fait, je peux rentrer chez moi. Ah non merde, je ne peux pas, j'avais oublie. Leo rentre au Far East pendant que je part avec Erwan vers le nord. Moi pour le BSP, lui pour s'enfiler un ou eux monuments de seconde zone qu'on aurait laisse de cote. Au BSP, il y a beaucoup de monde, ca se bouscule, il y a plusieurs etages, on ne comprend rien. Differentes autorites m'indiquent des directions opposees, j'arrive finalement au bon endroit. Je remplis un papier de declaration de perte. J'ai ma carte d'identite pour prouver qui je suis. Il faut une photo, je n'en ai pas. L'agent devant moi (assez sympa, parlant anglais) m'indique une porte. Derriere, il n'y pas pas moins de 8 studios photos ! Je m'installe devant une lumiere. Flash. Une femme me demande si ca me convient en montrant ma tete sur son ecran d'ordi : aujourd'hui je ne pourrai pas faire mieux ! Elle me tend un papier : 1er etage ! Le 1er etage, c'est le rez-de-chaussee. Je vais a un guichet ou il y a ecrit photo... non, c'est pas la, il faut d'abord payer. Je vais payer de l'autre cote, reviens avec un nouveau bon. Ok, j'ai 5 photos couleurs d'identite. Je remonte. Le gars me dis qu'il faut une photocopie de ma carte d'identite et de ma carte d'hotel. Je redescend. Un guichet Copies me les fait fissa. Je remonte... ok, le dossier est complet. Quelques signatures et tampons, j'ai mon papier de perte officiel. Le gars me dit d'aller a l'ambassade et de revenir faire mon nouveau visa avec mon laisser-passer. Bon. Retour sur le velo, par chance l'ambassade est juste a cote (c'est a dire 4 km) ! Gros boulevards, petites rues, circulation de fou... je suis maintenant devant un beau batiment barriere avec le drapeau francais, il est midi. Je regarde les horaires : l'ambassade n'est ouverte que le matin, jusqu'a 11h45... et merde. De depit, j'appelle l'ambassade sur leur numero d'urgence en expliquant au secretaire que je dois absolument voir mon pote Mr Lami. Il me dit que le seul moyen de le chopper est d'attendre devant l'ambassade a 14h, a son retour de dejeuner. Bon, j'y serai. En attendant j'ai le temps d'aller aux bureaux d'Aeroflot, ouverts entre midi et deux. Je renfile mon velo, 3-4 km, encore a cote. La bas, trois nanas me regardent d'un oeil mauvais, elles me trouvent debile d'avoir perdu mon passeport et m'expliquent qu'il n'y a qu'aux francais qu'il arrive ce genre de trucs. J'essaye de les detendre en leur expliquant que si j'avais su que ce n'etait pas mon dernier soir, je n'aurai pas fait la fete et n'aurais pas perdu mon passeport... ok, ca les fait rire. La nana me dit qu'elle ne peut pas me faire de changement de billet tant que je ne connaitrai pas la date ou je pourrai avoir mon nouveau visa. C'est l'enfer administratif, je suis en plein dedans, j'en ai marre. Je leur dit ok, a tout a l'heure. Je m'avale un semblant de salade a Sanlitun et suis bien sagement devant l'ambassade a 13h50. Je demande au gardien de me faire un signe a l'arrivee de Mr Lami. A 14h, un homme grisonnant arrive, le gardien me fait un signe... Mr Lami ? La voix qui me repond vient de derriere moi : Oui ? C'est un petit jeune en velo, l'air cool, le genre avec qui j'irai bien boire une biere dans la rue d'a cote ! Je me rappelle a son souvenir, lui explique que je travaille dans le secteur culturel et que j'ai une saison de concerts a preparer a Lyon... bingo, je crois que ca lui a plus. Il me dit que l'ambassade n'est ouverte que le matin, mais qu'il est pret a faire une exception car mon cas semble urgent. Ouf. Il m'ouvre, ca dure encore une bonne demi-heure de paperasse : declaration de piece d'identite (pour mon retour en France), photos (j'en ai, maintenant), signatures diverses, verifications... ca y est, j'ai mon laisser-passer dans les mains, tout bien en regle. Je remercie vivement Lami, et hop en selle, retour au BSP. La je me rend compte que la queue pour les visas est devenu immense. Je remplis tant bien que mal la feuille de circonstance pour la demande de visa. Dans la queue a cote de moi, une polonaise et sa fille. On discute, on s'explique nos soucis. Le sien : au moment de prendre l'avion, les douaniers chinois lui ont dit que son visa avait expire il y a plusieurs jours. En fait elle avait un double entree mais de 20 jours maximum a chaque fois. Son mari est francais, on parle la langue de Moliere. Elle me dit "Je me suis fais enculer par les chinois"... bon, peut etre pas la langue de Moliere. Elle me dit que son mari vient de Chalon-sur-Saone. - Ah, j'ai de la famille la-bas !. - plus exactement de Givry. - Ah, c'est par la que je fais les vendanges ! - Mais moi j'ai rencontre mon mari en faisant les vendanges, chez Sarasin et Francois Lampin (?). - Moi je connais bien Jean-Michel Bonnet, cooperative de Buxy. - Ah mais oui, moi aussi ! Le monde est diablement petit. Finalement on arrive aux guichets. Je montre tous mes papiers et explique que je suis un cas d'urgence, que j'organise un evenement important a Lyon la semaine qui vient. Ils me disent oui, mais il n'y a pas de billet d'avion qui prouve que je peux partir la semaine prochaine.... je repense a cette enfoiree d'Aeroflot. Bon. Finalement j'insiste, le guichetier accepte que j'en refere a son grand patron, il tranchera. Le grand patron n'est pas commode, c'est le moins qu'on puisse dire. Il m'ecoute parler de mon gros evenement culturel, de mon emploi a la ville de Lyon... il attend que j'ai fierement termine mon aberant discours, puis me sourit avant de balancer un "No !" sans equivoque. Je retourne a mon guichet... ca sera 7 jours, comme tout le monde. Mon nouveau visa ne sera delivre que le 7 septembre au matin, a 8h. Retour en pedalant aux bureaux d'aeroflot. La nana me dit qu'elle peut me faire un nouveau billet le 8 au matin a 7h30. Je lui demande s'il n'y a pas un vol la veille, elle me dit oui, a 11h40. Pour elle, c'est chaud de le tenter, j'ai encore une chance de le rater. Je m'en fout, je le tente. J'ai deux choses que je ne veux surtout pas rater en France : un concert de Pearl Jam Samedi 9 Septembre a Marseille et l'anniversaire des 80 ans de mes grands parents Dimanche 10 Septembre a Lyon, avec photo habillee prevue a 11h30 ! Comme j'atterris a Paris et que je n'ai pas encore gere mes billets de train, ca me parait plus sur de rentrer le 7. Ca coutera 2000 Y (200 E) le changement de billet, pas rien, mais beaucoup moins cher qu'un billet neuf. Je dis ok, bingo, donne-moi ce billet. En attendant je vais retirer du cash, la CB n'est pas acceptee... en vain, la machine me donne 500 Y et ne veur rien savoir de plus, j'aurais depasse un plafond de retrait autorise. Je rentre a nouveau dans le bureau, explique que je n'ai pas l'argent... le billet est deja imprime, la nana me fusille du regard. Elle me dit de revenir demain sans faute, qu'elle met le billet de cote. Ok. Velo, encore. J'arrive extenue devant la guest-house (j'ai du faire encore une cinquantaine de km dans la journee) et vois Erwan sortir un peu affole du supermarche : "t'as pas vu l'heure ? on a un train dans une heure ! ". Merde, il est deja 18h et j'avais zappe qu'ils partaient si tot. On a juste le temps de se voir 5 minutes, Erwan me dit qu'il a perdu le guide du routard, Leo qu'il m'a laisse deux sacs d'affaires a ramener en France... ok. Je n'en peux plus nerveusement, je sens que je suis a deux doigts de craquer. Des au revoir un peu rapides, un peu foireux. J'aurais aime pouvoir passer plus de temps pour dire au revoir a Leo, on a vecu plein de choses fortes ensemble, il part pour encore plusieurs mois seul, et ca se termine dans le speed, en eau de boudin. Leur taxi s'eloigne, ca y est je suis seul. Je n'en mene pas large. Mes mails m'assenent le coup final : on m'attend pour travailler en France, Jay est tout seul pour gerer une rentree chargee et insiste pour que je rentre vite, ma mere m'appelle le "resquilleur de vacances"... bref, je me sens seul et coupable, j'ai envie d'hurler. J'ai vraiment envie de rentrer. Tout le monde est parti. Enfin, de la "premiere generation". Je recroise Claire, on discute un peu. Je parle de mon experience de la Mongolie vu qu'elle en vient, raconte que j'ai une super copine qui vit la bas. - ah, moi je connais une Noemie ! - Mais c'est elle ! - Ah bon ? Je l'ai vu il y a une semaine a Ulan Bator, je la connais d'Ardeche ou j'ai de super potes, vers Cluac et St-Julien Labrousse ! - Tu veux parler de Raph, Lydie, Julien, Gege.... ? - Quoi, tu les connais ?. Tout est normal, je croise en une journee deux personnes a Pekin qui connaissent deux cercles d'amis a moi. Je pars me balader seul, a la recherche d'un endroit ou diner, et tombe sur Soline attablee avec Claire (l'autre, qui vient aussi vivre un an a Pekin pour faire du theatre et de l'opera) et deux chinois. Je me joins a eux, ca parle exclusivement chinois, j'essaye de me greffer tant bien que mal aux conversations avec mes deux traductrices. On passe un bon moment, les chinois ont commandes des assiettes de legumes verts a l'ail (?) et de tripes en sauce, pour grignoter en buvant de la biere. J'en fais mon repas. Mon verre est re-remplit a chaque fois que j'avale une gorgee, et on doit insister au bout d'un moment pour qu'ils cessent de commander. Ils refusent qu'on paye quoi que ce soit. Je retrouve cette generosite chinoise que j'avais deja rencontre avec Tang a Guilin l'an passe. De retour a la guest-house les filles vont se coucher. Moi je croise Mathieu et compagnie, leur raconte en detail mes galeres du jours... ils hallucinent mais je les fais beaucoup rire. Je suis plus detendu que tout a l'heure, dans l'acceptation, et j'arrive meme a m'amuser de la situation. C'est deja pas mal, de toute facon je n'ai pas le choix.
Vendredi 1er Septembre. Ca y est, on est en septembre. Et je suis toujours en Chine. Le reveil est tardif, je recupere un peu. En fin de matinee, je croise Soline et Claire qui doivent quitter l'hotel pour demenager dans leur nouvelle ecole. En bon francais romantique et galant, Je les aide a porter leurs valises jusqu'a la consigne de l'hotel, et puis on va manger de bons raviolis dans un petit resto a l'enseigne un peu effacee. Finalement on prend un taxi commun qui me depose devant les bureaux Aeroflot. Il est 13h45. La nana qui s'est occupee de mon cas est partie manger. J'attend. A 14h30, elle arrive, me voit et m'engueule encore : - il fallait venir ce matin ! j'ai du annuler le billet ! Restons calme. Je m'excuse aupres d'elle, lui dis que je n'avais pas compris - vous, francais, ne comprenez jamais rien ! Je ferme ma gueule. Elle me redemande mon billet initial. Ah non, je ne suis pas d'accord, je lui ai laisse la veille ! Je lui dis, elle fais signe que non. Et puis si, finalement, elle se rappelle. Elle me dit qu'elle va demander a quelqu'un de le retrouver. Une heure plus tard, un mec lui tend mon billet. Ok, on s'y remet. Le nouveau billet est re-imprime, Jeudi 7 Septembre, 11h40. Je paye avec les Yuan que j'ai reussi a avoir en changeant mes derniers euros. Ca y est, j'ai mon billet. Mais j'ai tellement peu envie de rester cloitre a Beijing toute une semaine que je file dans une agence de voyage au rez-de-chaussee d'un hotel. Je ne sais pas si j'ai le droit de partir de la, mais si je me fais prendre je dirais que je ne savais pas ! Une femme tres partiente repond gentiment a toutes mes questions. Je veux aller a Chengdu rejoindre Quentin : les horaires ne collent pas, je passerai en tout 80 heures dans le train et moins de 24 h sur place ! Alors X'ian : je ne peut pas prendre mon billet retour d'ici, il faut esperer qu'il y en ai sur place... trop risque. Au final j'opte pour Shanghai ou sont Leo, Erwan et meme Louis (un autre pote de Lyon), a seulement 12h de train. En plus je peux prendre l'aller-retour d'ici, en siege souple (moins cher que les couchettes). Bingo. Retour au Far East. Quelques heures sur Internet, notamment a essayer de recommencer a bosser sur 2-3 trucs pour Mediatone. Et puis j'ai Thomas sur msn, qui me demande si j'ai appele Fan Ling... ben non, la verite c'est que j'ai un peu la trouille. Il me motive... allez, je dois le faire. Je demande a mon pote du cafe Internet si je peux appeler une fille du Yunnan a cette heure la (21h30), si ce n'est pas trop tard. J'ai besoin de soutien, alors je lui raconte l'histoire. Il me dit bien sur, il faut que tu l'appelles ! Je lui montre sa photo que j'ai toujours sur moi, il me dit - beautiful ! love ! Il appelle toute sa famille, ils sont trois a mes cotes a m'encourager ! Finalement il prend son numero de mes mains et le compose. Mon coeur va se decrocher, je tremble de tout mon corps, tout le monde me regarde. Ca sonne... plein de fois. Personne ne repond. Le gars me dit t'inquietes, reviens demain matin, on reessayera. Je retourne dans la rue. Soudain le mec dort en courant, me dit ca sonne ! C'est bien le numero qui vient d'etre compose qui s'affiche. Je decroche, reconnais sa voix, me presente. Quelques minutes tres etranges, Fan a du mal a dire autre chose que : - I'm really surprised ! Et puis on commence a se raconter, a parler de nous... la gene initiale s'attenue, les mots defilent, c'est comme si on s'etait quitte la veille. Je lui dit que je serais a Shanghai jusqu'au 5 au soir... elle y arrive le 7 au matin ! C'est trop con, une fois de plus. J'ai vraiment envie de la voir, elle aussi, ca ne sera pas possible. On emet la possibilite de voyager au Tibet ensemble l'annee prochaine... on verra bien. Je racroche, heureux malgre tout. On a passe 1h15 au telephone, c'est passe en 5 minutes. Waouh. Je croise Matthieu and co dans la rue, ils ont droit au feuilleton du jour, avec la petite biere de fin de soiree qui va bien. Je leur parle de Shanghai, leur dit que les hotels sont super chers (pas a moins de 200 Y la nuit), ca leur casse totalement le moral, eux qui voulaient y passer une semaine. Je croise a nouveau Claire de l'Eyrieux, elle reprend le train pour la Mongolie le lendemain. Je lui demande combien lui a coute son visa double entree. - Double quoi ? Je regarde son visa, il n'est qu'une entree... elle et sa soeur ne pourront pas rentrer en Mongolie, ne pourront pas prendre leur vol. Je leur dit d'aller le plus vite possible a l'ambassade de Mongolie a Pekin le lendemain matin pour savoir ce qu'il est possible de faire. Bon, je me sens oiseau de mauvaise augure ce soir, il ne faut plus que je parle a personne. Meme dans mon dortoir de 8 places, je suis seul cette nuit la.
Samedi 2 Septembre. Le plus clair de la journee est occupe a ecrire une grande partie de ce long post pekinois. Une pause a midi pour manger un tres bon poisson dans le resto chez qui on est alle mange le plus souvent, et c'est repartit. J'apprend que Leo et Erwan partent le jour de mon arrivee et qu'ils n'ont pas de solution hebergement pour moi. Louis non plus ne peut pas m'heberger. Je suis pret a payer 2 nuits d'hotels un peu chers si necessaire, mais sans passeport en regle ca me semble complique. J'envoie un mail a Susan, une chinoise rencontree dans un train pour Kunming l'ete dernier, en lui demandant si elle a un conseil ame donner. Je depose finalement mon gros sac de voyage completement blinde a la consigne de l'hotel, qui accepte de me le garder le temps de ma viree Shanghaise. Me voila pare, avec un seul petit sac a dos. Je prend tard le taxi pour la gare. Il y a une immense file pour y rentrer, tout le monde devant passer ses sacs dans un detecteur de securite... je ne sais pas ou aller, quelqu'un a qui je montre mon billet m'indique, je cours. Le train part une petite minute apres que j'ai trouve mon quai, mon train, ma place. Je transpire, j'effraye un peu les gens. Je suis dans le train pour Shanghai, ca y est. Je m'eloigne encore un peu de la France.... n'est-ce pas une folie ?
Shanghai - Mardi 5 Septembre 2006 - 14h49
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