Lundi 30 juillet 2007 - Chengdu / 15h21
Quelques jours ont encore passe, et c'est a nouveau de Chengdu que j'écris ces lignes. Mes derniers moments dans la capitale régionale du Sichuan ? Pas si sur, car la suite s'annonce déjà bien compliquée ! Mais je vous laisse découvrir cela en lisant les lignes qui suivent, ou vous sera notamment contée l'excursion incroyable dans la vallée des merveilles du Jiuzhaigou, probablement l'un des plus beaux lieux que mes pieds aient foulé jusqu'à présent.
On était Jeudi 26 juillet...
En sortant du café Internet, je rejoins Nico et Alex, dit "Le Prussien" (surnom de génie trouve par Nico, bien sur), le grand rouquin teuton qui fait peur au premier abord, mais dont le visage, les gestes et les mots suggèrent rapidement une indiscutable sympathie. On s'était dit qu'on sortirai ensemble ce soir la, il s'était donc empresse d'acheter une délicieuse bouteille d'alcool de riz de qualité a 53 degrés. C'est donc fort sympathiquement, sans doute dans le but de resserer encore l'amitié franco-allemande, qu'il me demande en souriant de vider d'une traite le tiers restant de la bouteille qu'ils avaient commence a siroter a deux en m'attendant. Et moi de m'exécuter bien sur. On s'enfile ensuite quelques brochettes dans la rue, qu'on fait passer avec de la bière chinoise... Alex est dans une forme olympique, il se met a proposer a toutes les chinoises en mini-short qu'il voit passer de nous accompagner en boite. Et ça marche ! On se retrouve rapidement au Top One, une boite branchée et gigantesque, avec plein de salles et tout, avec trois chinoises a nos cotes et une caisse de "Ice beers" tiedes sur la table. Dans une pièce, la techno a la mode rythme les pas de danse approximatifs de centaines de chinois survoltes. Dans une autre, des chanteurs et chanteuses se succèdent sur un podium pour interpréter des chansons pop. Partout, on est les rois. Je n'irai pas jusqu'à dire que les filles se battent pour danser avec nous, mais bon, on se rapproche de l'idée. Le Prussien est incroyable, il dépasse la foule d'une bonne tête et on ne voit que lui, faisant balancer ses bras au dessus de tout le monde ou s'emparant des hanches d'une filles pour danser. Un phénomène qui nous amuse une bonne partie de la soirée, jusqu'au coup de coup de barre qui nous assomme et nous fait reprendre un taxi. On tombe tous les trois dans un lourd sommeil aux alentours de 2h30. Ouais, bon, petits joueurs.
Vendredi 27 juillet
Lever vers 7h, pas frais. Taxi. Car en direction de JiuZhaiGou. Le trajet est estime a 10-12h, on a donc une journée a passer la dedans. Pourquoi pas. Apres 2 heures de grandes routes nationales, on se retrouve déjà engouffre dans une petite route qui serpente à coté d'un fleuve, dans une longue vallée entourée de hautes montagnes. Le paysage ne va aller qu'en s'embellissant dans notre progression vers l'extrême-nord du Sichuan, et on croise plusieurs autres parcs naturels reputes de toute beauté. Pour nous le temps est a la sieste, a la lecture, a la musique... tout ce qu'on peut faire dans un bus quoi. Je me laisse bercer par les images de montagnes qui défilent en écoutant Grandaddy, Hushpuppies, Ghinzu, Galaxie, Coco Rosie... plaisir indescriptible des notes qui ricochent dans la tête, qui emportent les pensées, qui troublent les limites entre rêves et realites, qui offrent un voyage intérieur au voyage physique. Et puis je regarde plusieurs épisodes de la saison 2 de la série "Rome", amenée dans mes bagages grâce a la technologie iPod. Cette série a un souffle épique prodigieux, une mise en scène digne du meilleur du cinéma, un scénario d'une cruauté et d'un tragique rare. Historique pourtant. Oui, je suis en Chine et je regarde des séries américaines, et alors ?
Pendant les pauses (il y en a quelques unes), on s'achète des pommes pas mures, des prunes trop mures, des kiwis sèches très bons et des noisettes locales toutes rondes et grosses qui ont un peu le goût de pistache sucrée. Bon, et de noisette. Pour être sur de manger des denrées comestibles, on a toujours sur nous un paquet d'Oreo (biscuit international au cacao et au lait), ça aide parfois. Il n'y a que des chinois dans le bus a part nous, et l'ambiance est bonne sans plus, on ne se fait pas plein de potes. Il y en a un qui nous parle un peu en anglais, mais il pue tellement de la gueule qu'on tente de raréfier les conversations. A un moment, je regarde par la fenêtre, et j'aperçois un panda en pleine nature ! Non en fait c'est pas vrai. J'aurai bien aime. Le temps se gâte un peu sur la fin. Il pleut. Dernière pause. Des yaks attendent de se faire prendre en photo sur le bord de la route, moyennant une pièce ou deux. Arrivée a la gare routière. On a réservé une guest-house via le Dragon Town, mais on ne se rappelle plus du nom, j'ai perdu l'adresse. On appelle le dit Dragon Town, un mec se trompe aussi de nom et nous dit d'aller dans un hôtel a quarante km d'ici... petite déprime. Je retrouve un papier avec le bon nom, c'est a 5-6 km seulement. Mieux. Le pote d'un pote d'un mec qui cherchait a nous aider nous y emmené pour presque pas un rond. Le cadre est superbe, petite guest-house aux couleurs vives et aux décorations tibétaines, avec stupa et tout. Le personnel est très sympa et parle bien anglais, nous réserve le bus pour rentrer a Chengdu le surlendemain. Il ne pleut plus. L'air est frais, ça sent la montagne, ça sent bon. Mes courbatures me font encore souffrir. On se couche bien sagement vers 23h.
Samedi 28 juillet
Réveil 6h. Un taxi de la guest house nous dépose gratos devant l'entrée du parc. On y est. On acheté une carte du site. Une statue de panda nous dit bonjour. L'entrée coûte un peu chère (310 Y avec le pass pour prendre tous les bus qu'on veut) mais on peut revenir gratuitement le lendemain. Ah merde on n'a prévu qu'une journée. Petit a propos : Le nom Jiuzhaigou provient des neuf villages tibétains dispersés dans toute la vallée (pour comprendre le rapport, demandez a un chinois). Sa beauté primitive et idyllique l'a hisse au rang de trésor national de Chine, et beaucoup se plaisent encore a l'appeler "Le Royaume des Fées". Ouais, nous aussi ça nous a fait envie. Il est maintenant interdit de dormir dans l'enceinte du parc pour préserver au maximum la nature, et seules des navettes ont le droit d'arpenter les routes qui joignent la vallée d'un point a l'autre.
On monte dans une de ces nombreuses navettes, plein sud, en direction des merveilles que regorge la vallée. Le peu qu'on arrive a apercevoir des fenêtres du bus est déjà stupéfiants : une rivière bleue turquoise entourée de bambous, des chutes d'eau, des villages tibétains aux vieux toits typiques... ça a l'air beau, tout le monde s'extasie dans le bus, nous les premiers, c'est chouette de s'extasier, ça remplit de joie sur l'instant. Une fourche. La vallée se sépare en deux, mais grimpe en serpentant, d'un cote en direction du "lac long", de l'autre cote en direction de la "foret primitive". C'est un peu comme dans un " Livre dont vous êtes le héros" ! Tous les visiteurs chinois sortent du bus au niveau de la fourche, on les suit. On décide même de se greffer au groupe qui est plus ou moins guide par un gars. Plus ou moins, car le dit-gars a fait descendre tout le monde au seul endroit ou il n'y a pas d'arrêt de bus ! Ça commence bien, on se met tous a marcher en bifurquant vers l'Ouest, le long de la route. Pause au bord d'un lac, plantes inconnues, canards. On choppe au vol un autre bus, qui nous emmené cette fois tout en haut de la vallée. Une petite place "spéciale touristes" doit être traversée avant d'atteindre la foret : les chinois s'y prennent en photo avec des habits tibétains traditionnels devant la montagne. Pas un ou deux chinois, non, tous les chinois. Un par un. Bien sagement. On a l'impression qu'ils ne prennent même pas le temps d'humer l'air pur d'altitude (3200m), de profiter consciemment de la vue de cette immense montagne qui se dresse derrière eux, dont le sommet, absorbe en partie par les nuages, reflète les rayons de soleil matinaux. Tout au plus un joli décor pour la photo costumée ! Avec Nico on craque, on file loin de "notre groupe" pour se perdre dans la foret. Se perdre est un bien grand mot : tous les sentiers accessibles a pied sont ultra balises, on marche sur des chemins surélevés, en bois, d'environ 2m de largeur, qu'on n'a le droit de quitter sous aucun prétexte. C'est sans doute préférable pour la nature, surtout en prenant en compte le caractère chaotique et sans gène d'une foule chinoise. Mais pour nous, amoureux de la nature, respectueux de l'environnement, d'essence aventureuse,... hum, bon, c'est un peu frustrant. On comprend vite qu'il faut trouver les endroits un peu perdus, avec peu de touristes, pour être vraiment a même de profiter de la nature. Et il y en a.
On prend rapidement nos marques, on comprend le fonctionnement des bus et comment lire la carte. Et puis on se retrouve a marcher, marcher, marcher. On contourne de grands lacs sur des chemins surélevés, coinces entre flanc de montagne et eau. On se retrouve entoure de végétation luxuriante, plantes subtropicales, arbres centenaires, tout ça. On admire des chutes d'eau vrombissantes et titanesques (21m de haut et 162 de large pour la plus grande) qui se faufilent en trombe dans le sillon du cours d'eau pour dévaler les gorges en contrebas. Plaisir de l'accompagnement sonore de l'eau qui éclabousse, ruisselle, emporte. Et puis le son s'arrête. Marais, champs de bambou. Lacs. Lacs majestueux, sereins, bleus turquoise, éclatants, translucides. Lac du cygne, lac du rhinocéros, lac du tigre, lac du panda, lacs des 5 couleurs... couleurs jamais vues, visions effectivement féeriques. On s'imagine les hommes vivant la il y a des millions d'années, se baignant dans ces eaux claires, se lavant dans les chutes. Avaient-ils conscience de l'incroyable beauté qui les entourait ? Nous oui. La légende raconte que ces lacs sont chacun l'un des 118 morceaux d'un miroir magique, brise par un démon qui était jaloux de l'amour unissant la déesse Wunosemo et le dieu guerrier Dage. C'est la classe les légendes, moi je suis (presque) sur que c'est vrai.
Temps de pause pic-nic bien mérite, vue sur une petite cascade, bord du chemin, entoure de végétation, sous un arbre. On mange des morceaux de yak sèches achetés le matin même, c'est délicieux, et puis des chips... ça fait moins rêver, bon. Soudain, une forme noire et blanche semble descendre le long de l'arbre, et je vois devant mes yeux Nico se faire emporter par un panda ! ! ! Bon, c'est pas vrai, ok, je voulais juste donner un peu de rythme au récit. Mais quand même j'aurai bien aime.
Finalement on se fait transporter en bus dans tous les endroits les plus recules, mais on fait la plus grande partie de la (multiple) vallée a pied. Bien sur, ça réveille nos maux de genoux, bien sur les courbatures font mal, bien sur leur manie de mettre des marches partout nous rend dingue. Mais on y va, vaillant, heureux même, parce que c'est beau et qu'on ne veut pas rater la moindre parcelle des époustouflants trésors caches qui truffent les alentours. La fin de journée approche toutefois, et il nous reste toute la première vallée a redescendre jusqu'à l'entrée. On se dépêche, on admire, on se dépêche, on profite, on se dépêche, on écoute, on se dépêche, on sent, on a mal. De plus en plus mal. Un temple est indique sur la carte, un temple tibétain, il faut au moins qu'on arrive jusqu'à lui, il ne devrait plus être loin, après on prendra un car pour redescendre. La, on entame une portion pas vraiment belle (je m'explique : très belle, mais tellement mois que d'autres), mais vraiment longue, interminable même ! On n'en voit pas le bout, les jambes en compote, le moral vacillant. L'heure de fermeture officielle du parc (18h) arrive, on est toujours en train de suivre ce satané cours d'eau, sans aucune possibilité de rejoindre la route et d'attraper une navette, l'horreur. On débouche pourtant sur une route, une autre. Le temple est indique a droite... sans qu'on ai besoin d'en débattre, on part a gauche ! Attente, plus de car, il reste 5 km jusqu'à l'entrée... si, une petite navette finit par débouler et nous prendre ! Il est 19h quand on arrive a l'entrée. Taxi. Une fois de plus, on arrive très fièrement a la guest-house en boitant. Epuises mais heureux, une fois de plus.
On a faim. On entend de la musique juste a cote de la guest-house, et puis un filet de viande grillée nous titille les narines... on va voir. Des jeunes filles en robe traditionnelles nous accueillent avec le sourire et nous invite a prendre place dans une grande tente dressée avec d'autres touristes chinois. Au centre, un mouton est en train de griller a la broche. A cote, un jeune homme chante a tue-tête dans un micro qui resonne par dessus une bande musicale ultra forte qui grésille. Ça a l'air rigolo, on accepte de se joindre a la fête, de manger la. Les jeunes qui animent la soirée (environ 2 mecs et 4 filles, entre 16 et 25 ans) sont assez touchants, un peu approximatifs dans leurs voix et maladroits dans leurs pas de danse, ce qui confère a l'ensemble un cote populaire super plaisant ! On est rapidement invite a danser avec eux, on fait de superbes chorégraphies en tournant autour du mouton. Avec nos pâtes folles, c'est pas triste. Une chinoise dit poliment a Nico qu'il danse très bien, se qui me fait éclater de rire. Il fallait le voir danser. Puis vient le temps du chant, plusieurs chinois invites s'en vont pousser la chansonnette. Et moi... aussi, bien sur ! Pas maso, j'y vais a grand coup de Joe Dassin, je sais que ça fonctionne a chaque fois. Bon, ils n'ont pas l'air de connaître, mais je m'applique dans le micro en aillant l'air d'y croire, ce qui n'est pas si évident quand tu chantes " Aux Champs Elysées" ou "Et si tu n'existais pas" (spéciale dédicace a Léo, remember le lac Baïkal) ! Tout le monde semble ravit que je me sois plie au jeu, c'est déjà ça. Et Nico de rire a son tour, bien sur. On boit une sorte de thé tibétain assez spécial, pas du tchai, autre chose, ça se boit. Et puis une boisson (très peu) alcoolisée et (très peu) goutue. On mange des morceaux de patates froides, du pain maison, et puis enfin du mouton. Il a été enduit au pinceau pendant des heures d'un mélange d'épices assez fortes et salées qui ont eu le temps de bien griller avec la viande. Moi je trouve ça très bon, Nico n'est pas tout a fait du même avis et craque sur la nourriture trop épicée. Mais il est courageux, il mange, et il sait qu'un bon paquet d'Oreo l'attend sous son oreiller. Session photos pour finir. La (vieille) chinoise qui n'a pas arrête de draguer Nico demande la sienne bien sur. Moi je crois avoir tapé dans l'œil a l'une des filles au profil tibétain, très mignonne. Mais non, je ne suis pas un homme facile (!!). On rentre se coucher, il est 23h. On s'enduit les jambes de Nifluril, gel hisse au rang divin. La lune est pleine je crois.
Dimanche 29 juillet
Lever 7h. A 7h30, le bus s'arrête devant la guest-house pour nous prendre, direction Chengdu. Retour. Il fait plus beau qu'a l'allée, les paysages de montagnes sont encore plus frappants de majesté. On s'incline une fois de plus devant la nature. On croise encore des pandas en liberté. C'est une fois de plus faux, et ça commence a m'énerver. Pause de midi, nouilles et soja sauce Sichuan, aubergines sauce Sichuan, Nico craque. Arrêt pipi, je me trompe de bus et monte dans un autre, le chauffeur vient me chercher, tout le car se fout de ma gueule, surtout Nico. Et puis siestes, musique et lectures. Je m'enfile dans la journée l'intégralité des " Ritals" de Cavanna (merci Steph), qui se passe avant "Les Russkofs" (lu lors de mon voyage précédant) et qui raconte sa vie d'immigré italien en France entre 6 et 16 ans. Très bon, vraiment. Arrivée a Chengdu. Le car fait 2-3 tours en ville, finit par nous poser quelque part et nous demande de changer de car pour rejoindre la gare routière. Pas compris. Il est 19h00.
De retour au Dragon Town, on croise 3 français a la réception, l'air sympa. Bouffe ensemble dans la rue, on goûte des crevettes pas cuites, des noix de St-Jacques pas vraiment St-Jacques, des mélanges végétariens avec de la viande, et c'est cher. Mais le moment est sympa, les français pas (trop) cons. La lune est pleine, cette fois c'est sur. Une pensée pour Kev, évidemment. En sortant de table, Nico oublie son sac a ses pieds... mais est rattrape par le gérant qui lui rend. Pas mal, ça change un peu. Je demande a la réception si je peux avoir mon billet d'avion pour le Tibet (paye il y a une semaine), on me dit pas de problème, demain matin. Dans notre nouveau dortoir, un couple de français (décidément) d'un certain âge a réussi a s'organiser un tour du Tibet de 20 jours en louant jeep et chauffeur. Ça fait envie. On verra bien ! Il est 23h, l'heure du dodo.
Lundi 30 juillet. Lever 6h50. La raison ? Déjà c'est la pleine lune, et mon sommeil est super léger, je suis presque réveille depuis 5h. Ensuite, les moustiques se sont acharnes sur moi cette nuit, ça me gratte. J'ai heureusement sur moi ce fabuleux gel contre les piqûres d'insetto acheté en Italie. La vraie raison ? A force de voir des pandas partout, on s'est décide a aller les voir, les pandas, ça devenait une obsession. Alors hop, circuit matinal organise par la guest-house, direction le Centre de recherche et d'élevage du panda géant ! Et la on en voit des pandas, des vrais, par dizaines. On a du mal a croire que ce n'est pas des peluches-robots articulées, et puis quand on s'est fait une raison on trouve ça vraiment craquant. Ça bouffe des bambous a la pelle, ça te regarde avec des yeux vraiment gentils, ce se déplace de façon rigolote. Il y a des panda géants adultes, des pandas géant gamins, et puis des pandas géants de 5 a 20 jours ! Alors la c'est carrément craquant, encore que l'appellation "panda géant" fait un peu bizarre pour ces mini-portions de vie. Il y a aussi des pandas rouges, plus petits. Et puis un documentaire sur les pandas, et puis un musée du panda, et puis on nous offre une petite peluche en forme de panda. Ok, c'est génial, mais la j'ai eu ma dose.
Retour au Dragon Town pour midi, je réclame mon billet d'avion pour le Tibet... le mec vient vers moi avec un air sincèrement désole et me dit qu'il n'y a pas de bonnes nouvelles, que le bureau d'immigration du Tibet refuse de me donner un permis pour ce jour la, qu'il faut que je parte le lendemain. Ça m'emmerde, je lui dis, surtout que j'ai paye il y a longtemps et que j'ai l'impression qu'il vient juste de s'en occuper. Il se dit désole, me dis qu'il me rendra 100Y pour que je puisse passer une nuit de plus dans la guets-house et manger... bon, j'ai pas le choix. Je lui dis Ok, mais c'est sur pour mercredi matin ? Il me répond oui, je vais gérer, repasse tout a l'heure pour confirmation. On va retirer de l'argent, manger des nouilles, du riz, boire du thé, et tout a l'heure arrive. Il me dis en fait ça n'est pas sur, le bureau de l'immigration fais des histoires car je suis seul, normalement il faut faire parti d'un groupe pour aller au Tibet, il attend la réponse, il va tout faire...
Et voila, j'en suis la. Nico part demain soir pour Xi'an en train. Je devais partir demain matin. Et je ne suis plus sur de partir du tout ! Mon voyage prend du retard sur mes prévisions, même si c'était prévisible, et c'est un petit peu déprimant. A chaque fois que je me retrouve seul pour la première fois dans un voyage, il m'arrive quelque chose. Il y a deux ans, je me fais virer du bus de Guillin qui devais m'emmener a Kunming, puis cracher dessus, juste après avoir quitte Pierre. L'année dernière, je perd mon passeport juste avant de prendre mon vol retour, au moment du départ de Léo et Erwan pour Shanghai. Et rebelote, je ne suis pas sur de pouvoir continuer comme prévu. Pas si grave après tout, je n'irai peut-être pas au Tibet, ou peut-être mais différemment. Quoi qu'il en soit je me débrouillerai pour rebondir et pour profiter au maximum du voyage, je dois aller de l'avant ! Mais ça fait déjà 4h que je tape, il est temps pour moi de rejoindre Nico et d'entendre le verdict pour le Tibet... qui devait m'être donne a 18h ! Wait and see...
Quelques jours ont encore passe, et c'est a nouveau de Chengdu que j'écris ces lignes. Mes derniers moments dans la capitale régionale du Sichuan ? Pas si sur, car la suite s'annonce déjà bien compliquée ! Mais je vous laisse découvrir cela en lisant les lignes qui suivent, ou vous sera notamment contée l'excursion incroyable dans la vallée des merveilles du Jiuzhaigou, probablement l'un des plus beaux lieux que mes pieds aient foulé jusqu'à présent.
On était Jeudi 26 juillet...
En sortant du café Internet, je rejoins Nico et Alex, dit "Le Prussien" (surnom de génie trouve par Nico, bien sur), le grand rouquin teuton qui fait peur au premier abord, mais dont le visage, les gestes et les mots suggèrent rapidement une indiscutable sympathie. On s'était dit qu'on sortirai ensemble ce soir la, il s'était donc empresse d'acheter une délicieuse bouteille d'alcool de riz de qualité a 53 degrés. C'est donc fort sympathiquement, sans doute dans le but de resserer encore l'amitié franco-allemande, qu'il me demande en souriant de vider d'une traite le tiers restant de la bouteille qu'ils avaient commence a siroter a deux en m'attendant. Et moi de m'exécuter bien sur. On s'enfile ensuite quelques brochettes dans la rue, qu'on fait passer avec de la bière chinoise... Alex est dans une forme olympique, il se met a proposer a toutes les chinoises en mini-short qu'il voit passer de nous accompagner en boite. Et ça marche ! On se retrouve rapidement au Top One, une boite branchée et gigantesque, avec plein de salles et tout, avec trois chinoises a nos cotes et une caisse de "Ice beers" tiedes sur la table. Dans une pièce, la techno a la mode rythme les pas de danse approximatifs de centaines de chinois survoltes. Dans une autre, des chanteurs et chanteuses se succèdent sur un podium pour interpréter des chansons pop. Partout, on est les rois. Je n'irai pas jusqu'à dire que les filles se battent pour danser avec nous, mais bon, on se rapproche de l'idée. Le Prussien est incroyable, il dépasse la foule d'une bonne tête et on ne voit que lui, faisant balancer ses bras au dessus de tout le monde ou s'emparant des hanches d'une filles pour danser. Un phénomène qui nous amuse une bonne partie de la soirée, jusqu'au coup de coup de barre qui nous assomme et nous fait reprendre un taxi. On tombe tous les trois dans un lourd sommeil aux alentours de 2h30. Ouais, bon, petits joueurs.
Vendredi 27 juillet
Lever vers 7h, pas frais. Taxi. Car en direction de JiuZhaiGou. Le trajet est estime a 10-12h, on a donc une journée a passer la dedans. Pourquoi pas. Apres 2 heures de grandes routes nationales, on se retrouve déjà engouffre dans une petite route qui serpente à coté d'un fleuve, dans une longue vallée entourée de hautes montagnes. Le paysage ne va aller qu'en s'embellissant dans notre progression vers l'extrême-nord du Sichuan, et on croise plusieurs autres parcs naturels reputes de toute beauté. Pour nous le temps est a la sieste, a la lecture, a la musique... tout ce qu'on peut faire dans un bus quoi. Je me laisse bercer par les images de montagnes qui défilent en écoutant Grandaddy, Hushpuppies, Ghinzu, Galaxie, Coco Rosie... plaisir indescriptible des notes qui ricochent dans la tête, qui emportent les pensées, qui troublent les limites entre rêves et realites, qui offrent un voyage intérieur au voyage physique. Et puis je regarde plusieurs épisodes de la saison 2 de la série "Rome", amenée dans mes bagages grâce a la technologie iPod. Cette série a un souffle épique prodigieux, une mise en scène digne du meilleur du cinéma, un scénario d'une cruauté et d'un tragique rare. Historique pourtant. Oui, je suis en Chine et je regarde des séries américaines, et alors ?
Pendant les pauses (il y en a quelques unes), on s'achète des pommes pas mures, des prunes trop mures, des kiwis sèches très bons et des noisettes locales toutes rondes et grosses qui ont un peu le goût de pistache sucrée. Bon, et de noisette. Pour être sur de manger des denrées comestibles, on a toujours sur nous un paquet d'Oreo (biscuit international au cacao et au lait), ça aide parfois. Il n'y a que des chinois dans le bus a part nous, et l'ambiance est bonne sans plus, on ne se fait pas plein de potes. Il y en a un qui nous parle un peu en anglais, mais il pue tellement de la gueule qu'on tente de raréfier les conversations. A un moment, je regarde par la fenêtre, et j'aperçois un panda en pleine nature ! Non en fait c'est pas vrai. J'aurai bien aime. Le temps se gâte un peu sur la fin. Il pleut. Dernière pause. Des yaks attendent de se faire prendre en photo sur le bord de la route, moyennant une pièce ou deux. Arrivée a la gare routière. On a réservé une guest-house via le Dragon Town, mais on ne se rappelle plus du nom, j'ai perdu l'adresse. On appelle le dit Dragon Town, un mec se trompe aussi de nom et nous dit d'aller dans un hôtel a quarante km d'ici... petite déprime. Je retrouve un papier avec le bon nom, c'est a 5-6 km seulement. Mieux. Le pote d'un pote d'un mec qui cherchait a nous aider nous y emmené pour presque pas un rond. Le cadre est superbe, petite guest-house aux couleurs vives et aux décorations tibétaines, avec stupa et tout. Le personnel est très sympa et parle bien anglais, nous réserve le bus pour rentrer a Chengdu le surlendemain. Il ne pleut plus. L'air est frais, ça sent la montagne, ça sent bon. Mes courbatures me font encore souffrir. On se couche bien sagement vers 23h.
Samedi 28 juillet
Réveil 6h. Un taxi de la guest house nous dépose gratos devant l'entrée du parc. On y est. On acheté une carte du site. Une statue de panda nous dit bonjour. L'entrée coûte un peu chère (310 Y avec le pass pour prendre tous les bus qu'on veut) mais on peut revenir gratuitement le lendemain. Ah merde on n'a prévu qu'une journée. Petit a propos : Le nom Jiuzhaigou provient des neuf villages tibétains dispersés dans toute la vallée (pour comprendre le rapport, demandez a un chinois). Sa beauté primitive et idyllique l'a hisse au rang de trésor national de Chine, et beaucoup se plaisent encore a l'appeler "Le Royaume des Fées". Ouais, nous aussi ça nous a fait envie. Il est maintenant interdit de dormir dans l'enceinte du parc pour préserver au maximum la nature, et seules des navettes ont le droit d'arpenter les routes qui joignent la vallée d'un point a l'autre.
On monte dans une de ces nombreuses navettes, plein sud, en direction des merveilles que regorge la vallée. Le peu qu'on arrive a apercevoir des fenêtres du bus est déjà stupéfiants : une rivière bleue turquoise entourée de bambous, des chutes d'eau, des villages tibétains aux vieux toits typiques... ça a l'air beau, tout le monde s'extasie dans le bus, nous les premiers, c'est chouette de s'extasier, ça remplit de joie sur l'instant. Une fourche. La vallée se sépare en deux, mais grimpe en serpentant, d'un cote en direction du "lac long", de l'autre cote en direction de la "foret primitive". C'est un peu comme dans un " Livre dont vous êtes le héros" ! Tous les visiteurs chinois sortent du bus au niveau de la fourche, on les suit. On décide même de se greffer au groupe qui est plus ou moins guide par un gars. Plus ou moins, car le dit-gars a fait descendre tout le monde au seul endroit ou il n'y a pas d'arrêt de bus ! Ça commence bien, on se met tous a marcher en bifurquant vers l'Ouest, le long de la route. Pause au bord d'un lac, plantes inconnues, canards. On choppe au vol un autre bus, qui nous emmené cette fois tout en haut de la vallée. Une petite place "spéciale touristes" doit être traversée avant d'atteindre la foret : les chinois s'y prennent en photo avec des habits tibétains traditionnels devant la montagne. Pas un ou deux chinois, non, tous les chinois. Un par un. Bien sagement. On a l'impression qu'ils ne prennent même pas le temps d'humer l'air pur d'altitude (3200m), de profiter consciemment de la vue de cette immense montagne qui se dresse derrière eux, dont le sommet, absorbe en partie par les nuages, reflète les rayons de soleil matinaux. Tout au plus un joli décor pour la photo costumée ! Avec Nico on craque, on file loin de "notre groupe" pour se perdre dans la foret. Se perdre est un bien grand mot : tous les sentiers accessibles a pied sont ultra balises, on marche sur des chemins surélevés, en bois, d'environ 2m de largeur, qu'on n'a le droit de quitter sous aucun prétexte. C'est sans doute préférable pour la nature, surtout en prenant en compte le caractère chaotique et sans gène d'une foule chinoise. Mais pour nous, amoureux de la nature, respectueux de l'environnement, d'essence aventureuse,... hum, bon, c'est un peu frustrant. On comprend vite qu'il faut trouver les endroits un peu perdus, avec peu de touristes, pour être vraiment a même de profiter de la nature. Et il y en a.
On prend rapidement nos marques, on comprend le fonctionnement des bus et comment lire la carte. Et puis on se retrouve a marcher, marcher, marcher. On contourne de grands lacs sur des chemins surélevés, coinces entre flanc de montagne et eau. On se retrouve entoure de végétation luxuriante, plantes subtropicales, arbres centenaires, tout ça. On admire des chutes d'eau vrombissantes et titanesques (21m de haut et 162 de large pour la plus grande) qui se faufilent en trombe dans le sillon du cours d'eau pour dévaler les gorges en contrebas. Plaisir de l'accompagnement sonore de l'eau qui éclabousse, ruisselle, emporte. Et puis le son s'arrête. Marais, champs de bambou. Lacs. Lacs majestueux, sereins, bleus turquoise, éclatants, translucides. Lac du cygne, lac du rhinocéros, lac du tigre, lac du panda, lacs des 5 couleurs... couleurs jamais vues, visions effectivement féeriques. On s'imagine les hommes vivant la il y a des millions d'années, se baignant dans ces eaux claires, se lavant dans les chutes. Avaient-ils conscience de l'incroyable beauté qui les entourait ? Nous oui. La légende raconte que ces lacs sont chacun l'un des 118 morceaux d'un miroir magique, brise par un démon qui était jaloux de l'amour unissant la déesse Wunosemo et le dieu guerrier Dage. C'est la classe les légendes, moi je suis (presque) sur que c'est vrai.
Temps de pause pic-nic bien mérite, vue sur une petite cascade, bord du chemin, entoure de végétation, sous un arbre. On mange des morceaux de yak sèches achetés le matin même, c'est délicieux, et puis des chips... ça fait moins rêver, bon. Soudain, une forme noire et blanche semble descendre le long de l'arbre, et je vois devant mes yeux Nico se faire emporter par un panda ! ! ! Bon, c'est pas vrai, ok, je voulais juste donner un peu de rythme au récit. Mais quand même j'aurai bien aime.
Finalement on se fait transporter en bus dans tous les endroits les plus recules, mais on fait la plus grande partie de la (multiple) vallée a pied. Bien sur, ça réveille nos maux de genoux, bien sur les courbatures font mal, bien sur leur manie de mettre des marches partout nous rend dingue. Mais on y va, vaillant, heureux même, parce que c'est beau et qu'on ne veut pas rater la moindre parcelle des époustouflants trésors caches qui truffent les alentours. La fin de journée approche toutefois, et il nous reste toute la première vallée a redescendre jusqu'à l'entrée. On se dépêche, on admire, on se dépêche, on profite, on se dépêche, on écoute, on se dépêche, on sent, on a mal. De plus en plus mal. Un temple est indique sur la carte, un temple tibétain, il faut au moins qu'on arrive jusqu'à lui, il ne devrait plus être loin, après on prendra un car pour redescendre. La, on entame une portion pas vraiment belle (je m'explique : très belle, mais tellement mois que d'autres), mais vraiment longue, interminable même ! On n'en voit pas le bout, les jambes en compote, le moral vacillant. L'heure de fermeture officielle du parc (18h) arrive, on est toujours en train de suivre ce satané cours d'eau, sans aucune possibilité de rejoindre la route et d'attraper une navette, l'horreur. On débouche pourtant sur une route, une autre. Le temple est indique a droite... sans qu'on ai besoin d'en débattre, on part a gauche ! Attente, plus de car, il reste 5 km jusqu'à l'entrée... si, une petite navette finit par débouler et nous prendre ! Il est 19h quand on arrive a l'entrée. Taxi. Une fois de plus, on arrive très fièrement a la guest-house en boitant. Epuises mais heureux, une fois de plus.
On a faim. On entend de la musique juste a cote de la guest-house, et puis un filet de viande grillée nous titille les narines... on va voir. Des jeunes filles en robe traditionnelles nous accueillent avec le sourire et nous invite a prendre place dans une grande tente dressée avec d'autres touristes chinois. Au centre, un mouton est en train de griller a la broche. A cote, un jeune homme chante a tue-tête dans un micro qui resonne par dessus une bande musicale ultra forte qui grésille. Ça a l'air rigolo, on accepte de se joindre a la fête, de manger la. Les jeunes qui animent la soirée (environ 2 mecs et 4 filles, entre 16 et 25 ans) sont assez touchants, un peu approximatifs dans leurs voix et maladroits dans leurs pas de danse, ce qui confère a l'ensemble un cote populaire super plaisant ! On est rapidement invite a danser avec eux, on fait de superbes chorégraphies en tournant autour du mouton. Avec nos pâtes folles, c'est pas triste. Une chinoise dit poliment a Nico qu'il danse très bien, se qui me fait éclater de rire. Il fallait le voir danser. Puis vient le temps du chant, plusieurs chinois invites s'en vont pousser la chansonnette. Et moi... aussi, bien sur ! Pas maso, j'y vais a grand coup de Joe Dassin, je sais que ça fonctionne a chaque fois. Bon, ils n'ont pas l'air de connaître, mais je m'applique dans le micro en aillant l'air d'y croire, ce qui n'est pas si évident quand tu chantes " Aux Champs Elysées" ou "Et si tu n'existais pas" (spéciale dédicace a Léo, remember le lac Baïkal) ! Tout le monde semble ravit que je me sois plie au jeu, c'est déjà ça. Et Nico de rire a son tour, bien sur. On boit une sorte de thé tibétain assez spécial, pas du tchai, autre chose, ça se boit. Et puis une boisson (très peu) alcoolisée et (très peu) goutue. On mange des morceaux de patates froides, du pain maison, et puis enfin du mouton. Il a été enduit au pinceau pendant des heures d'un mélange d'épices assez fortes et salées qui ont eu le temps de bien griller avec la viande. Moi je trouve ça très bon, Nico n'est pas tout a fait du même avis et craque sur la nourriture trop épicée. Mais il est courageux, il mange, et il sait qu'un bon paquet d'Oreo l'attend sous son oreiller. Session photos pour finir. La (vieille) chinoise qui n'a pas arrête de draguer Nico demande la sienne bien sur. Moi je crois avoir tapé dans l'œil a l'une des filles au profil tibétain, très mignonne. Mais non, je ne suis pas un homme facile (!!). On rentre se coucher, il est 23h. On s'enduit les jambes de Nifluril, gel hisse au rang divin. La lune est pleine je crois.
Dimanche 29 juillet
Lever 7h. A 7h30, le bus s'arrête devant la guest-house pour nous prendre, direction Chengdu. Retour. Il fait plus beau qu'a l'allée, les paysages de montagnes sont encore plus frappants de majesté. On s'incline une fois de plus devant la nature. On croise encore des pandas en liberté. C'est une fois de plus faux, et ça commence a m'énerver. Pause de midi, nouilles et soja sauce Sichuan, aubergines sauce Sichuan, Nico craque. Arrêt pipi, je me trompe de bus et monte dans un autre, le chauffeur vient me chercher, tout le car se fout de ma gueule, surtout Nico. Et puis siestes, musique et lectures. Je m'enfile dans la journée l'intégralité des " Ritals" de Cavanna (merci Steph), qui se passe avant "Les Russkofs" (lu lors de mon voyage précédant) et qui raconte sa vie d'immigré italien en France entre 6 et 16 ans. Très bon, vraiment. Arrivée a Chengdu. Le car fait 2-3 tours en ville, finit par nous poser quelque part et nous demande de changer de car pour rejoindre la gare routière. Pas compris. Il est 19h00.
De retour au Dragon Town, on croise 3 français a la réception, l'air sympa. Bouffe ensemble dans la rue, on goûte des crevettes pas cuites, des noix de St-Jacques pas vraiment St-Jacques, des mélanges végétariens avec de la viande, et c'est cher. Mais le moment est sympa, les français pas (trop) cons. La lune est pleine, cette fois c'est sur. Une pensée pour Kev, évidemment. En sortant de table, Nico oublie son sac a ses pieds... mais est rattrape par le gérant qui lui rend. Pas mal, ça change un peu. Je demande a la réception si je peux avoir mon billet d'avion pour le Tibet (paye il y a une semaine), on me dit pas de problème, demain matin. Dans notre nouveau dortoir, un couple de français (décidément) d'un certain âge a réussi a s'organiser un tour du Tibet de 20 jours en louant jeep et chauffeur. Ça fait envie. On verra bien ! Il est 23h, l'heure du dodo.
Lundi 30 juillet. Lever 6h50. La raison ? Déjà c'est la pleine lune, et mon sommeil est super léger, je suis presque réveille depuis 5h. Ensuite, les moustiques se sont acharnes sur moi cette nuit, ça me gratte. J'ai heureusement sur moi ce fabuleux gel contre les piqûres d'insetto acheté en Italie. La vraie raison ? A force de voir des pandas partout, on s'est décide a aller les voir, les pandas, ça devenait une obsession. Alors hop, circuit matinal organise par la guest-house, direction le Centre de recherche et d'élevage du panda géant ! Et la on en voit des pandas, des vrais, par dizaines. On a du mal a croire que ce n'est pas des peluches-robots articulées, et puis quand on s'est fait une raison on trouve ça vraiment craquant. Ça bouffe des bambous a la pelle, ça te regarde avec des yeux vraiment gentils, ce se déplace de façon rigolote. Il y a des panda géants adultes, des pandas géant gamins, et puis des pandas géants de 5 a 20 jours ! Alors la c'est carrément craquant, encore que l'appellation "panda géant" fait un peu bizarre pour ces mini-portions de vie. Il y a aussi des pandas rouges, plus petits. Et puis un documentaire sur les pandas, et puis un musée du panda, et puis on nous offre une petite peluche en forme de panda. Ok, c'est génial, mais la j'ai eu ma dose.
Retour au Dragon Town pour midi, je réclame mon billet d'avion pour le Tibet... le mec vient vers moi avec un air sincèrement désole et me dit qu'il n'y a pas de bonnes nouvelles, que le bureau d'immigration du Tibet refuse de me donner un permis pour ce jour la, qu'il faut que je parte le lendemain. Ça m'emmerde, je lui dis, surtout que j'ai paye il y a longtemps et que j'ai l'impression qu'il vient juste de s'en occuper. Il se dit désole, me dis qu'il me rendra 100Y pour que je puisse passer une nuit de plus dans la guets-house et manger... bon, j'ai pas le choix. Je lui dis Ok, mais c'est sur pour mercredi matin ? Il me répond oui, je vais gérer, repasse tout a l'heure pour confirmation. On va retirer de l'argent, manger des nouilles, du riz, boire du thé, et tout a l'heure arrive. Il me dis en fait ça n'est pas sur, le bureau de l'immigration fais des histoires car je suis seul, normalement il faut faire parti d'un groupe pour aller au Tibet, il attend la réponse, il va tout faire...
Et voila, j'en suis la. Nico part demain soir pour Xi'an en train. Je devais partir demain matin. Et je ne suis plus sur de partir du tout ! Mon voyage prend du retard sur mes prévisions, même si c'était prévisible, et c'est un petit peu déprimant. A chaque fois que je me retrouve seul pour la première fois dans un voyage, il m'arrive quelque chose. Il y a deux ans, je me fais virer du bus de Guillin qui devais m'emmener a Kunming, puis cracher dessus, juste après avoir quitte Pierre. L'année dernière, je perd mon passeport juste avant de prendre mon vol retour, au moment du départ de Léo et Erwan pour Shanghai. Et rebelote, je ne suis pas sur de pouvoir continuer comme prévu. Pas si grave après tout, je n'irai peut-être pas au Tibet, ou peut-être mais différemment. Quoi qu'il en soit je me débrouillerai pour rebondir et pour profiter au maximum du voyage, je dois aller de l'avant ! Mais ça fait déjà 4h que je tape, il est temps pour moi de rejoindre Nico et d'entendre le verdict pour le Tibet... qui devait m'être donne a 18h ! Wait and see...