Voilà arrivé l'heure du dernier post de voyage. Courageux sont ceux qui auront pris le temps de suivre entièrement cette centaine de pages gribouillées au gré des avions, des bateaux, des bus, dans des cafés ou des guest-houses. Aurai-je exagéré certaines choses ? Sans aucun doute. En aurai-je délibérément omis ? Oui, il y a des chances. Mais dans l'ensemble, ce récit aura été calqué sur ce que j'ai ressenti au fur et à mesure et me semble d'une grande fidélité avec ce qui s'est passé. Voici donc les notes des tous derniers jours de mon périple, avec le passage éclair (mais non moins dense) à Bangkok et les dernières surprises Hong Kongaises...
Mercredi 31 Août - Hong Kong, dans l'avion en direction de Moscou / 12h10 (heure de Hong Kong)
Dans le bus de nuit en direction de Vientiane, je suis à côté d'un gars que mon nez et mes cheveux longs font beaucoup rire, mais qui ne tarde pas à s'endormir sur mon épaule ! Le trajet est inconfortable mais je dors quand même quelques heures avant l'arrivée. Au sortir du bus je rencontre un français qui a lui aussi un vol à la même heure que moi (10h30), pour le Cambodge. Comme il n'est qu'un peu + de 5h, je lui propose de passer un peu de temps en centre-ville et on prend un tuk-tuk ensembke. Manu (c'est comme ça qu'il s'appelle) travaille en fait au Chili depuis plus de 5 ans, dans la recherche astrophysique et les télescopes, et il est assez passionnant. On se balade au "Morning Market" de la ville qui est déjà blindé de monde (!) et on se pose à une table pour boire un café, au plein coeur du marché. Il me parle longuement de l'Amérique latine, de ses musiques, des différences entres les peuples (chiliens, argentins, brésiliens...), et bien sûr de son voyage en Asie. Il vient de Chine et il lui est arrivé à lui aussi des expériences bien singulières. En s'éloignant du marché, je lui fais découvrir tous les fruits du coin qu'il ne connait pas, avec une immense salade de fruits au yaourt (là où j'en avais déjà mangé une quelques jours plus tôt), puis on finit par se diriger vers l'aéroport en tuk-tuk. Au moment d'enregistrer mes bagages, je m'aperçois que j'ai oublié mon cylindre en bambou contenant la peinture que je transporte tant bien que mal depuis Guilin en Chine ! Je suis très con... mais au réveil tout n'est pas si facile ! Je cours hors de l'aéroport et attrape un taxi pour qu'il me raccompagne à la gare routière, par chance pas si éloignée. Je demande au guichet, un homme me montre le bus en stationnement qui n'est pas reparti, et je retrouve l'objet de ma recherche qui n'avait pas bougé ! J'ai encore de la chance. Le taxi me repose à l'aéroport et j'ai le temps d'embarquer sans problème, après avoir revu Manu pour lui dire au revoir.
Le vol avec Thaï Airlines, c'est trop la classe. Les très belles hôtesses vêtues de longues robes magnifiques accueillent les passagers les mains jointes en se penchant, avec des sourires qui suffisent à emplir de joie. Des écrans géants diffusent des messages d'amour et de bonheur, du genre "Happiness on earth" avec des orchidées au vent. Au repas, terrine de crevettes épicées au pamplemousse et autres mets succulents. Atterrissage à Bangkok. J'essaye de transformer mes (très) nombreux Kips Laotiens en Baths Thaïlandais mais aucune banque n'accepte le change ici ! Je suis une fois de plus con, j'aurais pu les changer à l'aéroport de Vientiane avant de partir. J'essaye de retirer 5000 Baths (=100 €) mais ma limite de retrait hebdomadaire autorisé est dépassé... shit. Je tente 3000... marche toujours pas. Le distributeur finit par me donner 1500 Baths, c'est déjà ça. Comme je n'ai pas trop de temps je décide de prendre un taxi pour aller en ville : déjà 350 Baths ! Ça va vite. Khaosan Road est le "repère des routards asiatiques" du au fait qu'on a pas besoin de visa pour venir en Thaïlande, du coup beaucoup d'arrivées et de départs en Asie se font ici. Je me dégote vite une guest-house à 280 Baths la nuit, ça peut aller. Je suis enfin libre en plein Bangkok. Khaosan Road, c'est vraiment une atmosphère particulière. Il y a plus d'occidentaux que d'asiatiques, ça grouille dans tous les coins, et il y a des centaines de magasins, d'agences de voyage, de guest-houses, de bars de tous styles, de salles d'accès Internet et de salons de massages. On sent une immense ferveur partout, même les trottoirs sont remplis de vendeurs d'objets ou de nourriture. Après avoir longé la rue de part en part, j'en rejoins une autre dans laquelle un tuk-tuk m'accoste en me demandant où je veux aller. Je lui dis que je n'ai pas beaucoup de temps et que je veux voir toutes les "tueries" de Bangkok, il me propose de me trimballer à pleins d'endroits en me montrant une carte, pour seulement 50 Baths. Ok. Je passe donc 2 heures à être transporté d'un bouddha géant en or à un temple somptueux ou un marché local. Je goûte des brochettes de foie grillé au top. A l'intérieur d'un petit temple renfermant un grand bouddha en or couché, un homme avec un chapeau de cowboy m'aborde en criant en anglais. Il me dit que je suis un homme trop chanceux car beaucoup de lieux d'obédience bouddhistes ne sont ouverts que les 29 de chaque mois, et qu'on est justement le 29 ! Il me dit avoir traversé tout le nord du pays pour venir en ce jour si important pour sa religion. Puis il m'avoue sur le ton de la confidence qu'il vient "aussi" là pour profiter des derniers jours du "Thaï export promotion", où il peut acheter des bijoux détaxés et pas chers pour ensuite les revendre 2 fois + cher en Australie ! Je suis tombé sur un sacré roublard, il me fait bien rigoler. Je m'achète pour ma part un super costard "Armani" sur mesure, sans écrit la marque bien sûr, mais c'est grave la classe (100% kashmir, coupe plutôt à la mode je crois), pour seulement 80 € avec un foulard en soie offert. Ils me prennent mes mesures et le vendeur me promet qu'il me fait livrer ça à ma guest-house dans les heures qui viennent, vers 19h. Je paye bien sûr d'avance. Le tuk-tuk insiste beaucoup pour m'emmener ensuite voir des peep-shows et pratiquer le "boom-boom massage", et j'ai toutes les peines du monde à lui expliquer que non, je ne suis pas marié, mais que non, je ne suis pas là pour ça. Je lui demande plutôt de me poser à un embarcadère du Chao Praya, le fleuve qui traverse Bangkok du nord au sud. J'embarque pour une superbe balade dans les petits canaux de la ville, dans un petit bateau. Je croise plein d'habitations en bois et de mini-temples sur pilotis, donnant directement sur l'eau. C'est chouette, et en plus les gars du bateau (ils sont 2 potes) mettent du Rock Thaï à fond et font une pause pour aller chercher des bières. Cette seule bière suffit d'ailleurs à me bourrer la gueule, je crois que j'ai vraiment perdu l'habitude de boire au court du voyage ! J'aperçois aussi sur la rive du fleuve le fameux palais royal, connu pour être une des plus grandes beautés de toute l'Asie, et qui est malheureusement fermé aujourd'hui. A 19h, de retour à la guest-house, pas de nouvelle du costume. Ça m'inquiète car j'avais du rappeler le magasin vers 18h pour leur dire que je m'étais trompé de nom de guest-house, et je ne sais pas s'ils ont bien fait la modification. J'entends soudain un gros orage dehors et j'en profite pour me doucher, avant de ressortir sous un parapluie. Après une bonne balade et un ou 2 achats sur Khaosan Road (dont un lecteur de format VCD pour pouvoir visionner les karaokés que je me suis acheté au fur et à mesure !), je suis de retour. Il est 21h et toujours aucune nouvelle d'une quelconque livraison. Je commence vraiment à m'inquiéter, surtout que le magasin est bien sur fermé depuis longtemps donc injoignable. Je rencontre à ce moment un allemand à qui j'expose mes soucis, il rigole et me propose d'aller boire des bières pour oublier... ils ont l'esprit pratique ces allemands. On monte à l'étage d'un colossal Irish Pub où on tombe sur un groupe thaï en live qui enchaîne les tubes pop-rock : U2, REM, Led Zeppelin, Oasis... ils se déchaînent et c'est du bonheur. Du coup on enchaîne aussi les tournées avec mon pote allemand dont j'ai déjà oublié le nom. Tout le monde danse, c'est totalement cosmopolite et la bière coule à flots. Du coup je rentre dans un sale état, après avoir perdu mon allemand je ne sais où. Mais le costume est bien arrivé ! Je l'avais oublié celui-là, comme quoi les méthodes allemandes ça peut marcher !
Réveil vers 6h30 pour prendre un bus qui part à 7h en direction de l'aéroport. J'ai un vieux casque de mal de crâne et le ventre en compote... ça faisait longtemps et ça ne me manquait pas ! A l'aéroport, j'enregistre mes bagages sans problème, mais il y a encore une taxe d'aéroport de 500 baths à payer que j'avais complètement oublié, et il ne me reste que 250 baths en liquide ! Je cherche une solution mais personne ne veut de ma monnaie laotienne et les distributeurs continuent à me faire la gueule. L'heure avance et je trouve la situation paradoxalement drôle : mes affaires sont dans l'avion mais je ne peux pas y aller moi-même ! Du coup je n'ai d'autre choix que de mendier ! Je parcours l'aéroport en expliquant ma situation et une espagnole et une japonaise acceptent de me dépanner de quelques baths... c'est bon ! Je paye la maudite somme, passe la douane et finis par embarquer, un peu au dernier moment. Le vol jusqu'à Hong Kong dure 2h20, dans des conditions toujours aussi généreuses, et on doit avancer notre montre d'une heure en arrivant. J'espère que mon compte sera débloqué dans la journée (la banque ouvrant à 9h, il faut que j'essaye à partir de 15h) ou qu'une banque acceptera de me changer mes Kips. En attendant le métro-navette qui transporte les voyageurs de la porte d'arrivée aux grandes halles de l'aéroport, une fille me reconnaît et me dit qu'on était dans le même bus entre le centre-ville de Bangkok et l'aéroport ce matin. Ouais, ça me dit quelque chose ! On discute, elle s'appelle Vénus, travaille à Hong Kong mais est d'origine mexicaine. Je lui touche un mot de mes inquiétudes de liquidité, elle me propose immédiatement de venir dormir chez elle et son copain si j'ai le moindre problème ! Ouah, j'ai vraiment de la chance. Et puis elle me donne 50 HK$ pour que je puisse rejoindre le centre-ville. Je n'ai eu aucune nouvelle de Jean-Luc et Valérie après mon mail les prévenant de mon passage à HK, mais Laurence m'a répondu que ça lui ferait plaisir qu'on se voit. Venus me prête son portable pour que je l'appelle et on décide de se donner RV plus tard, quand j'aurai réglé mes problèmes de logement et de thunes. Je remercie chaleureusement Venus pour tout ce qu'elle fait pour moi et elle me quitte après m'avoir laissé son numéro de portable. J'attends 15h à l'aéroport et me rend à un distributeur... toujours pas moyen de retirer le moindre sous. J'envoie un texte un peu dramatisé à ma mère pour qu'elle fasse le maximum pour débloquer mon compte, mais ça ne semble pas évident à faire sans délai. Et puis mes bagages sont de plus en plus nombreux et lourds, c'est la merde de trimballer tout ça à HK. Au bout d'un certain temps, je me rend compte que la consigne de l'aéroport accepte les payements en carte de crédit, ça c'est bon, je peux me délester et ne garder que mon petit sac à dos. Je prend le bus qui me conduit à Kowloon en 1 h et de là-bas essaye de trouver un pacifie coffee pour pouvoir avancer un peu ericde avant mon retour. C'est vraiment la galère pour en trouver un mais j'y parviens quand même au bout d'une heure, au 2ème étage d'un centre commercial géant que je n'avais pas encore visité ! L'accès Internet est gratos pour les consommateurs et on peut consommer avec la carte sans montant minimum. Du coup je me paye une banane avec ma MasterCard, c'est vrai que je me fous un peu de la gueule du monde ! Je m'installe devant l'écran pour checker mes mails puis décide de téléphoner à Laurence, car ici le téléphone est gratuit ! Il est un peu plus de 18h, elle ne répond pas et je lui laisse un message. Je me décide aussi à appeler Venus pour lui dire que je n'ai toujours pas de solution pour dormir, elle me répond qu'il n'y a aucun problème pour dormir chez elle et me propose d'aller manger avec elle et son copain vers Central. C'est trop sympa, du coup je laisse tomber Internet et me dirige vers l'île de HK. Je prend le star ferry qui me permet de traverser la baie (pour seulement 2 HK$) à l'heure où le ciel s'assombrit et où les buildings s'illuminent. Je suis étrangement super content d'être ici, je commence à me faire à l'ambiance de cette ville incroyable, même si j'aurais beaucoup de mal à y vivre. Par contre j'avais oublié à quel point il y fait chaud et humide, à quel point on y "boit" l'air ! A la sortie du ferry, j'attends à peine 10 minutes avant de voir arriver Venus et son copain (dont j'ai aussi oublié le nom !), super décontractés. Lui vient du Guatemala, du coup on se met à parler en espagnol tous les trois et ça me fait du bien. Mais après 1 mois et demi à communiquer + en anglais, c'est en anglais que me viennent les mots, et il me faut du temps pour me replonger dans la langue... mais j'arrive encore à me faire comprendre, c'est l'essentiel. Je rappelle Laurence qui est rentrée chez elle fatiguée et ne veut pas ressortir... tant pis pour cette fois, on se dit à la prochaine ! Les 2 latinos m'emmènent dans un reste mexicain, et je trouve que pour mon dernier repas en Asie ça ne manque pas de classe. On mange donc des tacos et des nachos au fromage, arrosés de corona au citron avec du sel pimenté. Ce couple est vraiment génial, on se raconte plein d'anecdotes rigolotes de voyages ou de vie, on voyage en paroles autour du monde... et c'est incroyable, on s'entend super bien, on est morts de rire tout le temps, ils sont très drôles, très enthousiastes, super ouverts. En fait ça fait 2 ans qu'ils vivent à HK et ils projettent de partir vivre ailleurs à la fin de la semaine... mais ils ne savent pas encore où ! ILs se laissent la possibilité de choisir au dernier moment dans quel pays ils veulent passer quelques temps ! A la fin du repas, je veux payer par carte mais ils refusent farouchement en disant que je suis leur invité et que j'aurais fait la même chose pour eux en France s'ils avaient été dans le pétrin. J'espère qu'ils ne se trompent pas et décide d'adopter le Raph-style en acceptant tout cela avec le sourire. Leur building, assez luxueux, est situé tout en haut des escalators géants, à une rue de chez Pierre (qui est parti d'ici depuis le 15 Août) ! L'appartement fait au bas mot 100 m2 et de nombreuses peintures abstraites sont posées sur le sol. Venus, qui les a peintes, passe beaucoup de temps à me montrer toutes ses œuvres. C'est très psyché et souvent inspiré, avec beaucoup de travail sur les couleurs, les formes et les textures. On peut y voir pleins de choses différentes selon le sens où on regarde. On passe longtemps à discuter en analysant ces peintures et dessins tarabiscotés. Ils me prêtent ensuite une serviette, du savon et du shampooing pour que je puisse me doucher, m'expliquent quels bus prendre pour rejoindre l'aéroport facilement le lendemain, et me filent encore 80 HK$ ! Il est parfois difficile d'accepter autant de générosité, mais rencontrer des gens comme ça me donne de l'espoir en plus de me toucher ! Je me couche dans ma chambre climatisée, comme un roi.
Je me lève un peu avant 7h et quitte l'appartement 1 demi heure plus tard, sans réveiller le couple qui dort encore mais en leur laissant un mot de remerciements en mon adresse e-mail. Un premier bus m'emmène jusqu'à Admiralty, en bas de la montagne, et je reconnais le Pacific Coffee dans lequel j'avais commencé à taper les premières lignes de mon récit. Comme je viens de m'apercevoir que mon vol était un peu plus tard que je ne le pensais (1 Ih05 au lieu de 10h30), je décide d'en profiter pour avancer le blog ! J'y reste jusqu'à 8h45, un peu tard, et cours à l'arrête de bus suivant... et là j'attends un demi-heure, en stressant de + en + et en me disant que je suis définitivement le dernier des cons et que je vais réussir à rater mon avion. J'entre dans le bus à 9hl5 et je sais qu'il ne met pas loin d'une heure à rejoindre l'aéroport, ce qui me ferait arriver à 10 h15. Et avec la circulation, c'est finalement à 10h20 que le bus arrive au terminus. J'ai donc 45 minutes pour aller chercher mes bagages à la consigne à l'autre bout de l'aéroport, trouver le hall des départs, enregistrer mes bagages, passer la douane et les contrôles de bagages et rejoindre la lointaine porte d'embarquement, alors que j'étais censé arriver 2h avant ! Je cours comme un malade, arrive essoufflé à la consigne en les speedant à mort, repars avec mon gros sac sur l'épaule et le reste n'importe comment dans les bras, bourre tout le monde pour rentrer dans un ascenseur, trouve le comptoir Aeroflot en tendant billet et passeport... et ça semble passer ! La nana me ressort un vieux "Hurry Up !" et ne me garantit pas que mon gros sac parte avec ce vol, mais elle me tend un carton d'embarquement... ouf ! Je passe douane et contrôles et traverse encore tout l'aéroport en courant car la porte est vraiment loin. J'arrive pile au moment où les derniers passagers finissent d'embarquer et me pose comme une larve sur mon siège après m'être fait accueillir par des grandes poupées russes moyennement souriantes. C'était vraiment moins une, je pense que c'est acceptable comme montée d'adrénaline finale. Je ne reverrai sans doute jamais mon sac, d'accord, mais au moins je suis dans l'avion ! Il est maintenant 15h heure de HK (1 Ih heure de Moscou), et je suis en train de survoler la ville d'Ulan Baator en Mongolie. J'ai une grande pensée pour Noémie qui doit être là, quelques milliers de Km plus bas, et qui regarde même peut-être distraitement cet avion passer... qui sait, avec un peu d'imagination on peut voir à travers les nuages ! J'ai reçu un mail de sa part m'informant qu'elle restait dans ce pays, au moins pour l'hiver. Elle va beaucoup me manquer, mais j'espère qu'elle est heureuse là-bas.
J'écoute à présent le CD de Fan Ling en repensant à ces 6 semaines incroyables. Je me rend compte que tout cela est maintenant derrière moi et revois tous les moments forts en fermant les yeux. Une grande vague d'émotion m'envahit, irrépressiblement. Je revois les discussions de nuit sur le bord de plage à Hong Kong, la folie de Macao, les chants en haut de la moonhill à Yangshuo, Le "Tea Tinie" avec Tang à Guilin, la semaine dans les montagnes du Yunnan en compagnie de la douce Fan Ling, la balade sur la montagne à Dali, l'arrivée au Vietnam à Sapa, la pleine lune éclairant la baie d'Along, l'arrivée au Laos dans un éclat de joie, les moments magiques "pour rien" à Luang Prabang, les fruit-shakes, les temples et les cascades, la sérénité ressentie à Pakbeng, la soirée en boîte, tous les bons moments passés avec Anelor globalement, l'ambiance cosmopolite de Bangkok et la rencontre finale avec les latinos. Je revois tous les visages, toutes les rencontres, tous les émerveillements, et les galères sont étonnement vite rangées au placard. Je me rend vraiment compte la chance que j'ai eu d'avoir pu faire ce voyage, d'avoir pu découvrir ces fabuleux pays, côtoyer ces populations si différentes. C'est triste de se dire que la grande majorité des habitants rencontrés n'auront sans doute jamais les moyens d'une telle expérience, sachant que peu d'entre eux voyagent déjà au cœur même de leur pays. Ça a un côté égoïste mais je suis vraiment heureux d'avoir pu vivre tout ça. Ça ne changera pas le monde, et ça ne changera pas non plus littéralement l'image que je m'en fais ni ma façon de voir les choses. Mais ce genre d'expérience est quand même d'une intensité, d'une richesse énorme. Rien n'est jamais acquis, chaque jour comporte son lot de surprises, de désenchantements, de découvertes. On ne sait jamais exactement où on sera quelques jours plus tard, mais on vit totalement l'instant, jamais à l'abri d'un "court-circuit" pouvant orienter différemment le voyage. On se laisse entraîner par les rencontres. On doute parfois, on peut se sentir seul ou être malade, et on n'est jamais sûr de faire les bons choix. Mais on les fait et on se relève toujours. Je ne veux pas rentrer dans les clichés du genre et faire mon voyageur transi, piqué d'une soudaine ouverture d'esprit sur le monde. Je pense simplement que le monde n'est pas que sa ville, et que se plonger dans d'autres cultures à d'autres endroits permet de relativiser un certain nombre de choses et de gagner (j'espère) en humilité, même si le voyage reste un plaisir quelque peu égoïste.
Je sais seulement que ce voyage va beaucoup compter pour moi et que j'espère en faire d'autres aussi forts.
Je sais seulement que si on me demandais maintenant quel est le sens de la vie, je serais toujours bien embêté, mais je répondrais sûrement que vivre ce genre d'expérience en donne dans une certaine mesure.
Je sais seulement que se retrouver loin de ses repères aide à mieux comprendre où sont ses priorités et qui sont les gens qui comptent vraiment... et surtout à quel point ils comptent. Et je me suis rendu compte qu'il y en a beaucoup.
Je ne sais pas si beaucoup de gens liront ce récit jusqu'au bout, ni à quel point j'y suis trop personnel, trop narratif, trop exubérant... et je me pose des questions sur le côté égocentrique de cette tâche. Mais je me dis à la fois qu'une expérience est toujours bonne à entendre. Et puis je vois vraiment le voyage comme une chance et non comme une fierté. J'avais juste envie de raconter tout ça, écrire m'a aidé à faire le point sur ce que je vivais. J'avais envie (besoin ?) de le faire partager, et après tout je ne fais qu'écrire, je n'oblige personne à lire ! Sachez en tout cas que je suis en train de noircir ma 101ème page depuis mon départ, bravo donc à ceux qui sont arrivés au bout.
Je survole à présent la Russie en écoutant "The Potato", groupe de Rock Thaï génial (suis-je objectif?). Les images se déversent dans ma tête au rythme de la guitare et de la batterie. Tout est encore trop récent et trop confus. Je suis me sens triste. Mais à la fois je me sens bien. Vraiment bien. Mercredi 31 Août - Dans l'avion au dessus de la Russie / 12hll (heure de Moscou)
Lu au court du voyage :
- Le guide du routard Chine (guide)
- Le guide du routard Vietnam (guide)
- Lonely Planet Laos (guide)
- Kiss Kiss / Roald Dahl (recueil de nouvelles)
- Nos amis les humains / Bernard Werber (pièce de théâtre)
- L'herbe rouge / Boris Vian (roman suivi de 3 nouvelles)
- Rashômon / Ryunosuke Akutagawa (recueil de nouvelles japonaises)
- L'œuvre au noir / Marguerite Yourcenar (Roman)
Mercredi 31 Août - Hong Kong, dans l'avion en direction de Moscou / 12h10 (heure de Hong Kong)
Dans le bus de nuit en direction de Vientiane, je suis à côté d'un gars que mon nez et mes cheveux longs font beaucoup rire, mais qui ne tarde pas à s'endormir sur mon épaule ! Le trajet est inconfortable mais je dors quand même quelques heures avant l'arrivée. Au sortir du bus je rencontre un français qui a lui aussi un vol à la même heure que moi (10h30), pour le Cambodge. Comme il n'est qu'un peu + de 5h, je lui propose de passer un peu de temps en centre-ville et on prend un tuk-tuk ensembke. Manu (c'est comme ça qu'il s'appelle) travaille en fait au Chili depuis plus de 5 ans, dans la recherche astrophysique et les télescopes, et il est assez passionnant. On se balade au "Morning Market" de la ville qui est déjà blindé de monde (!) et on se pose à une table pour boire un café, au plein coeur du marché. Il me parle longuement de l'Amérique latine, de ses musiques, des différences entres les peuples (chiliens, argentins, brésiliens...), et bien sûr de son voyage en Asie. Il vient de Chine et il lui est arrivé à lui aussi des expériences bien singulières. En s'éloignant du marché, je lui fais découvrir tous les fruits du coin qu'il ne connait pas, avec une immense salade de fruits au yaourt (là où j'en avais déjà mangé une quelques jours plus tôt), puis on finit par se diriger vers l'aéroport en tuk-tuk. Au moment d'enregistrer mes bagages, je m'aperçois que j'ai oublié mon cylindre en bambou contenant la peinture que je transporte tant bien que mal depuis Guilin en Chine ! Je suis très con... mais au réveil tout n'est pas si facile ! Je cours hors de l'aéroport et attrape un taxi pour qu'il me raccompagne à la gare routière, par chance pas si éloignée. Je demande au guichet, un homme me montre le bus en stationnement qui n'est pas reparti, et je retrouve l'objet de ma recherche qui n'avait pas bougé ! J'ai encore de la chance. Le taxi me repose à l'aéroport et j'ai le temps d'embarquer sans problème, après avoir revu Manu pour lui dire au revoir.
Le vol avec Thaï Airlines, c'est trop la classe. Les très belles hôtesses vêtues de longues robes magnifiques accueillent les passagers les mains jointes en se penchant, avec des sourires qui suffisent à emplir de joie. Des écrans géants diffusent des messages d'amour et de bonheur, du genre "Happiness on earth" avec des orchidées au vent. Au repas, terrine de crevettes épicées au pamplemousse et autres mets succulents. Atterrissage à Bangkok. J'essaye de transformer mes (très) nombreux Kips Laotiens en Baths Thaïlandais mais aucune banque n'accepte le change ici ! Je suis une fois de plus con, j'aurais pu les changer à l'aéroport de Vientiane avant de partir. J'essaye de retirer 5000 Baths (=100 €) mais ma limite de retrait hebdomadaire autorisé est dépassé... shit. Je tente 3000... marche toujours pas. Le distributeur finit par me donner 1500 Baths, c'est déjà ça. Comme je n'ai pas trop de temps je décide de prendre un taxi pour aller en ville : déjà 350 Baths ! Ça va vite. Khaosan Road est le "repère des routards asiatiques" du au fait qu'on a pas besoin de visa pour venir en Thaïlande, du coup beaucoup d'arrivées et de départs en Asie se font ici. Je me dégote vite une guest-house à 280 Baths la nuit, ça peut aller. Je suis enfin libre en plein Bangkok. Khaosan Road, c'est vraiment une atmosphère particulière. Il y a plus d'occidentaux que d'asiatiques, ça grouille dans tous les coins, et il y a des centaines de magasins, d'agences de voyage, de guest-houses, de bars de tous styles, de salles d'accès Internet et de salons de massages. On sent une immense ferveur partout, même les trottoirs sont remplis de vendeurs d'objets ou de nourriture. Après avoir longé la rue de part en part, j'en rejoins une autre dans laquelle un tuk-tuk m'accoste en me demandant où je veux aller. Je lui dis que je n'ai pas beaucoup de temps et que je veux voir toutes les "tueries" de Bangkok, il me propose de me trimballer à pleins d'endroits en me montrant une carte, pour seulement 50 Baths. Ok. Je passe donc 2 heures à être transporté d'un bouddha géant en or à un temple somptueux ou un marché local. Je goûte des brochettes de foie grillé au top. A l'intérieur d'un petit temple renfermant un grand bouddha en or couché, un homme avec un chapeau de cowboy m'aborde en criant en anglais. Il me dit que je suis un homme trop chanceux car beaucoup de lieux d'obédience bouddhistes ne sont ouverts que les 29 de chaque mois, et qu'on est justement le 29 ! Il me dit avoir traversé tout le nord du pays pour venir en ce jour si important pour sa religion. Puis il m'avoue sur le ton de la confidence qu'il vient "aussi" là pour profiter des derniers jours du "Thaï export promotion", où il peut acheter des bijoux détaxés et pas chers pour ensuite les revendre 2 fois + cher en Australie ! Je suis tombé sur un sacré roublard, il me fait bien rigoler. Je m'achète pour ma part un super costard "Armani" sur mesure, sans écrit la marque bien sûr, mais c'est grave la classe (100% kashmir, coupe plutôt à la mode je crois), pour seulement 80 € avec un foulard en soie offert. Ils me prennent mes mesures et le vendeur me promet qu'il me fait livrer ça à ma guest-house dans les heures qui viennent, vers 19h. Je paye bien sûr d'avance. Le tuk-tuk insiste beaucoup pour m'emmener ensuite voir des peep-shows et pratiquer le "boom-boom massage", et j'ai toutes les peines du monde à lui expliquer que non, je ne suis pas marié, mais que non, je ne suis pas là pour ça. Je lui demande plutôt de me poser à un embarcadère du Chao Praya, le fleuve qui traverse Bangkok du nord au sud. J'embarque pour une superbe balade dans les petits canaux de la ville, dans un petit bateau. Je croise plein d'habitations en bois et de mini-temples sur pilotis, donnant directement sur l'eau. C'est chouette, et en plus les gars du bateau (ils sont 2 potes) mettent du Rock Thaï à fond et font une pause pour aller chercher des bières. Cette seule bière suffit d'ailleurs à me bourrer la gueule, je crois que j'ai vraiment perdu l'habitude de boire au court du voyage ! J'aperçois aussi sur la rive du fleuve le fameux palais royal, connu pour être une des plus grandes beautés de toute l'Asie, et qui est malheureusement fermé aujourd'hui. A 19h, de retour à la guest-house, pas de nouvelle du costume. Ça m'inquiète car j'avais du rappeler le magasin vers 18h pour leur dire que je m'étais trompé de nom de guest-house, et je ne sais pas s'ils ont bien fait la modification. J'entends soudain un gros orage dehors et j'en profite pour me doucher, avant de ressortir sous un parapluie. Après une bonne balade et un ou 2 achats sur Khaosan Road (dont un lecteur de format VCD pour pouvoir visionner les karaokés que je me suis acheté au fur et à mesure !), je suis de retour. Il est 21h et toujours aucune nouvelle d'une quelconque livraison. Je commence vraiment à m'inquiéter, surtout que le magasin est bien sur fermé depuis longtemps donc injoignable. Je rencontre à ce moment un allemand à qui j'expose mes soucis, il rigole et me propose d'aller boire des bières pour oublier... ils ont l'esprit pratique ces allemands. On monte à l'étage d'un colossal Irish Pub où on tombe sur un groupe thaï en live qui enchaîne les tubes pop-rock : U2, REM, Led Zeppelin, Oasis... ils se déchaînent et c'est du bonheur. Du coup on enchaîne aussi les tournées avec mon pote allemand dont j'ai déjà oublié le nom. Tout le monde danse, c'est totalement cosmopolite et la bière coule à flots. Du coup je rentre dans un sale état, après avoir perdu mon allemand je ne sais où. Mais le costume est bien arrivé ! Je l'avais oublié celui-là, comme quoi les méthodes allemandes ça peut marcher !
Réveil vers 6h30 pour prendre un bus qui part à 7h en direction de l'aéroport. J'ai un vieux casque de mal de crâne et le ventre en compote... ça faisait longtemps et ça ne me manquait pas ! A l'aéroport, j'enregistre mes bagages sans problème, mais il y a encore une taxe d'aéroport de 500 baths à payer que j'avais complètement oublié, et il ne me reste que 250 baths en liquide ! Je cherche une solution mais personne ne veut de ma monnaie laotienne et les distributeurs continuent à me faire la gueule. L'heure avance et je trouve la situation paradoxalement drôle : mes affaires sont dans l'avion mais je ne peux pas y aller moi-même ! Du coup je n'ai d'autre choix que de mendier ! Je parcours l'aéroport en expliquant ma situation et une espagnole et une japonaise acceptent de me dépanner de quelques baths... c'est bon ! Je paye la maudite somme, passe la douane et finis par embarquer, un peu au dernier moment. Le vol jusqu'à Hong Kong dure 2h20, dans des conditions toujours aussi généreuses, et on doit avancer notre montre d'une heure en arrivant. J'espère que mon compte sera débloqué dans la journée (la banque ouvrant à 9h, il faut que j'essaye à partir de 15h) ou qu'une banque acceptera de me changer mes Kips. En attendant le métro-navette qui transporte les voyageurs de la porte d'arrivée aux grandes halles de l'aéroport, une fille me reconnaît et me dit qu'on était dans le même bus entre le centre-ville de Bangkok et l'aéroport ce matin. Ouais, ça me dit quelque chose ! On discute, elle s'appelle Vénus, travaille à Hong Kong mais est d'origine mexicaine. Je lui touche un mot de mes inquiétudes de liquidité, elle me propose immédiatement de venir dormir chez elle et son copain si j'ai le moindre problème ! Ouah, j'ai vraiment de la chance. Et puis elle me donne 50 HK$ pour que je puisse rejoindre le centre-ville. Je n'ai eu aucune nouvelle de Jean-Luc et Valérie après mon mail les prévenant de mon passage à HK, mais Laurence m'a répondu que ça lui ferait plaisir qu'on se voit. Venus me prête son portable pour que je l'appelle et on décide de se donner RV plus tard, quand j'aurai réglé mes problèmes de logement et de thunes. Je remercie chaleureusement Venus pour tout ce qu'elle fait pour moi et elle me quitte après m'avoir laissé son numéro de portable. J'attends 15h à l'aéroport et me rend à un distributeur... toujours pas moyen de retirer le moindre sous. J'envoie un texte un peu dramatisé à ma mère pour qu'elle fasse le maximum pour débloquer mon compte, mais ça ne semble pas évident à faire sans délai. Et puis mes bagages sont de plus en plus nombreux et lourds, c'est la merde de trimballer tout ça à HK. Au bout d'un certain temps, je me rend compte que la consigne de l'aéroport accepte les payements en carte de crédit, ça c'est bon, je peux me délester et ne garder que mon petit sac à dos. Je prend le bus qui me conduit à Kowloon en 1 h et de là-bas essaye de trouver un pacifie coffee pour pouvoir avancer un peu ericde avant mon retour. C'est vraiment la galère pour en trouver un mais j'y parviens quand même au bout d'une heure, au 2ème étage d'un centre commercial géant que je n'avais pas encore visité ! L'accès Internet est gratos pour les consommateurs et on peut consommer avec la carte sans montant minimum. Du coup je me paye une banane avec ma MasterCard, c'est vrai que je me fous un peu de la gueule du monde ! Je m'installe devant l'écran pour checker mes mails puis décide de téléphoner à Laurence, car ici le téléphone est gratuit ! Il est un peu plus de 18h, elle ne répond pas et je lui laisse un message. Je me décide aussi à appeler Venus pour lui dire que je n'ai toujours pas de solution pour dormir, elle me répond qu'il n'y a aucun problème pour dormir chez elle et me propose d'aller manger avec elle et son copain vers Central. C'est trop sympa, du coup je laisse tomber Internet et me dirige vers l'île de HK. Je prend le star ferry qui me permet de traverser la baie (pour seulement 2 HK$) à l'heure où le ciel s'assombrit et où les buildings s'illuminent. Je suis étrangement super content d'être ici, je commence à me faire à l'ambiance de cette ville incroyable, même si j'aurais beaucoup de mal à y vivre. Par contre j'avais oublié à quel point il y fait chaud et humide, à quel point on y "boit" l'air ! A la sortie du ferry, j'attends à peine 10 minutes avant de voir arriver Venus et son copain (dont j'ai aussi oublié le nom !), super décontractés. Lui vient du Guatemala, du coup on se met à parler en espagnol tous les trois et ça me fait du bien. Mais après 1 mois et demi à communiquer + en anglais, c'est en anglais que me viennent les mots, et il me faut du temps pour me replonger dans la langue... mais j'arrive encore à me faire comprendre, c'est l'essentiel. Je rappelle Laurence qui est rentrée chez elle fatiguée et ne veut pas ressortir... tant pis pour cette fois, on se dit à la prochaine ! Les 2 latinos m'emmènent dans un reste mexicain, et je trouve que pour mon dernier repas en Asie ça ne manque pas de classe. On mange donc des tacos et des nachos au fromage, arrosés de corona au citron avec du sel pimenté. Ce couple est vraiment génial, on se raconte plein d'anecdotes rigolotes de voyages ou de vie, on voyage en paroles autour du monde... et c'est incroyable, on s'entend super bien, on est morts de rire tout le temps, ils sont très drôles, très enthousiastes, super ouverts. En fait ça fait 2 ans qu'ils vivent à HK et ils projettent de partir vivre ailleurs à la fin de la semaine... mais ils ne savent pas encore où ! ILs se laissent la possibilité de choisir au dernier moment dans quel pays ils veulent passer quelques temps ! A la fin du repas, je veux payer par carte mais ils refusent farouchement en disant que je suis leur invité et que j'aurais fait la même chose pour eux en France s'ils avaient été dans le pétrin. J'espère qu'ils ne se trompent pas et décide d'adopter le Raph-style en acceptant tout cela avec le sourire. Leur building, assez luxueux, est situé tout en haut des escalators géants, à une rue de chez Pierre (qui est parti d'ici depuis le 15 Août) ! L'appartement fait au bas mot 100 m2 et de nombreuses peintures abstraites sont posées sur le sol. Venus, qui les a peintes, passe beaucoup de temps à me montrer toutes ses œuvres. C'est très psyché et souvent inspiré, avec beaucoup de travail sur les couleurs, les formes et les textures. On peut y voir pleins de choses différentes selon le sens où on regarde. On passe longtemps à discuter en analysant ces peintures et dessins tarabiscotés. Ils me prêtent ensuite une serviette, du savon et du shampooing pour que je puisse me doucher, m'expliquent quels bus prendre pour rejoindre l'aéroport facilement le lendemain, et me filent encore 80 HK$ ! Il est parfois difficile d'accepter autant de générosité, mais rencontrer des gens comme ça me donne de l'espoir en plus de me toucher ! Je me couche dans ma chambre climatisée, comme un roi.
Je me lève un peu avant 7h et quitte l'appartement 1 demi heure plus tard, sans réveiller le couple qui dort encore mais en leur laissant un mot de remerciements en mon adresse e-mail. Un premier bus m'emmène jusqu'à Admiralty, en bas de la montagne, et je reconnais le Pacific Coffee dans lequel j'avais commencé à taper les premières lignes de mon récit. Comme je viens de m'apercevoir que mon vol était un peu plus tard que je ne le pensais (1 Ih05 au lieu de 10h30), je décide d'en profiter pour avancer le blog ! J'y reste jusqu'à 8h45, un peu tard, et cours à l'arrête de bus suivant... et là j'attends un demi-heure, en stressant de + en + et en me disant que je suis définitivement le dernier des cons et que je vais réussir à rater mon avion. J'entre dans le bus à 9hl5 et je sais qu'il ne met pas loin d'une heure à rejoindre l'aéroport, ce qui me ferait arriver à 10 h15. Et avec la circulation, c'est finalement à 10h20 que le bus arrive au terminus. J'ai donc 45 minutes pour aller chercher mes bagages à la consigne à l'autre bout de l'aéroport, trouver le hall des départs, enregistrer mes bagages, passer la douane et les contrôles de bagages et rejoindre la lointaine porte d'embarquement, alors que j'étais censé arriver 2h avant ! Je cours comme un malade, arrive essoufflé à la consigne en les speedant à mort, repars avec mon gros sac sur l'épaule et le reste n'importe comment dans les bras, bourre tout le monde pour rentrer dans un ascenseur, trouve le comptoir Aeroflot en tendant billet et passeport... et ça semble passer ! La nana me ressort un vieux "Hurry Up !" et ne me garantit pas que mon gros sac parte avec ce vol, mais elle me tend un carton d'embarquement... ouf ! Je passe douane et contrôles et traverse encore tout l'aéroport en courant car la porte est vraiment loin. J'arrive pile au moment où les derniers passagers finissent d'embarquer et me pose comme une larve sur mon siège après m'être fait accueillir par des grandes poupées russes moyennement souriantes. C'était vraiment moins une, je pense que c'est acceptable comme montée d'adrénaline finale. Je ne reverrai sans doute jamais mon sac, d'accord, mais au moins je suis dans l'avion ! Il est maintenant 15h heure de HK (1 Ih heure de Moscou), et je suis en train de survoler la ville d'Ulan Baator en Mongolie. J'ai une grande pensée pour Noémie qui doit être là, quelques milliers de Km plus bas, et qui regarde même peut-être distraitement cet avion passer... qui sait, avec un peu d'imagination on peut voir à travers les nuages ! J'ai reçu un mail de sa part m'informant qu'elle restait dans ce pays, au moins pour l'hiver. Elle va beaucoup me manquer, mais j'espère qu'elle est heureuse là-bas.
J'écoute à présent le CD de Fan Ling en repensant à ces 6 semaines incroyables. Je me rend compte que tout cela est maintenant derrière moi et revois tous les moments forts en fermant les yeux. Une grande vague d'émotion m'envahit, irrépressiblement. Je revois les discussions de nuit sur le bord de plage à Hong Kong, la folie de Macao, les chants en haut de la moonhill à Yangshuo, Le "Tea Tinie" avec Tang à Guilin, la semaine dans les montagnes du Yunnan en compagnie de la douce Fan Ling, la balade sur la montagne à Dali, l'arrivée au Vietnam à Sapa, la pleine lune éclairant la baie d'Along, l'arrivée au Laos dans un éclat de joie, les moments magiques "pour rien" à Luang Prabang, les fruit-shakes, les temples et les cascades, la sérénité ressentie à Pakbeng, la soirée en boîte, tous les bons moments passés avec Anelor globalement, l'ambiance cosmopolite de Bangkok et la rencontre finale avec les latinos. Je revois tous les visages, toutes les rencontres, tous les émerveillements, et les galères sont étonnement vite rangées au placard. Je me rend vraiment compte la chance que j'ai eu d'avoir pu faire ce voyage, d'avoir pu découvrir ces fabuleux pays, côtoyer ces populations si différentes. C'est triste de se dire que la grande majorité des habitants rencontrés n'auront sans doute jamais les moyens d'une telle expérience, sachant que peu d'entre eux voyagent déjà au cœur même de leur pays. Ça a un côté égoïste mais je suis vraiment heureux d'avoir pu vivre tout ça. Ça ne changera pas le monde, et ça ne changera pas non plus littéralement l'image que je m'en fais ni ma façon de voir les choses. Mais ce genre d'expérience est quand même d'une intensité, d'une richesse énorme. Rien n'est jamais acquis, chaque jour comporte son lot de surprises, de désenchantements, de découvertes. On ne sait jamais exactement où on sera quelques jours plus tard, mais on vit totalement l'instant, jamais à l'abri d'un "court-circuit" pouvant orienter différemment le voyage. On se laisse entraîner par les rencontres. On doute parfois, on peut se sentir seul ou être malade, et on n'est jamais sûr de faire les bons choix. Mais on les fait et on se relève toujours. Je ne veux pas rentrer dans les clichés du genre et faire mon voyageur transi, piqué d'une soudaine ouverture d'esprit sur le monde. Je pense simplement que le monde n'est pas que sa ville, et que se plonger dans d'autres cultures à d'autres endroits permet de relativiser un certain nombre de choses et de gagner (j'espère) en humilité, même si le voyage reste un plaisir quelque peu égoïste.
Je sais seulement que ce voyage va beaucoup compter pour moi et que j'espère en faire d'autres aussi forts.
Je sais seulement que si on me demandais maintenant quel est le sens de la vie, je serais toujours bien embêté, mais je répondrais sûrement que vivre ce genre d'expérience en donne dans une certaine mesure.
Je sais seulement que se retrouver loin de ses repères aide à mieux comprendre où sont ses priorités et qui sont les gens qui comptent vraiment... et surtout à quel point ils comptent. Et je me suis rendu compte qu'il y en a beaucoup.
Je ne sais pas si beaucoup de gens liront ce récit jusqu'au bout, ni à quel point j'y suis trop personnel, trop narratif, trop exubérant... et je me pose des questions sur le côté égocentrique de cette tâche. Mais je me dis à la fois qu'une expérience est toujours bonne à entendre. Et puis je vois vraiment le voyage comme une chance et non comme une fierté. J'avais juste envie de raconter tout ça, écrire m'a aidé à faire le point sur ce que je vivais. J'avais envie (besoin ?) de le faire partager, et après tout je ne fais qu'écrire, je n'oblige personne à lire ! Sachez en tout cas que je suis en train de noircir ma 101ème page depuis mon départ, bravo donc à ceux qui sont arrivés au bout.
Je survole à présent la Russie en écoutant "The Potato", groupe de Rock Thaï génial (suis-je objectif?). Les images se déversent dans ma tête au rythme de la guitare et de la batterie. Tout est encore trop récent et trop confus. Je suis me sens triste. Mais à la fois je me sens bien. Vraiment bien. Mercredi 31 Août - Dans l'avion au dessus de la Russie / 12hll (heure de Moscou)
Lu au court du voyage :
- Le guide du routard Chine (guide)
- Le guide du routard Vietnam (guide)
- Lonely Planet Laos (guide)
- Kiss Kiss / Roald Dahl (recueil de nouvelles)
- Nos amis les humains / Bernard Werber (pièce de théâtre)
- L'herbe rouge / Boris Vian (roman suivi de 3 nouvelles)
- Rashômon / Ryunosuke Akutagawa (recueil de nouvelles japonaises)
- L'œuvre au noir / Marguerite Yourcenar (Roman)
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