Ulaan Baatar - Vendredi 11 Aout 2006 - 23h00
Encore un titre un peu racoleur, mais bon, faut bien vendre du papier. Et en plus c'est vrai, ya plus de mouches que de chevaux ici, je ne comprends vraiment pas pourquoi il n'y en a toujours que pour eux... mais mettons ma mauvaise foi de cote un instant. Il nous faut encore y arriver, en Mongolie...
La petite gare de Naouchki est assez sordide. Precisons : pas tres accueillante, vide de chaleur et plongee dans une relative obscurite. Les quelques personnes qui descendent en meme temps que nous tracent leur route, du coup on se sent un peu seul, peut-etre parce qu'on l'est. Un guichet est toutefois ouvert... mais manifestement pas aux etrangers, la porte de prison russe qui le tient prenant a peine le temps de nous envoyer chier sans repondre a nos questions. Les russes, quand ils ont pas envie, ils ont pas envie. Tentative de sortie : on n'est pas du tout dans le centre-ville (s'il y en a un), une grande place de gravats devant nous, et au dela une sorte de parc avec quelques tentes, des canettes de biere et des bagnoles d'ou nous parviennent des echos des tubes de l'ete russes qui nous sortent par les oreilles. On finit par trouver dans la gare une nana attentive qui accepte d'ecouter Leo et qui nous donne des indications : il y a bien un train pour Oulan Bator (Ulaan Baatar ecriture locale) a 17h30 le lendemain, sinon des bus passent peut-etre la frontiere aussi, a partir du matin, la gare routiere etant le terrain vague d'en face. On pose nos gros sacs en consigne, il ne nous reste plus qu'a attendre le petit matin dans l'hotel 3 etoiles qu'est la grande salle d'attente. Une salle sombre dont la hauteur de plafond fait resonner le moindre bruit. Il est dans les 2h. Leo essaye de s'assoupir sur une chaise, moi je m'affale sur le sol un peu crade avec mon fidele petit coussin Aeroflot (toujours le meme que l'anne derniere, une benediction en de telles circonstances). On est pas seuls : dans un coin de la la salle, un gars decide d'ecouter a fond toutes ses sonneries de portables. Un excellent trip qui fait un boucan d'enfer. Un peu plus tard, un grand nombre de femmes bouriates (mongoles ?) surgissent avec de gros sacs pleins de marchandises, a grands renfort de cris d'enfants. Des militaires se pointent aussi. J'arrive a faire de courts sommeils profonds par moments, entrecoupes de reveils en sursauts pas tres agreables sur le sol dur et poussiereux. Je dors toujours mieux que Leo qui a beaucoup de mal a fermer l'oeil.
Vers 6h20, la nana "sympa" de la gare nous "reveille" en nous beuglant de nous lever, on se sait pas trop pourquoi. Il fait un peu jour, toujours plus que dans nos tetes apres cette courte nuit a la dure. Recuperation des bagages, et puis attente avec tous les autres devant le terrain vague. Un premier car se pointe, ca se bouscule pour rentrer dedans, ca fait tomber des marchandises au passage. On essaye de demander s'il va a "Soukhe-Bator", premiere ville de Mongolie... c'a pas l'air. 7h20, 2eme car. Meme question, le chauffeur nous dit de monter, on verra bien. On rejoint en fait Kiakhta, autre petite ville, plus a l'Est mais carrement frontaliere. Le chauffeur pose tout le monde, on fait mine de descendre mais non, il nous dit de remonter... il ramene le car jusqu'a une baraque un peu plus loin et on traverse un jardin, probablement le sien. Il nous dit de monter dans une grosse Jeep qui attend dans un garage. Parfois faut faire confiance... pas bien le choix, et puis il a une tete plutot sympatique. Il nous trimballe comme ca jusqu'a une longue file d'attente avec notamment des tas de camions (sur)charges de longs troncs d'arbre, qu'il double sans gene en empruntant un petit chemin de cote. On le remercie (en russe ca veut dire "lacher un billet") et il nous dit de monter dans la voiture la plus proche de la zone frontaliere grillagee. On s'execute un peu vite et on se retrouve empetre dans une veille carcasse, coinces entre nos bagages, des vieilles fringues et quelques grosses pasteques. A l'avant, le chauffeur et une autre nana qu'il "fait passer". La grille s'ouvre pour laisser passer l'etrange convoi que nous formons... la voiture ne demarre pas, et c'est poussee par 3 gars derriere que la premiere barriere est franchie. On n'a pas le droit de passer a pied, mais pousse a l'interieur d'une voiture qui ne marche pas semble accepte ! On remplit un formulaire de sortie avec declaration de biens et de devises (le chauffeur nous conseille de tout inscrire exactement, les douaniers ayant tendance a se mettre dans la poche tout ce qui depasse la somme declaree). Un premier poste de controle russe verifie bagages, passeports et bagnole. Un douanier ouvre le coffre (qui lui reste dans les mains au passage !!) et trifouille un peu dans l'enchevetrement d'affaires en vrac de l'habitacle branlant. En attendant, la nana nous demande si on aime Jesus et ne cesse de chanter des "Alleluia", ce qui semble fort peu a propos mais confere a l'ambiance une etrangete toute particuliere. Ca passe. Deuxieme controle, les passeports sont epluches, nos tetes aussi. Il semble y avoir un probleme, ca parlemante, il manque des papiers... on montre notre "faux" Voucher d'agence suisse, ils prennent des notes et finissent par nous laisser passer. On est plus en Russie ! Zone mongole rebelote, la voiture se faufile entre des camions puis s'arrete. On suit les gens dans des bureaux, le chauffeur nous amene nos bagages... la situation nous file une fois de plus entre les doigts, on se sent assez peu maitre des choses. File d'attente, verification de passeports et visas ok, declaration de biens tamponnee, puis attente a l'autre bout des bureaux. La vieille bagnole nous recupere, arrive a demarrer dans une descente et traverse la derniere portion de ce no man's land chaotique. Derniere grille, derniere verification des passeports. On s'arrete juste derriere, on paye le chauffeur le prix conseille par le Lonely... il en veut plus, nous engueule un peu. Pendant ce temps, la religieuse hysterique nous dit de lui faire passer nos bagages de l'autre cote d'une grille pour les mettre dans un taxi en direction de Souke-Bator (Sukhbaatar). On fait tout passer sans trop reflechir. On se depeche de contourner le grillage sur 50 m pour rejoindre la route et faire volte-face... plus rien. On ne voit plus ni bagages, nini nana... et merde. Ah si, une bagnole s'arrete, c'est eux qui nous font signe de monter. Ouf. Pendant le trajet, Leo s'apercoit que le tumulte, la fatigue et le stress de l'instant ont eu raison de son chapeau qu'il a laisse sur la plage arriere de la voiture de passe... arghh, il l'aimait bien son chapeau. Le taxi nous debarque devant la gare de Sukh-Baatar. Ca y est, on est vraiment en Mongolie !
La petite gare de Naouchki est assez sordide. Precisons : pas tres accueillante, vide de chaleur et plongee dans une relative obscurite. Les quelques personnes qui descendent en meme temps que nous tracent leur route, du coup on se sent un peu seul, peut-etre parce qu'on l'est. Un guichet est toutefois ouvert... mais manifestement pas aux etrangers, la porte de prison russe qui le tient prenant a peine le temps de nous envoyer chier sans repondre a nos questions. Les russes, quand ils ont pas envie, ils ont pas envie. Tentative de sortie : on n'est pas du tout dans le centre-ville (s'il y en a un), une grande place de gravats devant nous, et au dela une sorte de parc avec quelques tentes, des canettes de biere et des bagnoles d'ou nous parviennent des echos des tubes de l'ete russes qui nous sortent par les oreilles. On finit par trouver dans la gare une nana attentive qui accepte d'ecouter Leo et qui nous donne des indications : il y a bien un train pour Oulan Bator (Ulaan Baatar ecriture locale) a 17h30 le lendemain, sinon des bus passent peut-etre la frontiere aussi, a partir du matin, la gare routiere etant le terrain vague d'en face. On pose nos gros sacs en consigne, il ne nous reste plus qu'a attendre le petit matin dans l'hotel 3 etoiles qu'est la grande salle d'attente. Une salle sombre dont la hauteur de plafond fait resonner le moindre bruit. Il est dans les 2h. Leo essaye de s'assoupir sur une chaise, moi je m'affale sur le sol un peu crade avec mon fidele petit coussin Aeroflot (toujours le meme que l'anne derniere, une benediction en de telles circonstances). On est pas seuls : dans un coin de la la salle, un gars decide d'ecouter a fond toutes ses sonneries de portables. Un excellent trip qui fait un boucan d'enfer. Un peu plus tard, un grand nombre de femmes bouriates (mongoles ?) surgissent avec de gros sacs pleins de marchandises, a grands renfort de cris d'enfants. Des militaires se pointent aussi. J'arrive a faire de courts sommeils profonds par moments, entrecoupes de reveils en sursauts pas tres agreables sur le sol dur et poussiereux. Je dors toujours mieux que Leo qui a beaucoup de mal a fermer l'oeil.
Vers 6h20, la nana "sympa" de la gare nous "reveille" en nous beuglant de nous lever, on se sait pas trop pourquoi. Il fait un peu jour, toujours plus que dans nos tetes apres cette courte nuit a la dure. Recuperation des bagages, et puis attente avec tous les autres devant le terrain vague. Un premier car se pointe, ca se bouscule pour rentrer dedans, ca fait tomber des marchandises au passage. On essaye de demander s'il va a "Soukhe-Bator", premiere ville de Mongolie... c'a pas l'air. 7h20, 2eme car. Meme question, le chauffeur nous dit de monter, on verra bien. On rejoint en fait Kiakhta, autre petite ville, plus a l'Est mais carrement frontaliere. Le chauffeur pose tout le monde, on fait mine de descendre mais non, il nous dit de remonter... il ramene le car jusqu'a une baraque un peu plus loin et on traverse un jardin, probablement le sien. Il nous dit de monter dans une grosse Jeep qui attend dans un garage. Parfois faut faire confiance... pas bien le choix, et puis il a une tete plutot sympatique. Il nous trimballe comme ca jusqu'a une longue file d'attente avec notamment des tas de camions (sur)charges de longs troncs d'arbre, qu'il double sans gene en empruntant un petit chemin de cote. On le remercie (en russe ca veut dire "lacher un billet") et il nous dit de monter dans la voiture la plus proche de la zone frontaliere grillagee. On s'execute un peu vite et on se retrouve empetre dans une veille carcasse, coinces entre nos bagages, des vieilles fringues et quelques grosses pasteques. A l'avant, le chauffeur et une autre nana qu'il "fait passer". La grille s'ouvre pour laisser passer l'etrange convoi que nous formons... la voiture ne demarre pas, et c'est poussee par 3 gars derriere que la premiere barriere est franchie. On n'a pas le droit de passer a pied, mais pousse a l'interieur d'une voiture qui ne marche pas semble accepte ! On remplit un formulaire de sortie avec declaration de biens et de devises (le chauffeur nous conseille de tout inscrire exactement, les douaniers ayant tendance a se mettre dans la poche tout ce qui depasse la somme declaree). Un premier poste de controle russe verifie bagages, passeports et bagnole. Un douanier ouvre le coffre (qui lui reste dans les mains au passage !!) et trifouille un peu dans l'enchevetrement d'affaires en vrac de l'habitacle branlant. En attendant, la nana nous demande si on aime Jesus et ne cesse de chanter des "Alleluia", ce qui semble fort peu a propos mais confere a l'ambiance une etrangete toute particuliere. Ca passe. Deuxieme controle, les passeports sont epluches, nos tetes aussi. Il semble y avoir un probleme, ca parlemante, il manque des papiers... on montre notre "faux" Voucher d'agence suisse, ils prennent des notes et finissent par nous laisser passer. On est plus en Russie ! Zone mongole rebelote, la voiture se faufile entre des camions puis s'arrete. On suit les gens dans des bureaux, le chauffeur nous amene nos bagages... la situation nous file une fois de plus entre les doigts, on se sent assez peu maitre des choses. File d'attente, verification de passeports et visas ok, declaration de biens tamponnee, puis attente a l'autre bout des bureaux. La vieille bagnole nous recupere, arrive a demarrer dans une descente et traverse la derniere portion de ce no man's land chaotique. Derniere grille, derniere verification des passeports. On s'arrete juste derriere, on paye le chauffeur le prix conseille par le Lonely... il en veut plus, nous engueule un peu. Pendant ce temps, la religieuse hysterique nous dit de lui faire passer nos bagages de l'autre cote d'une grille pour les mettre dans un taxi en direction de Souke-Bator (Sukhbaatar). On fait tout passer sans trop reflechir. On se depeche de contourner le grillage sur 50 m pour rejoindre la route et faire volte-face... plus rien. On ne voit plus ni bagages, nini nana... et merde. Ah si, une bagnole s'arrete, c'est eux qui nous font signe de monter. Ouf. Pendant le trajet, Leo s'apercoit que le tumulte, la fatigue et le stress de l'instant ont eu raison de son chapeau qu'il a laisse sur la plage arriere de la voiture de passe... arghh, il l'aimait bien son chapeau. Le taxi nous debarque devant la gare de Sukh-Baatar. Ca y est, on est vraiment en Mongolie !
La gare est paisible. Pas grand monde, pas particulierement belle, mais paisible. Achats de biscuits et autres trucs a picorer, on est mort de faim (rien avale depuis la veille au matin), changement de Roubles en Togrod. Pas de train pour la capitale avant 21h45 le soir, le meme train qui passait a Naouchki... on esperait pouvoir attraper un train local mais non, on n'a pas gagne une seconde avec le manege du passage de frontiere. Leo s'ecroule sur une chaise et s'endort immediatement, comme reconforte par l'air mongol (alors qu'une certaine tension l'empechait de se laisser completement aller dans les gares russes). Je reste un moment a observer. Une mere et ses trois gamins arrivent dans la salle d'attente. Deux gamins dans les 7-8 ans, une petite dans les 3 ans. Je leur donne des biscuits dont ils se goinfrent et ils commencent a jouer avec la tete de Leo qui continue a dormir. Un autre mongol arrive, discute avec la femme, puis me propose de nous emmener a Ulan Baatar en taxi. Je souris et lui demande d'ecrire le prix propose, sans trop y croire : 10 000 Togrod chacun, soit 7 Euros environ ! Leo se reveille et on part immediatement dans la voiture du gars. On est quand meme 8 en tout (la femme et ses trois gamins, le chauffeur, un autre gars et nous deux), ca fait beaucoup mais on est en bonne compagnie. Les garcons s'endorment sur nos genoux apres avoir mange tous nos gateaux, pendant que la petite, surexcitee, passe son temps a sauter du siege passager (ici a gauche) a la banquette arriere et a nous raconter des histoires en bavant joyeusement. Le chauffeur a une tete geniale et inspire la sympathie. Il me dit qu'on est a 3h de route d'UB, on en mettra donc 8, mais ici, le temps n'a pas tant d'importance ! A peine sortis de Sukhe Bator, la voiture fait un detour pour s'arreter devant un amas d'arbres du genre magiques ou sacres ou shamanniques ou animistes, decores d'une centaine de rubans bleus accroches aux branches. Des pigeons (par centaine aussi) viennent picorer la mixture laiteuse que des gens envoient tout autour en l'air avec des petites cuilleres en psalmodiant des trucs bizares. C'est mieux que le train, on est en peine nature en train de profiter d'endroits perdus et envoutants. De nouveau sur la route, on se delecte du paysage... entre les villes, il n'y a tout simplement rien... pas un champs cultive en vue, pas une maison, rien. Que des plaines verdoyantes sans fin qui ondulent de part et d'autre de la route. Parfois une ou deux yourtes perdues au loin, un troupeau de vaches en liberte... ou un cavalier seul traversant la steppe. Le soleil brille, la radio diffuse des chants mongols magnifiques, on est bien quoi. Arret au milieu de rien : le chauffeur siffle une fille au loin qui sort d'une yourte pour nous amener de l'airag, du lait de jument fermente connu pour ses vertues "purgatrice". Un gout tres fort, tres amer, mais ca se boit (enfin, une gorgee). Pause pour manger dans un resto de bord de route solitaire issu de nul part : une bonne assiette garnie avec steak, oeuf a cheval, riz, carottes rapes, puree, choux... un "repas-rateur". La famille mange des "Buzz", les bons beignets juteux de viande hachee. Plus tard, la voiture s'arrete encore a cote d'une yourte, on nous fait monter sur un cheval (je m'errafle au passage toute la jambe sur l'etrier en sortant de selle), on boit l'eau de la riviere. Enfin surtout moi, Leo me le deconseillant. Et il a raison : entre ca et l'airag, ca commence a glouglouter severe la dedans.
On arrive a Ulan Baatar vers 18h. Traversee de longues avenues poussiereuses bordees de grands batiments a la russe qu'on aurait du mal a qualifier de jolis. Ici, les cabines telephoniques sont des personnes sur le bord de la route avec des telephones blancs a antennes et des masques blancs sur le visage. Ouais je sais c'est flippant. J'appelle Joel, le gars francais avec qui bosse Noemie, qui est cense nous filer ses cles. Pas de soucis, on se donne RV dans le centre. La petite famille finit par s'eloigner et c'est a notre tour d'etre depose a l'endroit convenu. Nouvelle dissolution. Joel nous accueille avec le sourire. Sympa et decontracte, accent toulousain, la quarantaine grisonante. On enfourne tout dans la Jeep, il passe chez lui chercher les cles et nous emmene jusqu'a chez Noemie dans un quartier peu entretenu et sans route, avec des immeubes numerotes qui semblent poses de maniere hasardeuse sur un grand terrain vague. 3eme etage, ca s'ouvre. L'appartement est partage en 3 chambres, Noemie en a une. Les parties communes sont composees d'un vestibule, d'une salle de bain et d'un chiotte, ce dernier ne tardant pas a servir, les differents liquides ingurgites ayant eu raison de mon intestin. Joel nous propose de nous organiser un petit sejour a la campagne avant le retour de Noemie le 9, on reprendra contact avec lui. Un petit mot nous attend, expliquant notament le fonctionnement de la colloc' et tout. Et puis Noemie a prepare des petits papiers pre-decoupes a montrer aux taxis pour aller au centre-ville, au department store (grand magasin) ou revenir ici. Sympa tout ca. On prend nos aises et une bonne douche, et puis c'est le contre-coup. Apres une breve lutte contre le sommeil a coups de bouquins, la fatigue accumulee ne tarde pas a nous mettre a terre. J'adore passer des frontieres, mais... il est vrai que je ne le ferai pas tous les jours.
Les trois jours qui suivent sont principalement consacres a des activites apaisantes et reparatrices : reprendre des forces, un rythme de vie saint, contact avec les autres, nos marques dans la ville, tout ca. Une grande ville avec des batiments "fonctionnels" et massifs, comme parachutes au milieu de la steppe, entouree par des colines progressivement prises d'assaut par des especes de "bidonvilles" de yourtes... rien de veritablement charmant, il faut l'avouer, mais on s'y sent bien et la vie s'y deroule a un rythme raisonnable. La grande place SukhBaatar en est le centre nevralgique, entouree de nombreux pubs, restos, banques, cafes Internet, magasins, musees... tout ce qui caracterise une grande ville.
On y mange bien et pas cher, des assiettes garnies la plupart du temps, avec priorite a la bonne viande (grasse) si possible. Meme les fast-food locaux font de la bouffe correcte. Et puis des restos etrangers pullulent, on tente un coreen, pas degueu. Les cafes normaux (en poudre, sucres au lait) sont pas chers et pas bons, les expressos chers et pas bon, tout est normal.
Ici la combinaison de mots "plaque d'egout" n'existe pas vraiment, on lui preferera "bouche d'egout", tant il est rare d'en voir une refermee. On fait des theories sur le nombre de morts par an tombant bourres dans ces trous urbains (la population mongole etat elle aussi tres encline a l'alcoolisme), ca doit etre colossal. Noemie nous apprendra par la suite que des gens habitent dans les conduits d'egout...
Les mongols sont globalement souriants et nous mettent a l'aise, meme si beaucoup empestent l'alcool et reagissent de maniere parfois particuliere a notre passage. Le lendemain de notre arrivee, un des premiers petits vieux qui nous voit nous interpellent avec un gros sourire en nous parlant, le seul truc qu'on comprend est "Adolf Hitler"... en fait les mongols ont une espece d'admiration etrangement placee pour tous les grands conquerants, a l'instar de leur legendaire Gengis Khan qui fut maitre de l'un des plus grands empires que le monde ait jamais connu (englobant Russie, Chine, Moyen orient...) au XIIIeme siecle. Du coup ils considerent comme des genies Cesar, Alexandre le grand, Napoleon et... Hitler. Plus tard, nous verrons une voiture avec un rond blanc pourvu d'une croix gammee sur bande rouge, peinte sur la carosserie. Certains mongols pensent donc a Hitler en nous voyant et c'est sense nous flatter. C'est pas gagne.
Globalement on se sent en securite par rapport a la Russie. On n'a pas peur de trainer tard dans la rue, de prendre le taxi (n'importe quelle voiture pouvant servir de taxi)... et pourtant il y a tres peu d'eclairages publics par endroits. Le premier soir de sortie, on parvient a retrouver chez Noemie en revenant du centre a pied grace aux indications de mongols muets ! Ca c'est le top, plus de barriere de langue (moi, cynique ?). Ca ne nous empeche pas de nous tromper 3 fois d'entree d'immeuble (ils se ressemblent tous), chaque tentative etant accompagne d'un "chui sur que c'est la" de ma part bien sur.
Les cafes Internet coutent dans les 40 cts d'euro l'heure et sont bien equipes, certains passent du rock (Radiohead, Metaloche...), on y est pas mal, et c'est pas un luxe vu le temps qu'on y passe (ces satanes blogs nous prennent un temps fou... !)
La langue mongole est super dure a prononcer, avec des sonorites entre le russe et le chinois mais en plus dur a prononcer encore. Apres 10 jours ici, je sais dire seulement "merci" et me fait comprendre une fois sur trois... c'est la debacle.
Les feux sont la a simple titre indicatif mais les voitures roulent absolument n'importe comment, se faufilent a droite ou a gauche sur n'importe quelle file et a n'importe quel moment, franchissent des lignes interdites, klaxonnent pour faire peur au pietons afin qu'ils les laissent passer. Personne ne met sa ceinture evidement. Il n'y a plus de doute, nous sommes en Asie. Au debut on attendait les feux verts pour traverser, mais on a vite compris que ca ne servait a rien. Tout le monde fait n'imp', mais on a l'impression qu' il n'y a jamais d'accident, que tout le monde fait suffisament attention dans ce merdier... moi ca me fascine pas mal. Il y a aussi des mini-bus avec une personne qui fait monter les gens en criant la destination du vehicule. Parfois il y en a plein a la suite et c'est a celui qui crie le plus fort (certains chantent meme le nom, d'une maniere probablement racoleuse ?). Un minibus part quand il est plein ou que le crieur en a ras-le-cul. Plein, c'est officiellement dix personnes, mais ils sont souvent plein a craquer. Une copine de Noemie nous dira plus tard qu'elle a deja fait un trajet de 3h dans un minibus a quarante !
La population chante beaucoup, dans la rue, en conduisant. C'est un indice de bonne sante d'un peuple je trouve. la musique plus traditionelle se melange pas mal a des melodies plus modernes. Les chants sont assez lanscinants, avec des melodies trainantes a la fin de chaque phrase et des tremolos dans la voix. Mais il y a aussi 1 ou 2 groupes de rock a tendance un peu rock-goth chante en mongol, ca vaut le detour. On va voir un spectacle traditionnel : de la musique folklorique avec plein d'intruments etranges (a cordes et archets souvent), des danses energiques ou des cavalcades de sons immitant la course des chevaux, des contorsionistes a la souplesse aberrante, des danses avec masques traditionnels symboliques, des chants polyphoniques avec voix de gorge...
Ces trois jours sont tres ensoleilles, on se sent beaucoup plus en ete qu'en Russie avec des temperatures avoisinant toujours les 30 degres. Ca tape (sans doute moins qu'en France) mais ca fait du bien un bon bain de soleil. Un orage quand meme, assez violent mais vite passe.
Le 3eme jour, on decide qu'on a passe assez de temps a trainasser et on se rencarde avec Joel a son bureau : il nous organise un trip a cheval de 4 jours a la campagne avec les nomades, pas cher et en un coup de fil ! Il nous prete au passage des sacs de couchage, une tente, un sac de bats (pour mettre nos affaires sur le dos d'un cheval) et nous dit qu'il viendra nous chercher le lendemain matin a 9h pour nous aider a prendre le bus local qui nous emmenera a Telrej, a 80 Km au nord-est, ou un gars viendra nous recuperer. Le top. Le soir on le retrouve dans un pub tenu par des francais, il nous dit que seulement 80 francais vivent a UB dont 25 de maniere permanente ! Noemie est une des 25. On rentre et on se couche apres avoir lave 2 T-shirts et achete 2-3 conneries a offrir aux nomades. Cette fois c'est la veritable Mongolie qui nous attend...
Dimanche 6 Aout. Joel se pointe chez nous (enfin chez No je voulais dire) un peu avant 9h avec sa jeep remplie de toutes les affaires qu'il nous prete. Il nous conduit jusqu'a un vague arret de bus ou le notre est cense passer aux alentours de 10h... je dis bien aux alentours car ici ca peut etre 1/2 heure avant ou apres, ca ne pose de probleme a personne. On attend jusqu'a 10h, une gonzesse a un guichet dit qu'elle "est sure" que le bus passera bien ici, mais elle ne sait pas quand. Joel passe un coup de fil... ah, finalement c'est a 11h. Une nana nous propose par hasard une chambre dans une guest-house... quand elle apprend ou on va, elle affirme que l'arret est a une centaine de metres, de l'autre cote de la rue ! C'est finalement elle qui a raison et on monte dans le car. Heureusement que Joel etait la pour nous aider, sinon on ne partait sans doute pas. Globalement, ici, il faut se mefier des gens qui donnent des informations, a plus juste titre s'ils "sont surs" (ca me rappelle quelqu'un...). Bon, le bus est plein, on s'assoit par terre sur nos bagages, puis tout le monde se leve pour se serrer encore un peu. Deux autres francais dont un qui vit entre Montauban et Ulan Bator et qui connait Joel, ca discute sympa. Les paysages sont dingues, a la western, avec des grosses roches multiformes aggripees aux colines.
A l'arrivee, un gars nous lance un "French ?" et on a a peine le tend d'acquiescer que nos bagages sont deja balances sur une carriole tiree par un dzo, croisement entre le yak et la vache. On grimpe aussi, deux allemands (blonds, souriants) nous accompagnent. Le convoi sort vite de la zone "en dur" de Terelj, traverse quelques guets (l'eau n'etant pas bien loin de submerger la carriole) et debarque sur une immense prairie ou se cotoient quelques yourtes (des "Ger" selon l'appellation locale), qui occupent une place minuscule dans le vide qui les entoure. Sothvo, nomade responsable du bazar, ne tarde pas a nous rejoindre a cheval : la quarantaine, un T-shirt releve devoilant un bide bien portant, une casquette avenante devoilant un sourire bien porte, on ne peut rever meilleur accueil. Une femme lave du linge a la main, un petit de 2-3 ans tout nu fait le mariole, un gars qui parle un peu anglais nous explique un peu le fonctionnement des 4 jours. Sothvo nous file des barquettes de pates a la chinoise (ramolies avec de l'eau chaude et agrementees de quelques epices) pour ne pas crever la dale. Un peu apres 15h, des chevaux nous sont donnes et nous montons en selle. Un troisieme cheval porte nos bagages et tente, un quatrieme est monte par notre guide, un jeune mongol intrepide et fougueux. Un poil trop fougueux peut-etre : apres quelques secondes au pas, il part un peu comme un fou au trot, ce qui ne laisse pas vraiment le temps d'une prise de contact avec la bete, surtout pour Leo qui n'a quasiment jamais monte. Et en plus de ca, son cheval a l'air d'une vraie tete de mule qui n'avance que tres lentement au pas et ne cesse de combler son retard au petit trot, ce qui lui vaudra rapidement le surnom de "Canasson". Mon cheval est lui un petit nerveux, et je passe plus de temps a tirer sur les rennes pour ne pas qu'il s'embale qu'a cravacher pour qu'il avance. On trace suffisament pour rattraper rapidement les deux allemands et leur guide, partis 20 minutes avant nous, puis on fait chevauchee commune. Le paysage est epoustouflant. On chevauche dans une large plaine bordee de colines a gauche et d'arbres a droite, au pied desquels coule une riviere. Le ciel bleu est parseme de plusieurs strates de nuages mouvants aux formes improbables, voire qui n'existent pas. Ca a beaucoup d'imagination, un nuage. Et leurs ombres dansent sur les colines a mesure que le vent les emporte, zones sombres aux contours changeants qui contrastent beaucoup avec l'intense luminosite d'un soleil a l'apogee de sa course. Les plaines deroulent leurs tapis verts sans fin dont les courbes se perdent a l'horizon. Le vent nous souffle aussi a la figure : je vous laisse m'imaginer, svelte, beau, cheveux aux vents, montant avec classe un fier destrier mongol au poil dore (et a la crete punk). Je suis un peu le chevalier errant (a la pilosite faciale devenue sauvage), le cowboy solitaire (au chapeau bien ajuste), l'indien mystique (aux cheveux longs reveches). Une pause dans une yourte pour gouter l'airag local et c'est reparti pour encore 2h de chevauchee folle. Au bout d'un moment, je m'ecarte un peu du convoi et part finalement seul au grand galop en direction des colines ! La c'est juste le bonheur, le grisement absolu. Le cheval fonce et je me prend en pleine gueule le vent de la liberte. Je ne fais qu'un avec mon cheval, c'est un peu moi qui galope, je suis Thorgal sur Fural, Zorro sur Tornado, tous les autres aussi. Apres cette cavalcade, je retourne vers Leo pour lui faire partager ma joie... et c'est les dents serres qu'il vocifere un "ah, c'est cool pour toi". Pour lui, soyons francs, c'est l'horreur. Il a le cul totalement en compote, Canasson n'en fait qu'a sa tete et il peine a eprouver le moindre plaisir. Du coup on n'est pas vraiment dans le meme etat d'esprit, c'est dommage. On arrive enfin vers 19h aupres de la famille qui nous "recoit" pour la nuit, alors que les allemands rejoignent une Ger un peu plus lointaine. Leo a pris un coup de chaud (l'absence de chapeau est fatal dans ces contrees...) et ne se sent pas bien. Les nomades qui nous accueillent sont eleveurs de vaches, de moutons et de chevres, et on cotoie beaucoup les troupeaux qui traversent alegrement le campement (compose de 2 yourtes, quelques cabanons en bois et notre tente). On a aussi d'autres voisins de palier : des chiens, des chats, quelques poules et bien sur des chevaux. Une femme assez agee nous prepare a manger, un espece de platee de pates avec des morceaux de viande, de patate, de carottes et vient nous l'apporter dans une ecuelle devant la tente ou on se repose. C'est assez bon et surtout bien nourissant. On rentre dans une nouvelle phase assez calme, absorbe par la lecture et la contemplation de la nature. Le soleil se couche. La lune, presque pleine, se leve au dessus de la montagne, juste en face. Endormi dehors, le vent frais me reveille. Les etoiles scintillent au dessus de ce petit paradis de nature. La lune est un peu plus haute. Au loin, on entend les jeunes guides cavaler a toute vitesse dans les plaines, assenant des "Tcho ! " ininterrompus (sorte d'onomatopee tres difficile a prononcer et pourtant tres efficace pour faire accelerer les chevaux) a leurs montures en pleine course.
Le lendemain, le reveil est aussi tranquille que le lieu semble l'imposer. Quand la famille voit qu'on est reveille, elle nous sert rapidement du pain, des biscuits et ce qu'on pense etre du lait (et qui est en fait du the au lait un peu sale), puis dans la foulee une nouvelle assiette des pates de la veille, cette fois baignee dans du bouillon. Notre guide nous fait signe de demonter la tente, reselle les chevaux et attache le sac de bats sur le 4eme avec toutes les affaires. Vers 11h, nous sommes repartis. Bien sur, on a change de cheval, histoire de voir si ca va mieux... ben pas mieux, pour moi en tout cas ! Je comprend vite l'ennervement de Leo : Canasson est vraiment un canasson. C'est a mon tour d'etre a la traine, de plus en plus loin derriere. Parfois, une bonne demi-heure de trot me permet de recoller aux autres pour quelques courts instants. Un trot tres lent, tres desagreable, que je prefere effectuer debout sur les etriers pour ne pas me peter le cul comme Leo la veille, avec cette selle chinoise ultra dure comparee a la selle russe a coussinet de l'autre. J'essaye de prendre mon mal en patience, d'etre dans l'acceptation. Je me surprend meme a echaffauder des theories febriles sur une hypothetique depression nerveuse de ce pauvre cheval qui n'a rien demande a personne... mais rien n'y fait, ca commence quand meme a me taper sur les nerfs. Leo est bien sur beaucoup mieux sur son nouveau cheval et mort de rire de me voir faire la gueule comme lui la veille ! Avec du recul, c'est vrai que c'est tres drole. Sur le coup, je n'arrive pas du tout a avoir de l'humour. La vegetation est ici un peu plus dense. On passe un pont avant d'arreter nos chevaux dans un simulacre de foret au bord de la riviere. Longue pause agreable, notre guide rejoint un terre-plein au milieu de la riviere et se met a pecher, puis se lave dans l'eau claire. Leo bouquine tranquillement, pendant que je profite du silence pour me laisser envahir par la nature. Je reprend contact avec l'eau, l'air et la pierre... bon ok, je jete des cailloux dans l'eau, c'est une premiere prise de contact, non ? On remonte a cheval, et on tourne a droite. Canasson est au sommet de sa mauvaise volonte. Je me sens vite deprime, comme si je faisais un tout petit peu trop corps avec mon cheval. Je perd plusieurs fois mon chapeau avec le vent, suis oblige de descendre pour le rechercher. Plus tard, je rattrape les autres et c'est a ce moment que je gobe une mouche qui vient se ficher en plein dans ma gorge... s'ensuit une toux intensive et un fou rire du guide. En fait la mongolie c'est vraiement l'empire des mouches, il y en a en permanence des centaines aglutines a chaque cheval et des dizaines aglutinees a chaque homme, de partout. On ne peux juste pas s'en defaire. Mouches, moucherons, moustiques, taons, abeilles... les instectes pullulent et rien ne les tient a distance, pas meme le spray anti-moustique ultra puissant special zones tropicales. A certains moments on s'en rend a peine compte. La, j'en chie. On s'apercoit qu'on est revenu par la foret a la plaine de l'allee, on fait donc marche arriere. On s'arrete devant un petit supermarche en bois au milieu de la steppe, on achete de l'eau. Je n'en peux plus, je demande au guide combien il reste de km : 9, me montre-t-il avec les doigts. Voyant ma mine peu glorieuse, il me propose d'echanger de monture avec lui. Ok ! A peine sur Canasson, il le fait partir au galop... et moi je ne m'en sors qu'avec un trot timide sur son habituel bolide ! Ok, j'ai compris. A peine 200 m plus loin, on s'arrete a la meme yourte que la veille... et il nous dit que c'est la qu'on dort. Bon, on n'a pas tout compris (surtout pourquoi on a demonte et trimballe la tente toute la journee), mais rien n'est grave ! Pour diner, on nous sert la meme chose que la veille, avec en cadeau un peu de fromage de yak seche au gout tres fort... on met tout ca dans notre sac, on n'ose pas leur montrer qu'on aime "qu'un peu". Et puis encore leur the au lait a profusion. On commence a s'y faire, a celui la. On monte a pied en haut de la colline la plus proche pour admirer le coucher de soleil. Je vais beaucoup mieux et la journee, avec un poil de recul, commence a me faire bien marrer. Leo a lui aussi passe une journee bien meilleure que la veille, il va mieux. D'en haut, on a une superbe vue de la campagne environante et sa vegetation luxuriante. On se croirait presque un peu en Ardeche ou dans une chaine de montagnes basses en France. "C'est beau", s'apercoit-on. Mais une nuee persistante de moustiques et leurs potes insectes ont raison de nous. "Ca pique", nous mettons nous vite a crier en devalant la pente en direction du campement. Dans la tente, le sommeil nous attaque lui aussi en traitre.
Apres avoir mange le meme plat que tout le temps, et avoir defait la tente, c'est reparti, en selle ! Il est midi cette fois. J'ecope du "bon cheval" et Leo monte celui qui portait le sac de bats jusqu'a present, tache qui incombe desormais a Canasson. Bien fait. A part une aerophagie persistante, rien a signaler a priori. Mais le pauvre Leo va vite s'apercevoir qu'il n'a rien gagne au change. Il a toujours la selle chinoise ultra dure (ce qui ne fait pas du bien aux croutes qui ont commence a se former sur son cul) et la bete est elle aussi completement stupide. Elle ne tarde pas a gagner son petit nom : "Con d'cheval". Moi ca va beaucoup mieux avec le petit nerveux, sauf qu'il est bien nerveux. On s'engage dans une vallee assez fleurie aux herbes plus hautes que les jours precedents, et mon cheval ne tient plus, il veut tracer. Je me dis "allez, pourquoi pas, un bon petit galop...". Je me mets a filer vers l'avant, a galoper comme un malade. Les 30 premieres secondes, c'est que du bonheur. Ensuite il se met a accelerer, accelerer... j'essaye de le calmer mais rien n'y fait, il cavale au triple galop comme un dingue. Je n'ai tout simplement jamais galope aussi vite et aussi longtemps de ma vie... genial mais flippant a la fois. J'arrive finalement a l'arreter en me mettant debout sur les etriers et en tirant sur les rennes le plus fort possible... wahou, ca decoiffe. Le guide m'aide un moment a le tenir ensuite, puis il se calme. Du coup je fais un peu moins le mariole a partir au galop par la suite ! Le paysage est vraiment beau toute la journee (est-ce la peine de la preciser ?), on passe un col puis on longe la montagne a gauche. Dans les champs, des paysans s'occupent de leurs plantations sous un soleil de plombs. On chevauche une longue distance et on est tres fatigue : les fesses endolories, les muscles qui calent, et le guide qui speede sans reflechir, qui semble preferer faire tout le trajet de la journee en 2h a fond plutot qu'en 4h en profitant des paysages. Je lui demande combien de Km avant la pause : 3, me montre-t-il. 7 Km plus loin, je lui redemande : 1. On s'arrete environ 4 Km plus loin dans les bois, ou on retrouve des potes de Sothvo qu'on avait vu le premier jour. Apres 20 minutes, on est de nouveau en selle. Combien de Km avant la ou on dort ? 4, me montre-t-il. Ca me parait si loin... a peine 1 Km plus loin, nous sommes arrives ! En fait ils repondent n'importe quoi, ils s'en foutent un peu. Et on est de retour chez Sothvo ! Sa famille nous installe dans une Ger cette fois, dans de vrais lits. Une Ger c'est vraiment top confort. Il y fait frais quand il fait chaud grace a un systeme d'aspiration d'air par le bas super efficace, et bon quand il fait froid grace au feutre qui les entoure et a un chauffage central au feu (un poele quoi). La on est un peu les rois, une fille d'une dizaine d'annees tres sympa nous amene des trucs a boire et a manger tout le temps. On a droit a une salade de patates et choux et a des buzz bien juteux a la viande, c'est bon. Le soleil est encore haut, on trouve une riviere avec un peu de profondeur, on se trempe (elle est quand meme bien froide) et on se pose a cote, ca fait du bien. Trois mongols completement bourres (ils puent l'alcool) s'amenent et se baignent a leur tour. Ils viennent ensuite nous voir en rigolant, on ne sait pas trop ce qu'ils veulent. Leo vient vers eux, et l'un le defie a la lutte mongole !! Leo accepte, c'est super rigolo. En une minute, il met le mongol KO sur la tete... ca a l'air d'aller, il eclate de rire. du coup son pote veut a son tour defier Leo, et il se retrouve a son tour par terre en moins de deux ! Ils sont toujours morts de rire. Bon, l'alcool y est peut-etre pour quelque chose, mais il est quand meme fort mon copain, faut pas le faire chier, Leo. Retour au campement, la nuit commence a tomber. On apercoit des tentes plantees un peu plus loin a cote d'autres yourtes : c'est le campement de "Ger to Ger", une ONG qui organise des treks avec des nomades, un peu comme on fait. On y rencontre un canadien anglophone qui travaille en Coree du Sud, une anglaise et une Quebecoise ! C'est tres sympa, on discute un peu de nos voyages et de nos pays et de nos galeres en anglais. Je parle bien sur de groupes quebecois avec Marie-Laure (ca fait du bien d'entendre cet accent), qui connait un musicien de Polemil Bazar qu'on fait jouer en France en Novembre ! Et puis ils nous racontent qu'une vache est entierement rentree dans la tente de leur guide pendant la journee et a pose une enorme merde bien fraiche sur son sac de couchage avant de repartir ! Ca nous fait bien sur beaucoup rire, encore plus quand on voit la tete du dit-guide apres etre ressorti de sa tente. On apprend aussi qu'il n'y a plus du tout de place dans les trains pour Beijing jusqu'a septembre... ah. On verra bien ! On va se coucher avec l'arrivee de la fraicheur nocturne apres avoir souhaite une bonne nuit a toute cette charmante compagnie. C'est vrai qu'ici, les differences de temperature entre la nuit et le jour, c'est le jour et la nuit.
Le lendemain, on se reveille tard. Notre jeune guide est parti, c'est Sothvo en personne qui s'occupe de nous. Il amene un gros bout de viande de mouton qu'il coup en fines tranches, remplit des assiettes d'assortiments de legumes, de feuilles de choux et de sauces epicees, et se met a preparer minutieusement un barbecue de tueur. Une bonne grillade de mouton "a la correenne"... c'est delicieux. On discute pas mal (tant bien que mal) avec Sothvo qui nous apprend des mots de mongols. Ce gars est vraiment excellent. On joue aussi beaucoup avec son fils de 2-3 ans, qui a deja une classe folle avec ses cheveux noirs hirsutes. On nous file 2 chevaux inedits pour la balade du jour, et on nous demande si on veut ou non un guide ! En fait c'est la journee free-style, on fait ce qu'on veut, on va ou on veut... le programme me plait. Sothvo nous accompagne un bout pour rejoindre ses potes qui fauchent les champs plus loin. On est tous les deux mieux avec Leo, et on commence a se faire plaisir. Apres une courte pause, Sothvo nous propose de partir avec un jeune du coin. Ce dernier part comme une trombe, les chevaux suivent. Apres, c'est une bonne heure se pur bonheur a fond dans les champs ! On se fait des allers-retours, des va-et-vient au galop, c'est une vraie tuerie. Le cheval de Leo semble un peu moins prompt que le mien a partir en fleche, mais il se fait quand meme des bonnes accelerations. Apres de grandes cavalcades, on revient vers Sothvo qui nous apprend a faucher les herbes hautes. Bien sur on n'y arrive pas. Bien sur on a l'air con. Bien sur on a pris des photos. Une petite pause, et puis c'est reparti ! On repart en direction du camps a fond... je tente de maitriser les "Tcho !", avec difficulte mais j'arrive quand meme a passer des vitesses au galop pour aller le plus vite possible. Ben oui, ca fait vraiment du bien cette connerie. A un moment mon cheval freine tres vite et la selle se retrouve... sur son cou !! Tout est normal. Un nomade le resangle. De retour au camp, je refile mon cheval a Leo qui comprend le bonheur et qui part a son tour au galop, seul dans la vaste plaine. C'est vraiment le jour ou on se sera fait le plus plaisir, les meilleures sensations. On nous dit que notre bus pour rentrer sur UB part a 19h. Il est 16h, on decide de grimper en haut de la petite montagne qui surplombe la prairie. On chante des conneries dans toutes les langues, on arrive essoufle en haut. La vue est encore folle, la plaine immense vue de haut, le vent souffle fort. On redescent et on apercoit une jeep qui zigzague dans notre direction : c'est Sothvo avec un gars au volant qui se propose de nous redescendre a Oulan Bator ! On a pas vraiment le choix, toutes nos affaires sont deja dans le coffre. Ok ! On dit au revoir a toute la petite famille et on rentre a toute allure a la capitale. Pour ne pas avoir trop peur et pour passer le temps, Leo se met a parler en russe avec le gars... qui, incroyable, a l'air de le comprendre parfaitement ;-)
De retour chez Noemie... elle est la ! Cheveux courts, totalement noire de bronzage, grand sourire... ca fait trop plaisir de la voir, on se prend dans le bras. Elle doit vite repartir pour manger au resto avec son groupe. Pendant ce temps, on trainasse. Bouquins, repos et pommade sur les fesses. No rentre en soiree. Elle est crevee de son parcours de 3 semaines et un peu malade du ventre, ce qu'il ne l'empeche pas de rayonner. Quelques bribes de recits de voyages decousus nous font tenir un peu... on a tellement de choses a se dire. Ca ne nous empeche pas de nous vautrer avec delice dans un sommeil de brique.
Ulan Baatar - Lundi 14 Aout 2006 - 21h00
1 commentaire:
Tu m'as fait trop rire avec Canasson et Cond'cheval ! En fait tu t'y connais vachement en nom de chevaux toi (Fural, Tornado...)!!
;-)
Allez-y, grisez-vous ça sert à ça !
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