Dimanche 1er novembre – Lyon / Transbordeur
Dernières lignes ? Comme d’habitude, j’ai parlé un peu vite. Trop de confiance, on se sent déjà un peu rentré, on baisse la garde… et là c’est le drame. LA DEad galère n’avait pas encore surgit, elle est belle et bien là. Du temps s'est passé depuis cette mésaventure... on est déjà début novembre, et je me rends compte que je n'ai jamais mis en ligne ce retour roc(k)ambolesque. Il y a prescription sur les faits, on arrive même à en rire à présent, il est donc bien temps d'envoyer le bousin à la face du monde (et puis je suis dans les loges du Transbo, concert de Groundation -reggae-, autant dire que je n'ai pas grand chose d'autre à faire) !! Retour sur un cauchemar dont on se serait bien passé.
Vendredi 28 août
On sort du Banais Café pour se rendre au Pot Colonial pour un "dernier" dîner. Notre resto. On s’y sent comme chez nous. Je sors les papiers de vol et les passeports pour étudier les horaires, les temps de vol et de connexions, se projeter au lendemain. Les plats arrivent : cannellonis aux épinards et truite à la tomate. On est vraiment détendus, contents de rentrer après un mois si riche en nouveautés, rencontres et émerveillements. De retour à l’hôtel, j’upload les dernières photos sur Facebook. Lilice s’endort rapidement, moi pas, j’ai du mal à trouver le sommeil et m’endors vers 1h30.
Samedi 29 août
4h00. Le réveil sonne. Et hop à la douche, on se dépêche, un taxi doit nous prendre à 4h30 devant l’hôtel.
4h23. On est prêt. Dernier coup d’œil dans la chambre. Dernières vérifications… je tâte mes poches pour vérifier que j’ai bien mon portefeuille, mon téléphone, les passeports…. putain cette poche la est vide. Mon cœur s’arrête. Je réfléchi à toute vitesse, en blêmissant… les passeports… non c’est pas vrai… hier soir au restaurant… je revoie les plats qui arrivent… je dépose à ce moment là les passeports et la feuille de vol sur la chaise à côté de moi pour faire de la place… je ne me revois pas les reprendre… NON c’est pas vrai. J’en parle à Alice, qui me jette un regard d’une noirceur qui met à terre. Je n’arrive pas à y croire, j’ai envie de me frapper, de revenir en arrière, de me réveiller, ça ne peut être qu’un cauchemar. La veille du départ, comme il y a 3 ans à Pékin. C’est une malédiction. Je craque complètement. Alice ne parle plus. Elle est au réveil, et en plus je lui annonce ça. Je m’en veux à mort, j’en chiale. Je ne me fais guère de souci pour les passeports, je pense qu’on va les retrouver (et encore, rien n’est moins sûr). Mais le Pot Colonial n’ouvre pas avant 9h, et le vol est à 6h55. On est foutu. J’explique la situation au comptoir de l’hôtel. Les gars sont vraiment désolés, mais ils ne peuvent évidemment rien faire. Ils nous disent d’aller quand même à l’aéroport avec nos photocopies de passeports, sait-on jamais, et nous disent qu’ils nous enverront nos originaux s’ils les retrouvent. On n’y croit pas, mais on n’a vraiment que ça à tenter. Le taxi est là.
5h00. Arrivée à l’aéroport. Le comptoir d’American Airlines est déjà blindé de gens. J’explique notre situation à une hôtesse d’accueil, qui l’explique à une autre, qui se renseigne. On ne peut pas prendre le vol, ça c’est sûr. Je demande si on peut changer de vol. L’hôtesse regarde, l’air sceptique. On retient notre souffle. Et finalement le couperet tombe : « Nous sommes en haute saison. Il n’y a malheureusement pas de place dans nos vols avant le...... 15 septembre » !! Arghghgloup. Pas drôle. Pas drôle du tout. Elle finit par dire qu’il reste éventuellement des places dans le vol du lendemain, au départ de Santa Cruz (à 20h de bus), mais que ça nous couterai, en comptant le prix du changement..... 3300 $ chacun !!! Complètement barjot. On est anéanti. Alice me mitraille du regard. Elle est sensée bosser lundi matin. Si elle rate 2 semaines de travail, ça va coûter encore beaucoup plus cher. L’étau se resserre sur mon cœur, on se sent emprisonné ici, sans aucune possibilité de sortie. C’est la merde, la vraie. La DEad galère avec un grand D.
5h20. Le taxi nous a attendus sur le parking avec nos sacs, on le reprend dans l’autre sens. On se sent impuissant. De retour dans notre chambre du Sagarnaga, impossible de trouver le sommeil. Je refais le match dans ma tête, je voudrai remonter le temps et récupérer ces putains de passeports. Ou bien me réveiller. Je garde dans un coin la possibilité que ce ne soit qu’un (très mauvais) rêve. Ca me parait tellement improbable d’être aussi con. Je ne me suis pas senti aussi mal depuis très longtemps.
6h30. Le sommeil me rattrape et je rêve d’avions qui décollent et d’horaires… mais tout semble se résoudre dans la paix du sommeil, et je me détends vraiment. Le réveil, vers 9h, est brutal. Tout me revient soudainement, et ça me fait l’effet d’un uppercut dans le ventre. On est coincé ici, on n’a aucune solution pour rentrer. L’horreur. Le cauchemar continue. Je croise encore une fois le regard d’Alice, qui en dit long lui aussi sur son état d’esprit. Mes tentatives de réconfort et de positivisme semblent vaines.
9h07. On sort de la chambre pour aller frapper à la porte du Pot Colonial (à quelques dizaines de mètres à peine de l’hôtel), encore close. Le gars m’ouvre, j’explique l’oubli de passeports, il a l’air étonné… demande à un jeune, étonné lui aussi… à une femme… ah oui, elle a rangé quelque chose sous le comptoir… c’est bien ça, j’ai les passeports en mains ! Pfffff. Le gars est vraiment désolé pour nous lui aussi. D’autant plus qu’il m'avoue avoir dormi dans le resto : si j’avais frappé fort, il se serait réveillé en pleine nuit ! Je me rappelle y avoir pensé, mais m’être dit que ça serait vain. Re-Aaaargh. Dès que je redescends avec les passeports en main, Alice me les prends pour ne plus me les rendre. Il serait malaisé pour moi d’insister.
9h17. En descendant la rue Sagarnaga, on tombe sur… Marc ! Sourires (un peu forcés pour nous), il nous demande comment ça va. Moyen ! On lui raconte, il hallucine, ça le fait quand même bien marrer. Et nous aussi un poil, on arrive à en sourire quelques instants pour la première fois. Partager notre galère avec une tête connue et appréciée nous détend et nous fait du bien, mine de rien. Quelqu'un le tanne de monter dans une jeep qui l’attend (il semble partir pour un trek en vélo), pas plus de temps pour papoter, dommage.
9h40. Café (Alice) et Maté de Coca (moi… il parait que ça détend) au Banais Café. On se dit qu’on ferait mieux de regarder les possibilités de rentrer à Lyon par d’autres compagnies qu’AA (American Airlines), et qu’on fera notre possible pour trouver un truc pour se faire rembourser en France, sans trop y croire. On n’a plus le choix, on sait déjà que cette connerie va nous coûter cher, et le sentiment d’être bloqué ici est tout sauf agréable. Je profite du Wi-Fi du lieu et de mon mini-PC (ultra pratique tout le long du voyage) pour faire des recherches de vols en partance le lendemain. La Paz - Lyon via Santiago de Chile et Madrid, avec LAN (compagnie Chilienne) = 1260 € / personne. La Paz – Paris via Santa Cruz (Bolivie) et Madrid, avec Aerosur (compagnie bolivienne) = 990 € / personne. On appelle nos mères, pour les prévenir, et puis les mamans ça rassure, et c’est toujours de bon conseil. Ou pas d’ailleurs, mais ça fait toujours plaisir de leur parler. On se décide à prendre la deuxième option, de toute façon il faut bien rentrer. Ca n’est qu’une boulette à 2000 €, rien de plus. Hum. On passe par le site Terminal A, moins cher que les autres. Celui par lequel on avait pris les Allers-retours les moins chers pour la Bolivie, et qui nous avait renvoyé un mail pour annuler, sans qu’on comprenne trop pourquoi. Mais bon on le tente. Validation des horaires, feuille de vol, payement ok, e-mail de confirmation. Ouf, on a notre porte de sortie. Couteuse, mais on va pouvoir partir.
11h30. Resto Angelo Colonial. Pas loin du Pot Colonial, mais on ne veut plus y aller. Ambiance feutrée, tableaux et bougeoirs d’époques, armes à feu et épées accrochées aux murs. Lasagnes, et poulet sauce au vin. Nos ventres ne vont toujours pas fort, et le stress n’a rien du arranger. On commence à se détendre un tout petit peu, on sait qu’on va partir le lendemain, que ce n’est, au final, qu’une histoire d’argent. De beaucoup d’argent soit, mais on essaye de relativiser. On est tous les deux en vie, bien, il n’y a rien de grave en soi. Il faut dire que les verres de vin commandés aident à relativiser. Un peu.
12h45. Retour à la chambre d’hôtel. On veut se reposer un peu. Je vérifie une dernière fois mes mails avant d’aller au lit… un mail d’une certaine Virginie de Terminal A m’explique que « pour des raisons de sécurité », il est impossible de réserver nos places !! Le cauchemar continue. On décide d’aller directement au bureau d’Aerosur, la compagnie aérienne.
13h30. Le bureau d’Aerosur est fermé. Ne rouvre que lundi.
13h45. On est devant une agence de tourisme vendant des vols Aerosur. La meuf nous dit de dégager. C’est fermé.
14h00. Nouvelle agence ouverte. La nana nous propose le même vol que celui de Terminal A, jusqu’à Madrid en passant par Santa Cruz. Environ 1000 € / personne. On prend, on ne va plus chipoter. Cette fois on a les billets en main, confirmés et tout.
14h30. Hôtel. On trouve un vol EasyJet Madrid-Genève à 110 € / personne (moins cher que pour Lyon, et à un horaire possible). On arrivera finalement lundi soir à 19h45 à Genève, et on passera la nuit chez les parents d’Alice qui viendront nous chercher. On sera donc à Lyon le mardi matin, via un TER. On n’aura pas un retard si grand que ça par rapport à la date prévue. Alice a prévenu son boulot qu’elle ne reviendrait travailler que le mercredi. Tout roule. A quel prix, mais tout roule. Cette fois on a physiquement la preuve de notre départ, on peut souffler un peu.
20h30. On a regardé des épisodes de « Damages » saison 2 toute l’après-midi. Une journée entière à larver au lit, au rythme des intrigues glauquissimes et des trahisons sans fin de cette série de tarés. Pas vraiment reposant, mais ça nous aide à sortir de nos embrouilles personnelles. On sort acheter des sandwiches à emporter au Angelo Colonial et des bières à l’accueil de l’hôtel, et on remet ça.
0h30. Saison 2 de « Damages » terminée. Je meure de fatigue. Mon corps et ma tête me demandent un peu de repos. Bien mérité ?
Dimanche 30 août
Réveil vers 9h30, douche, bagages empaquetés de nouveau. On dit au revoir à l’hôtel Sagarnaga, pour de vrai (on croise les doigts) cette fois. Petit déj au Angelo Colonial, notre nouveau resto préféré. Ça va un peu mieux. La perspective de partir dans la journée nous fait du bien. On achète quelques sacs de Coca pour les potes, et puis taxi hasta l’aéroport El Alto. On est là bien en avance, on ne veut plus rien laisser au hasard. On a vite nos cartes d’embarquements, on prend le temps d’un café. Et puis d’une bière. L’avion d’Aerosur est grand, confortable, et on décolle pile à l’heure. Les paysages passent une fois de plus des montagnes arides à la jungle luxuriante. L’atterrissage se fait avec une grande douceur, comme sur du coton.
A Santa Cruz, il fait 33°, gros soleil, et du vent chaud. On apprend que notre vol pour Madrid, prévu pour 19h, ne partira pas avant 21h. Dans un café de l’aéroport, on aperçoit le couple de français un peu coincé avec qui on était allé de Potosi à Sucre. Jus d’ananas con leche et brownies pour patienter. L'attente est longue. Dans l'espace de vérification des bagages, on entend nos noms appelés au micro... qu'est ce qui peut bien se passer encore ? Nos foetus de lama se seraient fait attraper par la douane ? Non, on est juste replacé dans l'avion. Un avion immense, à deux étage, cool.
Lundi 31 août
Madrid. Le sol européen. On est arrivé, on a gagné. Ca parle toujours espagnol, mais ça paye en euro. Libé dans les kiosques. Un article sur "THX FUCK", pirate berrichon du cinéma de Vierzon, recherché par le tout Hollywood, nous fait chialer de rire. C'est l'heure de la détente.
Soir. Atterrissage à Genève. Les parents d'Alice viennent nous chercher. Il fait bon dans le jardin de Vulbens. Et on a droit a un cadeau de bienvenue : une bonne vieille raclette arrosée d'un bon vin blanc. Là, on est vraiment rentré.
Dernières lignes ? Comme d’habitude, j’ai parlé un peu vite. Trop de confiance, on se sent déjà un peu rentré, on baisse la garde… et là c’est le drame. LA DEad galère n’avait pas encore surgit, elle est belle et bien là. Du temps s'est passé depuis cette mésaventure... on est déjà début novembre, et je me rends compte que je n'ai jamais mis en ligne ce retour roc(k)ambolesque. Il y a prescription sur les faits, on arrive même à en rire à présent, il est donc bien temps d'envoyer le bousin à la face du monde (et puis je suis dans les loges du Transbo, concert de Groundation -reggae-, autant dire que je n'ai pas grand chose d'autre à faire) !! Retour sur un cauchemar dont on se serait bien passé.
Vendredi 28 août
On sort du Banais Café pour se rendre au Pot Colonial pour un "dernier" dîner. Notre resto. On s’y sent comme chez nous. Je sors les papiers de vol et les passeports pour étudier les horaires, les temps de vol et de connexions, se projeter au lendemain. Les plats arrivent : cannellonis aux épinards et truite à la tomate. On est vraiment détendus, contents de rentrer après un mois si riche en nouveautés, rencontres et émerveillements. De retour à l’hôtel, j’upload les dernières photos sur Facebook. Lilice s’endort rapidement, moi pas, j’ai du mal à trouver le sommeil et m’endors vers 1h30.
Samedi 29 août
4h00. Le réveil sonne. Et hop à la douche, on se dépêche, un taxi doit nous prendre à 4h30 devant l’hôtel.
4h23. On est prêt. Dernier coup d’œil dans la chambre. Dernières vérifications… je tâte mes poches pour vérifier que j’ai bien mon portefeuille, mon téléphone, les passeports…. putain cette poche la est vide. Mon cœur s’arrête. Je réfléchi à toute vitesse, en blêmissant… les passeports… non c’est pas vrai… hier soir au restaurant… je revoie les plats qui arrivent… je dépose à ce moment là les passeports et la feuille de vol sur la chaise à côté de moi pour faire de la place… je ne me revois pas les reprendre… NON c’est pas vrai. J’en parle à Alice, qui me jette un regard d’une noirceur qui met à terre. Je n’arrive pas à y croire, j’ai envie de me frapper, de revenir en arrière, de me réveiller, ça ne peut être qu’un cauchemar. La veille du départ, comme il y a 3 ans à Pékin. C’est une malédiction. Je craque complètement. Alice ne parle plus. Elle est au réveil, et en plus je lui annonce ça. Je m’en veux à mort, j’en chiale. Je ne me fais guère de souci pour les passeports, je pense qu’on va les retrouver (et encore, rien n’est moins sûr). Mais le Pot Colonial n’ouvre pas avant 9h, et le vol est à 6h55. On est foutu. J’explique la situation au comptoir de l’hôtel. Les gars sont vraiment désolés, mais ils ne peuvent évidemment rien faire. Ils nous disent d’aller quand même à l’aéroport avec nos photocopies de passeports, sait-on jamais, et nous disent qu’ils nous enverront nos originaux s’ils les retrouvent. On n’y croit pas, mais on n’a vraiment que ça à tenter. Le taxi est là.
5h00. Arrivée à l’aéroport. Le comptoir d’American Airlines est déjà blindé de gens. J’explique notre situation à une hôtesse d’accueil, qui l’explique à une autre, qui se renseigne. On ne peut pas prendre le vol, ça c’est sûr. Je demande si on peut changer de vol. L’hôtesse regarde, l’air sceptique. On retient notre souffle. Et finalement le couperet tombe : « Nous sommes en haute saison. Il n’y a malheureusement pas de place dans nos vols avant le...... 15 septembre » !! Arghghgloup. Pas drôle. Pas drôle du tout. Elle finit par dire qu’il reste éventuellement des places dans le vol du lendemain, au départ de Santa Cruz (à 20h de bus), mais que ça nous couterai, en comptant le prix du changement..... 3300 $ chacun !!! Complètement barjot. On est anéanti. Alice me mitraille du regard. Elle est sensée bosser lundi matin. Si elle rate 2 semaines de travail, ça va coûter encore beaucoup plus cher. L’étau se resserre sur mon cœur, on se sent emprisonné ici, sans aucune possibilité de sortie. C’est la merde, la vraie. La DEad galère avec un grand D.
5h20. Le taxi nous a attendus sur le parking avec nos sacs, on le reprend dans l’autre sens. On se sent impuissant. De retour dans notre chambre du Sagarnaga, impossible de trouver le sommeil. Je refais le match dans ma tête, je voudrai remonter le temps et récupérer ces putains de passeports. Ou bien me réveiller. Je garde dans un coin la possibilité que ce ne soit qu’un (très mauvais) rêve. Ca me parait tellement improbable d’être aussi con. Je ne me suis pas senti aussi mal depuis très longtemps.
6h30. Le sommeil me rattrape et je rêve d’avions qui décollent et d’horaires… mais tout semble se résoudre dans la paix du sommeil, et je me détends vraiment. Le réveil, vers 9h, est brutal. Tout me revient soudainement, et ça me fait l’effet d’un uppercut dans le ventre. On est coincé ici, on n’a aucune solution pour rentrer. L’horreur. Le cauchemar continue. Je croise encore une fois le regard d’Alice, qui en dit long lui aussi sur son état d’esprit. Mes tentatives de réconfort et de positivisme semblent vaines.
9h07. On sort de la chambre pour aller frapper à la porte du Pot Colonial (à quelques dizaines de mètres à peine de l’hôtel), encore close. Le gars m’ouvre, j’explique l’oubli de passeports, il a l’air étonné… demande à un jeune, étonné lui aussi… à une femme… ah oui, elle a rangé quelque chose sous le comptoir… c’est bien ça, j’ai les passeports en mains ! Pfffff. Le gars est vraiment désolé pour nous lui aussi. D’autant plus qu’il m'avoue avoir dormi dans le resto : si j’avais frappé fort, il se serait réveillé en pleine nuit ! Je me rappelle y avoir pensé, mais m’être dit que ça serait vain. Re-Aaaargh. Dès que je redescends avec les passeports en main, Alice me les prends pour ne plus me les rendre. Il serait malaisé pour moi d’insister.
9h17. En descendant la rue Sagarnaga, on tombe sur… Marc ! Sourires (un peu forcés pour nous), il nous demande comment ça va. Moyen ! On lui raconte, il hallucine, ça le fait quand même bien marrer. Et nous aussi un poil, on arrive à en sourire quelques instants pour la première fois. Partager notre galère avec une tête connue et appréciée nous détend et nous fait du bien, mine de rien. Quelqu'un le tanne de monter dans une jeep qui l’attend (il semble partir pour un trek en vélo), pas plus de temps pour papoter, dommage.
9h40. Café (Alice) et Maté de Coca (moi… il parait que ça détend) au Banais Café. On se dit qu’on ferait mieux de regarder les possibilités de rentrer à Lyon par d’autres compagnies qu’AA (American Airlines), et qu’on fera notre possible pour trouver un truc pour se faire rembourser en France, sans trop y croire. On n’a plus le choix, on sait déjà que cette connerie va nous coûter cher, et le sentiment d’être bloqué ici est tout sauf agréable. Je profite du Wi-Fi du lieu et de mon mini-PC (ultra pratique tout le long du voyage) pour faire des recherches de vols en partance le lendemain. La Paz - Lyon via Santiago de Chile et Madrid, avec LAN (compagnie Chilienne) = 1260 € / personne. La Paz – Paris via Santa Cruz (Bolivie) et Madrid, avec Aerosur (compagnie bolivienne) = 990 € / personne. On appelle nos mères, pour les prévenir, et puis les mamans ça rassure, et c’est toujours de bon conseil. Ou pas d’ailleurs, mais ça fait toujours plaisir de leur parler. On se décide à prendre la deuxième option, de toute façon il faut bien rentrer. Ca n’est qu’une boulette à 2000 €, rien de plus. Hum. On passe par le site Terminal A, moins cher que les autres. Celui par lequel on avait pris les Allers-retours les moins chers pour la Bolivie, et qui nous avait renvoyé un mail pour annuler, sans qu’on comprenne trop pourquoi. Mais bon on le tente. Validation des horaires, feuille de vol, payement ok, e-mail de confirmation. Ouf, on a notre porte de sortie. Couteuse, mais on va pouvoir partir.
11h30. Resto Angelo Colonial. Pas loin du Pot Colonial, mais on ne veut plus y aller. Ambiance feutrée, tableaux et bougeoirs d’époques, armes à feu et épées accrochées aux murs. Lasagnes, et poulet sauce au vin. Nos ventres ne vont toujours pas fort, et le stress n’a rien du arranger. On commence à se détendre un tout petit peu, on sait qu’on va partir le lendemain, que ce n’est, au final, qu’une histoire d’argent. De beaucoup d’argent soit, mais on essaye de relativiser. On est tous les deux en vie, bien, il n’y a rien de grave en soi. Il faut dire que les verres de vin commandés aident à relativiser. Un peu.
12h45. Retour à la chambre d’hôtel. On veut se reposer un peu. Je vérifie une dernière fois mes mails avant d’aller au lit… un mail d’une certaine Virginie de Terminal A m’explique que « pour des raisons de sécurité », il est impossible de réserver nos places !! Le cauchemar continue. On décide d’aller directement au bureau d’Aerosur, la compagnie aérienne.
13h30. Le bureau d’Aerosur est fermé. Ne rouvre que lundi.
13h45. On est devant une agence de tourisme vendant des vols Aerosur. La meuf nous dit de dégager. C’est fermé.
14h00. Nouvelle agence ouverte. La nana nous propose le même vol que celui de Terminal A, jusqu’à Madrid en passant par Santa Cruz. Environ 1000 € / personne. On prend, on ne va plus chipoter. Cette fois on a les billets en main, confirmés et tout.
14h30. Hôtel. On trouve un vol EasyJet Madrid-Genève à 110 € / personne (moins cher que pour Lyon, et à un horaire possible). On arrivera finalement lundi soir à 19h45 à Genève, et on passera la nuit chez les parents d’Alice qui viendront nous chercher. On sera donc à Lyon le mardi matin, via un TER. On n’aura pas un retard si grand que ça par rapport à la date prévue. Alice a prévenu son boulot qu’elle ne reviendrait travailler que le mercredi. Tout roule. A quel prix, mais tout roule. Cette fois on a physiquement la preuve de notre départ, on peut souffler un peu.
20h30. On a regardé des épisodes de « Damages » saison 2 toute l’après-midi. Une journée entière à larver au lit, au rythme des intrigues glauquissimes et des trahisons sans fin de cette série de tarés. Pas vraiment reposant, mais ça nous aide à sortir de nos embrouilles personnelles. On sort acheter des sandwiches à emporter au Angelo Colonial et des bières à l’accueil de l’hôtel, et on remet ça.
0h30. Saison 2 de « Damages » terminée. Je meure de fatigue. Mon corps et ma tête me demandent un peu de repos. Bien mérité ?
Dimanche 30 août
Réveil vers 9h30, douche, bagages empaquetés de nouveau. On dit au revoir à l’hôtel Sagarnaga, pour de vrai (on croise les doigts) cette fois. Petit déj au Angelo Colonial, notre nouveau resto préféré. Ça va un peu mieux. La perspective de partir dans la journée nous fait du bien. On achète quelques sacs de Coca pour les potes, et puis taxi hasta l’aéroport El Alto. On est là bien en avance, on ne veut plus rien laisser au hasard. On a vite nos cartes d’embarquements, on prend le temps d’un café. Et puis d’une bière. L’avion d’Aerosur est grand, confortable, et on décolle pile à l’heure. Les paysages passent une fois de plus des montagnes arides à la jungle luxuriante. L’atterrissage se fait avec une grande douceur, comme sur du coton.
A Santa Cruz, il fait 33°, gros soleil, et du vent chaud. On apprend que notre vol pour Madrid, prévu pour 19h, ne partira pas avant 21h. Dans un café de l’aéroport, on aperçoit le couple de français un peu coincé avec qui on était allé de Potosi à Sucre. Jus d’ananas con leche et brownies pour patienter. L'attente est longue. Dans l'espace de vérification des bagages, on entend nos noms appelés au micro... qu'est ce qui peut bien se passer encore ? Nos foetus de lama se seraient fait attraper par la douane ? Non, on est juste replacé dans l'avion. Un avion immense, à deux étage, cool.
Lundi 31 août
Madrid. Le sol européen. On est arrivé, on a gagné. Ca parle toujours espagnol, mais ça paye en euro. Libé dans les kiosques. Un article sur "THX FUCK", pirate berrichon du cinéma de Vierzon, recherché par le tout Hollywood, nous fait chialer de rire. C'est l'heure de la détente.
Soir. Atterrissage à Genève. Les parents d'Alice viennent nous chercher. Il fait bon dans le jardin de Vulbens. Et on a droit a un cadeau de bienvenue : une bonne vieille raclette arrosée d'un bon vin blanc. Là, on est vraiment rentré.
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