12 août 2005

Du Guangdong au Guangxi : premiers pas chinois

Je suis encore en Chine ! Bon, plus pour très longtemps si tout se passe comme prévu, mais c'est vrai que ce pays m'a happe, de ville en ville, de montagne en rivières... au final j'aurai passe plus de temps ici qu'au Vietnam alors que c'était ma destination principale. C'est un des plus grands avantages du voyage seul et pas planifie, tu peux changer tes plans au jour le jour au hasard des découvertes et des rencontres. Je suis a présent a Yuanyang, un village de montagne magnifique avec des rizières et autres cultures en terrasse a flanc de montagne... a perte de vue. Je ne me plains pas. Sauf que mes intestins me font bien la gueule depuis ce matin, mais bon pour l'instant j'y avais plutôt échappe ! Mais trêve de blabla, j'ai du retard a combler. Revenons 2 semaines plus tôt (déjà !), a mon retour dans la ville aux mille buildings...

Mardi 2 Août 2005 - Train en direction de Kunming - 10h17

Arrivée a Hong Kong amusante, avec un flic de douane qui m'aide a remplir les paperasses en alternant les rires, les "bonjour" et les "merci". Un coup de fil a Pierre : il est déjà chez lui et m'attend pour partir en Chine ! Je grimpe donc chez lui aussi vite que possible, boucle mes bagages et nous sommes rapidement a la gare. Notre objectif est de dormir a Guangzhou (Canton) mais il n'y a plus de train. On en trouve un qui va jusqu'à la frontière chinoise, a Shenzen, et on se dit qu'on verra bien là-bas. La douane se franchit sans soucis. Dans la fille d'attente on rencontre un black d'origine togolaise résidant a Canton, il parle donc très bien français. Il s'appelle Didier, il est la pour faire du "business". Il nous sort des phrases majestueuses, ce genre de vérité dont seuls les blacks ont le secret. Il veut qu'on lui trouve "le papier de l'Europe" pour qu'il puisse envoyer sa femme faire du business là-bas. Il est évidement prêt a nous payer pour qu'on se marrie avec elle ! Quoi qu'il en soit, la Chine, c'est plus Hong Kong, et passe la frontière on ne comprend plus rien ! Plus personne ne parle anglais et rien n'est traduit. C'est donc une chance d'avoir notre Didier qui nous qui nous aide a savoir ou acheter les billets pour Canton et quel train prendre. Ici c'est le règne du chaos ! Les chinois semblent beaucoup moins obéissants que les Hong Kongais, ils te bourrent pour passer devant toi au guichet, crient, crachent par terre... c'est assez déroutant mais finalement beaucoup plus humain ! Il n'est pas rare d'entendre des rots tonitruants dans le hall de gare (souvent féminins !) et ceux qui mangent des plats cuisines semblent faire le concours de "celui qui fait le + de bruit en mangeant". Dans le train, on commence a sentir les regards sur nous, on se sent vraiment étrangers. Par contre on se met a chanter des conneries super fort et personne ne fait mine de réagir... on ne sait pas s'ils nous prennent pour des malades ou si rien ne les étonne. On décide de jouer chacun un rôle "cliché" pendant ces quelques jours. Moi m'exclamant devant toute nouveauté, hurlant a la splendeur et au dépaysement, sortant des phrases genre "ça change ma conception du monde" et manifestant mon désir de me fondre a la population. Pierre campant le touriste de base qui se plaint des conditions, qui insulte les chinois en français, qui joue a la game-boy advance au lieu de s'intéresser a leur culture et qui me fait remarquer que l'émotion n'est rien d'autre que de la chimie, donc pas de quoi s'extasier. Je pense qu'on a pousse le délire a un niveau de drôlerie assez haut ces quelques jours et qu'on aurait amplement pu prétendre a une émission comique quotidienne avant le JT qui aurait fait beaucoup d'ombre a Kaamelot.

A Canton, on ne comprend vraiment rien de rien. Comme Pierre est déjà venu ici la semaine précédente et qu'il n'a pas trouve la ville exceptionnelle, on voudrait rapidement prendre un train pour Guilin ou Yangshuo (a 450 Km a l'Ouest) sachant que le trajet dure... 17h ! On essaye de se renseigner auprès des très nombreuses agences de voyage qui bordent un des couloirs, mais on ne les comprend pas, et après avoir tente d'établir une communication téléphonique avec le chef de l'agence on croit comprendre qu'ils veulent juste nous réserver une chambre pour la nuit a Canton. On repart donc sans avoir la moindre idée des horaires ni des moyens de gagner Guilin. On repère un hôtel bon marche et bien situe sur le guide du routard (que l'on appelle a présent le GLOAGUEN en hommage a son fondateur Philippe Gloaguen, routard premier, qui a su exploiter le filon avec pragmatisme). Il se trouve sur l'ile de Shamian, colée au centre ville mais beaucoup plus calme. Un taxi devrait pouvoir nous y emmener, mais on n'a malheureusement pas le moindre Yuhan (la monnaie chinoise) en poche. On trouve un gars qui accepte les HK$, facile, et nous voila parti... mais pour ou c'est une autre histoire, car le chauffeur, qui ne parle pas un mot d'anglais, semble ne pas comprendre la carte qu'on lui montre. Mais il part quand même, en rigolant beaucoup. Il roule longtemps sur des immenses voies rapides et on se prend un fou rire avec Pierre en pensant s'éloigner de la ville. Ce qui est sympa c'est que lui aussi est mort de rire en nous voyant comme ça, on est donc tous en train de rire aux larmes en se perdant au loin... enfin c'est ce qu'on croit, car soudain Pierre reconnaît l'ile ! On avait été très mauvaise langue, mais au moins on se sera bien marre. La chambre au Youth hostel nous coûte 200 Y (20 Euros), et même si elle est top la classe et climatisée on se dit que Gloaguen s'est bien embourgeoise (l'hôtel est dans les suggestions "très bon marche")... mais la nuit est bonne.

Le lendemain matin (Vendredi 29) on s'aperçoit qu'on peut réserver nos trajets depuis l'enceinte de l'hôtel. C'est pratique mais le train pour Guilin est plein. Du coup on réserve un avion (a 800 Y), c'est beaucoup plus rapide (on peut y être le soir même) et ça nous laisse toute la journée pour visiter Canton. Le temps de changer un peu d'argent et nous voila en ville. L'ile de Shamian est effectivement paisible avec ses larges avenues boisées et fleuries, ses bâtiments de l'époque coloniale bien conserves et ses berges remplies d'adeptes du Tai-Shi. Mais ça n'est pas non plus incroyable et ne mérite pas les 3 étoiles au Gloaguen, normalement symbole de "tuerie absolue, si vous ratez ça vous êtes des cons". On déjeune dans un resto sympa sur les bords de la rivière des perles, mais je commande un truc un peu ose (un mélange de viandes...), tellement ose que je ne touche guère a l'enchevêtrement d'os et de tripailles qui ornent mon assiette. Heureusement ya du riz. Je fais vraiment des efforts pour manger chinois mais j'ai vraiment pas de chance. Dans le resto ils sont 6 ou 7 a nous servir, on est l'attraction principale. En se baladant dans les rues du centre ville, on découvre une ville très sympa, bcp + agréable et typique que ce que Gloaguen voulait bien nous faire gober. Selon lui, Canton aurait vendu son âme au capitalisme et a la modernité, a l'instar de toutes les grandes villes chinoises. En réalité, en occultant les buildings et les voies rapides, le centre respire encore la tradition, avec des nombreux marches typiques (épices, poissons, jade, jouets,...) et beaucoup de gens jouant a même la rue. Mais je dois bien avouer que, venant de HK, n'importe quelle ville paraîtrait sereine ! Par ailleurs on visite un temple magnifique (Hua Lin)contenant pas moins de 500 statues dorées d'ahrats, les élevés de Bouddha. Cette merveille n'ayant qu'une étoile au Gloaguen, je me sens roule et décrète officiellement ne plus me fier a lui... bon ok je ne peux pas, ce con m'est indispensable. Au final, Canton m'aura séduit, et Pierre aura lui aussi découvert une facette de la ville (la plus charmante) qu'il avait occulte a sa première venue. Un taxi nous emmené au nouvel et ultramoderne aéroport de Canton (et qui dit ultramoderne dit : on traduit les affichages en anglais), et l'avion finit par décoller a 21h30. Dans le coucou l'ambiance est très bon-enfant, tout le monde rigole et crie l'équivalent du "oie" français a chaque soubresaut aérien. Tout le monde sauf notre voisin de droite qui semble paralyse de peur et qui réclame de l'eau toutes les 10 minutes pour prendre un nouveau cachet. On sent progressivement la chimie faire son effet en lui, ses traits se détendent, et il va jusqu'à y aller d'un rire bruyant et jovial au moment du pourtant très brusque atterrissage !

L'aéroport de Guilin est moins récent que celui de Canton. On suit le gros des troupes pour prendre une navette en direction de la ville, et j'y entends parler... catalan ! C'est un couple qui travaille en Chine depuis 2 ans et qui nous propose d'aller directement a Yangshuo avec eux en partageant le taxi si nécessaire. Cette ville semble plus petite et plus belle que Guilin, alors pourquoi pas ! Une chinoise leur dit qu'elle peut arriver a nous chopper un bus si on se dépêche, du coup on la suit a la sortie de la navette et on se retrouve effectivement dans un minibus. Le trajet est une horreur, c'est le tape-cul total sur une route de merde et on manque plusieurs fois l'accident de peu avec un malade au volant qui double sans aucune visibilité. On arrive finalement sains et saufs a destination. La même chinoise qui nous avait suivi dans le bus nous montre un hôtel pas cher (70 Y) et bien. Il est assez tard et on souhaite bonne nuit aux catalans (qui sont au même hôtel). Le téléphone sonne un demi-heure après notre installation : c'est la chinoise qui veut nous aider a planifier notre journée du lendemain ! On pense bien que c'est une sorte de guide a touristes, mais elle a pour l'instant été bien utile et elle peut bien nous aider dans notre découverte des environs, on lui propose donc de monter pour en discuter. Elle s'appelle Gloria ! En fait tous les chinois se choisissent un nom anglais (en général assez ridicule) pour faciliter les choses vu qu'on a souvent du mal a prononcer leur nom véritable (en l'occurrence un truc comme Cow Tiao Tsu). Elle nous propose tout un programme : lever tôt, location de vélos, balades dans les rizières, contemplation d'un Banyan Tree millénaire, visite d'une grotte avec bain de boue, déjeuner a la ferme et remontée de la rivière Li en bateau ! On accepte tout, et je vais jusqu'à rajouter aux festivités la grimpette de la Moonhill, parce que Gloaguen vente le point de vue qu'on a au sommet, et puis ya le mot lune dedans. Elle a l'air de tirer la gueule (?) mais est OK. Elle n'est pas excellente en anglais et on a parfois du mal a se comprendre, mais en la faisant répéter ça le fait a peu près. Pendant qu'on parle, le téléphone retentit a nouveau : c'est le réceptionniste de l'hôtel qui veut s'assurer que la fille n'est pas une pute ! Marrant.

Le réveil sonne de bonne heure, et Gloria nous appelle en même temps pour nous speeder. En mettant le nez dehors on aperçoit immédiatement ces grandes collines calcaires a pic qui entourent la petite ville et qu'on appelle communément des "pains de sucres". Je traduis d'ailleurs cela par "Sugar pain" (la souffrance du sucre !) ce qui fait beaucoup rire Pierre qui est plutôt fan de mon anglais. Apres un petit truc avale sur le pouce, nous voila parti dans les campagnes, enfourchant fièrement nos vélos de location. Pierre et Gloria roulent en tandem et je les suis péniblement avec mon vélo "normal" (parce qu'un tandem ça va plus vite). Le paysage est de toute beauté : d'innombrables pains de sucres se perdent a l'horizon, des rizières bordent routes et sentiers, des paysans vaquent dans les champs, des yaks cheminent... On est complètement ailleurs, je n'avais jamais vu ce type de paysage et d'ambiance, on se croirait tout droit projeté dans un monde fantastique. La route est malheureusement encombrée de véhicules en tous genres (vélos, motos, voitures, camions, bus...) et le code de la route est tout simplement... occulte. Mais c'est splendide. Par contre les deux autres tracent tellement sur le tandem que je n'ai pas le temps de laisser flâner mon regard autant que je le voudrais. On attache nos vélos pour faire un petit circuit pédestre avec des paons, des vendeurs de boissons chères et des paysans un poil clichés... ça pue l'attrape-touriste a plein nez, avec une petite traversée de rivière en bateau le temps d'une photo et une autre pause photo devant le fameux gigantesque banyan tree. On est bien sur précèdes et suivit de plein de touristes qui font le même trajet dans le même sens. Le seul truc vraiment sympa, c'est que les touristes en question sont pour l'immense majorité des chinois venus d'autres régions, ça change des gros allemands (ça marche aussi avec anglais). Par contre ils ne font que prendre des photos, et toujours les mêmes, ce qui fait 2 chinois différents allant au même endroit doivent avoir exactement la même collection de photos avec que la tronche qui change. Parce que bien sur il faut être sur toutes les photos sinon ça n'a pas d'intérêt. On finit par remonter sur les vélos, direction la Moonhill. On entame la grimpette a pied... et c'est un gros morceau ! On arrive en haut en nage (surtout moi) après une bonne demi-heure de montée très pentue, et je comprend mieux pourquoi Gloria faisait la gueule. Mais ça vaut le coup. Au dessus de nous se dresse une arche naturelle avec un vaste trou perce dans la roche, tel un anneau lunaire. Et, bien sur, le point de vue sur les paysages alentours est splendide. Pas rassasie, on monte carrément au sommet de l'arche et la, c'est 360 degrés de beauté. Je ne pense tout simplement pas avoir déjà vu un spectacle naturel aussi époustouflant. La rivière zigzague entre les pains de sucres et les rizières qui se perdent a l'infini. On est complètement seuls au sommet et aucun bruit néfaste ne vient entraver cette félicite naturelle. Sauf un klaxon de temps en temps, ok. Gloria accepte de nous chanter quelque chose en chinois, et la c'est juste le pied. Une longue chanson traditionnelle vient accompagner le plaisir des yeux, on vit un moment fort et touchant la haut. Quelques instants après, le sommet est pris d'assaut par une horde de touristes... fuyons ! On aura eu déjà beaucoup de chance d'avoir ce si long moment de solitude sur ce promontoire. La redescente est moins éprouvante mais termine de nous casser les jambes, et on repart en vélo jusqu'à la ferme de "Moonmother", une vieille femme un peu édentée mais très énergique qui a une sacrée classe du haut de ses 80 printemps. Et puis la terrasse donne sur la Moonhill, c'est joli. On s'entend vite super bien avec Mamie Lune, même si on se comprend pas. Gloria nous traduit la carte et nous aide a choisir, du coup pleins d'énormes plats arrivent au centre de la table pour que tout le monde se serve, comme il est coutume en Chine (en en foutant partout et en crachant par terre si possible !). Légumes du coin, bœuf cuisine, soue de tofu... la c'est vraiment de la bouffe locale, j'ai craque. C'est d'ailleurs a ce moment précis que mon intestin se manifeste, bien décide a me le faire symboliquement payer, et me voila courant aux chiottes turcs du dessous. On pourrait dire que j'ai fini par attraper une sacrée tourista, mais je préfère le dire tout net : j'ai grave la chiasse. Mais ça ne m'empêche pas de manger et c'est excellent, merci mamie moon. Apres le repas (et les traditionnelles photos avec la patronne), c'est reparti. On s'enfonce toujours un peu plus dans le sud profond de Yangshuo, jusqu'à l'entrée de la "Moon Water Cave". Décidément, ils aiment bien la lune par ici. On entre dedans avec un groupes de 8 chinois, et on est tous très beaux avec nos jolis casques jaunes et nos maillots de bain (slip pour Pierre qui n'en a pas). La grotte est très belle et on peut deviner des formes d'animaux et autres dans la roche (avec un peu d'imagination) aux détours de passages plus ou moins exigus. En plus certaines stalagmites musicales font des bruits sympas quand on les percute. Les chinois de notre groupe sont surexcites et ne cessent de se marrer, surtout 3 jeunes filles un peu fofolles. Vient l'heure du bain de boue, on est complètement dégoulinant, c'est un vrai bonheur. Ce qui craint c'est qu'on a amené nos appareils photo (sur les conseils de Gloria) et que c'est un exploit d'arriver a ne pas leur faire rendre l'âme dans cette grotte. Celui de Pierre survit d'ailleurs de justesse. A la fin on s'est bien intègre au groupe et on prend plein de photos avec les minettes survoltées. La sortie est plus haute dans la montagne et on la redescend a pied, du coup Pierre s'empare du mégaphone insupportable du guide (le résonnement naturel de la grotte jie semblait pas lui suffire) et hurle dedans des conneries en anglais. C'est la fête. On est déjà bien fatigue de la journée et on reprend les vélos en sens inverse. Cette fois c'est moi qui conduis le tandem avec Gloria derrière, et Pierre le vélo. A peine a-t-on commence a pédaler qu'il se met a pleuvoir pas mal. Une pause ou deux, et on repart a chaque accalmie. Mais le chemin du retour est assez long, et il se met a tomber des cordes a un endroit ou on ne peut pas s'abriter. Je sors le poncho un peu tard et toutes nos affaires sont déjà trempées, je baigne dans l'eau des pieds a la tête. Et la dessus, Pierre crevé ! Comme il pleut a torrent et qu'on a pas trop le choix il continue a pédaler en mettant le plus de poids possible sur le pneu avant (indemne). On prend de l'avance avec le tandem et j'essaye de préserver le sac avec tous nos trucs précieux et qui craignent l'eau... on manque de se vautrer plusieurs fois en roulant dans des grandes flaques. Pierre n'a pas l'air de suivre, je me dis que je partirai le chercher en taxi avec son vélo des mon arrivée en ville. On y arrive mais Gloria se perd et on a du mal a communiquer entre la pluie, notre anglais et ma capuche. Finalement on retrouve Pierre, qui a fait l'exploit de rouler 5 Km avec le pneu arrière crevé sous la pluie ! On se donne Rendez-vous la ou on a loue les vélos, on arrive avant lui et on l'attend longtemps. Finalement je le retrouve a l'hôtel ou il attendait depuis longtemps après avoir fait tt le tour de la ville, n'ayant pas retrouve l'endroit des vélos. Et la Gloria continue a nous speeder pour qu'on aille prendre le bateau "comme prévu". On lui explique qu'on est trempe, qu'il continue a pleuvoir et qu'on a bien besoin de repos. On avait pas prévu de rester a l'hôtel, du coup il est plein et on est oblige de changer. Le Youth hostel est moins classe mais moins cher et la douche qu'on y prend est une bénédiction. On étend notre merdier. Bon, ça va mieux. Le soir, Gloria revient pour nous sortir et nous faire découvrir Yangshuo la nuit... elle veut nous faire danser dans un truc de djeuns'. On la suit (accompagne de sa copine de l'hôtel), mais la on commence a faire n'importe quoi, a ne pas les suivre, a se rebeller contre l'autorité du guide. Du coup c'est nous qui les promenons de partout, sur les berges de la rivière Li puis dans les rues fiévreuses de monde. La copine n'en peux plus et se casse. Sur la place principale, je commence a dire a Pierre que les voyageurs que j'avais rencontre a Hong Kong partaient ensuite our Yangshuo, et a ce moment ils apparaissent devant nous ! Délire. On discute vite fait mais ils sont morts de faim et on se quitte rapidement. On se pose finalement au Green Lotus Club, et on se retrouve a cote... des catalans de la veille ! C'est rigolo car la ville est vraiment blindée de monde. Apres 1 ou 2 bières on change pour le Blue Lotus (!) et on assiste a un karaoké-Live assez majestueux. L'ambiance est plutôt chaude, une chinoise vient me faire un bisou pour gagner un pari sous les acclamations du bar... tout est normal. Gloria baille de plus en plus, on lui dit d'aller se coucher, je crois qu'on la bien tuée. Mais on fait pas les malins non plus. On va se coucher vers 2h pour un réveil a... 4h30 ! Ben oui Gloria a repousse la remontée de la rivière en bateau le lendemain aux aurores, pour ne pas qu'on ai de problème avec la police... pas compris.

Le réveil n'est évidement pas très frais et nos affaires ne sont évidement pas sèches. Le hall de l'hôtel est vide et la porte d'entrée verrouillée. On sent le traquenard, on se dit qu'on ne va pas pouvoir sortir et on est comme 2 cons avec nos gros sacs et nos gueules atterrées du matin. Mais Gloria se pointe et fait résonner la sonnette jusqu'à réveiller la patronne. On sort en courant pour chopper un minibus devant nous emmener a notre point d'embarquement. Les paysages qui s'éveillent de la pénombre sont incroyables et nous tiennent éveilles le temps du trajet. A 5h30 environ, nous naviguons sur la rivière Li. La traversée est lente et paisible, baignée dans une fraiche atmosphère de début de journée, et le soleil apparait progressivement derrière les pains de sucre. C'est effectivement la meilleure heure et nous ne rencontrons quasiment aucune autre embarcation sinon quelques barques de pécheurs aux attelages de cormorans. On entend les oiseaux siffler le lever du jour et leurs chants bercent ces visions de nature sublimée de part et d'autre de la rivière sinueuse et apaisante. Si apaisante qu'il nous arrive de somnoler voire de dormir quelques instants, allonges sur le pont, mais les réveils en sont d'autant plus saisissants. Une petite pause pour nous faire alpaguer par la population locale qui essaye de nous refourguer (avec succès !) des cailloux de la rivière tailles, et c'est reparti. La balade dure finalement 3 bonnes heures et c'est sous un soleil déjà assez teigneux que nous reprenons un minibus pour le centre ville de Guilin. Sur place, notre premier objectif est d'organiser nos départs respectifs. Pierre travaille a HK le lendemain matin, et je voudrais pour ma part rejoindre Kunming (beaucoup plus a l'Ouest) car il existe une ligne de train Kunming-Hanoi. Gloria est complètement paumée dans Guilin et est obligée d'appeler un autre guide en renfort ! Guide 2 s'appelle "Mike", mais appelons le guide 2, ça sonne toujours plus local. Il est un peu plus âge et semble assez démerdard avec son petit calepin sature de numéros de téléphone. Il nous emmené dans une agence de voyage et Pierre finit par réserver un avion, car plus de place dans les trains. Je réserve pour ma part une couchette dans un bus qui va a Kunming en 20h, départ a 17h. Tout est règle, on a le temps de faire 2-3 trucs dans le coin ! Direction la flûte de roseaux, un peu plus au Nord, avec guide 2 qui nous suit "parce qu'on est fun". La grotte est gigantesque et éclairée de manière très rigolote, de toutes les couleurs. Les formes crées par la roche sont surprenantes, filandreuses et angoissantes... on se croirait dans un lieu entièrement sculpte par HR Giger ! Le seul hic réside dans le tour organise au mégaphone qui parvient maigre tout a briser l'emprise du lieu, surtout quand on ne comprend rien. Du coup on s'enfuit, et les quelques instants qu'on arriver a passer seuls entre 2 groupes nous permet de mesurer la force qui se dégage d'un tel lieu. Allez, on n'a pas été trop déçu, on décide donc de continuer a se fier a Gloaguen pour la suite. Un taxi nous emmené cette fois a l'Est de Guilin pour visiter le Mausolée des princes de Jingjiang (guide 2 n'est plus la). On se pose d'abord dans une gargote pour casser la croûte, et la c'est carrément... pas bon. Des espèces de morceaux gras et osseux de poulet trempant dans un liquide assez suspects. Allez, mangeons du riz gaiement. Par contre ils nous offrent des petits gâteaux a la courgette fourres d'herbes et de sucre, particulier mais pas mauvais du tout. Le prix annonce est exorbitant, on se casse en en payant la moitié, en moyen terme avec la tenancière. La fatigue commence a nous assaillir et on porte nos gros sacs vu qu'on n'a pas d'hôtel pour la nuit. Et la on paye pour voir un truc tout simplement minable : une maison chinoise avec quelques panneaux et un tertre tout ce qu'il y a de plus banal. C'est nul, c'est sûrement pour ça qu'on y est seul et que le lieu n'est desservi ni par des bus ni par des taxis ! Du coup on marche en plein cagnard jusqu'à rejoindre une route ou passent les bus municipaux. On a un petit moment de fatigue et de déprime, et on en perd presque un moment notre humour décapant, pourtant a toute épreuve. Gloria commence un peu a nous énerver car on ne la sent pas des plus débrouillardes et on perd patience quand elle ne nous comprend pas. Mais il ne faut pas craquer, elle a quand même fait énormément pour nous.

Arrivée à Guilin juste a temps pour mon bus. A la station, on m'apprend que celui-ci a eu un accident et est cassé, et que celui du lendemain est plein. Ne pas s'énerver, il doit y avoir une solution. Je vais à la gare : plus de place non plus dans les trains du jour et du lendemain ! La c'est la merde. Mais guide 2 réapparaît et se lance dans une discussion enlevée avec le mec des bus. Ils ont l'air de bien s'engueuler, mais au final guide 2 me tend un ticket (un bout de papier avec des inscriptions qu'il a écrit lui-même !) en me disant que je peux prendre un autre bus qui passe dans une heure, mais que je devrai attendre debout 5 heures avant qu'une couchette se libère pour moi. Je suis pas a ça prêt bien sur, donc tout devrait rouler. On file 300 Y a Gloria pour son aide pendant ces 2 jours. Elle a l'air de trouver que c'est beaucoup, refuse dans un premier temps. Elle doit aussi se faire pas mal de pourliches a droite a gauche, mais quand même passer 48h avec des lascars comme nous c'est pas de tout repos, ça mérite bien salaire ! Au revoir et remerciements a Pierre, on aura passe des super moments ensemble et je n'oublierai pas la façon dont il m'a accueilli ici, même si c'est un gros con. C'était SUPER, mec. Me voila livre à moi-même pour la première fois ! Pendant l'heure d'attente, je rencontre 2 suisses allemands (dont un juif, avec la kippa), une israélienne (hasard) et un coréen du sud. Le juif et la fille se mettent à parler en hébreu et je parle français et anglais avec les autres. Ça devient plutôt convivial. Le gars de la station nous fait finalement signe de le suivre et on marche 1 quart d'heure dans les rues, jusqu'à un point ou on est censé arrêter un bus qui va a Kunming pour monter dedans. C'est ce qu'on fait, sauf qu'il n'y a aucune place de libre dans les couchettes. Moi j'étais au courant mais manifestement pas les autres... ils prennent ça plutôt bien. En regardant vers l'avant du bus, je vois qu'une énorme engueulade a pris corps entre le chauffeur, un grand baraqué avec un chicot a la place d'une dent au faciès très peu avenant, et le gars des bus, plus gringalet et qui gesticule en reculant. Ce dernier me fait finalement signe de le rejoindre, avec un air contrit. Je viens voir de quoi il retourne, le chauffeur s'empare de moi, me crache dessus et me jette violement dehors. J'essaye de m'accrocher en insistant, en suppliant, en disant que j'ai paye ma place comme tout le monde, mais il me pousse a l'extérieur et démarre sans moi. La c'est vraiment la galère ! Le gars des bus m'explique par des gestes qu'il était a 2 doigts de se faire taper, que le bus était trop plein, qu'il n'avait pas le droit de me vendre ce billet. Coup de déprime, surtout que je sais qu'il n'y a plus de place pour le lendemain. Il appelle guide 2 qui nous rejoint, s'excuse, me rembourse le bus et m'aide a trouver un hôtel pas cher près de la station. Apres avoir passe plein de coups de fil, il me dit qu'il a un plan pour m'avoir une couchette dans le train du lendemain grâce a un ami qui travaille a la gare et qui connait un autre gars qui pourrait m'arranger. Bref c'est l'embrouille, mais je n'ai que ça auquel me raccrocher et je n'ai pas le choix. Il me donne Rendez-vous a 20h pour aller manger avec moi et me promener en ville. Il veut me pousser a aller me faire masser, avec possibilité de terminer la nuit avec la masseuse (grand sourire de sa part)... je lui dis ne pas être intéressé pour la nuit, mais un massage pourquoi pas après cette (très) longue journée. La chambre d'hôtel sent un peu les égouts mais la clim fonctionne ce qui n'est pas rien. A 20h, je poireaute un moment devant l'hôtel mais personne ne vient. Bon, il faudra que je le retrouve le lendemain si je veux profiter de son plan. Une nana de l'hôtel me montre un endroit ou on peut se connecter a Internet : une salle immense avec des centaines d'ordinateurs. Je lis mes mails et en envoie quelques uns. Je me sens très fatigue et seul, paradoxalement, au milieu de tous ces chinois pour qui ma présence ne semble pas passer inaperçue. C'est en plus le jour du déménagement de la maison et une soudaine nostalgie m'envahit, que je partage par mail interpose. J'ai vraiment l'air d'effrayer tout le monde avec ma dégaine d'occidental et mes yeux humectes de larmes. Mais l'émotion est importante pour faire le deuil des choses et je pense que j'en avais besoin.

Me revoilà a déambuler dans Guilin. Passée la grande rue principale et son agitation, avec pleins de magasins de fringues, de salons de massages et de coiffeurs ouverts, la ville devient charmante et le passage se fait rare. En passant dans une rue remplie de petits restas, un homme me fait signe de venir m'assoir en me montrant une chaise et... une bouteille de bière. Ouaouh, une bonne bière, ça c'est une idée géniale. Le gars s'appelle Tang, il gère le resto et parle très bien anglais. Il y a plein de bassines remplies de poissons sur le trottoir. Tang est le chinois le + sympa que j'ai rencontre jusqu'à présent. Des qu'une bière est finie, il en ouvre une autre et refuse que je paye. Quelques dizaines de minutes passent avant qu'un couple d'anglais en balade ne croise aussi le chemin du resto, et c'est reparti ! Ils se joignent aussi a nous (cette fois c'est moi qui les interpelle) et partagent bières, histoires et rires. Paul et Carly viennent de Birmingham et ont fait un grand tour de Chine. Ils disent que c'est la première fois qu'ils passent autant de temps a discuter avec un chinois et qu'ils sont si bien reçus... je dois avoir un peu de chance. En plus d'être agréable, Carly est ravissante, ce qui ne gâche rien. Et Paul est le genre d'anglais que j'aime bien. Il pourrait jouer sans problème dans un groupe pop-rock a succès et avoir des centaines de groupies, il aurait toujours cet air intouchable et dédaigneux, genre laissez-moi vivre ma vie. On discute longtemps, on siffle pas mal de bières, et on se quitte en se promettant de se retrouver le lendemain midi pour manger ensemble au resto de Tang ! Je ne me sens déjà plus seul et m'endors content pour une longue nuit reposante qui me remet sur les rails.

Je me rend au resto a midi (au lever du lit) et Tang me reçoit avec une poignée de main prolongée et un sourire des plus avenant. Il m'avoue avoir mal a la tête avec les bières de la veille mais il a l'air plutôt en forme. Je le trouve vraiment génial, cultive et drôle, et il m'explique plein de trucs sur son pays. Il me demande ce que je veux manger, je lui dis que je suis tente par un poisson, alors il me fait lever pour lui montrer celui que je veux dans les bassines ! Il me conseille une sorte d'anguille, son meilleur poisson (et le + cher). Ça me fait plaisir de faire un bon repas chez lui, j'accepte. Il me propose alors de me faire 2 assiettes différentes avec 2 moitiés d'anguille, une épicée et frite à l'huile d'olive, l'autre bouillie et mitonnée avec des petits légumes. Je ne peux pas refuser. Il s'empare alors du long poisson, le pose a terre et se met a le frapper de toutes ses forces avec une grosse latte en bois ! Il s'y prend a une dizaine de fois, en pleine rue, et le poisson frémit et se tord a chaque coup... c'est assez dingue, ça sera la première fois qu'on tue devant moi ce que j'aurai dans la bouche dans la foulée. Ses préparations sont bien sur délicieuses, et il m'explique pendant que je mange les différentes méthodes de cuisson et les différences entre un bon et un mauvais poisson. L'assiette épicée est délicieuse, elle m'arrache bien la gueule mais je me demande pourquoi on ne mange jamais de poisson épicé en France. Apres ce repas copieux, Tang débarrasse la table et annonce avec un large sourire : "Now it's Tea Time !". Il sort une tablette a thé en bois et commence la préparation avec une extrême minutie. Chaque objet en bois faisant partie du set joue un rôle très particulier. Il prépare un thé spécial, fort et amer, réservé a l'amitié. Le thé qui déborde coule dans le fond de la tablette, dans lequel baignent des petites pierres sculptées représentant sa famille, afin que tous ces moments d'amitié autour du thé les préservent et les nourrissent. Chaque geste compte. Les petites tasses sont dans un premier temps remplies puis versées dans le fond pour les purifier et rendre le thé meilleur. Puis c'est le service pour de vrai. Le thé se sent longuement avant d'être bu et savoure, afin que tous nos sens soient en alerte et que l'odeur se propage dans tout le corps pour préparer la venue du liquide. C'est un moment particulièrement exquis et le thé est sans aucun doute le meilleur que j'ai jamais bu, extrêmement fort mais avec une multitude de saveurs en bouche et une douce amertume. Sur ce arrive le couple d'anglais, sortis tardivement du lit. Ils commandent du poulet et Tang leur prépare 3 assiettes cuisinées différemment ! Il adore partager sa passion et veut nous faire découvrir toutes ses spécialités. Apres le repas, Tang ré-initie le cérémonial du thé avec la même magestria. Paul et Carly sont aussi enthousiastes que moi et on trinque tous les 4 au thé de l'amitié. Apres quoi Tang nous propose de nous accompagner en ville pour nous montrer les plus beaux endroits. Carly lui a dit au détour d'une conversation qu'elle adorait la peinture, nous voici donc rapidement dans une galerie d'art dont le peintre est un ancien prof de Tang. Les œuvres sont très belles et très bon marche, et on craque tous les 3 avec plaisir. Nous partons ensuite faire un tour pour admirer les pains de sucre en plein cœur de la ville. Ils sont assez nombreux et des parcs sont aménages autour de chacun d'eux, accueillant de nombreuses personnes faisant leur Tai-Shi ou leurs exercices en plein air. Je finis par prendre congé de Paul et Carly et retourne chercher mes bagages (que j'avais entreposes chez Tang) après cette journée réjouissante. Je retrouve guide 2 en le faisant appeler de la gare routière et il ne me fait pas faux bond. Il m'explique qu'il a du aider des étrangers a aller a l'hôpital, d'où son lapin de la veille. On entre dans un taxi direction la nouvelle gare au Nord de la ville. Là-bas guide 2 parlemente avec un gars un peu bourru qui semble acquiescer, mais je ne lui fait pas totalement confiance. Dans la salle d'attente de la gare, un jeune couple me salue en anglais, et guide 2 en profite pour en faire mes nouveaux mentors. Il leur explique l'histoire et se casse sans demander d'autre argent que le prix du train (normal, j'ai vérifie) et le prix du taxi pour rentrer en ville. "Rock" et "Sugar" (!) me disent que tout a l'air ok et acceptent de m'aider. Et effectivement tout roule, et ils arrivent a me dégoter une couchette a cote d'eux pour qu'on puisse discuter. Merci guide 2, t'as vraiment assure. Le train fait en réalité Shanghai-Kunming en 48h ! Les couchettes sont propres, c'est le top. Je suis a nouveau l'attraction principale du train mais je commence a m'habituer et joue le jeux en répondant aux "Hello !" et consorts. Rock est sympa, il me paye a bouffer et on discute jusqu'à tard. Je profite d'être avec un étudiant pour lui demander ce qu'il pense du gouvernement chinois. La propagande a l'air d'aller bon train car il me certifie qu'il n'y a plus aucun problème maintenant, que tout le monde peut dire ce qu'il pense du régime dans la rue ou sur Internet, que la liberté d'expression gagne du terrain. Je lui demande pourquoi il n'y a que des journaux et télés d'état, il pense que les choses sont justes un peu lentes a se mettre en place. Il me dit qu'en 10 ans l'ouverture de la Chine sur le monde a été considérable (ce que je conçois vu la modernisation du pays). Il a récemment découvert Star Wars et d'autres blockbusters américains qui ne sont pas accessibles depuis si longtemps, il a donc vraiment l'impression que la Chine est tournée vers l'extérieur. Je pense que le gouvernement a très bien compris comment donner cette impression de liberté tout en ne laissant filtrer que les informations qui l'arrangent. De plus en plus de chinois sont connectes a Internet haut-débit, mais presque tous les sites mettent largement en avant les jeux en ligne, les sonneries de téléphone a télécharger et les pubs. Tout est fait pour donner l'impression que tout est possible a présent, en aliénant suffisamment les gens avec cette nouvelle modernité pour qu'ils ne pensent même pas a gratter la surface. En vérité chaque personne critiquant le régime se retrouve en prison (si ce n'est pire) et de nombreux sites ferment a cause de la censure. Je demande aussi a Rock pourquoi les chinois n'élisent pas leurs dirigeants, il me répond qu'ils sont trop nombreux et que ça serait trop complique a mettre en place. Je lui demande s'il est au courant des exactions commises par l'armée chinoise au Tibet, il n'en a jamais entendu parle. Il a pourtant 21 ans, étudie a Shanghai et est loin d'être con. Apres des heures de discussions, il conclue par : "Bon, peut-être que ça prend du temps, mais on est sur la bonne voie". Positivons au lieu d'agir, c'est exactement ce que souhaite le gouvernement. Mais après tout nos informations aussi sont peut-être biaisées par tel ou tel lobbies, donc prudence aussi (c'est ça qu'il faut dire Patoche ?). On parle aussi musique et je lui fait écouter (et découvrir) Nirvana, System of A Down et Radiohead... il est surpris mais ça lui plait ! Il me confirme que le Rock n'occupe pas une grande place en Chine. Sinon dans le train l'ambiance est rigolote : tout le monde jeté des trucs et crache par terre et une équipe de nettoyage vient passer la serpillère toutes les 10 minutes ! Ils s'adaptent a leurs mœurs et ça crée des emplois : il doit y avoir pas loin de 50 personnes pour le seul nettoyage ! Avant de me coucher, une femme d'une cinquantaine d'année vient me demander de parler avec sa fille et son petit fils (5 ans), qui apprennent tous les 2 l'anglais (!). Elle est prof de chinois a l'université et son anglais est irréprochable, ce qui est peu courant. Elle me donne son numéro pour que je l'appelle en cas de pépin car son mari est flic ! Sympa. Avant de me coucher je jette un œil dehors : c'est la première fois que j'aperçois autant d'étoiles ici. La rame est maintenant baignée dans l'obscurité, le silence est de mise et on n'entend que le doux ronronnement du train et le doux ronflement du voisin. C'est dans ces temps de pause, dans ces heures passées a se laisser transporter d'un oint a un autre, a laisser vagabonder ses pensées en admirant les étoiles, que le voyage prend vraiment du sens et qu'on mesure la chance qu'on a de pouvoir vivre cela.

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