Jeudi. Noemie se leve tot, elle a encore son groupe en charge jusqu'au lendemain sur Oulan Bator. On decide d'en profiter pour faire un peu de tourisme ! Le probleme c'est qu'on est pas vraiment au taquet. Apres un long decrassage necessaire, on se pointe au Gandan Temple au moment ou le groupe se barre. Normal. Bon, on profite quand meme de ce temple boudhiste colossal renfermant une statue d'or (ouais, bon,doree), de 26 m de haut ! Eh, quand j'avais lu ca sur le Lonely, c'etait passe a trav', j'avais pas tilte. Mais je vous jure, 26 m de haut c'est vachement impressionnant pour des cons de touristes impressionnables comme moi. A cote de ca plein de petits temples, des lamas qui deambulent, des jolies stupas, des moulins a priere et des boutiques d'antiquite. On entre dans un temple pour assister a une ceremonie, ca fait tinter de la cloche pour attirer les esprits et divinites en murmurant de longues phrases monocordes, a plein en meme temps. Ca fait du boucan et du bien aussi, c'est apaisant. Bon, on va tenter de rejoindre Noemie et ses touristes a leur etape suivante, le grand marche de la ville. On saute dans un taxi : "Zar", prononce-t-on de pleins de manieres differentes jusqu'a ce que le chauffeur ait l'air de comprendre. On deboule dans un marche gigantesque, genre Souk qui part dans tous les sens. On marche tellement longtemps sans voir autre chose que des chaussures qu'on pense que c'est juste un marche a pompes, et puis non, apres c'est au tour des T-Shirts, des fournitures, des tapisseries, des CD, des fruits, des accessoires de cuisine... c'est immense et on perd vite l'espoir de retrouver Noemie dans ce dedale. J'en profite pour racheter une serviette (grande et bleue, avec un petit poisson dessus) et des stylos (qui s'averent ne pas marcher). Je marche tranquillement, mais en faisant super attention a mon portefeuille dans ma poche arriere, car on m'a prevenu que c'etait blinde de pick-pockets. Et ca ne loupe pas. A un moment je sens mon portefeuille se soulever legerement le long de ma fesse droite... je l'arrete immediatement d'un geste brusque de la main et fais volte-face en repoussant le petit gars qui tentait sa chance : il me regarde d'un air un peu timide et hebete, genre j'ai rien fait. Je lui fait comprendre un "qu'est-ce que t'essayais de faire, la ?" avec un air le plus mechant possible (c'est dur, ce con arrive a m'attendrir !), il me repousse tres timidement et s'en va. Les mongoles sont pas les meilleurs voleurs du monde. Heureusement, mon portefeuille contenait quand meme tous mes papiers (dont passeport avec visas), ma carte de credit, ma thune... bref c'aurait ete un desastre. Me rendant compte que je cherche un peu la merde (avouons-le, parfois je me demande si je ne le fais pas expres pour attirer les peripeties), je range mon portefeuille dans une poche avant, mettant un terme a la tentation facile pour le tout venant.
Retour en centre-ville. Allez on se fait un autre temple, plus petit, plus charmant. Pleins de mini-temples en fait, emplis de tas de boudhas d'or et autres divinites top la classe avec des tetes de demons bien foutraques, du genre qui donnent de l'importance aux plaisirs, a la jouissance... un autre discours que celui de "nos" chers saints. On y apercoit aussi la fin d'une autre representation de danses, musiques et contorsions. Dans la boutique d'a cote, j'essaye de negocier le prix d'une peinture sur feuille de riz representant une femme nue ailee autour de laquelle virevoltent des chauves-souris par une nuit de pleine lune. La vendeuse propose 15000 Togrod (10 Euros). Je baisse a 10000. Elle dit non, je fais mine de me casser, sur de mon coup... elle ne me rattrape pas ! Ma fierte m'empeche de revenir, j'ai l'air con, je le voulais ce truc. Je me console en entreprenant la visite des pubs branches : Irish pub a deux etages et scene live, English pub avec quizz organise... on est presque en Europe, les etrangers se croisent et se melent a la population. La biere locale n'est pas excellente mais elle fait du bien apres 10 jours (necessaires) sans alcool. Vers 23h, on rejoint enfin Noemie et son groupe dans un autre pub. C'est leur derniere soiree avant depart, ils ont l'air ravis mait un peu extenues. Les plus braves (trois mecs) se decident a aller "cluber" avec nous. Taxi jusqu'a une boite connue pour ses strip-teases torrides... fermee. Deuxieme tentative dans une boite branchee, trois pelerins se tatent sur la piste. Troisieme tentative : la ca a l'air d'etre le feu. Seules des filles bien appretees dansent de maniere lascive sur le dance-floor, et l'arrivee de bellatres occidentaux semblent raviver leur flamme. Du coup on commande des bieres et on embrase a notre tour la piste. Plus rien ne peux nous arreter, on donne tout ce qu'on a, nos corps se contorsionnent et trouvent une energie nouvelle dans les rythmes discos-transes que le DJ enchaine avec ferveur. Les touristes de Noemie suivent le rythme, T-shirt club Med rentre dans le jean a l'appuie, la grande classe a la francaise quoi. Et puis deux filles mongoles tout en cuir et mini-jupes se mettent a se chauffer sur la piste et a s'embrasser langoureusement sur la bouche. A ce moment, un gars assis a une table me fait signe de venir et me pose des questions en Anglais, puis m'invite a profiter au maximum du voyage. Noemie m'explique que c'est un gars tres haut place au gouvernement ! Du coup, je n'ose plus trop faire le con sur la piste avec mes lunettes roses. Un taxi nous depose devant chez Noemie a une heure bien avancee de la nuit. Juste avant de sortir, la radio entonne un hymne national francais qui nous est cher : "Helene, je m'appelle Helene... ". J'adore l'image de la France a l'etranger.
Noemie n'a dormi qu'une heure, elle s'est leve a 6 pour accompagner son groupe a l'aeroport. A son retour a 10h45, elle essaye de nous lever pour qu'on s'occupe de notre future entree en Chine... avec peu de succes. Les bureaux de l'ambassade ont pourtant des horaires capricieux, et si on ne s'en occupe pas ce matin on n'aura peut-etre pas nos visas a temps. Elle y arrive malgre tout en criant un "Tcho ! " (cri pour faire avancer les chevaux) qui nous fait bondir et galoper en dehors de la chambre comme des cons... elle a compris que seule une connerie avait une chance de fonctionner avec nous. Bon, et la c'est l'efficacite. On file au departement store ou Leo se fait tirer le portrait pour avoir une photo d'identitee. Pas via un vulgaire photomaton, non, un vrai photographe qui se fait une joie de lui retoucher le visage sur photoshop en decoupant les epis et tout ! A 11h30, on est a l'ambassade. A 11h55, nos deux dossiers sont poses (ca fermait a midi !). On doit retirer nos visas le Vendredi 18 suivant, ca nous laisse de la marge pour organiser notre depart. On passe le reste de la journee a flaner en ville de magasin en resto en librairie, pendant que No se repose grassement. J'en profite pour m'acheter le dernier album des Strokes, histoire de decouvrir la culture d'ici, quoi. Et puis ca fait des semaines que je dis a tout le monde que le concertdes Strokes aux Eurockeennes, ca n'apportait rien par rapport a l'album... encore faudrait-il que je le connaisse, l'album ! On rejoint Noemie et Emeline (une amie "expat") au City Cafe, qui sert de superbes brochettes de viande de mouton en terrasse. On decouvre petit a petit le monde des expat francais de Mongolie, un tout petit monde assez particulier, a la fois solidaire et oppressant. Noemie a ete reveillee par une mauvaise nouvelle : la soeur d'un copain lyonnais qui faisait un stage en Mongolie a fait une chute en montagne et s'est casse des vertebres, la hanche, tout ca... elle va etre rapatrie mais en attendant No est alle la voir a l'hopital pour la reconforter et pouvoir donner des nouvelles a sa famille. En plus de ca elle est elle meme bien malade et a besoin de se soigner. Profitons-en pour dresser un petit bilan intestinal des troupes : Leo s'est progressivement liquefie depuis notre passage a Terelj (meme s'il soutient a qui veut l'entendre qu'il est atteint d'une sorte de "constipation chiasseuse" - pardonnez la vulgarite), alors que votre serviteur s'est reconstruit progressivement et contre toute attente (bravant courageusement les pieges a l'airag tendus par les nomades) une flore intestinale de reference. Mais veuillez pardonner cette coupure. On rentre tous les deux chez elle pendant que Leo ecrit des mails en ville, c'est l'occasion de se retrouver un peu, de se raconter aussi. Je lui commente des photos et videos prises en Russie, on parle de pleins de choses, ca fuse, ca rigole. Je suis content d'etre avec elle, de vivre un bout de son quotidien, d'essayer de comprendre ce qui l'a pousse a faire le grand saut pour faire sa vie ici. Elle finit par s'ecrouler quand meme. Moi aussi.
Samedi 12 Aout. Leo se leve, regarde la date et s'exclame : "tiens, j'ai 28 ans aujourd'hui ! " Ah. Bon, je m'etais jure de m'en rappeler, il m'a devance. Du coup je m'empresse de l'inviter "Chez Bernard ", un resto francais repere la veille, avec l'argent commun. C'est pas tous les jours son anniversaire, faut ce qui faut. C'est pas tres bon, per contre ca raque. Allez, on s'autorise meme une petite patisserie au dessert en guise de gateau d'anniversaire. On a pas de bougie. A table, on reparle de nos annees lycees, on se replonge avec delectation dans les histoires de St-Just, des "groupes", des amourettes et de l'arrivee des "gars d'la Tour " (dont je faisais parti) en seconde, avec leurs cheveux longs, leurs guitares et leur fric. On va ensuite passer des heures dans un cafe Internet pour enrichir nos blogs d'eloquents recits. Une chouette journee d'anniversaire non ? Le soir, Noemie va manger avec Emeline et Cecile, les deux tenancieres de la guest-house "Ciel Mongole", et deux suisses clients de la dite guest-house. On les rejoint, je commande un goulash alors qu'un groupe mongole tres statique joue tres fort du Robbie Williams et autres denrees consommables pop-rock, sans conviction ni fausse note. Apres ca, on suit le mouvement... on est quand meme Saturday night, c'est l'anniv' de Leo, pas mal de raisons de se lacher une fois de plus ! Le petit pub reglementaire passe (et sa consommation de Chinggis Khaan Energy Drink), c'est au Medusa qu'on debarque devant des ouvreurs meduses (ouais d'accord, elle est facile), tellement qu'ils me font payer l'entree au mi-tarif feminin ! Moi, me prendre pour une fille, alors que j'ai une taille de barbe et de moustache absolument inegalee ! J'oscille entre vexation naturelle et satisfaction de payer moins cher. Bon, j'expie finalement mes tourments sur la piste dans une deferlante d'energie debridee. Les filles sont vraiment fringuees et maquillees pour l'occasion, la ca rigole pas. Mais les mecs aussi, et c'est la que ca devient drole. La Mongolie, c'est aussi l'empire des kekes ! polos a col remontes, lunettes fashions, jeans plies / dechires a la mode, coupe a la dragon ball avec colori du moment et gel a outrance. Du vrai bonheur. Et a la fois ca fait bizarre. Dans pays si vaste, si proche de la nature, si peu denature par l'exces de civilisation, on a l'impression que tous les tracas lies a la modernite prennent corps dans cette seule ville, de maniere tres ciblee. Comme partout, le monde de la nuit devient ici aussi cette ode a la superficialite deshumanisante, ce repere d'alcooliques et de decerebres ou l'on se tremousse alcoolise sur des rythmes binaires et syncopes pour appater son alter-ego, si possible repondant aux memes codes a la mode, exhibant les memes marques insignifiantes et reproduisant les memes gestes desuets pour se sentir appartenir a cette meme meute de pantins degeneres qui ne voit pas l'interet de communiquer autrement. Bon allez, on peut bien m'accorder parfois quelques coups de gueules incontroles, non ? Et puis moi aussi j'aime jouer de ca, moi aussi je bois des bieres et me dandine sur la piste avec des gestes evoquateurs. Et oui. Mais peut-etre y prends-je part avec un brin de cynisme en plus, qui sait. En tout cas ca me rend triste que ces comportements se retrouvent meme dans les pays ou l'on va pour s'inspirer d'autre chose. Noemie est allee se coucher un peu plus tot, on ne tarde pas a lui emboiter le pas. Mes reflexions mises entre parentheses, on a quand meme passe une super soiree d'anniversaire ! Dodo, donc.
La, on a droit a une vraie grasse mat' du Dimanche et a un reveil lent et progressif. Zoub (autre surnom de Noemie que je dois etre le seul a usiter parfois) nous propose une ballade avec une amie mongole dans la campagne environnante. Bien sur qu'on est partant. Damba, un chauffeur de taxi ami, passe nous prendre avant d'aller chercher Tchana. Elle parle tres bien francais, et pour cause, elle vient de passer un mois a voyager en France ! Elle nous raconte donc notre pays pendant ce mois ou nous n'y etions pas, la canicule, tout ca. Elle est allee a Montpellier, dans les Cevennes, en Bretagne, a Strasbourg, a Paris... un long voyage qu'elle a "gagne" a l'universite en ayant des bons resultats scolaires ! Damba nous conduit jusqu'a la banlieue proche d'Oulan Bator et ses sortes de camps de yourtes delimites en terrains. On s'arrete pour crapahuter en haut des collines et avoir une vue d'ensemble. On croise des Ovos, ces amoncellements de pierres decores de tissus bleus dont on doit faire trois fois le tour avant de deposer une nouvelle pierre dessus, afin de montrer du respect aux esprits de la nature, dans la plus pure tradition animiste. D'en haut, on voit toute une partie de la ville se recroqueviller dans la vallee alors que de l'autre cote, d'autres collines entierement nues et vertes et belles et innombrables prennent leur elan vers la campagne. Cette fois, les nuages semblent de reproduire les uns les autres a l'infini, comme si le ciel etait une usine a nuage. Moins creatifs quoi. Mais ils sont pour autant dissolus et leurs ombres jouent une fois de plus avec les creux et les bosses, et ca j'aime bien. On rigole beaucoup tous les quatre, on discute des differents modes de vie francais et mongoles, on apprend, on respire.
Lundi s'ouvre encore sur une matinee paresseuse, puis on se decide a repartir quelques jours a la campagne avant de bifurquer vers la Chine... le desert de Gobi, ca sonne pas mal non ? Zoub nous emmene a l'ONG Ger to Ger que j'ai deja mentione et qui organisent des sejours itinerants chez les nomades. L'un des sejours cle-en-main est de 5 jours et prend racine dans le Nord du Gobi, pres de la ville MandalGobi, a 260 km au Sud d'Oulan Bator. La brochure nous aleche comme il faut, cons d'occidentaux que nous sommes, en nous parlant de chameaux, de rock proches des forteresses Fremen de Dune et d'autres paysages a la Seigneur des Anneaux. Il ne nous en faut pas plus pour signer. On paye, on nous donne une double page de traductions anglais-mongol pour pouvoir communiquer avec les familles la-bas. Les gens de Ger to Ger sont tres sympa et sont partenaires de Wind of Mongolia (l'agence de Joel et Noemie) sur de nombreux sejours. Au sortir des bureaux, a peine booke le voyage dans le Gobi, Leo a subitement envie de de-Gobi-er. Il sort rapidement... fausse alerte. On file a la gare routiere acheter des tickets pour MandalGobi le lendemain matin, ca nous fait partir du 15 au 20, tout roule ! Direction un resto vegetarien excellent ou on nous serre un assortiment de legumes, riz et tofu en sauce avec quelques buzz, vegetariens eux aussi. On y mange avec Elodie et 2 autres copains francais, des expat' vraiment sympas qui ont beaucoup voyage et ont des projets super interessants. On file ensuite dans un lieu "branche" pour continuer a remplir ces lignes. Au bout d'une heure, Leo a vomi deux fois... il ne se sent pas bien du tout et rentre a l'appartement pour se reposer. Je suis de retour juste apres Noemie, a 22h. Dans le taxi qui me ramene, je tombe sur un texto envoye par Leo un peu plus tot : "Je me sens vraiment pas top Dead, ca serait peut-etre bien que tu passes ou appelles Noemie : le gobi pr moi ca me semble rape... ". Merde, j'espere que ca va quand meme. Il a passe toute la journee au lit a grelotter quand il ne se levait pas pour vomir. On peut pas dire que ca aille fort. A la fois il a tellement envie d'aller dans le Gobi qu'il propose quand meme qu'on mette le reveil a 6h, pour voir si ca va mieux !
6h. Ben oui, ca va mieux... c'est a dire, c'est autre chose que l'agonie de la veille. Mais il a encore besoin de repos. On appelle le taxi (Damba, prevenu la veille) pour decommander, et on se recouche. Plus tard, avec Noemie, on retourne a Ger to Ger pour expliquer la situation, ils sont ok pour reduire le trip a 4 jours si Leo est d'attaque le lendemain. En attendant on le laisse se reposer bien comme il faut a l'appart, pendant qu'on se passe une journee a silloner la ville tous les deux. C'est bien aussi de passer cette journee ensemble. Avec Noemie, on a quand meme une amitie de 15 ans, ca rechauffe une amitie comme ca, c'est pas rien. On alterne les rires, les souvenirs et les debats avec l'aisance propre a ces amities de longues dates justement. Comme si on se voyait tous les jours, alors que c'est loin d'etre le cas. Et c'est parti pour quelques brochettes de moutons, un rachat de tickets de bus pour le lendemain, une visite a la pharmacie, chez le disquaire, a la boutique d'antiquite, au magasin d'artisanat en feutre, au supermarche... bon, notre fievre consommatrice finit par se tarir et on se decide a aller voir si Leo s'en est sorti, de la fievre. Et bien oui, il est veritablement mieux. Transforme. Il est alle puiser toutes les forces qu'il lui restait pour surmonter le mal et pouvoir aller dans le Gobi. Oh Yeah. Noemie repart voir un ami et nous propose de les rejoindre plus tard dans un bar donne. Nous on prend notre temps. Leo est pret a sortir, il en veut le bougre. A ce moment le vieux proprietaire de l'appartement, celui-la meme qui ne voulait pas nous laisser rentrer quelques jours plus tot, rentre dans la chambre et s'assoit. Il empeste l'alcool. Il se releve, se tape la glote avec son doigt pour nous faire comprendre qu'il veut boire et nous tend des billets, genre : "Allez me cherchez de la vodka, jeunes gens " On lui fait des gestes que non, qu'on doit sortir rejoindre Noemie, qu'on a pas le temps. Mais lui insiste, et se met a danser, et se met a chanter. On ecoute des albums de chanteurs traditionnels que j'ai achete dans la journee, le vieux monsieur se greffe dessus et chante, et chante encore. Leo va se doucher et me laisse seul avec le bonhomme. Il a des yeux un peu bleux, un peu tristes. Il a l'air un peu seul, un peu perdu. Il veut passer la soiree avec nous. Je ne peux faire autrement que d'etre touche par ce gars, d'avoir un peu de ressentiment pour sa solitude alcoolisee. Il insiste, veut que je sorte. Je me souviens qu'il reste un fond de vodka dans la premiere bouteille achetee dans le Transsiberien... je la sort, lui sert un verre. Il me sourit, trempe son doigt dedans, l'appose sur son front puis fait gicler une goutte en l'air avant de boire. Il me demande de repeter ses gestes. Je bois tres peu. Leo sort de la douche et reitere le ceremonial en feignant de boire (il en avale quand meme une goutte au passage). Mais c'est quand meme le vieux qui se torche la bouteille. On lui dit que ca y est, qu'on a bu et danse et chante ensemble (ce qui est le cas), qu'on doit partir. Il dit ok, mais refuse de se lever, il reste assis dans la chambre de Noemie, imperturbable. Finalement Leo arrive a le tirer de la pendant que je "reflechis" aux toilettes et a fermer a cle la chambre vite fait... bon. On arrive a sortir en laissant ce vieil homme au regard morne et le coeur serre de voir partir ses nouveaux amis...
Dans le pub, Noemie est en compagnie de Moudjik, un ami qui parle anglais et Elodie, une de ses copines francaises. On discute entre le francais et l'anglais. A la tele, Gasquet est en train de mettre une derouillee a Federer dans le premier set d'un match qui a l'air important... on doit etre dans un monde parallele (j'apprendrai par la suite que c'etait une finale des masters et que Gasquet avait finit par s'effondrer dans les 2 sets suivants... tout est normal donc). On se met a jouer au jeu des petits cochons, la au moins pas de barriere de langue. On se marre bien et, le croirez-vous, c'est Leo qui fait sensation cette fois. Retour a casa, il faut qu'on dorme un peu, c'est le desert de Gobi qui nous attend, les chameaux, le seigneur des anneaux, Dune, tout ca ! Je m'endors des reves pleins la tete, et comme a l'accoutumee pendant ce voyage, je m'en souviens le lendemain. J'aime bien me souvenir de mes reves...
C'est Mecredi 16 Aout a 7h que Damba gare son taxi devant l'appart' pour nous prendre. On le voit d'en haut (ha ha) et on descend. Au revoir brumeux mais chaleureux avec Noemie, remerciements emus, tout ca. Elle devrait revenir en France avant la fin d'annee, ce sera pas trop long. A la gare routiere, on monte dans le car d'une trentaine de places indique par Damba et c'est parti pour 7h de trajet cahoteux. Cahoteux est ici un doux euphemisme, ca ressemble plus au Paris-Dakkar avec un vehicule sans suspension. Pas de dodo possible, ni meme de lecture... on n'a plus qu'a se cramponner au siege et a essayer de limiter les degats du fessier a chaque bond provoque par un soubresaut plus vif. Quelques pauses toutefois. Au cours de l'une d'elle, une nana avec une casquette Ger to Ger, qui connait exactement notre situation, nous reecrit tout en mongol sur une feuille a montrer aux interlocuteurs concernes pour qu'il n'y ait aucun malentendu. Rassurant. Arrive a MandalGobi, on est tout de suite pris en main par une autre casquette Ger to Ger, un mec cette fois, qui ne parle pas anglais. On refait le point avec lui, on paye l'ensemble. Dans le petit bureau nous rejoignent une allemande (35 ans ?) et un americain (tiens, ils voyagent, donc), qui font le meme trajet que nous, mais sans sauter la premiere nuitee en Ger comme on s'apprete a le faire. Quelques courses (pain, chocolat, biscuits sucres et apero...) histoire de ne pas crever de faim en cas d'indigestion a la bouffe nomade. Une Jeep vient nous cueillir, conduite par un moustachu bonne gueule, et c'est parti tout droit vers l'Est, au coeur de la steppe. Ah oui, la on est vraiment dans la steppe. Dans un post precedent j'en parle deja, bien sur, j'ai tellement envie d'en voir que j'en vois partout, de la steppe. Mais la non, c'etait juste des prairies en fait, la cette fois c'en est vraiment. Rappelez-vous vos cours de geographie en CE2 : la steppe, c'est quand il y a des touffes d'herbes disjointes separees par de la terre ou du sable. La on fonce, tantot sur une piste, tantot carrement a meme la steppe. Il y a aussi des multitudes de petites fleurs blanches qui donnent une impression de leger tapis blanc pose sur le terrain aride, et puis beaucoup de cailloux. On passe a cote d'une premiere Ger arborant le symbole Ger to Ger, ca doit etre celle qu'on saute. On s'arrete devant la suivante. La famille nomade est super gentille et accueillante, et super surprise aussi de voir des gens arriver au milieu de l'apres-midi et voulant se diriger vers la Ger suivante en chameau... ben oui, pas facile de les prevenir avant. Mais ca les fait marrer et ils envoient des jeunes chercher les dits-chameaux en moto et a cheval... bon, genial. On a droit a une platee de yaourt maison "un peu fermente mais pas trop". Je le trouve pas degueu, Leo non plus manifestement : a peine sorti de convalescence, il se bascule son bol en quelques instants. La famille est tres souriante, on sort notre lexique de 2 feuilles et on leur explique d'ou on vient, tout ca. On essaye de faire pote quoi. Ca marche pas mal, on se retrouve meme a jouer a un jeu avec un moustachu (le pere ? l'oncle ? on n'a pas bien compris). C'est un jeu de hasard qui se joue en dessinant avec des osselets une vache par terre, de maniere methodique, avec un nombre different pour les doigts, les pattes, le ventre, le coeur, la queue, la tete, etc... apres on jette un de et on doit enlever une partie du corps de la vache possedant le nombre d'osselets indique par le chiffre tire, ou redessiner une partie manquante du bovin avec les osselets en notre possession. Bon, en tout cas c'est drole. Bon, on se fait plumer. Apres quelques heures et autant de thes au lait, c'est l'allemande et l'americain qui debarquent ! En fait ils vont passer la nuit dans cette Ger car le nomade en chef de la precedente est mort pendant l'ete... ok. Nous on attend toujours les chameaux. On demande quand meme s'ils sont loins, on nous montre en riant : 20 km ! Ah oui, c'est pour ca qu'ils etaient un peu affoles a notre arrivee. Du coup on monte sur une colline et on se met a guetter l'arrivee du troupeau de chameaux avec des jumelles qu'on fait tourner. Soudain l'americain montre du doigt une direction : "one camel there !". Il passe les jumelles a l'allemande : "Three camels !". Je m'en empare : "7 !". A chaque fois que quelqu'un jette un oeil, il en voit d'avantage. Finalement, c'est 28 chameaux qu'on voit arriver au galop dans notre direction. Eh, des chameaux c'est quand meme vraiment loin de l'homme physiquement, c'est plus entre le monstre et l'animal. Quand t'as 28 chameaux te foncent desssus, ca fait bizarre, je vous jure. Arrive a notre niveau, on les voit secouer la tete, se frotter les uns les autres et baver une mousse verdatre puante. On va donc monter dessus. On s'est bien amuse avec tout le monde, on a passe un bon moment, mais la fini de rigoler, on va grimper sur des betes definitivement pas du meme monde que nous. Les bestioles s'accroupissent en deux temps, on monte sur la couverture posee entre les deux bosses en guise de selle, puis elles se relevent en deux temps... meme pas peur. Leo part devant accompagne d'un cavalier a cheval et je lui emboite le pas avec notre pote de jeu qui monte un autre chameau. L'ambiance etait aux rires, c'est le silence qui s'impose maintenant. Le soleil est deja tres bas a l'Ouest et les nuages, comme filandreux et elances, semblent comme aspires dans sa direction, formant une spirale rougeoyante vaporeuse. Devant moi, plein sud-est, il n'y a plus rien, Leo est au loin et l'obscurite s'installe. Les cailloux jallonant la steppe reflettent l'orange des derniers rayons de soleil a ma gauche, alors que ceux de droite sont deja terne comme la nuit dans lequel tout le paysage ne va pas tarder a sombrer. En haut a droite, l'etoile polaire brille deja. Je leve la tete : 2, 3, 4, 5... 6 etoiles surnagent deja dans cet entre chien et loup desertique. Le chameau avance, je m'y sens bien, et mon cul a peine moins. Je prend conscience de la chance que j'ai de voir la nuit tomber sur le desert de Gobi a dos de chameau, et je me demande combien de temps l'homme pourra encore preserver ces endroits. Et puis je revois des images de ma vie passee et presente, je fais un point. C'est marrant de faire un point sur sa vie a dos de chameau. C'est comme ca, ca previent pas ces choses la. J'ai l'impression de vivre quelque chose de fort, y compris avec le nomade qui m'accompagne, meme si plus une parole n'a ete prononcee depuis le debut de la ballade. Je leve encore la tete : ca y est, le ciel est completement etoile. Je ne veux plus baisser les yeux. Le sol n'est plus qu'une immense tache d'ombre du haut de ma monture. Je laisse mon regard bringueballer sur la voute celeste (a cause des mouvements perpetuels provoques par la bete), je flotte un peu entre deux monde. "On est arrive", doit me dire mon accompagnateur. Je sursaute, retour a la realite. Le chameau s'abaisse, je reprend pied sur terre. On a fait 8 km, je n'ai aucune idee du temps ecoule. Une Ger entrouverte laisse filtrer une raie de lumiere. Leo est deja assis devant un bon bol de the au lait, entoure par toute une petite famille chaleureuse. On se met vite a communiquer tant bien que mal entre mots (eux aussi ont un lexique personnalise), mimes (on gesticule un peu dans tous les sens) et dessins (tres beaux). Une femme de quarante ans un peu fofolle, sa soeur de 20 ans un peu mignone, deux gamins de 11 et 12 ans un peu timides, une chaleur un peu rapide a s'installer. Comme il fait deja nuit, ils nous propose de dormir dans la Ger sur le tapis. Quand tout le monde est alle se coucher, on refait une sortie avec Leo pour regarder les etoiles : quelques nuages empechent une parfaite visibilite mais c'est pas mal quand meme. Du coup on parle croyances, mysticisme et sciences, OVNIs, sens de la vie, tout ca. Ben oui, dans ces atmospheres la, ces sujets se lancent sans meme qu'on s'en rende compte.
Le reveil du lendemain n'est pas trop matinal, on se repose de la longue journee de la veille. Petit-dej revitalisant suivi d'une partie de Beach-Volley qui restera dans les annales de la famille. On est Leo, fofolle et moi contre mignone et un autre jeune. Des lignes approximatives sont tracees sur le sol et une cordelette tendue entre un poteau et une cabanne. Globalement ca joue tres mal et ca ne construit rien, avec fofolle qui hurle a chaque point gagne en sautant comme une hysterique, mais on rigole bien. Apres ca on apprend un nouveau jeu avec des osselets, proche des billes avec des regles marrantes. Il faut reconnaitre les moutons, les chevres, les chevaux et les chameaux dans les positions des osselets lances pour jouer en consequence... bon, on se fait plumer. Je crois bien que mignone (son vrai prenom ? faut que je le retrouve, imprononcable) a un petit begain pour Leo. On doit repartir. Programme du jour : 23 km a cheval pour rejoindre la Ger suivante. Nos chevaux ont tous deux des selles mongoles, les pires. Bon, c'est qu'un jour. On dit au revoir a la famille, on leur promet qu'on leur fera passer des photos... le contact a vraiment ete genial ici. C'est parti. Au bout de... 30 secondes, ca me fait deja mal. Les selles mongoles ont la particularite d'avoir un gros montant en fer a l'avant dont la base saillante entaille les cuisses au niveau de l'aisne a chaque mouvement du cheval. Charmant. Meme au pas, ca fait mal. Je prend mon mal en patience en essayant de trouver des positions accepatables, mais je passe encore le plus clair du temps debout sur les etriers, preferant pousser sur les jambes que continuer le supplice. J'essaye aussi des techniques simples, du genre penser au peu de souffrance que c'est compare aux juifs morts etouffes dans des wagons blindes etc... ca marche, ca, quand meme. Je me concentre sur le vent, sur les paysages, sur la chance d'etre la. Ca marche, mais ca fait mal. Alors je me met a chanter, du Aznavour, du Polnareff, des trucs bien envoles. Ca marche mieux encore, ca. Chanter, c'est un peu le remede miracle. Leo a l'air de s'en sortir bien mieux que moi alors qu'il a lui aussi une selle mongole. On change de cheveaux pour les 9 derniers km et, effectivement, sa selle fait moins mal. Le temps est de plus en plus sec, le vent s'amenuise et le soleil tappe tres fort. On est dans une zone tres desertique, pas de dunes de sable mais toujours cette steppe vertigineuse. Des aigles tournoient... waouh, on est dans le far-west. Pendant une pause, je m'allonge et m'endors quelques instants... suffisament pour me prendre un bon coup de chaud. Arrive a la troisieme Ger, je vacille de soif. Nos hotes sont pleins d'attention et de generosite, mais je n'ai plus envie de the au lait chaud ni de creme maison ni de yaourt fermente... j'ai juste envie d'eau fraiche, et ici l'eau est d'abord bouillie (pour tuer les saloperies dedans), donc c'est pas pour tout de suite. Je n'ai rien envie d'avaler, je mange quand meme un peu de riz le soir, on va pas se laisser abbatre. On est maintenant des bons baroudeurs de la communication en mongol, on a compris les techniques qui marchaient pour expliquer ou on vivait, ce qu'on faisait, tout ca. Pour simplifier je me fais passer pour un grand guitariste de rock. Pour simplifier. On a plante la tente a quelques metres du campement. Le vent a ete tres peu present aujourd'hui et c'est une nuit etoilee d'anthologie qui s'ouvre devant nous. Leo a sa carte des constellations, on la prend et on marche un peu plus loin. Il restait encore une faible lueur de crepuscule a l'ouest, mais quand on revient tout est plonge dans le noir. On ne voit plus rien a quelques metres. Pas une lumiere de ville, pas une lampe de poche, rien. Leo n'a pas du tout confiance en son sens de l'orientation (et il a raison !) et s'inquiete un peu de ca. Moi je lui dis t'inquietes, en montant sur les collines la-bas ca risque rien. Bon. On marche un petit peu, et puis on arrive au sommet. On se pose sur des cailloux et on leve la tete : c'est prodigieux. La voie lactee est blanche, les moindres petites etoiles visibles, c'est epoustouflant. Des etoiles filantes scindent par instants la voute en deux. Et puis avec Leo, on aime bien les etoiles. On connait deja pas mal de constellations. Alors on les retrouve une a une, on les remet a leur bonne place. On se reraconte les mythologies (Percee, Cephe, Hercule, Andromede, Pegase...), on se projete dans d'autres mondes et d'autres temps. On se raconte la vie des etoiles et des galaxies, on se dit que, finalement, on est bien peu de choses, et on assume pleinement notre role de philosophe de comptoir. Et puis ensuite, a l'aide d'une lampe frontale passee sous un T-shirt pour en diminuer l'intensite, on essaye de reperer de nouvelles constellations qu'on ne connaissait pas... et on en decouvre des dizaines ! Des tas d'animaux et de symboles etranges, et puis aussi des signes astrologiques qui sont proches de l'horizon, donc difficilement visibles : le poisson, le scorpion, le belier, le capricorne, le sagitaire... on arrete pas de tourner sur nous meme, les yeux rives vers cette si dense concentration de merveilles. Quand on reprend un peu les pieds sur terre, il est peut-etre 2h... ou 4h du matin, on ne sait pas. Je demande a Leo "Alors, elle est ou la tente ?". Il se tourne et m'indique une direction. Pour moi, c'est absolument a l'oppose ! C'est assez effrayant, on n'eat plus du tout sur de retrouver notre chemin... on suit quand meme ma direction , je suis a peu pres sur de moi alors que Leo ne l'est pas du tout. J'eclaire un peu le chemin avec la frontale (qui n'eclaire pas bien loin dans la steppe), Leo me demande de l'eteindre pour ne pas user trop la batterie "au cas ou"... on marche un peu au hasard, on essaye un peu de se reperer avec l'etoile polaire. Et puis on finit par tomber sur la tente. Ouf.
Le Vendredi pas de quartier, on nous tire d'un court sommeil a 9h. Journee marche, 13 km. On dejeune une platee de riz, sucree, acide et laiteuse... Leo n'arrive pas amanger, moi je parviens avec peine a la moitie. Comme la veille avec les chevaux, nos bagages sont attaches a l'arriere d'une moto qui suit notre trajet par courts segments tout au long de l'etape. On part a pied avec la nomade en chef, bien la forme pour ses 58 ans et malgre une inflammation a la gorge. On s'enfile les premiers kilometres, et le paysage se met a changer : les cailloux deviennemt des gros amas de roches aux formes variees, puis de longues chaines de rocailles s'erigent, de plus en plus denses, de plus en plus singulieres le long du chemin. Les rapaces y sont chez eux. Plus on avance et plus le vent souffle fort, et plus on voit de montagnes de roches stries aux contours surnaturels. On plonge petit a petit dans un univers fantasmatique : effectivement, les Fremens du roman Dune pourraient bien avoir pose leurs guetres ici. Leo prend une photo magnifique d'un aigle en plein envol. On arrive a bon port dans la Ger finale. En plus de la famille nomade (1 femme de 50 ans, un homme de 60, une fille de 22 et une autre de 13), de nombreuses personnes sont deja protegees du vent a l'interieur, dont une anglaise qui est ici pour planter des arbres. On va tous prendre l'air. Le campement est entoure de petites montagnes et les gamins grimpent dessus comme ils marchent. Du haut de son rocher, le vieux nomade se met a declamer des vers mongoles qui s'envolent au vent a mesure qu'il les recite. Le gros de la compagnie s'en va et nous on retourne discuter avec les nomades dans leur yourte. A un moment, la femme nous dit "Venez voir, je vais vous montrer quelque chose", genre posez vos affaires en cours, je vous montre juste un truc. Resultat : une ballade de 10 km dans les environs pour nous faire visiter ! Le tour du pathe de maison, quoi. On marche face au vent. Le vent de Mongolie, j'en avait deja parle aussi ? Ah... encore un emportement attif. Je n'avais rien vu jusque la. Pendant toute la premiere traversee, le vent souffle tellement fort qu'il est tres difficile de s'entendre parler. Les oreilles sifflent et on avance avec peine. Tout au bout s'erige en haut d'une colline une immense dale blanche en forme de cercle traversee par une arche blanche tres sobre. En son sentre, une haute stelle de pierre avec des inscriptions en vieux mongole dessus. On se croirait vraiment dans 2001 l'odyssee de l'espace ou dans la planete Tatouine de Star Wars. C'est une vision etonnante. On croit comprendre que cet "edifice" a ete construit pour celebrer les 800 ans de Gengis Khan. On continue notre boucle. On voit des tas de formes etranges dans les rochers, des guerriers, des animaux. En fait, il y a des millions d'annees, cette partie du Gobi etait entierement recouvert par les eaux ! Ces roches viennent donc de l'erosion des fonds marins, c'est fou. Comme il n'y a encore rien d'autre aujourd'hui que ces visions lunaires, une simple projection mentale nous emmene au fond de l'eau. On imagine aussi facilement des dinausores se mouvoir pesamment entre ces montagnes... bon, on part un peu loin, la. On admire aussi un theatre naturel dans la roche, au sein duquel on a egalement coule de grandes dalles de beton circulaires peintes en blanc pour pouvoir vraiment donner des representations. On dirait une piste d'atterrissage a OVNI. Un peu plus loin, on grimpe en haut d'une petite montagne rocheuse qu'on traverse via une grotte a double entree. D'en haut, on se rend compte de l'immensite de tout cela, de l'etendue fantastique qui s'etale devant nous. Plus on y est, moins on se sent dans un endroit connu. Retour au campement, la les jambes se font sentir. Je suis creve. Memes symptomes que la veille, grosse fatigue et la tete qui tourne. Je me couche plus tot que Leo qui retourne un moment avec la famille. Il me reveille en trombe en rentrant dans la Ger ou nous dormons, en pleine crise d'arachnophobie ! Il a toujours eu peur des ariagnees, et la il en voit plein, partout. Moi ca me fait une peu rire, lui pas. Il en tue 25 en hurlant, en tapant, en fremissant, et je sens son angoisse persister meme la lumiere eteinte et le silence reignant.
J'ai passe une sale nuit et suis d'humeur assez irrascible le lendemain matin. Mal dormi, un peu de fievre sans doute, vu les delires qui m'ont suivis dans l'entre-sommeil. Ca fait plusieurs jours qu'un bouton infecte me faisait mal a la cuisse, mais la il est carrement immense, gonfle de pue (desole ames sensibles). C'est peut-etre cette infection qui m'a fatigue... un peu plus tard l'allemande et l'amerloc arrivent a leur tout a pied et me filent des antiseptiques, pansements, tout ca. On laisse couler la journee pepere, on se repose. A 16h, notre chauffeur est la. Retour a MandalGobi, a une debut de semblant de civilisation. Nuit dans la guest house de Ger to Ger (une Ger, bien sur) apres que le personnel nous ai prepare a manger.
Lever 6h. Depart du bus a 7. Et encore 7h de tape cul "entre 2 sieges" avant de rejoindre Ulaan Baatar. Le reste de la journee nous permet de prendre (enfin) une douche, de ranger nos affaires et de s'atteler de nouveau a la tache de raconter. Et nous sommes aujourd'hui. Ce matin Joel est passe reprendre les affaires qu'il nous avait prete, j'ai file a un bureau pour recuperer nos billets de train et bus pour rejoindre Beijing. Entre temps Joel avait gere nos visa : tout est en regle, pas de piege en vue ! Un petit tour au grand marche pour acheter 2-3 souvenirs, et c'est ici, dans ce cafe Internet (qui nous aura bien dorlote pendant ce sejour), que j'ecris ces dernieres lignes. Dans 2 heures, c'est le grand depart pour Pekin.
UlaanBaatar - Lundi 21 Aout - 18h09
1 commentaire:
mais comment vous faites pour écrire autant...?
Je te laisse un commentaire puisque tout le monde t'a abondonné!!
Bon en tout cas Dead, ton blog est beaucoup mieux que celui de Leo, mais faut bien constater qu'il a plus d'ami-e-s que toi !!!
Mais non je veux pas foutre la merde...
Bon je suis suspendu à tes doigts (ben oui..) pour savoir quand tu vas percer ton bouton ; si tu peux prendre une photo c'est cool...
Allez, bonne chinoiseries à vous deux.
Lolo le rouge.
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