Mardi 7 août - Lhassa /17h10
Le Tibet est déjà derrière moi... ces neuf jours seront passes tellement vite, et j'ai a la fois l'impression d'y avoir vécu tellement de choses. Je suis a présent a Mengzi, la ville natale de Fanling... avec elle ? Seul ? Hum, ceci est une autre histoire, je m'en voudrais de raconter avec trop d'empressement. Ce sera pour le prochain post, je présume. En attendant, voici la deuxième partie de mon passage au Tibet, mes cinq derniers jours passés sur le toit du monde...
Dimanche 5 août. Mon réveil sonne a 5h40. Peu dormi. Quelques jours plus tôt, avant de partir pour Ganden, des gars nous avaient alpague pour nous demander si on voulait aller a Shigatse en bus. Il était 6hlO, c'était dans la rue d'à cote. Même endroit même heure, le gars est encore la, tout roule. Je m'installe dans le car, je suis seul. Je demande au type a quel heure est le départ, il me répond 8h ! Bon, j'aurai pu dormir presque 2h de plus. Ce que je m'efforce de faire, pas évident. Le bus finit par partir, il est plein, il est 8h20.
Le trajet dure environ 6h de bonne route, empruntant une vallée plus ou moins large et tortueuse et belle. Une rivière court tout du long, avec quelques gorges plus resserrées qui créent des rapides. Quelques pauses. Je manque de m'étouffer avec des patates ultra-epicees. Le bus arrive a la gare routière de Shigatse a!4h20.
Me voila installe dans une chambre sympa au troisième étage d'une guest-house avec vue sur une sorte de grand palais a la Potala sur la colline d'en face. Ça doit être le monastère dont ils parlent dans le Lonely. Cette ville, bien qu'étant la deuxième ville du Tibet, est a échelle humaine. Elle est depuis longtemps le siège du panchem-lama, deuxième personnage de la hiérarchie du bouddhisme tibétain. Petite ballade dans le quartier, je flâne un peu, négocie 2-3 colliers tibétains dans un petit marche sympa. En observant un peu, je m'aperçoit que la ville est remplie de... billards ! C'est incroyable, il y a des rangées de 5 ou 6 tables de billards en pleine rue, et elles sont presque toutes utilisées. Je regarde quelques parties, ils jouent bien, les gars, du coup.
J'ai un peu de mal a trouver le chemin pour me rendre sur la colline et visiter le Potala 2, mais j'y parviens. Pas un chat, le parking est vide. On est Dimanche, ça doit être ferme. Je monte quand même les marches jusqu'en haut. La grande porte est close. Et puis au moment de repartir, elle s'ouvre ! Un gars me fait signe, j'y vais. Je rentre, il ferme la porte a clé derrière nous ! Hum. Il me dit de le suivre. On entre dans un endroit lugubre, pas de lumière du tout... il allume une lampe de poche. Je le suis, ça sert a rien d'être parano. On monte un escalier, plusieurs étages, il éclaire mes pas a chaque virage. Et puis on débarque dans une immense friche, genre bâtiment en construction, trois étages de haut. Un escalier en béton monte dans le vide en tournant, au milieu de cet immense espace. Arrive en haut, on marche encore un peu et... nous voila sur le toit du bâtiment ! Belle vue sur la ville, soit, mais je ne comprends toujours pas. Ces cons, ils ont tout détruits ? J'essaye d'extorquer des réponses au type qui ne parle pas anglais, en vain. Et puis il me montre une pierre sur laquelle est grave un truc, en anglais : ça explique que grâce a la volonté d'un groupe de soutien a la culture tibétaine, ils sont en train de restaurer l'ancien fort de la ville et qu'ils veulent en faire un musée de la culture tibétaine. Ok, c'était pas du tout le monastère, mais le fort de Shigatse "en ruine" ! Dans le Lonely, ils disent juste que les vieilles ruines donnent un certain charme a la ville. Ils sont en train de tout reconstruire. Je dis au gars le nom du monastère, il m'indique de l'autre cote de la montagne, la bas (il tend la main). Ok. Il me raccompagne avec sa lampe de poche le long du no man's land, me demande du pognon (et oui, pas idiot) et me laisse partir. Etrange expérience.
Je prend le chemin indique qui longe la montagne avec une petite vue sur le quartier tibétain, jusqu'à l'entrée du monastère de Tashilhunpo. Monastère construit en 1447, siège du panchem-lama, qui accueille environ 600 moines aujourd'hui. La, il y a plein de cars, de boutiques de souvenirs, tout ça. Plein de monde surtout. Ça fait la queue devant les temples pour sonner la cloche, c'est un peu lent. Mais le monastère dans son ensemble est très grand, très impressionnant, et il regorge de petites tueries. A commencer par une stature du Bouddha Jampa (Maitreya) - encore des trucs en "a" - haute de 27m, qui force le respect. Et puis le mausolée du quatrième panchen-lama, une stupa couverte de 85 kg d'or et de pierres précieuses, pas degueu non plus. Je commence a connaitre un peu les divinités a force, et je me mets a filer régulièrement du blé a certaines (les plus effrayantes souvent, les noirs et rouges avec de grandes dents, plein de bras et des yeux écarquillés). Un peu aussi par solidarité avec les sans-le-sou qui donnent tout ce qu'ils ont au monastère, sinon je me sens vraiment trop radin. Parfois il est difficile de bien voir les statues tellement la vitre les protégeant est recouverte de billets ! C'est assez déprimant, mais on s'y fait. Le Bouddhisme, comme les autres religions, parvient sans trop de difficulté a palper du blé aux fidèles. A la sortie d'une chapelle, un moine vend des amulettes de protection... trop la classe, j'en acheté une, évidemment : je suis invincible a présent, plus rien ne peut m'arriver.
En sortant du village monastique, je tourne bien sur a droite pour me faire le Kora. Ben oui, un monastère sans son Kora c'est de la triche, ça compte pas. Et puis le top c'est qu'on y est enfin seul. On y croise quelques pèlerins qui viennent faire tourner les moulins a prières qui bordent la majeure partie du chemin, mais pas un touriste. Pourtant c'est chouette les Kora. On se retrouve vite sur la montagne, avec vue sur le monastère et la ville, entoure de rochers peints d'inscriptions tibétaines, de guirlandes, d'herbes sacrées (?) qui brûlent... et puis ça fait marcher un peu, respirer l'air frais (et pas l'air vicie au beurre de yak), du bien quoi. Vers la fin du tour, je prends un petit raccourci qui me ramené dans la rue de mon hôtel. Je croise une jeune tibétaine qui me crie : " Hello ! I love you !". La déclaration d'amour, je l'avais pas encore eue. Je lui réponds, sur de moi, le regard pénétrant : "I love you too". Elle me répond : "What's your name ?". Ben oui, faut peut-être se présenter avant. J'ai a peine le temps de répondre, elle rentre chez elle en rigolant. J'étais pas loin. Je rentre bredouille a ma piaule.
Une petite toilette pour éradiquer cette odeur désagréable que mon corps a le mauvais goût de produire. Je sens bon, je suis (et il fait) beau, la ville est a moi. J'emprunte la grande rue piétonne du centre ville, celle qui rejoint le monastère. Les jeunes jouent au billard, sur l'une des très nombreuses tables qui inondent la rue. Je regarde une partie, on me propose de prendre la gagne. Yes ! Je suis bien sur sous-entraîné part rapport a eux et me prend une bonne taule en deux manches. Bien sur, la pression est grande : je joue contre un gars (super bon au billard, bien sur), mais une dizaine de ses potes sont venus observer la partie. Des que je foire correctement un coup, ils sont tous morts de rire. Et je crois que ma manière de tenir la canne les fait rire aussi. Il faut dire que j'ai vraiment... un style. Je me casse, je me fais trop latter ici. Un peu plus loin, une table vide. Je m'approche, un autre jeune me propose immédiatement une partie... allons-y ! Cette fois j'ai un poil plus d'entrainement, je ne pars pas de zéro. Et je me débrouille pas si mal ! Il finit par me battre, mais en trois manches, et je sors 2 ou 3 coups gagnants applaudis par les observateurs (la chance ?). En tout cas je rigole beaucoup, le billard c'est vraiment fun. Une ville paumée au Tibet ou tout le monde ne jure que par le billard, c'est quand même rigolo. J'aimerai bien connaitre l'histoire de sa percée ici ! Quoi que s'inventer l'histoire, c'est sympa aussi.
Je m'acheté un CD. Dessus, une étiquette : "New album from thé fîrst Tibetan Rock Band-Vajara". Ça devrait déchirer. Je rentre dans un resto, il est 22h passées. Mon ventre ne me semble pas a son meilleur niveau, je prend une assiette avec du riz et des patates au curry, et puis quelques morceaux de mouton. Un gars bourre s'assoit a cote de moi, il parle un anglais très pauvre et difficilement defrichable, mais semble me dire des choses gentilles. Et puis 4 filles de 2l a 22 ans (je leur ai demande) viennent s'assoir en face de moi. Elles rigolent, me disent que je suis " beautiful", devinnent mon âge avec difficulté (elles me donnent moins), ne me croient pas quand je leur dis que je n'ai pas de petite copine, elles pensent que c'est une vieille technique d'occidental pour en profiter hors du lit conjugal. Ah ouais, si ma bonne foi est mise en doute c'est pas gagne. L'une d'elles me dit que j'ai un "big nose". Ah bon. Les autres me défendent en disant "beautiful". Ouf. Leurs parents (?) me regardent avec un air un peu moins cordial, je ne suis pas en odeur de sainteté. Tout le monde finit par monter a l'étage en disant Goodbye. C'est l'heure de rejoindre l'hôtel.
Je monte au resto interne a l'hôtel et discute un moment avec une italienne sympa (lire sympa et jolie) qui me raconte son périple au camp de base de l'Everest, ça a l'air magnifique. Elle aussi va se coucher. Je monte dans ma chambre, il y a trois lits, dont deux filles. Une Suisse et une Philippinaise, qui parlent ensemble en chinois. Du coup on parle anglais. Elles cherchent quelqu'un pour les accompagner au Népal... ça sera pas pour cette année pour moi ! Et puis elles se couchent. C'est une journée pleine d'espoirs qui prend fin... vers minuit.
Lundi 6 août. Lever vers 7h30. Je prends mon temps, puis file a la gare routière. L'objectif du jour : faire un tour a Gyangtse, 120 km au Sud-Est de Shigatse, puis rentrer sur Lhassa. Serre, mais ça se tente. Et surtout, je n'ai pas le droit ! Mon permis m'autorisait a aller a Shigatse (normalement en voyage organise), mais il m'est strictement interdit de mettre un pied a Gyangtse. Pourquoi ? Je sais pas, c'est comme ça. Un minibus me prend, j'arrive là-bas vers 1 Ih. Gyangtse est une petite ville. Je longe la rue principale en baissant les yeux et en accélérant le pas "l'air de rien" des que je vois des flics. Je deviens un peu parano, le coeur qui bat et tout. Ça fait donc ça d'être sans-papiers !
Je me rend le plus vite possible au monastère de Pelkhor Chode (encore un !), l'attraction principale du bled. Une voiture de police est garée sur le coté de l'entrée. Je ne décélère pas, marche d'un pas assure et franchis l'entrée. Je l'ai tellement bien fait que je suis même passe sans faire exprès dans l'enceinte du monastère sans payer le droit d'entrée ! Décidément, je truande sec aujourd'hui. Un groupe de français d'une beauferie indiscutable fait des réflexions aberrantes de bêtise devant moi. Je m'enfuis, dommage, leur guide (au parle français) donnait des infos intéressantes. Grand temple, sympa. Excusez-moi de ne plus m'extasier, je m'en suis farci pas mal ses derniers temps, et pas les pires. Je retrouve mes dieux préfères, on commence vraiment a faire pote. Normal avec le pognon que je leur ai déjà file. A cote, il y a ce qu'on appelle la Stupa aux 10 000 visages. L'édifice renferme pas moins de 108 petites chapelles sur 9 étages ! Dans chaque chapelle, il y a de vieilles peintures murales et de superbes statues, j'en profite pour prendre plein de photos de ces divinités multicolores, multi-bras, multi-visages. Certaines tirent a l'arc, d'autres jouent d'instruments de musique. Du haut de la stupa, on a un superbe panorama de la petite ville (au style tibétain quasi omniprésent a part son allée principale), des champs et des montagnes environnantes. Un peu moins impressionnant toutefois que du haut du vieux fort, le Dzong, ou je me rend ensuite en passant par des petites ruelles pavées tibétaines. J'y croise des dizaines de vaches et de chevaux, ça sent la campagne, les enfants me demandent de les prendre en photo et éclatent de rire en se regardant. Sur la route qui grimpe au Dzong, une jeep de flics passe juste a cote de moi et me reluque, sans s'arrêter. C'est assez stressant. Je profite un peu de la vue, mais prend vite le chemin du retour. Un minibus va partir pour Shigatse. Je rentre dedans, l'un des passagers est un flic. Je lui souris, lui de même, rien de plus. Arrivée à Shigatse vers 16h, je souffle, je suis en règle ici.
Le dernier bus pour Lhassa part a 17h, tout se déroule parfaitement. J'ai le temps de manger un bout. Dans un resto tibétain a cote de la gare routière, je tombe sur une carte avec une ligne "TRIPECURRY". Comme ils font beaucoup de fautes, je me dis que ça doit être un triple curry, le même genre de plat que j'ai mange la veille, c'était bon, je prend ça. Mais non, c'est bien une assiette pleine de tripes qu'on me sert ! C'est visqueux, ça me fais tout de suite moins envie. J'en mange, un peu, puis me rabats sur un bon vieux bol de noodles tibétaines, en fait des momo's a la viande de yak baignes dans un bouillon avec des nouilles de riz. Ça nourrit bien et c'est meilleur, de loin. Le bus part.
Voyage retour extrêmement agréable. Les montagnes défilent dans l'autre sens. Il a plu ce matin et les rapides sont plus furieux encore. L'ambiance est géniale dans, beaucoup de monde chante des "omanipadmeom " en même temps que le poste diffuse la musique tibétaine, tout le monde a le sourire. Je termine "L'insoutenable légèreté de l'être" de Kundera pendant le trajet, alternant des grands moments de réflexion sur l'écrit et des laisser-aller en rêveries au gré des merveilleux paysages et des mélodies euphorisantes. J'adore lire. Je ne lis presque qu'en voyage, que quand je n'ai rien "d'autre à faire". Aux chiottes et dans les transports.
En arrivant a Lhassa, en ayant partage le voyage avec ces gens, et a la vue du Potala, je me dis que, sincèrement, vivre ici ne me déplairait pas. Loin de la. Et le conducteur dépose chaque personne ou elle veut ! Je suis le dernier dans le bus, je lui dis le nom du Kirey Hôtel, pas de soucis, il m'emmené juste devant ! Incroyable. Le Kirey étant complet, l'hôtel d'à cote aussi, celui encore plus loin aussi, etc..,, je finis par me replier sur une petite guest-house perdue dans le quartier du Barkhor, a peine plus chère. Je n'ai pas vraiment de quoi négocier. Je me retrouve dans un dortoir rien qu'a moi. Dodo vers minuit.
Mardi 7 août. Lever a 8h30 (grasse mat' !). Je prend le temps de changer de guest-house (retour au bon vieux Kirey), de prendre une douche, mettre des vêtements a laver (service gratuit !), prendre un aller-retour pour le Nam-Tso Lake demain, acheter un billet d'avion pour Kunming après-demain (c'est ça ou 4 a 5 jours de bus, je décide de me le permettre), poster des cartes postales que Nico m'avait donne a poster il y a une semaine, retirer de l'argent... bref quelques broutilles. En me promenant dans Lhassa, je me rend compte (oui, je suis un peu long a la détente) qu'il n'y a quasiment aucun feu de circulation ! C'est pour ça que c'est un joyeux bordel entre les ricshaws, les piétons, les bus qui s'arrêtent n'importe quand, les bagnoles... moi je trouve ça rigolo. Des gars sont en train de mettre des guirlandes de pub entre chaque lampadaire. Voyant le mot festival, je m'approche... c'est des pubs pour le " Yogurt festival !". Les tibétains, ils sont énormes. Ils osent faire le truc le plus dément du monde : le festival du Yaourt. Je serai déjà parti, vraiment dommage j'aurais aime voir (goûter) ça.
Je grimpe dans un bus en direction du nord de la ville, pour aller visiter le dernier monastère important a rajouter a mon CV, le monastère de Sera. Quelques frites de la rue avalées au passage, et me voila dans l'enceinte, a suivre une grande ruelle ombragée par des arbres denses. Il y a une file immense devant un temple. Je m'apprête a faire la queue quand un jeune couple avec leur très-jeune bébé (sur le dos de la mère) me fait signe de les suivre, genre ya rien à voir ici, nous on va te montrer ce qu'il faut. Je m'exécute. Us me prennent totalement en mains, me disent ou il faut aller, ou ça n'a aucun sens de mettre les pieds. On parcourt les chapelles ensemble, ils sont tous les 2 avec leur pot de beurre de yak liquide qu'ils versent dans toutes les lampes a beurre de toutes les chapelles, consciencieusement. Et puis ils donnent pas mal de pognon aussi. Etrangement, je nie sens plus "vrai pèlerin" avec eux, et je me prête a tous les rituels. Je me fais tamponner le front par un moine avec un bâton relie a une statue, taper le dos avec une grosse pierre noire par un autre, je m'incline devant les trucs importants, pousse dans le dos par un troisième. Au fond d'un temple, un écriteau stipule "interdit aux femmes" a l'entrée d'une chapelle. La jeune mère reste a attendre son mari. Ça me déçoit, premièrement - cette religion ne serait pas plus égalitaire que d'autre ? Je me décide quand même a y jeter un oeil, mais au moment de rentrer 4 moines m'interpellent fortement ! Je me retourne, et la ils prennent un fou rire et me font signe d'avancer ! ! Ça me fait rire aussi, j'ai presque mis du temps a comprendre ce qui se passait. Rien de particulier la dedans au demeurant. Le tour monastique termine, c'est avec regret que je vois partir ce couple attachant. A nouveau seul, je retourne a l'immense queue, un peu moins grande. C'est très long, et c'est en fait uniquement pour avoir le droit de faire une offrande de tissu blanc (payant) a une statue devant un moine qui te bénis pendant que tu pries allonge dessus, un truc comme ça. Bon, mais quand-même, avec toutes les offrandes, toutes les bénédictions, et mon amulette en prime, il est clair qu'il ne peut plus rien m'arriver. Ça fait probablement de moi un semi-Dieu. Le problème c'est qu'on est nombreux dans ce cas ! N'empêche, a force de voir des dieux et autres mystiques te regarder avec des yeux mi-clos ou écarquillés a longueur de journée, il y a de quoi péter un plombs ou faire des cauchemars. Apres celui-là, j'arrête ! A propos de temples, et parce que je n'en ai pas encore parle, sachez que les photos du Dalaï-lama y sont interdites depuis 1995. Il y a des photos de saints, d'autres gars importants de la hiérarchie spirituelle, mais de Dalaï-lama, que dalle.
Allez, je me fais le Kora, bien oblige. Je suis seul, comme a chaque fois. Au dessus du monastère, derrière, un sentier grimpe dans la montagne... allons-y ! Je crapahute un peu et découvre un petit temple cache dans un repli de montagne, avec une belle vue sur Lhassa et le monastère, la classe. Je continue a grimper. Bientôt, le chemin se perd,., avant de carrément disparaître. Je m'efforce de grimper comme je peux, ça devient un peu dur. Arrive en haut, la vue est encore plus belle, mais je n'ai pas la moindre idée de comment redescendre. Il y a sûrement un chemin, je ne le vois pas et je n'ai pas envie de contourner toute la montagne. Du coup je descends "comme je peux". C'est de plus en plus pentu, de plus en plus glissant. De plus en plus dangereux, en vérité. Mon sac est un peu lourd derrière moi et me déséquilibre, je dérape sur des minuscules cailloux qui recouvrent la pierre. Je suis oblige a plusieurs reprises de jeter mon sac un peu plus bas pour le rejoindre en sautant. En fait je suis très con de ne pas avoir cherche plus loin un sentier, maintenant il est trop tard, je commence a avoir peur. Plus bas, des gens passent. Ils me voient, me disent bonjour en riant et disparaissent... je voudrais leur crier de rester ici pour prévenir les secours si je tombe, mais, bêtement, je leur réponds "Tashi Delek !". Soudain j'entends un bruit juste derrière moi... je me retourne, plus rien. Il est quasiment certain que c'était le Yeti, bien sur. Malheureusement je ne pourrai jamais le prouver, j'arrive finalement en bas sain et sauf. Il n'y a plus de doute, je suis bien protège par mon amulette et tout le reste !
Retour en bus au centre-ville. J'arrive au café Internet de l'hôtel, croise Louis et Anne Laure qui sont rentres et réitèrent leur proposition d'aller manger tous ensemble ce soir. Bien sur, avec un grand plaisir. Et ce soir, c'est maintenant.
Mardi 7 août - Lhassa / 20h10
Vendredi 10 août - Mengzi / 13h36
Mardi soir, je retrouve donc la bande des 6 trekeurs au Snowlands hôtel Ils sont en forme, souriants Ça a été dur mais ça en valait la peine, ils ont vu toutes sortes de paysages, de fleurs de montagnes (edelweiss, rhododendrons,...) et se sont régalés. C'est le dernier soir de Laurence et Julie qui prennent le train le lendemain matin, d'où fïesta. On rigole encore beaucoup, les discussions partent dans tous les sens, ça fait super plaisir de les revoir. Je mange un excellent poulet massala a l'indienne, et puis un cheese cake (gâteau au fromage !) qui tue. On va boire un "dernier verre" en bar et on se couche... plus tard que d'habitude, après avoir dit au revoir chaleureusement aux deux "deserteuses".
Mercredi 8 août. J'ai réserve un aller-retour dans la journée au lac Nam-Tso. C'est devenu ces dernières années une véritable attraction touristique. On parle de sa grandeur, de ses eaux turquoises, des sommets enneiges qui l'entourent. Ça n'a pas l'air mal. C'est aussi le plus haut lac de cette taille du monde, a 4800m environ. Ça convint, même. A 7h30, le minibus part. On est 9 a faire le trajet : 1 allemand, 2 français, 1 australien, 2 américains, 2 chinoises, 1 hongrois. Ça discute un peu, moi je suis un peu fatigue de ces discussions qui sonnent comme un concours de celui qui a le plus voyage et vu le plus de trucs incroyables, du coup je me plonge dans Harry Porter, le 3. Ouais je sais, après Kundera, c'est la classe. 4h30 plus tard et après avoir passe un col à 5200m, nous y sommes.
Je me joins a l'autre français, l'allemand et le hongrois pour manger un bout (du riz frit avec des œufs, une valeur sure) et boire du sweet tea (du thé au lait chaud et sucre). Dehors, il ne fait pas beau. Pas de pluie, mais des nuages sombres et bas qui cachent les sommets environnants et rendent les eaux du lac bien ternes. Pas de bol. On gravit quand même une pente pour pouvoir apprécier le lac en hauteur, sur un joli promontoire. C'est vrai qu'il est très grand, il reste impressionnant maigre tout. Et puis on aperçoit un peu de neige, là-bas, entre deux nuages. Allez, c'est joli. Je me marre bien avec le hongrois, un peu cynique, super drôle. A 15h, deux heures et demi seulement après notre arrivée, il est déjà temps de repartir ! 9h de bus dans la journée pour voir un lac sympa... pourquoi pas. Je veux dire, avec du beau temps ça peut valoir le coup ! Retour tranquille, montagnes, vallées, sieste et lecture... Arrivée au Kirey à 19h30.
On s'est donne RV a 20h au Tashi 2 (le bon resto tibétain pas cher dans l'enceinte de l'hôtel) avec les "survivants dutrek". On se retrouve donc avec Lisa, Bruno, Louis et Anne Laure. Les nouvelles ne sont pas fameuses de leur cote : il semblerait que des "mouvements" aient conduits les chinois (les népalais ?) a fermer la frontière entre le Tibet et le Népal, Personne ne sait vraiment ce qu'il se passe, mais ça mine un peu l'ambiance, car tous s'apprêtaient a partir pour le Népal par les terres. Ça ne nous empêche pas de passer un très bon moment. Je mange un bon vieux steak de Yak, un vrai, avec une sauce aux champignons, des frites et du ketchup ! Salvateur. Et puis un autre cheese cake, mais un spécial de la maison... absolument délicieux, avec des petits morceaux d'ananas dessus, rien a voir avec celui de la veille. Ça faisait longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir avec un dessert, c'est un truc de dingue. On termine au bar, a parler musique. Bruno veut monter un café-concert a son retour en Belgique. Les deux écoutent Fake Oddity et trouvent ça très bon. On s'entend bien a des tas de niveaux, c'est super agréable. Mais toute belle rencontre a une fin. On se dit "a bientôt" (il faut toujours y croire) et on va se coucher. Il est minuit et demi.
Jeudi 9 août. Mon vol part de l'aéroport de Lhassa a 1 Ih30. Je dois prendre la navette qui part de la ville a 9h pour être a l'heure là-bas. Mon réveil sonne a 6h50, je voudrais encore faire plein d'achats que je n'ai pas pris le temps de faire jusqu'à présent. Je prépare mes bagages et file du cote du Barkhor. Tous les étals sont encore vides, il est trop tôt. Je fait le tour du Kora. Quelques boutiques finissent par ouvrir, mais je me rend compte au bout de 10 minutes de rude négociation que je n'ai presque plus d'argent liquide ! Je dois retirer (j'espère pouvoir). Je trouve un DAB quelconque et tente un retrait de 2000 Y... c'est trop. 1000 Y... ça rouie. Ça me donne le ticket de retrait, ça prépare l'argent... et puis ça se bloque, ça met "opération cancelled" et la machine ne marche plus... et puis ça met super longtemps avant de me rendre la carte, j'ai bien le temps de me dire "Quel con, me faire aspirer ma carte a îh du départ... !" surtout que la banque ne rouvre qu'a lOh. Ça finit par me la rendre, j'espère au moins ne pas être débite. J'arrête un ricshaw en lui demandant de m'amener a une Bank of China (seule banque ou je n'ai jamais eu de souci). Le souci, c'est qu'elle est loin ! Il pédale jusqu'au quartier chinois, bien a l'ouest, je retire (2000 Y, pas de problème ici), et me remmené au Barkhor. Il est tard, je n'y arriverai jamais. Je cours vers un étal (ils ont finis par s'installer progressivement) et entame un marathon de la négoce duquel je me sors avec les honneurs (enfin je crois). Je cours comme un fou a l'hôtel, récupère mon gros sac, monte dans un taxi en lui disant (comme je peux) de se dépêcher. Me voila a l'airway hôtel, d'où partent les navettes, il est 8h59. Je cours dans la grande cour intérieure, elle est vide. J'aperçois un minibus qui s'apprête à franchir le portail d'entrée, a l'autre bout... je finis par le chopper, c'est bien la "navette de 9h" !
Le vol est à l'heure. C'est avec tristesse que je dis au revoir au Tibet. Je reviendrai ! L'avion survole les montagnes, le peu de nuages laisse apparaître de nombreux sommets enneiges, des lacs de toutes les couleurs (bleus, verts, jaunes - lire boueux), des vallées verdoyantes, de longs cours d'eau sinueux. C'est sublime vu d'ici. L'avion se pose une première fois a Zhongdian, tout au nord du Yunnan, ou j'avais voyage avec Fanling il y a deux ans. Fanling... le but de ma prochaine étape, c'est la revoir. On s'est rate de peu l'été dernier, mais cette fois je passe par le Yunnan, ça serait vraiment dommage de ne pas se croiser. Pour ceux qui ne connaîtraient pas l'histoire de cette rencontre, vous pouvez vous reporter au post d'août 2005 : " La traversée du Yunnan avec Pocahontas" (quelque chose comme ça). On s'est envoyé pas mal de textes depuis le début de mon voyage. Elle voulait retourner a Lijiang (la ville de noue rencontre) avec moi, mais il semble que ses parents aient refuse (elle a 24 ans...). Rien ne semble très simple. Pourtant, j'ai décide d'y aller, de la rejoindre dans sa ville de Mengzi (prononcer "mongdzeu"), tout au sud de la province, a 80 km au nord de la frontière du Vietnam.
L'avion atterrit enfin a Kunming, capitale du Yunnan. Taxi jusqu'à la gare routière. Apres Pékin, c'est la deuxième ville de Chine ou je suis déjà allé. Elle me donne la même impression que la première fois : trop de larges routes, trop de voitures, trop de buildings, l'ambiance y est étouffante. A la gare routière, j'essaye de demander un aller pour Mengzi en m'appliquant sur la prononciation (une autre ville du Yunnan s'appelle Mangshi, je ne veux pas me retrouver a des centaines de km \). Je montre bien la carte en même temps, ça a l'air de rouler. Tl est ! 5h30; un bus part a 16h ! Tout s'emboîte parfaitement. Le minibus part sur une route qui semble entièrement refaite. On traverse des paysages connus... d'abord la foret de pierres de Shilin (des roches karstiques qui s'érigent verticalement par milliers), puis de nombreuses rizières en terrasse. Je refais un peu mon voyage d'il y a deux ans, des tas de souvenirs s1 emmêlent dans ma tête. Je termine le Harry Potter, je le trouve beaucoup mieux que les deux premiers. Le soleil se couche. Dans moins d'une heure, je serais en face de Fanling. J'ai le cœur qui bat, un peu.
Vendredi 11 août - Mengzi / 14h55
Le Tibet est déjà derrière moi... ces neuf jours seront passes tellement vite, et j'ai a la fois l'impression d'y avoir vécu tellement de choses. Je suis a présent a Mengzi, la ville natale de Fanling... avec elle ? Seul ? Hum, ceci est une autre histoire, je m'en voudrais de raconter avec trop d'empressement. Ce sera pour le prochain post, je présume. En attendant, voici la deuxième partie de mon passage au Tibet, mes cinq derniers jours passés sur le toit du monde...
Dimanche 5 août. Mon réveil sonne a 5h40. Peu dormi. Quelques jours plus tôt, avant de partir pour Ganden, des gars nous avaient alpague pour nous demander si on voulait aller a Shigatse en bus. Il était 6hlO, c'était dans la rue d'à cote. Même endroit même heure, le gars est encore la, tout roule. Je m'installe dans le car, je suis seul. Je demande au type a quel heure est le départ, il me répond 8h ! Bon, j'aurai pu dormir presque 2h de plus. Ce que je m'efforce de faire, pas évident. Le bus finit par partir, il est plein, il est 8h20.
Le trajet dure environ 6h de bonne route, empruntant une vallée plus ou moins large et tortueuse et belle. Une rivière court tout du long, avec quelques gorges plus resserrées qui créent des rapides. Quelques pauses. Je manque de m'étouffer avec des patates ultra-epicees. Le bus arrive a la gare routière de Shigatse a!4h20.
Me voila installe dans une chambre sympa au troisième étage d'une guest-house avec vue sur une sorte de grand palais a la Potala sur la colline d'en face. Ça doit être le monastère dont ils parlent dans le Lonely. Cette ville, bien qu'étant la deuxième ville du Tibet, est a échelle humaine. Elle est depuis longtemps le siège du panchem-lama, deuxième personnage de la hiérarchie du bouddhisme tibétain. Petite ballade dans le quartier, je flâne un peu, négocie 2-3 colliers tibétains dans un petit marche sympa. En observant un peu, je m'aperçoit que la ville est remplie de... billards ! C'est incroyable, il y a des rangées de 5 ou 6 tables de billards en pleine rue, et elles sont presque toutes utilisées. Je regarde quelques parties, ils jouent bien, les gars, du coup.
J'ai un peu de mal a trouver le chemin pour me rendre sur la colline et visiter le Potala 2, mais j'y parviens. Pas un chat, le parking est vide. On est Dimanche, ça doit être ferme. Je monte quand même les marches jusqu'en haut. La grande porte est close. Et puis au moment de repartir, elle s'ouvre ! Un gars me fait signe, j'y vais. Je rentre, il ferme la porte a clé derrière nous ! Hum. Il me dit de le suivre. On entre dans un endroit lugubre, pas de lumière du tout... il allume une lampe de poche. Je le suis, ça sert a rien d'être parano. On monte un escalier, plusieurs étages, il éclaire mes pas a chaque virage. Et puis on débarque dans une immense friche, genre bâtiment en construction, trois étages de haut. Un escalier en béton monte dans le vide en tournant, au milieu de cet immense espace. Arrive en haut, on marche encore un peu et... nous voila sur le toit du bâtiment ! Belle vue sur la ville, soit, mais je ne comprends toujours pas. Ces cons, ils ont tout détruits ? J'essaye d'extorquer des réponses au type qui ne parle pas anglais, en vain. Et puis il me montre une pierre sur laquelle est grave un truc, en anglais : ça explique que grâce a la volonté d'un groupe de soutien a la culture tibétaine, ils sont en train de restaurer l'ancien fort de la ville et qu'ils veulent en faire un musée de la culture tibétaine. Ok, c'était pas du tout le monastère, mais le fort de Shigatse "en ruine" ! Dans le Lonely, ils disent juste que les vieilles ruines donnent un certain charme a la ville. Ils sont en train de tout reconstruire. Je dis au gars le nom du monastère, il m'indique de l'autre cote de la montagne, la bas (il tend la main). Ok. Il me raccompagne avec sa lampe de poche le long du no man's land, me demande du pognon (et oui, pas idiot) et me laisse partir. Etrange expérience.
Je prend le chemin indique qui longe la montagne avec une petite vue sur le quartier tibétain, jusqu'à l'entrée du monastère de Tashilhunpo. Monastère construit en 1447, siège du panchem-lama, qui accueille environ 600 moines aujourd'hui. La, il y a plein de cars, de boutiques de souvenirs, tout ça. Plein de monde surtout. Ça fait la queue devant les temples pour sonner la cloche, c'est un peu lent. Mais le monastère dans son ensemble est très grand, très impressionnant, et il regorge de petites tueries. A commencer par une stature du Bouddha Jampa (Maitreya) - encore des trucs en "a" - haute de 27m, qui force le respect. Et puis le mausolée du quatrième panchen-lama, une stupa couverte de 85 kg d'or et de pierres précieuses, pas degueu non plus. Je commence a connaitre un peu les divinités a force, et je me mets a filer régulièrement du blé a certaines (les plus effrayantes souvent, les noirs et rouges avec de grandes dents, plein de bras et des yeux écarquillés). Un peu aussi par solidarité avec les sans-le-sou qui donnent tout ce qu'ils ont au monastère, sinon je me sens vraiment trop radin. Parfois il est difficile de bien voir les statues tellement la vitre les protégeant est recouverte de billets ! C'est assez déprimant, mais on s'y fait. Le Bouddhisme, comme les autres religions, parvient sans trop de difficulté a palper du blé aux fidèles. A la sortie d'une chapelle, un moine vend des amulettes de protection... trop la classe, j'en acheté une, évidemment : je suis invincible a présent, plus rien ne peut m'arriver.
En sortant du village monastique, je tourne bien sur a droite pour me faire le Kora. Ben oui, un monastère sans son Kora c'est de la triche, ça compte pas. Et puis le top c'est qu'on y est enfin seul. On y croise quelques pèlerins qui viennent faire tourner les moulins a prières qui bordent la majeure partie du chemin, mais pas un touriste. Pourtant c'est chouette les Kora. On se retrouve vite sur la montagne, avec vue sur le monastère et la ville, entoure de rochers peints d'inscriptions tibétaines, de guirlandes, d'herbes sacrées (?) qui brûlent... et puis ça fait marcher un peu, respirer l'air frais (et pas l'air vicie au beurre de yak), du bien quoi. Vers la fin du tour, je prends un petit raccourci qui me ramené dans la rue de mon hôtel. Je croise une jeune tibétaine qui me crie : " Hello ! I love you !". La déclaration d'amour, je l'avais pas encore eue. Je lui réponds, sur de moi, le regard pénétrant : "I love you too". Elle me répond : "What's your name ?". Ben oui, faut peut-être se présenter avant. J'ai a peine le temps de répondre, elle rentre chez elle en rigolant. J'étais pas loin. Je rentre bredouille a ma piaule.
Une petite toilette pour éradiquer cette odeur désagréable que mon corps a le mauvais goût de produire. Je sens bon, je suis (et il fait) beau, la ville est a moi. J'emprunte la grande rue piétonne du centre ville, celle qui rejoint le monastère. Les jeunes jouent au billard, sur l'une des très nombreuses tables qui inondent la rue. Je regarde une partie, on me propose de prendre la gagne. Yes ! Je suis bien sur sous-entraîné part rapport a eux et me prend une bonne taule en deux manches. Bien sur, la pression est grande : je joue contre un gars (super bon au billard, bien sur), mais une dizaine de ses potes sont venus observer la partie. Des que je foire correctement un coup, ils sont tous morts de rire. Et je crois que ma manière de tenir la canne les fait rire aussi. Il faut dire que j'ai vraiment... un style. Je me casse, je me fais trop latter ici. Un peu plus loin, une table vide. Je m'approche, un autre jeune me propose immédiatement une partie... allons-y ! Cette fois j'ai un poil plus d'entrainement, je ne pars pas de zéro. Et je me débrouille pas si mal ! Il finit par me battre, mais en trois manches, et je sors 2 ou 3 coups gagnants applaudis par les observateurs (la chance ?). En tout cas je rigole beaucoup, le billard c'est vraiment fun. Une ville paumée au Tibet ou tout le monde ne jure que par le billard, c'est quand même rigolo. J'aimerai bien connaitre l'histoire de sa percée ici ! Quoi que s'inventer l'histoire, c'est sympa aussi.
Je m'acheté un CD. Dessus, une étiquette : "New album from thé fîrst Tibetan Rock Band-Vajara". Ça devrait déchirer. Je rentre dans un resto, il est 22h passées. Mon ventre ne me semble pas a son meilleur niveau, je prend une assiette avec du riz et des patates au curry, et puis quelques morceaux de mouton. Un gars bourre s'assoit a cote de moi, il parle un anglais très pauvre et difficilement defrichable, mais semble me dire des choses gentilles. Et puis 4 filles de 2l a 22 ans (je leur ai demande) viennent s'assoir en face de moi. Elles rigolent, me disent que je suis " beautiful", devinnent mon âge avec difficulté (elles me donnent moins), ne me croient pas quand je leur dis que je n'ai pas de petite copine, elles pensent que c'est une vieille technique d'occidental pour en profiter hors du lit conjugal. Ah ouais, si ma bonne foi est mise en doute c'est pas gagne. L'une d'elles me dit que j'ai un "big nose". Ah bon. Les autres me défendent en disant "beautiful". Ouf. Leurs parents (?) me regardent avec un air un peu moins cordial, je ne suis pas en odeur de sainteté. Tout le monde finit par monter a l'étage en disant Goodbye. C'est l'heure de rejoindre l'hôtel.
Je monte au resto interne a l'hôtel et discute un moment avec une italienne sympa (lire sympa et jolie) qui me raconte son périple au camp de base de l'Everest, ça a l'air magnifique. Elle aussi va se coucher. Je monte dans ma chambre, il y a trois lits, dont deux filles. Une Suisse et une Philippinaise, qui parlent ensemble en chinois. Du coup on parle anglais. Elles cherchent quelqu'un pour les accompagner au Népal... ça sera pas pour cette année pour moi ! Et puis elles se couchent. C'est une journée pleine d'espoirs qui prend fin... vers minuit.
Lundi 6 août. Lever vers 7h30. Je prends mon temps, puis file a la gare routière. L'objectif du jour : faire un tour a Gyangtse, 120 km au Sud-Est de Shigatse, puis rentrer sur Lhassa. Serre, mais ça se tente. Et surtout, je n'ai pas le droit ! Mon permis m'autorisait a aller a Shigatse (normalement en voyage organise), mais il m'est strictement interdit de mettre un pied a Gyangtse. Pourquoi ? Je sais pas, c'est comme ça. Un minibus me prend, j'arrive là-bas vers 1 Ih. Gyangtse est une petite ville. Je longe la rue principale en baissant les yeux et en accélérant le pas "l'air de rien" des que je vois des flics. Je deviens un peu parano, le coeur qui bat et tout. Ça fait donc ça d'être sans-papiers !
Je me rend le plus vite possible au monastère de Pelkhor Chode (encore un !), l'attraction principale du bled. Une voiture de police est garée sur le coté de l'entrée. Je ne décélère pas, marche d'un pas assure et franchis l'entrée. Je l'ai tellement bien fait que je suis même passe sans faire exprès dans l'enceinte du monastère sans payer le droit d'entrée ! Décidément, je truande sec aujourd'hui. Un groupe de français d'une beauferie indiscutable fait des réflexions aberrantes de bêtise devant moi. Je m'enfuis, dommage, leur guide (au parle français) donnait des infos intéressantes. Grand temple, sympa. Excusez-moi de ne plus m'extasier, je m'en suis farci pas mal ses derniers temps, et pas les pires. Je retrouve mes dieux préfères, on commence vraiment a faire pote. Normal avec le pognon que je leur ai déjà file. A cote, il y a ce qu'on appelle la Stupa aux 10 000 visages. L'édifice renferme pas moins de 108 petites chapelles sur 9 étages ! Dans chaque chapelle, il y a de vieilles peintures murales et de superbes statues, j'en profite pour prendre plein de photos de ces divinités multicolores, multi-bras, multi-visages. Certaines tirent a l'arc, d'autres jouent d'instruments de musique. Du haut de la stupa, on a un superbe panorama de la petite ville (au style tibétain quasi omniprésent a part son allée principale), des champs et des montagnes environnantes. Un peu moins impressionnant toutefois que du haut du vieux fort, le Dzong, ou je me rend ensuite en passant par des petites ruelles pavées tibétaines. J'y croise des dizaines de vaches et de chevaux, ça sent la campagne, les enfants me demandent de les prendre en photo et éclatent de rire en se regardant. Sur la route qui grimpe au Dzong, une jeep de flics passe juste a cote de moi et me reluque, sans s'arrêter. C'est assez stressant. Je profite un peu de la vue, mais prend vite le chemin du retour. Un minibus va partir pour Shigatse. Je rentre dedans, l'un des passagers est un flic. Je lui souris, lui de même, rien de plus. Arrivée à Shigatse vers 16h, je souffle, je suis en règle ici.
Le dernier bus pour Lhassa part a 17h, tout se déroule parfaitement. J'ai le temps de manger un bout. Dans un resto tibétain a cote de la gare routière, je tombe sur une carte avec une ligne "TRIPECURRY". Comme ils font beaucoup de fautes, je me dis que ça doit être un triple curry, le même genre de plat que j'ai mange la veille, c'était bon, je prend ça. Mais non, c'est bien une assiette pleine de tripes qu'on me sert ! C'est visqueux, ça me fais tout de suite moins envie. J'en mange, un peu, puis me rabats sur un bon vieux bol de noodles tibétaines, en fait des momo's a la viande de yak baignes dans un bouillon avec des nouilles de riz. Ça nourrit bien et c'est meilleur, de loin. Le bus part.
Voyage retour extrêmement agréable. Les montagnes défilent dans l'autre sens. Il a plu ce matin et les rapides sont plus furieux encore. L'ambiance est géniale dans, beaucoup de monde chante des "omanipadmeom " en même temps que le poste diffuse la musique tibétaine, tout le monde a le sourire. Je termine "L'insoutenable légèreté de l'être" de Kundera pendant le trajet, alternant des grands moments de réflexion sur l'écrit et des laisser-aller en rêveries au gré des merveilleux paysages et des mélodies euphorisantes. J'adore lire. Je ne lis presque qu'en voyage, que quand je n'ai rien "d'autre à faire". Aux chiottes et dans les transports.
En arrivant a Lhassa, en ayant partage le voyage avec ces gens, et a la vue du Potala, je me dis que, sincèrement, vivre ici ne me déplairait pas. Loin de la. Et le conducteur dépose chaque personne ou elle veut ! Je suis le dernier dans le bus, je lui dis le nom du Kirey Hôtel, pas de soucis, il m'emmené juste devant ! Incroyable. Le Kirey étant complet, l'hôtel d'à cote aussi, celui encore plus loin aussi, etc..,, je finis par me replier sur une petite guest-house perdue dans le quartier du Barkhor, a peine plus chère. Je n'ai pas vraiment de quoi négocier. Je me retrouve dans un dortoir rien qu'a moi. Dodo vers minuit.
Mardi 7 août. Lever a 8h30 (grasse mat' !). Je prend le temps de changer de guest-house (retour au bon vieux Kirey), de prendre une douche, mettre des vêtements a laver (service gratuit !), prendre un aller-retour pour le Nam-Tso Lake demain, acheter un billet d'avion pour Kunming après-demain (c'est ça ou 4 a 5 jours de bus, je décide de me le permettre), poster des cartes postales que Nico m'avait donne a poster il y a une semaine, retirer de l'argent... bref quelques broutilles. En me promenant dans Lhassa, je me rend compte (oui, je suis un peu long a la détente) qu'il n'y a quasiment aucun feu de circulation ! C'est pour ça que c'est un joyeux bordel entre les ricshaws, les piétons, les bus qui s'arrêtent n'importe quand, les bagnoles... moi je trouve ça rigolo. Des gars sont en train de mettre des guirlandes de pub entre chaque lampadaire. Voyant le mot festival, je m'approche... c'est des pubs pour le " Yogurt festival !". Les tibétains, ils sont énormes. Ils osent faire le truc le plus dément du monde : le festival du Yaourt. Je serai déjà parti, vraiment dommage j'aurais aime voir (goûter) ça.
Je grimpe dans un bus en direction du nord de la ville, pour aller visiter le dernier monastère important a rajouter a mon CV, le monastère de Sera. Quelques frites de la rue avalées au passage, et me voila dans l'enceinte, a suivre une grande ruelle ombragée par des arbres denses. Il y a une file immense devant un temple. Je m'apprête a faire la queue quand un jeune couple avec leur très-jeune bébé (sur le dos de la mère) me fait signe de les suivre, genre ya rien à voir ici, nous on va te montrer ce qu'il faut. Je m'exécute. Us me prennent totalement en mains, me disent ou il faut aller, ou ça n'a aucun sens de mettre les pieds. On parcourt les chapelles ensemble, ils sont tous les 2 avec leur pot de beurre de yak liquide qu'ils versent dans toutes les lampes a beurre de toutes les chapelles, consciencieusement. Et puis ils donnent pas mal de pognon aussi. Etrangement, je nie sens plus "vrai pèlerin" avec eux, et je me prête a tous les rituels. Je me fais tamponner le front par un moine avec un bâton relie a une statue, taper le dos avec une grosse pierre noire par un autre, je m'incline devant les trucs importants, pousse dans le dos par un troisième. Au fond d'un temple, un écriteau stipule "interdit aux femmes" a l'entrée d'une chapelle. La jeune mère reste a attendre son mari. Ça me déçoit, premièrement - cette religion ne serait pas plus égalitaire que d'autre ? Je me décide quand même a y jeter un oeil, mais au moment de rentrer 4 moines m'interpellent fortement ! Je me retourne, et la ils prennent un fou rire et me font signe d'avancer ! ! Ça me fait rire aussi, j'ai presque mis du temps a comprendre ce qui se passait. Rien de particulier la dedans au demeurant. Le tour monastique termine, c'est avec regret que je vois partir ce couple attachant. A nouveau seul, je retourne a l'immense queue, un peu moins grande. C'est très long, et c'est en fait uniquement pour avoir le droit de faire une offrande de tissu blanc (payant) a une statue devant un moine qui te bénis pendant que tu pries allonge dessus, un truc comme ça. Bon, mais quand-même, avec toutes les offrandes, toutes les bénédictions, et mon amulette en prime, il est clair qu'il ne peut plus rien m'arriver. Ça fait probablement de moi un semi-Dieu. Le problème c'est qu'on est nombreux dans ce cas ! N'empêche, a force de voir des dieux et autres mystiques te regarder avec des yeux mi-clos ou écarquillés a longueur de journée, il y a de quoi péter un plombs ou faire des cauchemars. Apres celui-là, j'arrête ! A propos de temples, et parce que je n'en ai pas encore parle, sachez que les photos du Dalaï-lama y sont interdites depuis 1995. Il y a des photos de saints, d'autres gars importants de la hiérarchie spirituelle, mais de Dalaï-lama, que dalle.
Allez, je me fais le Kora, bien oblige. Je suis seul, comme a chaque fois. Au dessus du monastère, derrière, un sentier grimpe dans la montagne... allons-y ! Je crapahute un peu et découvre un petit temple cache dans un repli de montagne, avec une belle vue sur Lhassa et le monastère, la classe. Je continue a grimper. Bientôt, le chemin se perd,., avant de carrément disparaître. Je m'efforce de grimper comme je peux, ça devient un peu dur. Arrive en haut, la vue est encore plus belle, mais je n'ai pas la moindre idée de comment redescendre. Il y a sûrement un chemin, je ne le vois pas et je n'ai pas envie de contourner toute la montagne. Du coup je descends "comme je peux". C'est de plus en plus pentu, de plus en plus glissant. De plus en plus dangereux, en vérité. Mon sac est un peu lourd derrière moi et me déséquilibre, je dérape sur des minuscules cailloux qui recouvrent la pierre. Je suis oblige a plusieurs reprises de jeter mon sac un peu plus bas pour le rejoindre en sautant. En fait je suis très con de ne pas avoir cherche plus loin un sentier, maintenant il est trop tard, je commence a avoir peur. Plus bas, des gens passent. Ils me voient, me disent bonjour en riant et disparaissent... je voudrais leur crier de rester ici pour prévenir les secours si je tombe, mais, bêtement, je leur réponds "Tashi Delek !". Soudain j'entends un bruit juste derrière moi... je me retourne, plus rien. Il est quasiment certain que c'était le Yeti, bien sur. Malheureusement je ne pourrai jamais le prouver, j'arrive finalement en bas sain et sauf. Il n'y a plus de doute, je suis bien protège par mon amulette et tout le reste !
Retour en bus au centre-ville. J'arrive au café Internet de l'hôtel, croise Louis et Anne Laure qui sont rentres et réitèrent leur proposition d'aller manger tous ensemble ce soir. Bien sur, avec un grand plaisir. Et ce soir, c'est maintenant.
Mardi 7 août - Lhassa / 20h10
Vendredi 10 août - Mengzi / 13h36
Mardi soir, je retrouve donc la bande des 6 trekeurs au Snowlands hôtel Ils sont en forme, souriants Ça a été dur mais ça en valait la peine, ils ont vu toutes sortes de paysages, de fleurs de montagnes (edelweiss, rhododendrons,...) et se sont régalés. C'est le dernier soir de Laurence et Julie qui prennent le train le lendemain matin, d'où fïesta. On rigole encore beaucoup, les discussions partent dans tous les sens, ça fait super plaisir de les revoir. Je mange un excellent poulet massala a l'indienne, et puis un cheese cake (gâteau au fromage !) qui tue. On va boire un "dernier verre" en bar et on se couche... plus tard que d'habitude, après avoir dit au revoir chaleureusement aux deux "deserteuses".
Mercredi 8 août. J'ai réserve un aller-retour dans la journée au lac Nam-Tso. C'est devenu ces dernières années une véritable attraction touristique. On parle de sa grandeur, de ses eaux turquoises, des sommets enneiges qui l'entourent. Ça n'a pas l'air mal. C'est aussi le plus haut lac de cette taille du monde, a 4800m environ. Ça convint, même. A 7h30, le minibus part. On est 9 a faire le trajet : 1 allemand, 2 français, 1 australien, 2 américains, 2 chinoises, 1 hongrois. Ça discute un peu, moi je suis un peu fatigue de ces discussions qui sonnent comme un concours de celui qui a le plus voyage et vu le plus de trucs incroyables, du coup je me plonge dans Harry Porter, le 3. Ouais je sais, après Kundera, c'est la classe. 4h30 plus tard et après avoir passe un col à 5200m, nous y sommes.
Je me joins a l'autre français, l'allemand et le hongrois pour manger un bout (du riz frit avec des œufs, une valeur sure) et boire du sweet tea (du thé au lait chaud et sucre). Dehors, il ne fait pas beau. Pas de pluie, mais des nuages sombres et bas qui cachent les sommets environnants et rendent les eaux du lac bien ternes. Pas de bol. On gravit quand même une pente pour pouvoir apprécier le lac en hauteur, sur un joli promontoire. C'est vrai qu'il est très grand, il reste impressionnant maigre tout. Et puis on aperçoit un peu de neige, là-bas, entre deux nuages. Allez, c'est joli. Je me marre bien avec le hongrois, un peu cynique, super drôle. A 15h, deux heures et demi seulement après notre arrivée, il est déjà temps de repartir ! 9h de bus dans la journée pour voir un lac sympa... pourquoi pas. Je veux dire, avec du beau temps ça peut valoir le coup ! Retour tranquille, montagnes, vallées, sieste et lecture... Arrivée au Kirey à 19h30.
On s'est donne RV a 20h au Tashi 2 (le bon resto tibétain pas cher dans l'enceinte de l'hôtel) avec les "survivants dutrek". On se retrouve donc avec Lisa, Bruno, Louis et Anne Laure. Les nouvelles ne sont pas fameuses de leur cote : il semblerait que des "mouvements" aient conduits les chinois (les népalais ?) a fermer la frontière entre le Tibet et le Népal, Personne ne sait vraiment ce qu'il se passe, mais ça mine un peu l'ambiance, car tous s'apprêtaient a partir pour le Népal par les terres. Ça ne nous empêche pas de passer un très bon moment. Je mange un bon vieux steak de Yak, un vrai, avec une sauce aux champignons, des frites et du ketchup ! Salvateur. Et puis un autre cheese cake, mais un spécial de la maison... absolument délicieux, avec des petits morceaux d'ananas dessus, rien a voir avec celui de la veille. Ça faisait longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir avec un dessert, c'est un truc de dingue. On termine au bar, a parler musique. Bruno veut monter un café-concert a son retour en Belgique. Les deux écoutent Fake Oddity et trouvent ça très bon. On s'entend bien a des tas de niveaux, c'est super agréable. Mais toute belle rencontre a une fin. On se dit "a bientôt" (il faut toujours y croire) et on va se coucher. Il est minuit et demi.
Jeudi 9 août. Mon vol part de l'aéroport de Lhassa a 1 Ih30. Je dois prendre la navette qui part de la ville a 9h pour être a l'heure là-bas. Mon réveil sonne a 6h50, je voudrais encore faire plein d'achats que je n'ai pas pris le temps de faire jusqu'à présent. Je prépare mes bagages et file du cote du Barkhor. Tous les étals sont encore vides, il est trop tôt. Je fait le tour du Kora. Quelques boutiques finissent par ouvrir, mais je me rend compte au bout de 10 minutes de rude négociation que je n'ai presque plus d'argent liquide ! Je dois retirer (j'espère pouvoir). Je trouve un DAB quelconque et tente un retrait de 2000 Y... c'est trop. 1000 Y... ça rouie. Ça me donne le ticket de retrait, ça prépare l'argent... et puis ça se bloque, ça met "opération cancelled" et la machine ne marche plus... et puis ça met super longtemps avant de me rendre la carte, j'ai bien le temps de me dire "Quel con, me faire aspirer ma carte a îh du départ... !" surtout que la banque ne rouvre qu'a lOh. Ça finit par me la rendre, j'espère au moins ne pas être débite. J'arrête un ricshaw en lui demandant de m'amener a une Bank of China (seule banque ou je n'ai jamais eu de souci). Le souci, c'est qu'elle est loin ! Il pédale jusqu'au quartier chinois, bien a l'ouest, je retire (2000 Y, pas de problème ici), et me remmené au Barkhor. Il est tard, je n'y arriverai jamais. Je cours vers un étal (ils ont finis par s'installer progressivement) et entame un marathon de la négoce duquel je me sors avec les honneurs (enfin je crois). Je cours comme un fou a l'hôtel, récupère mon gros sac, monte dans un taxi en lui disant (comme je peux) de se dépêcher. Me voila a l'airway hôtel, d'où partent les navettes, il est 8h59. Je cours dans la grande cour intérieure, elle est vide. J'aperçois un minibus qui s'apprête à franchir le portail d'entrée, a l'autre bout... je finis par le chopper, c'est bien la "navette de 9h" !
Le vol est à l'heure. C'est avec tristesse que je dis au revoir au Tibet. Je reviendrai ! L'avion survole les montagnes, le peu de nuages laisse apparaître de nombreux sommets enneiges, des lacs de toutes les couleurs (bleus, verts, jaunes - lire boueux), des vallées verdoyantes, de longs cours d'eau sinueux. C'est sublime vu d'ici. L'avion se pose une première fois a Zhongdian, tout au nord du Yunnan, ou j'avais voyage avec Fanling il y a deux ans. Fanling... le but de ma prochaine étape, c'est la revoir. On s'est rate de peu l'été dernier, mais cette fois je passe par le Yunnan, ça serait vraiment dommage de ne pas se croiser. Pour ceux qui ne connaîtraient pas l'histoire de cette rencontre, vous pouvez vous reporter au post d'août 2005 : " La traversée du Yunnan avec Pocahontas" (quelque chose comme ça). On s'est envoyé pas mal de textes depuis le début de mon voyage. Elle voulait retourner a Lijiang (la ville de noue rencontre) avec moi, mais il semble que ses parents aient refuse (elle a 24 ans...). Rien ne semble très simple. Pourtant, j'ai décide d'y aller, de la rejoindre dans sa ville de Mengzi (prononcer "mongdzeu"), tout au sud de la province, a 80 km au nord de la frontière du Vietnam.
L'avion atterrit enfin a Kunming, capitale du Yunnan. Taxi jusqu'à la gare routière. Apres Pékin, c'est la deuxième ville de Chine ou je suis déjà allé. Elle me donne la même impression que la première fois : trop de larges routes, trop de voitures, trop de buildings, l'ambiance y est étouffante. A la gare routière, j'essaye de demander un aller pour Mengzi en m'appliquant sur la prononciation (une autre ville du Yunnan s'appelle Mangshi, je ne veux pas me retrouver a des centaines de km \). Je montre bien la carte en même temps, ça a l'air de rouler. Tl est ! 5h30; un bus part a 16h ! Tout s'emboîte parfaitement. Le minibus part sur une route qui semble entièrement refaite. On traverse des paysages connus... d'abord la foret de pierres de Shilin (des roches karstiques qui s'érigent verticalement par milliers), puis de nombreuses rizières en terrasse. Je refais un peu mon voyage d'il y a deux ans, des tas de souvenirs s1 emmêlent dans ma tête. Je termine le Harry Potter, je le trouve beaucoup mieux que les deux premiers. Le soleil se couche. Dans moins d'une heure, je serais en face de Fanling. J'ai le cœur qui bat, un peu.
Vendredi 11 août - Mengzi / 14h55
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