06 août 2009

Fiesta y Serenidad, Sol y Luna

Jeudi 6 aoûtCopacabana
Fiesta de Copacabana, Serenidad de l'isla del sol, Sol de l'isla del sol, Luna de l'isla de la luna, ou l'inverse, ou les cinq... le mieux est encore de lire les lignes qui suivent !

Mardi 4 août. Le réveil sonne à 6h50. Même pas mal. Après une bonne douche revigorante et un mauvais petit déj (le même que la veille), nous voilà dans le bus, direction le lac Titicaca ! On met 3h pour faire 75 km, entre les embouteillages pour sortit de La Paz et les détours sur chemins cahoteux pour cause de manifestations sur les routes principales (les manifestations sont d’ailleurs super courantes en Bolivie, et le syndicalisme ultra développé et solidaire). Ca nous permet de prendre le temps d’admirer de superbes vues sur La Paz, de rouler au rythme des petits villages traversés, de découvrir les paysages assez arides laissant surgir de hauts sommets enneigés au loin. Et puis, bientôt les immenses eaux du lac.

Vers 11h, le car s’arrête au détroit de Tiquina, que les passagers doivent traverser de leur côté, alors que les cars sont transporté eux-mêmes sur des grands flotteurs. Sur la place, un attroupement de population immobile et costumée attire l’attention. Un type fait un discours au micro, qui à l’air de parler de la révolution, et rappelle les grands principes fédérant le peuple bolivien. De la musique retentit, un défilé semble se préparer. Pendant ce temps un petit bateau nous fait traverser le détroit, et on ne tarde pas à remonter dans notre bus de l’autre côté.

On arrive enfin à Copacabana, vers midi. C’est un village mignon, à taille humaine, entouré de petits sommets et bordé par… la seule plage de Bolivie ! L’endroit est bien sûr très touristique, mais n’en est pas moins charmant. Les touristes sont d’ailleurs en grande partie boliviens, ça change un peu. Les rues comme les places sont là aussi remplis d’étales de tous genre. On sent régner une certaine ferveur religieuse, de nombreux fidèles pratiquants faisant la queue devant la grande cathédrale blanche (type coloniale), et s’affairant à de longs rituels à base de bougies et d’eau bénite. L’électricité pieuse et festive qu’on ressent est en fait directement liée à l’approche du 6 août, jour de l’indépendance, et fête nationale de la Bolivie, et qui draine une immense population à Copacabana, et notamment beaucoup de péruviens. Les hôtels en profitent d’ailleurs pour doubler ou tripler leurs tarifs, moins cool. On trouve quand même une chambre sympa, un peu négociée, pas loin du lac, super lumineuse, vue sur un joli sommet (et sur le lac en allant sur la terrasse et en sautant). Installés, on se retrouve rapidement dans une cour extérieure pour manger un bon almuerzo avec de la truite grillée (spécialité du lac) en plat principal, des baby-foot, un hamac et du Bob Marley à fond. Si ça c’est pas cool.

Après une légère sieste syndicale, on se décide à grimper sur le cerro calvario, le sommet tout proche qui surplombe la ville, le lac et les alentours. Le chemin en pierres qui monte est en fait un véritable pèlerinage, emprunté par des centaines de boliviens. Des vieilles femmes vendent des fœtus de lama, des herbes odorantes, mais aussi nombre d’objets insolites comme des petites maison en plastique, des petites voitures (majorette), des billets de monopoly, des assiettes d’offrandes aux couleurs criardes, des pétards… d’ailleurs ça pète de partout, de plus en plus. Ca sent l’encens, les feuilles brûlées, et ça mitraille de toutes part. On est plus dans une ambiance de liesse populaire que de coin de paradis. Arrivé tout en haut (non sans mal et sans jouer des coudes), il y a une longue file d’attente pour faire ses offrandes à des statues de Jésus, le long d’un chemin de croix. Et puis beaucoup de monde qui ouvre des bières en les secouant pour nourrir la terre de Pachamama. Des petits attroupements musicaux se forment, sons d’accordéons, de guitare, cris de joie (« allegia, allegria ! »), notre père récité par un gars en bonnet péruvien à un couple en devenir qui terminent aspergés de bière… l’ambiance est plutôt géniale en fait, et la vue sur les eaux immenses du lac, sur la ville en contrebas et sur les paysages alentours ne gâche rien. On s’assoie là un moment, au milieu de cette joyeuse pagaille. Une ancienne vient me demander en mariage (enfin je crois). Un médecin de La Paz nous serre la main, nous souhaite la bienvenue, nous pose des questions et nous parle de son pays. Une fillette s’amuse à côté. Un musicien nous recommande son hôtel et chante encore plus fort la joie, avec ses compatriotes ivres, à la santé de Pachamama, ou Jésus, ou peu importe, alors que le soleil décline doucement. Un moment bien étrange et bien agréable. Et puis c’est la redescente.

On se promène un peu sur la plage du lac, fumée d’échappement des bus, maté de coca, jus de poire et coucher de soleil. On a changé tous nos plans pour le lendemain, on fait changer nos billets pour l’Isla del Sol sans problème, en se faisant rembourser ce qu’il faut. Idem pour l’hôtel. Enfin ils nous remboursent une bonne partie de la nuit payée d’avance. Ils en gardent un peu quand même, pas cons. Globalement ils sont quand même arrangeant ces boliviens, et définitivement accueillant. Dîner dans un havre de paix pour touristes, murs en bambous, abat-jours type Ikea aux couleurs de la nation (vert-jaune-rouge), Manu Chao, Alpha Blondy et Bob, encore, en fond sonore. Vert-jaune-rouge ? Allez, encore un petit peu d’écriture avant un bon sommeil.

Mercredi 5 août. On a du mal à dormi, l’un et l’autre. Les fêtes se prolongent toute la nuit, là haut sur la montagne, à grands coups de pétarades, de chants et de cris. On est presque content quand le réveil sonne à 7h, on va pouvoir fuir ! Petit déjeuner dans un petit resto de la rue principale, avec du vrai jus d’oranges pressées (l’hôtel de La Paz servait de l’Oasis) et un vrai expresso (ça change du nescafé).

On embarque dans un petit bateau en direction de l’Isla del Sol. A côté de nous, un groupe de 7 français, 4 gars et 3 filles, la trentaine, qui ont l’air bien de bien se marrer en disant bien des conneries. On se met à discuter avec eux, ils sont vraiment sympas, on tchatche de nos itinéraires, ils nous donnent plein de tuyaux pour profiter au mieux de Cuzco et du Machu Pichu si on souhaite y aller (du coup on y va !). Et puis l’un d’entre eux porte sur lui le T-shirt de la fondation Cowboys Fringants, ça se met à chanter, ça rigole bien.

Arrivée au débarcadère du sud de l’isla del sol. Un escalier interminable conduit au petit village de Yumani, là haut sur la colline. L’escalier s’avère être un escalier inca, de part et d’autre duquel coule la source des incas. Un truc magnifique. Mais on est tellement fatigué de la grimpette qu’on ne capte rien. On croise des dizaines d’ânes remontant des barils d’eau dans les hauteurs de l’ile, et puis un lama, le premier. On s’installe dans le Templo del Sol, un petit hôtel défraichi posé sur une crête, avec une vue imprenable (je n’ai jamais compris cet adjectif) sur les deux versants du lac. Il est tenu par une dame d’une gentillesse qui n’a d’égal que sa douceur, comme toutes les personnes qu’on croise ici d’ailleurs. Plus un bruit, le calme absolu, la sérénidad. Et puis le soleil qui irise les eaux du lac, les petites îles tout autour, les montagnes enneigées à l’horizon. On se repose un petit moment, avant de repartir « faire un tour » de l’île.

Il est midi, Alice commence à avoir faim. Je lui dis : « T’inquiète, j’ai vérifié sur la carte, il y a des restos plus loin sur le chemin qui mène au Nord de l’île, juste après être arrivé en haut de ce sommet ». Elle me crois, bien sûr. Arrivé en haut, crevé, on s’aperçoit que le sentier s’arrête et qu’on est perdu au milieu de secs pâturages (une sorte de maquis). On part dans n’importe quel sens, en essayant de redescendre un peu, parfois en s’accrochant à des pierres. On ne croise personne, à part quelques brebis égarées. On finit par apercevoir un joli chemin bien gros, bien évident, qui passait non pas sur la colline, mais à côté. En le rejoignant, on croise des gars à côté d’une cabane, qui nous demandent de payer un droit d’entrée pour accéder au nord de l’île. On marche déjà depuis 1h30, et on n’a quasiment pas avancé au vue de notre position sur la carte de l’île. On leur demande si on peut manger quelque part, ils nous répondent que non, aucune restauration possible avant le village tout au nord, à part l’achat de biscuit dans des petits cabanons prévus à cet effet. Alice commence à tirer la gueule, je lui explique ce n’est qu’une petite Dead galère, rien d’autre. On achète une petite barre au chocolat, et puis des petites bouteilles d’eau, et puis on repart vers le nord. Le sentier est particulièrement montant et pénible, mais il suit la plupart du temps une crête au centre de l’île et la vue est absolument splendide. Le vent souffle fort mais le soleil cogne, et on n’a ni chapeau ni crème solaire, Alice ayant perdu son « écran total » dans un bus. On est un peu des galériens, là. Après encore 2 bonnes heures de marche harassante, on arrive à la pointe nord de l’île, où on rencontre deux petites filles du coin qui nous expliquent plein de trucs sur les ruines tout autour de nous, à commencer par la table en grosse pierre devant laquelle on s’est assis, qui était une table sacrificielle inca ! Et puis le Titi Khar’ka devant nous, aussi appelé « rocher du Puma », ses yeux, ses oreilles… Un peu plus loin, les ruines de Chincana sont des vestiges archéologiques impressionnant, véritable dédale dans lequelle nous emmène nos deux petites guides ! Elles s’appellent Sandra (9 ans) et Jenina (3 ans !). Pour plus de simplicité, nous l’appellerons Jeannine. Jeannine nous montre un puits dans lequel elle descend un peu pour aller boire à la source, on a peu qu’elle tombe, elle est vraiment petite ! Je fais des photos des deux filles dans les ruines, elles font un peu les belles. On se perd dans les pièces et dans les couloirs à ciel ouvert de ce petit labyrinthe. La vue sur le lac est toujours chanmé, avec le soleil qui fait briller d’avantage l’eau au fur et à mesure qu’il descend. On dit au revoir à Sandra et Jeannine, en leur laissant quelques bolivianos, et puis on repart vers le sud mais plus à l’est, en direction du village Cha’llapampa.

Encore une bonne demi-heure de marche pour y arriver. Il est déjà 16h15, et on commence à être vraiment épuisé, surtout Alice qui a du mal à lever ses jambes à chaque pas. Le retour à pied prendrait encore 2 à 3h de marche jusqu’à l’hôtel, on n’a quasiment rien avalé depuis le petit déj’ et on a pris le soleil en pleine tête toute la journée. On recroise les français du bateau qui se sont installé dans un petit hôtel dans le village, ils nous racontent encore des conneries, ça nous détend. Sur le petit bout de plage, des ânes et des cochons font leur vie. On arrive à l’embarcadère du village, dans l’espoir de prendre un bateau qui nous ramènerait dans le sud par les eaux. Plus de navette publique, par contre il y a déjà trois italiens et une espagnole qui attendent d’être assez nombreux pour partager un bateau privé. A six, ça ne revient plus très cher, on embarque donc tous ensemble. Ouf.

Là-bas, c’est rebelote avec les escaliers. Incas ou pas, ils sont particulièrement longs et pénibles. Arrivé aux premières habitations du village, on cherche immédiatement un petit resto bien mérité, et on se pose sur une terrasse superbe avec une vue sur la petite église du village et la pension tout autour, murs en en pierre et petits clochers en tuile. Le soleil est presque couché derrière nous. Je regarde la petite isla de la luna en face de nous, et lit à Alice ce qu’il en est dit dans le Lonely Planet : « Selon la légende, c’est sur ce paisible îlot entouré d’une eau couleur aigue-marine que Viracocha ordonna à la lune de s’élever dans le ciel ». A ce moment précis, un tout petit éclat blanc sort de derrière une montagne, juste derrière. Puis grossit, forme un demi-cercle, puis rapidement un cercle parfait. C’est bien la pleine lune qui vient de se lever ! J’en profite pour expliquern à Alice que je commande à la lune, je ne suis pas sûr qu’elle me croit. Il fait vite froid, on rentre à l’intérieur pour commander à manger, encore de la soupe au quinoa et petits légumes, et une excellent truite grillée accompagnée de patate, de riz, et de plein d’autres légumes. On mange vers 19h30, alors que j’avais promis à Alice qu’on mangerait avant 13h… pas mal. Ces dîner nous fait un bien fou, mais on est complètement mort, et rouge comme des écrevisses avec ça. Encore un petit effort pour atteindre les hauteurs de l’hôtel, et on se jette au lit. On regarde un petit épisode de Merlin sur l’ordi portable. A la fin de l’épisode, plus de batterie. On s’écroule.

Jeudi 6 août. Mal dormi encore, sans doute l’influence de la pleine lune cette fois ! Mais longtemps. Lever vers 8h, bonne douche (entre froide et tiède, avec une pression pourrie), petit déjeuner à l’hôtel, excellent et très bien servi, avec pain chaud, bonne confiture, œufs, jus d’orange pressé. On est refait. Des français à côté parlent de Cuzco (encore), on discute un peu. Et puis repos. On a décidé d’y aller farniente aujourd’hui, pas de folie. J’écris un peu nos aventures de la veille dans la salle à manger de l’hôtel. Le soleil tape fort sur le lac, comme à son habitude.

On repart nos gros sacs à dos sur les épaules, en direction de la pointe sud de l’île, qui proposerait son lot de ruines incas. C’est à 30 minutes de marche en descendant, rien à voir avec le calvaire de la veille. Par contre on a vraiment ramassé et avec les gros sacs ça n’est pas aussi facile que prévu. A la mi-chemin, je me rends compte que j’ai encore les clés de notre chambre d’hôtel dans la poche ! Alice m’attends un moment pendant que je fais un aller-retour pour les rendre. Encore une connerie.

En bas, au sud, on visite effectivement le Palacio del Inca, un édifice de pierres avec 7 ou 8 pièces, dont la moitié au plafond intact. On a déjà vu plus impressionnant, mais s’imaginer que des incas ont foutus les pieds ici est toujours plutôt cool. On voit un embarcadère, et remonter tout le chemin pour tout redescendre ne nous dit rien. Avec deux autres français de passage, on essaye de négocier qu’un bateau nous transporte jusqu’à Yampupata, sur l’autre rive. Un conducteur de bateau accepte, il nous demande juste d’attendre un moment qu’il ait terminé avec un groupe, qu’ils les emmène à un autre endroit puis qu’il revienne nous chercher tous les quatre. C’est pas donné, mais on négocie un peu le prix et ça roule. Il revient bien nous chercher à l’heure prévue (14h), et on est rapidement de l’autre côté.

Yampupata est un petit village, rien ne s’y passe. On croise un gars, on lui explique qu’on cherche à rejoindre Copacabana, il nous dit de le suivre. Il nous amène à l’autre bout du village, où un pote à lui finalise sa cargaison de farine de poisson dans un pick-up, avec toute sa famille dans la caisse. Pas de problème, on va faire de la place ! Le pote accepte d’enlever deux gros sacs de farines de poissons de derrière pour qu’on ai la place de s’y vautrer. Le pick-up part, on est tous accroché les uns aux autres, et ça pue le poisson. La route est plus une piste terreuse et cahoteuse, on décolle de plusieurs centimètres à chaque bosse et le chauffeur roule comme un malade ! C’est un peu flippant mais les paysages sont top, on a des points de vues énormes sur le lac tout le long du chemin. On fait une quinzaine de km comme ça, et on termine plein de poussière et de terre, mais plutôt content, c'etait bien rigolo.
A Copacabana, c’est la fiesta ! On est en plein 6 août, il y a un monde fou. On zigzague entre les passants avant de tourner dès que possible dans un resto pour manger un bout. Il est déjà 16h. On se régale d’une bonne pizza maison aux poivrons, salami, oignon, et d’un tacos au guacamole avec tout plein de petits légumes croquants dedans. C’est incroyable à quel point tous les produits sont frais ici, on ne mange que des bonnes choses. Même quand la cuisine est simple, les aliments ont tous bon goût. Allez, un petit plataño con leche, ça fait longtemps. Dans une heure et demi, on sera dans un bus couchette pour Cuzco au Pérou ! Ben oui on est comme ça.

Jeudi 6 aoûtCopacabana / 17h11

1 commentaire:

Yvette a dit…

Bonjour,

C'est Jean-Michel et Yvette. On suit votre périple au jour le jour et on s'amuse bien. Surtout qu'on imagine bien Alice en train de "troncher".
A bientôt.
Les Gargot