Le voyage tire déjà a sa fin et je m'envole pour la France dans seulement 3h ! Je suis donc de retour a Hong Kong, la boucle est bouclée. J'avais envie de revenir écrire quelques bouts de voyage ici, dans le même Pacific Cofee ou j'avais commence a donner mes premières impressions. Ça me parait déjà très loin, c'est marrant. Même si l'ensemble du voyage a passe comme une étoile filante. Ce dernier jour a Hong Kong n'aura pas été épargne de galères et d'excellentes surprises, comme s'il fallait absolument garder une densité dans les moments, jusqu'au bout. C'est très bizarre de rentrer, la joie de revoir les gens se mêle a la peur de retomber (trop) soudainement dans des soucis du quotidiens. Mais trêve de blabla, il me faut maintenant revenir sur mon passage de la Chine au Vietnam et sur mon (court) séjour dans le Nord de ce pays. Je me souviens...
Dimanche 21 Août - Dans le bus, au Laos / 13h55
J'avais demandé a Fan de m'attendre a la gare routière de Mendzi, et elle n'y est visiblement pas. Je la cherche en vain dans tout ce qui me parait ressembler a des stations de bus. Elle n'a peut-être pas eu mon mail, a moins qu'elle ait eu un empêchement. J'essaye déjà de me renseigner sur les moyens de parvenir au Vietnam et on me dit d'aller en bus à Hekou, la ville frontalière, en me pressant pour que je monte dans le dit bus en partance. J'ai une fois de + toutes les peines du monde a me faire comprendre et a collecter les informations voulues (car je ne veux pas partir tout de suite), mais finalement un gars appelle sa fille parlant 2 mots d'anglais pour qu'elle nous rejoigne a la station, et ça le fait. C'est éprouvant de passer autant de temps pour avoir des informations si simples ! Il y a en fait des bus pour Hekou toutes les demi-heures et le dernier part a 17h. Je me dirige a pied vers le centre-ville après avoir dépose mon gros sac a la consigne. Cette capitale de district a une tête de petite ville assez "normale", on ne voit aucun building a l'horizon, tout est plutôt tranquille même si le centre semble en pleine activité. Par contre je suis plus que jamais un extra-terrestre dans cet endroit qui n'est conseille par aucun guide ! J'entre dans une salle Internet pour voir si Fan m'a répondu... pas de nouvelle. Je décide d'y passer un peu de temps pour alimenter ericde, dans l'espoir qu'elle finisse par me répondre, et lui envoie un nouveau mail dans lequel je lui dis exactement ou je me trouve. Sans nouvelle de sa part, je préfère prendre le bus de 17h car je n'ai pas du tout la certitude qu'elle me répondra... l'heure approche et toujours rien, je refais un tour en ville, visite un temple assez joli, retourne a la salle... et finis par quitter les lieux vers 16h30, et je monte dans le dernier bus un peu dépite et déçu.
J'arrive à Hekou vers 21 h, crevé de cette longue journée pleine de tumultes, d'attente, d'incompréhensions et de déceptions. Un gars qui a vraiment l'air défoncé a la coke m'alpague dès ma sortie du bus et me répète 10 fois :"How are you ?", "My name is John", "I speak English, Japanese, French", "Do you want to exchange money ?", "I have a cheap hotel for you", "Do you want a bottle of Brandy ?", "My name is John", "Do you have money ?", "I speak English, Japanese, French"... en reniflant et en tremblant ! De toute façon je n'ai pas l'énergie de galérer pour trouver ou dormir, je le suis donc, en lui disant juste : "Cheap room", "I am seek, I want to sleep". Il m'entraine dans un immeuble sans rien marque dessus, me fais monter 3 étages et je me retrouve dans une chambre un peu pourrie mais avec un matelas et un ventilo, le top ! "John" me donne RV le lendemain a 8h pour "m'aider a retirer de l'argent". Il est + que louche mais je le paye pas cher et m'effondre sur le lit. Mon réveil sonne a 7h et je m'éclipse avant le retour de mon pote le tripe. Je rencontre un autre gars qui m'aide a trouver un magasin de CD ou j'achète 2 ou 3 albums, au hasard des pochettes les plus kitsch, et a changer des $ en Dongs Vietnamiens, car les banques sont fermées le Dimanche. Je change 100 $ et il m'entube un peu, c'était quand même le but de la manœuvre (1.400.000 Dongs au lieu de 1.585.000). Je mange aussi une énorme dernière platée de riz chinoise (après 2 jours de diet totale) avant de passer la frontière, en plein centre-ville, qui donne sur le centre-ville de Lao Cai au Vietnam. Je peux le dire fièrement, JE SUIS ARRIVE A PIEDS PAR LA CHINE ! Et ça, ça en marte + d'un. Je fais donc mes adieux à cet incroyable pays (dans lequel j'ai finalement passé 24 jours) pour en embrasser un autre, le VIETNAM.
On sent tout de suite une différence de physionomie entre les 2 peuples. Les Vietnamiens ont les traits plus anguleux et plus lisses et le regard plus vif et pénétrant. Des mes premiers pas, je suis sollicite par des motos-taxis qui crient "Motobike ! Motobike ! Moto !". Un type à un guichet me propose d'aller en bus à Sapa. Ça fait si longtemps que je n'ai pas besoin de galérer pendant des heures pour faire comprendre ma destination que j'accepte immédiatement, j'apprendrai par la suite que j'ai payé 2 fois le prix. Ok, il faut que je passe en "phase Vietnam" : le but n'est plus de se faire comprendre mais de ne pas se faire prendre pour un con ! Le bus part et le voyage me laisse entrevoir de très jolis paysages de montagnes et de rizières comme j'ai déjà pu voir en Chine. Puis je découvre Sapa, village en altitude totalement saturé de touristes occidentaux ! En plus l'alphabet vietnamien est "lisible" contrairement aux idéogrammes chinois, et toutes les inscriptions en façade sont traduites en anglais ou en français (Indochine oblige). Enfin presque tous les habitants parlent ou comprennent des langues que je pratique, sans parler des innombrables touristes. C'est typiquement une atmosphère que j'aurais exécrée en début de voyage, avec ma volonté de dépaysement, mais là je suis trop content ! Après ces quelques jours passés seul, malade, ignoré, incompris... je peux enfin échanger avec qui bon me semble ! Je me sens sans doute un peu comme dans une oasis après la traversée d'un désert. Un lac artificiel a été creusé près du centre-ville, une étrange petite église de vieilles pierres surplombe timidement la grande place du village... ce lieu a beaucoup de cachet. Dimanche est le jour du marché et un flot humain se déverse dans les ruelles, les escaliers et les esplanades, achetant un fruit par là, une grillade par ci, une guimbarde artisanale ici, entre autres spécialités de l'artisanat des Hmong noirs, l'ethnie majoritaire du coin. Cette minorité est vêtue de noir des pieds à la tête, du collant au chapeau. Dans la rue, une odeur de grillade me fait saliver, ça change de la Chine ou les odeurs de friture grasse et de Dim Sum commençaient à m'écœurer. Je me pose pour boire un café : c'est un expresso, un vrai café noir bien tassé ! Je ne sais pas si ça durera mais en cet instant, j'aime le Vietnam. Je trouve sans problème le "Mountain View Hôtel" dans laquelle je m'installe comme prévu dans la chambre n°2. Anne Laure (que j'orthographierai dorénavant Anelor car elle préfère et c'est plus joli et plus court) n'est pas là mais il y a bien ses affaires, je présume qu'elle est partie en balade pour la journée. Tout se goupille pour le mieux, la ville offre des vues précieuses sur les montagnes et il fait beau. Je m'installe dans une des nombreuses salles d'accès à Internet de la ville et découvre... 3 mails de Fan ling ! Elle n'a pas pu arriver à temps au RV et me cherche partout en ville, espérant que j'y suis encore. Elle dit qu'elle est très triste, qu'elle a vraiment envie de me revoir, que je lui manque cruellement... et son premier message est arrivé quelques instants seulement après le départ de mon bus. Je suis très ému par ces mails et dégoûté qu'on se soit raté de si peu. Je peste à haute voix en français (un bon vieux "fais chier, putain !") et me fait repérer par des français qui, après s'être inquiétés de ma situation, me proposent de partir en balade guidée avec eux l'après-midi. J'accepte, bien sûr, même si j'ai du mal à me remettre sur le coup. Je réponds à Fan en lui disant que je suis malheureusement au Vietnam et que mon visa ne m'autorise pas à revenir en Chine. Je suis plus triste que prévu, mais je resterai sur un souvenir d'autant plus fort s'il est emprunt d'un tendre arrière-goût d'inachevé.
C'est un peu calmé que je pars vers 14h en compagnie de 2 couples d'étudiant en médecine parisiens et du guide. La balade n'est pas très longue mais jolie et les français sont sympas. L'une des filles est la cousine de la copine de Thomas Boulard de LUKE, le monde est petit. Le guide est lui aussi amical même si on a du mal à le comprendre. Il m'explique que la couleur bleu indigo est obtenue en laissant tremper des plantes du coin dans de l'eau pendant presque une semaine. On croise aussi de nombreuses plantations de cannabis. Les bâtons de chanvre servant à confectionner des vêtements résistants. On admire aussi de magnifiques cascades, et encore et toujours des rizières en terrasse. En traversant des hameaux, la population locale (dont beaucoup d'enfants) nous sautent dessus pour nous vendre des babioles ou réclamer de l'argent si les gens les prennent en photo. C'est assez désarmant mais je ne sais pas trop quoi en penser, s'il faut rentrer ou non dans leur jeu. Le plus frustrant est qu'il est de l'ordre de l'impossible que d'être vu autrement que comme un acheteur potentiel, un "$ sur pattes". Bien sûr. on est indéniablement plus riches qu'eux, mais y aurait-il une possibilité de rentrer dans une autre sphère de relation, de trouver une alternative de communication ? Après la balade (qu'on renégocie à la baisse vu qu'elle a duré la moitié du temps prévu), je rejoins la chambre n°2 et... c'est Anelor qui m'ouvre ! C'est trop fort de se voir ici. Anelor, c'est une fille que j'ai rencontré cette année dans des concerts, et c'est elle qui m'a donné envie d'acheter mon billet d'avion à force de me raconter ses propres voyages asiatiques en solitaire. On a plein de choses à se raconter et les bulles de récits s'entremêlent. La chambre est top la classe, avec une belle vue et des toilettes intégrés. Anelor me fait rapidement part de son aversion croissante pour le Vietnam du Nord, elle n'en peut littéralement plus de cette faune touristique et de cette pression locale face à laquelle elle ne sais pas non plus quelle attitude adopter. Elle rêve de rejoindre le plus rapidement possible le Laos, pays dans lequel elle a voyagé pendant 2 mois l'an passé et qu'elle adore (et le mot est faible). C'est rigolo car pour l'instant je me sens personnellement super à l'aise ici, mais je peux comprendre qu'après un mois et demi on craque. Mais elle ne me raconte pas que des aspects négatifs, elle me parle aussi des fabuleuses rencontres qu'elle a faites dans le sud du pays et me donne envie de goûter un tas de fruits et de spécialités locales, ce que nous nous empressons de faire en goûtant des (très bons) nems maison et un mélange de légumes aigres-doux dans un resto le soir même. On va ensuite boire un coup (Ti punch, Tequila et cocktails !) avec 2 italiens excellents, un américain et une "je-sais-plus-quoi" (qui étaient tous sur le même bateau qu'Anelor dans la baie d'Along) avant de s'inscrire à un trek pour le lendemain avec notamment un couple de français et 3 espagnols... je présume que ça ne durera pas, mais cette ambiance cosmopolite me fait pour l'instant "kiffer".
Le lendemain nous partons à pieds en début de matinée avec la petite troupe. J'hallucine d'ailleurs vraiment de voir à quel point je n'ai aucune difficulté à me coucher et me lever tôt ici. A noter qu'au Vietnam il est une heure de moins qu'en Chine et que le soleil s'y lève vers 5h30 pour se coucher vers 18h30 ! Du coup les villes se mettent en activité très tôt et les rues sont envahies dès 5-6h. On part donc pour un trek d'une journée. On se retrouve très vite au beau milieu des rizières en terrasses, en zigzaguant entre 2 niveaux sur des petites bandes de terres très étroites. On emprunte aussi de minuscules sentiers caillouteux et on doit rajouter des pierres dans l'eau pour passer des gués. Les paysages sont très beaux et on est en plein cœur de la nature. Il se met à pleuvoir dru, ça devient glissant et on n'est pas loin de plonger dans une rizière, une rivière ou une flaque de boue. Et la pluie redoublant, on accélère, ce qui n'est pas forcément recommandé. On s'en sort les chaussures boueuses et les pieds trempés mais indemnes, ce qui n'est pas loin d'être étonnant. Une éclaircie se pointe, on se pose sous un préau bétonné pour casser la croûte avec les vivres transportés par le guide : pain, fruits (dont un mélange entre une pomme et une poire très rafraichissant), œufs, tomate, et bien sûr... Vache qui rit (la vache la + riche du monde, qui cartonne tout ici) ! Pendant qu'on mange 3 petits garçons jouent dans les flaques d'eau et font les marioles devant 3 filles qui les observent sagement, c'est assez rigolo et ils sont trop forts. On continue la marche avec les montagnes nuageuses en arrière-plan, et les différentes teintes de verts humides étincellent à chaque rayon de soleil. Une nouvelle averse nous oblige à nous réfugier sous un toit boire un thé. Des jeeps nous attendent quelques pas + loin pour nous ramener à Sapa. Elles traversent une rivière sujette à un fort courant et on se la joue "Camel Trophy". La balade aura été agréable, loin des sollicitations à outrance (même si plusieurs jeunes femmes ont quand même essayé de nous vendre des sacoches), et puis j'aurai pu parler espagnol avec mes camarades de marche. Avec Anelor ça se passe super bien, j'ai l'impression qu'on est à peu près dans le même état d'esprit et c'est vraiment un plaisir de l'avoir retrouvé. Le soir, on mange une bonne fondue locale à l'hôtel, avec un réchaud au milieu de la table dans lequel mijote un bouillon aromatisé avec des herbes, des épices et un bâton de citronnelle, dans lequel on rajoute progressivement différentes salades et de la viande de bœuf (ça marche aussi avec d'autres viandes et du poisson). C'est délicieux et ça pète le bide. On s'endort tôt, une fois de plus.
Mardi, on décide de rejoindre Hanoi après avoir fait quelques emplettes au marché. Anelor brûle de rejoindre le Laos (ça devient une obsession !), et je lui dis que je ne suis pas contre l'accompagner (après tout pourquoi pas, et puis elle le vend bien) mais ça m'embête de ne pas aller à la baie d'Along avant. Elle y est déjà allé une semaine auparavant dans le cadre d'un circuit touristique de 2 jours et n'a pas été plus emballée que ça, mais elle accepte d'y retourner avec moi avant d'aller au Laos. Sympa, je tope là ! Je ne sais pas si elle sait à quoi elle s'engage en voyageant avec moi, ni si elle me supportera, mais pour l'instant ça le fait alors allons-y ! Par contre mon "grand voyage au Vietnam" avec mon visa de 3 mois va probablement être réduit à moins d'une semaine. On part en direction de Lao Cai avec un bus à prix "normal", et on se renseigne à la gare : un train de nuit part à 18h pour arriver à la capitale à 4h le matin. On passe l'après-midi entre Internet et un verre de jus de canne à sucre (pressé devant nous) et on entre dans notre compartiment-couchettes les mains pleines de denrées délicieuses à grignoter pour dîner (vache qui rit, knakis et pain). Les couchettes sont (très) dures. Les vietnamiens sont tous endormis dans l'heure du départ, comme des chinois. On passe un bon moment à discuter alors que le train parcoure le Nord-Vietnam en direction d'Hanoï, et j'ai ensuite beaucoup de mal à trouver le sommeil. Je repense à des bribes de mon voyage et à tous ceux qui me sont chers. Le fait d'être loin me fait me rendre compte à quel point certaines relations sont précieuses et fondamentales dans ma vie, je fais le point. D'ailleurs je n'arrête pas de parler d'un tel ou d'une autre à Anelor qui s'y perd un peu et que ça doit saouler, mais ça ne sera pas la première personne que je saoule à raconter ma vie ! Mes pensées vagabondent de personnes en souvenirs, récents et plus lointains, jusqu'à ce que les régulières pulsations du train parviennent à me faire basculer dans le sommeil.
Le train stoppe en gare d'Hanoï sous une pluie qui a reprit du service. Des dizaines de "motodops" nous foncent dessus, la ville bat déjà son plein autour de la gare, à 4h passé de quelques minutes. On attend que la pluie se calme avant de rejoindre le quartier historique à moto et on se pose dans la guest-house qu'Anelor avait quitté quelques jours auparavant, qui a l'avantage d'avoir un ventilateur par lit ! Nos affaires posées et après une bonne douche, on repointe le nez dehors, et je découvre une ville impressionnante. Les routes sont inondées de motos, on ne voit et n'entend que ça, dans tous les sens. Elles manquent toutes les 5 secondes d'avoir un accident mais n'en ont jamais, évitant les piétons au dernier moment et slalomant entre les autres véhicules avec une précision irréelle. On a un peu l'impression d'être dans un plan parallèle où les voitures auraient été remplacées par des motos ! Et puis c'est vraiment un no man's land de règles et les priorités semblent laissées au bon vouloir de chacun. On ne peut pas faire un pas sans être interpellé par un "motobike !", ce qui passe de rigolo à pénible selon le moment dans la journée et le niveau de fatigue et d'acceptation de l'instant. Après avoir visité un petit temple sur les bords du lac jouxtant le vieux Hanoï, on écume la ville à moto (car le chauffeur se perd complètement) pour se rendre à l'ambassade du Laos afin de faire mon visa. Je me rends compte sur place que j'ai laissé mon passeport à l'hôtel ! Nouvel aller-retour motorisé donc, beaucoup plus direct cette fois. Ici on n'a pas envie de s'emmerder, on ne me demande ni photo ni papier à remplir, il suffit de mettre 30 $ sur la table et ça roule, alors que c'est une véritable galère de la France. On se balade ensuite longuement dans le quartier et je découvre des entrelacs de rues à thèmes (instruments de musiques, épices, fruits, tableaux, habits...), pleines de vie. On se glisse entre 2 étales pour rentrer dans un petit temple en pleine cérémonie. Des femmes nous font signe d'enlever nos chaussures et de nous assoir. Un moine en habit effectue des gestes précis, des mouvements un peu arabisants avec les bras, au rythme de mantras chanté par un autre homme et de percussions produites par un mini-orchestre de cymbales bizarres. Comme de nombreuses inscriptions sont en chinois, je crois que c'est une cérémonie liée au confucianisme, religion fondée sur une philosophie morale basée sur la bonté naturelle de l'homme et sa capacité à se perfectionner en respectant 4 préceptes : s'intéresser à toute chose qui existe, pénétrer le secret des choses, avoir des idées nettes et maintenir la pureté du cœur. Il y a plus de femmes que d'hommes dans le lieu et on sent que le moment est partagé avec plus ou moins d'intensité par les fidèles. Certains semblent habités d'une foie inébranlable et suivent les gestes avec beaucoup d'attention, alors que d'autres regardent ailleurs, discutent et boivent du thé (qu'ils nous servent) ! Après 40 minutes de rythmes soporifiques et de sonorités berçantes (provoquant quelques endormissements passagers chez moi), le retour à la furie du centre-Hanoï est une véritable épreuve. On continue à errer dans les petites rues en croisant des dizaines de touristes, des centaines d'étalés en tout genre et des milliers de motos. J'essaye d'appeler le restaurant Van Song à Along, dont le tenancier m'a été chaudement recommandé par les français rencontrés à Sapa pour m'aider à organiser des visites de la baie sortant des sentiers battus. Je tombe sur sa femme qui me dit juste de venir, qu'on verra bien sur place. Le gars de l'agence de laquelle j'ai appelé veut me faire payer 20.000 dongs pour 2 minutes au téléphone, je lui dis que c'est trop, il se casse... je ne comprends rien, du coup je me casse aussi sans payer ! Retour à la guest-house, chaque pas devient une lutte et chaque coup de klaxon une agression (et dans ce cas on est dans la merde à Hanoï). Une bonne sieste sous surveillance rapprochée du ventilateur remet dans des dispositions plus acceptables, même si ma tête dans le cul ne prend que progressivement le large. L'après-midi passe tranquillement et j'en profite pour passer un moment sur Internet et gérer une ou 2 urgences pour Mediatone, avec notamment un mail du Jay fraichement rentré d'Inde qui me conseille plein de trucs à faire au Vietnam... trop tard ! Et puis Anelor est allé chercher mon passeport avec mon visa du Laos, je ne peux plus reculer. Balade nocturne. La ville bouillonne toujours. Je suis en réalité assez mitigé sur cette ambiance, qui est à la fois pleine de vie, de surprises à chaque coin de rues, et épuisante. Les vietnamiens semblent ici majoritairement voués à tirer profit de l'explosant tourisme, et ils le font avec une insistance qui fatigue. J'arrive finalement à joindre Phong, le boss du resto à Along, qui m'explique quel bus local prendre et envoie des gens nous chercher à l'arrivée vers 11h. Le soir on se fait un festin de fruits frais, entiers, en jus ou en milk-shake, en parcourant les rues. Je goûte le très bon fruit du dragon, qui, il est vrai, ressemble à se méprendre à un gros oeuf de dragon, rouge violacé à pointes, et qui est à l'intérieur blanc à points noirs, doux et fondant en bouche. Et puis je goûte en vrac des mangues, des tamarins, des longanes, des ramboutans, des mangoustans, des fruits du Jacquier, de la noix de coco fraiche, du jus d'avocat au citron... un régal, ma préférence allant au mangoustan, qui ressemble extérieurement à une sorte d'aubergine en forme de tomate et qui contient à l'intérieur des quartiers blancs attachés à un noyau central, au goût un peu acidulé et délicieux. De retour à la guest-house, je m'écroule sur mon lit tout habillé et le stylo à la main, et ne me réveille qu'au lendemain !
Le Jeudi, le concept, c'est : "En route pour la baie d'Along". On prend le bus avec 1h de retard ce qui nous fait arriver à midi à Bai Chày (épicentre des départs en bateau), et pourtant 2 personnes à moto nous tendent un papier sur lequel est écrit : "Suivez ces gens... Van Song". Ça doit faire une heure qu'ils nous attendent avec cette mystérieuse invitation ! Au restaurant, le fameux Phong (ou Van Song ?) nous fait signe de nous assoir en attendant que le service se termine car il est très occupé. Il parle parfaitement français, avec un style assez bourru, pas forcément souriant, mais ça lui donne un côté authentique qui me mets paradoxalement en confiance. On en profite pour commander un bon poisson grillé. Dès que le resto commence à se vider, il vient s'assoir avec nous et nous demande notre état d'esprit, ce qu'on veut faire. Il nous détaille toutes les possibilités et, après les avoir pesé, on décide de faire une traversée de la baie dans l'après-midi pour rejoindre l'île de Cat-Ba, de revenir après un moment manger puis dormir sur le bateau, et enfin de faire une grande balade sur la baie le lendemain en se levant aux aurores, sans oublier quelques visites de grottes et de sites pittoresques. Avec un bateau privé et un équipage de 2 personnes, la nourriture, l'eau et la possibilité d'y dormir, ça nous coûte seulement 30 $ chacun, ce qui est vraiment un bon prix (dixit des gens à qui on en a parlé par la suite). Le bateau part rapidement avec nous à bord, et nos 2 compagnons d'équipage sont d'une extrême gentillesse, aux petits soins avec nous, nous proposant sans cesse du thé... même s'ils ne parlent que vietnamien. Le petit bateau s'éloigne progressivement de la ville et atteint le site même en une heure. Le site, c'est des centaines de collines et de petites montagnes plus ou moins abruptes, de toutes formes et à la végétation variée, qui jaillissent de l'eau de partout, comme autant de petites îles. Le bateau se perd entre ces nombreuses étrangetés naturelles, impressionnantes par leur imposance et leur nombre. On peut se perdre pendant des heures dans ce dédale sans en faire le tour, et chaque hauteur semble très différente selon l'angle d'arrivée et l'impact des rayons du soleil. Nous avons beaucoup de chance qu'il fasse si beau, nous avons rencontré des personnes à Hanoï dont la sortie avait été annulé peu de temps avant pour cause de typhon violent ! Perdus au beau milieu de ce splendide nul part, le bateau arrête son moteur pour nous laisser nous imprégner du calme du lieu. Nous sommes seuls sur cette eau entourée de montagnes et j'en profite pour faire un plongeon et nager un peu dans ce paysage, c'est du bonheur. Anelor ne me suit pas, elle n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler une fille aquatique ! Le bateau redémarre et continue son sinueux trajet pendant que je sèche au soleil sur le pont.
On accoste à Cat-Ba vers 18h et on enfourche une moto pour se rendre au sommet de l'île et avoir une vue d'ensemble du site à l'heure du soleil couchant... comme ça ça paraît tentant, malheureusement le conducteur ne comprend pas bien (à moins que ce sommet n'existe pas ?) et il nous emmène à l'entrée d'un parc naturel. On essaye de lui expliquer qu'on veut aller en hauteur, et il finit par nous emmener au seul point de vue sur la mer... qui n'est pas face à la baie d'Along ! C'est malin. Par contre les nuages sont jolis, c'est déjà ça. On embarque dans le bateau vers 19h30 pour repartir en direction du merveilleux no man's land de la baie qui s'obscurcit. Il fait nuit à présent, la pleine lune se lève au dessus d'une colline (!) et baigne la baie d'une apaisante clarté, qui apporte au silence un soupçon d'éternité. Le bateau est arrêté et nos compagnons nous apportent un délicieux repas avec du poisson cuisiné, du riz, une énorme assiette de nems et de l'alcool de riz. Dehors l'eau reflète la vague tâche lumineuse de la lune montante et les contours incertains des montagnes voisines, et on est seuls au milieu, à manger un festin ! Repus, je plonge à nouveau dans l'eau opaque et m'immerge encore davantage dans cette ambiance extraordinaire. Je nage sous l'eau pour mieux ressurgir dans ce spectacle alchimique entre lune, terre et eau. J'ai bien sûr une grande pensée pour Kevin en espérant avoir d'autres occasions de pleines lunes aussi intenses avec lui. Après cette halte du temps, la réalité reprend ses droits, le moteur se réenclenche, et le bateau, qui n'a pas l'autorisation de stationer dans la baie pour la nuit, file en direction du port de Bai Chày. Il pose l'encre pas très loin de la ville et nous nous endormons sur le pont dans ce climat doux. On est plus que satisfaits de la journée et Anelor préfère aussi nettement ces conditions comparé à sa visite précédente.
Le jour commence à peine à pointer son nez qu'on entend déjà le ronronnement du moteur. Une heure de navigation plus tard, on est à nouveau dans la baie d'Along, plus à l'Ouest cette fois. Après une bonne omelette au jambon, une soupe de nouilles et un café en guise de petit déj', on entame cette longue promenade en mer ponctuée de visites. Tout en naviguant, on essaye de reconnaître des formes sur les rochers. On est aider par notre "chauffeur" qui nous montre du doigt certaines particularités naturelles en nous tendant un papier avec tout écrit en français. Le plus rigolo : la tête de François Mitterrand dans la roche ! On visite une grotte qui me fait penser à celle de la flûte de roseaux à Guilin, avec ses formes filandreuses à la Giger et surtout ses éclairages fluos multicolores ! On y est par chance quasiment seuls vu l'heure matinale, du coup c'est quand même mieux. Et puis on a une très belle vue des environs à la sortie de la grotte, en hauteur. L'étape suivante est un îlot dont on peut atteindre le sommet à pieds. On y parvient après une grimpette éreintante mais on ne regrette pas une seconde en découvrant la vue prodigieuse en haut, avec 360° de paysages au plein cœur de la baie. On ne voit pas la fin, des "pains de sucre" surgissent de la mer à perte de vue. Et puis la baie est d'autant plus tranquille aujourd'hui que c'est le jour de la 7ème plaine lune de l'année, jour (férié) des âmes errantes ici. Et quand on sait que c'est du haut de cette montagne qu'a eu lieu une historique rencontre entre De Gaulle et Mao (c'est ce dont je me rappelle, mais est-ce possible ?), ça a encore plus de poids. La curiosité suivante est la grotte du tunnel, qui n'est autre qu'un lac intérieur auquel on accède par un (plus) petit bateau en passant par un tunnel bas. Une légende raconte que c'était la baignoire dans laquelle les fées se baignaient dans les temps anciens... on comprend qu'elles n'y viennent plus vu la poubelle que c'est devenu ! Après cette bonne balade de 6h, le bateau nous ramène petit à petit vers l'embarcadère de départ auquel on arrive un peu après midi. On est bien sûr très heureux et on remercie chaleureusement nos potes d'équipage dont le sourire ne s'est jamais éteint pendant 2 jours. Bon, la baie d'Along... ça c'est fait ! On décide de repartir immédiatement en bus pour Hanoï, dans le but de partir au Laos dès que possible (le soir même ?).
Dès l'arrivée à la capitale, on prend un autre bus local pour se rendre à la petite gare routière qui dessert l'Ouest d'Hanoï, en espérant se rapprocher le plus possible de la frontière. Le bus suivant ne part malheureusement que le lendemain matin à 6h. Sur place, les gens sont super insistants et lourds, ils nous suivent pour qu'on retire de l'argent, veulent nous loger dans tel hôtel... ça nous saoule mais on n'a pas le choix. On se pose donc dans une chambre d'hôtel minuscule, bruyante mais presque gratuite (1 € par personne la nuit !), et on descend pour manger dans une gargote sympa mais qui nous entube encore en nous faisant payer plus cher que les locaux (genre on nous sert dans 3 petites assiettes ce qu'on veut, alors qu'en nous le servant dans une seule grande c'est beaucoup moins cher). Je répète, ça ne me dérange pas tellement de payer plus cher, mais c'est la façon perfide et détournée qu'ils utilisent qui m'agace. Je préfère qu'ils fassent une colonne prix local et une colonne prix étranger ! On va ensuite se siroter de succulents fruit-shakes en terrasse (quand on prend conscience de la saveur des fruits ici, ça devient vite une drogue) en observant le jeu des jeunes femmes coiffées et habillées comme des reines qui se font maladroitement haranguer par des gars sur leurs motos avant de sortir. Un gamin joue à l'épée avec un bâton de canne à sucre. Je brûle de le défier en duel et de refaire Star Wars avec lui, mais il trouve un adversaire à sa mesure, une petite fille qu'il éclate. De retour à la chambre, on discute un peu de l'histoire de ce pays avec Anelor, de la colonisation française à la guerre du Vietnam. On sent que tout ça a laissé quand même beaucoup de traces évidentes, et la réaction des gens n'est certainement pas étrangère à tout cela. J'ai été pour ma part assez effrayé en me replongeant dans l'histoire du colonialisme "à la française", surtout concernant de certaines réactions de fierté tardives et très violentes, quand tout pouvait se régler de façon beaucoup plus pacifique et progressive. Et puis vient la guerre du Vietnam... une boucherie totale et aberrante, 15 millions de tonnes de bombes larguées, 72 millions de litres de produits chimiques déversés (dont le fameux "agent orange"), 4 millions de civils vietnamiens décimés, 150 milliards de $ dépensés... tout ça pour rien, sous couvert de valeurs de "liberté". Non, la lutte pour la domination de l'influence américaine sur le monde n'est pas foireuse que depuis la guerre en Irak. Anelor me montre une brochure qu'elle a ramené du musée de la guerre à Hô Chi Minh-Ville, on y voit notamment une photo où posent 4 soldats américains, dont l'un tient en l'air les 2 têtes fraichement arrachées du corps de soldats vietnamiens, en exhibant un sourire béat. Que peut-il bien passer dans la tête d'un soldat pour considérer des restes humains sanguinolents comme un trophée si glorieux ? Qu'est ce qui est capable de rendre fous les gens au point de prendre un énorme plaisir à torturer pendant des heures un autre être humain, quelles que soit les idées qu'ils défendent ? Bien sûr chaque guerre charrie son lot d'atrocités, et il est sans doute nécessaire de parfois se forcer à se les remémorer pour les combattre avec plus d'ardeur par la suite. Ça donne vraiment l'impression d'un cruel gâchis, et c'est si récent. Et il ne fait nul doute que de telles scènes continuent à parsemer le globe, sans être forcément sous le feu des projecteurs. C'est revigoré par ces belles pensées et ces douces images que je finis par trouver le sommeil, et cris et cendres ne me quittent pas de la nuit.
Le lendemain, ça tambourine à la porte dès 5h20... c'est le chauffeur du bus qui vient nous réveiller ! On s'exécute et s'installe dans le minibus. Le trajet est super inconfortable et on est les uns sur les autres : ils ont quand même réussi l'exploit de faire rentrer 22 personnes dans un bus à 14 places ! Ils sont fous ces viets. Et puis la route est pourrie, du coup on arrive à Môc Châu avec le cul en compote, 4h + tard. A ce moment on est encore plutôt confiant, on ne se doute pas de la journée de merde qui nous tend les bras ! On est tout de suite sollicité par des moto-taxis et on leur dit qu'on veut rejoindre le Laos par la frontière à 20 Km + au sud. On négocie longtemps le prix de la course et on finit par donner les 130.000 dongs qui nous restent en se disant qu'ils ne serviront plus. Après une bonne demi-heure sur des routes de montagne en traversant des petits villages, ma moto s'arrête et me montre une sorte de bureau un peu calme. Anelor arrive à son tour et on essaye de comprendre la situation. Aucune personne en présence (un garde, quelques villageois, nos 2 motodops) ne parle un mot de français ou d'anglais, mais on finit par comprendre que le poste-frontière est fermé aux étrangers depuis toujours. On s'énerve en essayant de dire à nos chauffeurs qu'ils se sont bien foutus de notre gueule, qu'on voulait aller au Laos, pas contempler le Laos à travers un poste-frontière fermé. On leur demande de nous ramener à l'endroit ou ils nous ont pris et de nous rembourser, mais ils n'ont pas l'air de l'entendre de cette oreille. A Môc Châu, ils nous réclament même le double pour avoir fait l'aller-retour ! On refuse de payer et se rend à la petite gare routière suivis des 2 bikers. Là on essaye d'expliquer la situation à d'autres personnes pour qu'ils nous soutiennent, et certains semblent nous donner raison mais ne se mettent pas en 4 pour nous aider. On regarde mieux les cartes et on voit que le poste-frontière que nous savons ouvert est en réalité plus à l'Est et est atteignable en s'arrêtant dans la petite ville de Mai Châu. Un bus en direction d'Hanoï se pointe et on fait mine de se lever, mais les motodops nous en empêchent et continuent à réclamer leur pognon. On a même plus de dongs, il reste juste à Anelor un billet de 10 $ et deux de 1 $. Dépité et pressé, on lui donne 1 $, il s'obstine à tenir mon sac pour m'empêcher d'y aller pendant qu'Anelor tente de faire patienter le bus. Je tire dessus d'un coup très sec, il s'agrippe en rugissant d'un air féroce, je lui répond en criant aussi, avec un regard de haine... c'est pas loin de partir en live. Finalement je lui tends le deuxième billet de 1 $ et en profite pour tirer encore un gros coup sur mon sac qui me revient, et je rejoins vite Anelor dans le bus impatient. Bon, on demande d'être déposé à Mai Châu, ça nous coûte 10 $ (plus qu'à l'aller pour beaucoup moins de Km), et le gars essaye de nous en prendre 13 S en vain. Il réclame ses 3 $ de plus pendant tout le trajet et on essaye de l'ignorer mais c'est épuisant. On se retrouve à un carrefour à quelques Km de la ville en question, à laquelle des motos nous amènent. On découvre qu'il n'y a aucun bus qui aille jusqu'à la frontière, à une centaine de Km au sud. Les motos nous proposent d'y aller pour 20 $ chacun, en prétextant qu'il y a 200 Km à parcourir. Anelor vient de retrouver un billet caché ed 20 $ dans ces affaires ainsi que quelques maigres dongs, mais on n'a pas assez. On cherche une banque pour retirer, mais on est Samedi et tout est fermé jusqu'à Lundi ici. On essaye de trouver un hôtel qui accepterait de nous filer du liquide en échange d'un payement en carte bleue, mais personne ne l'accepte. On a beau faire fonctionner nos neurones, aucune solution ne nous vient... et on n'a d'autre choix que de se faire raccompagner à l'embranchement de la grande route et de prendre un bus pour rentrer sur Hanoï ! Et encore, heureusement qu'Anelor a retrouvé ces billets dans son sac sinon on ne pouvait même pas rentrer. C'est un peu la déprime. On s'est fait trimballer toute la journée dans des bus de merde, on s'est pris la tête avec des gens, on a galère... pour rien. Et on est bloqué par un ridicule problème de liquidité alors qu'on a tous les 2 de l'argent sur nos comptes. C'est quand même une bonne Dead galère. Quand Anelor me dit que c'est la journée la plus lose de tous ses voyages confondus, je me risque à lui expliquer que ce n'est pas mon cas et que voyager avec moi n'est pas dénué de conséquences ! De retour à la charmante gare routière, on repart en direction de notre première guest-house à dos de moto, décidé à prendre un bus le lendemain qui nous emmènerait directement à Vientiane, la capitale du Laos, sans passer par la case galères. Ce trajet en moto est super flippant, je crois mourir plusieurs fois mais je ferme les yeux et reste en vie... des motos arrivent de partout, on zigzague entre les engins, parfois à contresens ! La course est longue et je me rends compte à quel point Hanoï est une grande ville. Arrivé dans le vieux quartier, ma première action est de retirer plein de pognon ! C'est alors qu'Anelor me rejoins et me dit qu'on peut partir dès ce soir par un bus de nuit si on se décide dans l'instant... bingo, allons-y ! Je prends l'argent, paye les tickets, d'autres motos viennent nous chercher pour nous emmener jusqu'au bus en question et on repart dans la jungle chaotique de la circulation. A 19h, on est confortablement assis dans le bus. Cette fois on croise les doigts, on devrait y arriver ! Quand je dis confortablement c'est bien sûr en comparaison avec les minibus du jour, mais pour bien y dormir c'est une autre histoire. On y arrive quand même un peu mais les réveils pour cause de mal de dos ou de fesses ou de pauses nocturnes sont fréquents.
A l'ouverture de la frontière (beaucoup plus au sud que celles qu'on a essayé de franchir la veille), vers 6 ou 7 h du matin, le bus nous fait sortir pour régler les formalités de passage. C'est un peu la cohue mais tout se passe sans anicroche, le visa vietnamien est tamponné USED, on change nos Dongs vietnamiens en Kips Laotien (1 $ = 10.000 Kips), le visa laotien est accepté... Après tant d'effort, le Laos nous tend enfin les bras, et Anelor est tellement heureuse en passant la frontière qu'elle explose de joie en un rire libérateur et se met à tournoyer sous la pluie.
Dimanche 21 Août -Vientiane / 22h40
Dimanche 21 Août - Dans le bus, au Laos / 13h55
J'avais demandé a Fan de m'attendre a la gare routière de Mendzi, et elle n'y est visiblement pas. Je la cherche en vain dans tout ce qui me parait ressembler a des stations de bus. Elle n'a peut-être pas eu mon mail, a moins qu'elle ait eu un empêchement. J'essaye déjà de me renseigner sur les moyens de parvenir au Vietnam et on me dit d'aller en bus à Hekou, la ville frontalière, en me pressant pour que je monte dans le dit bus en partance. J'ai une fois de + toutes les peines du monde a me faire comprendre et a collecter les informations voulues (car je ne veux pas partir tout de suite), mais finalement un gars appelle sa fille parlant 2 mots d'anglais pour qu'elle nous rejoigne a la station, et ça le fait. C'est éprouvant de passer autant de temps pour avoir des informations si simples ! Il y a en fait des bus pour Hekou toutes les demi-heures et le dernier part a 17h. Je me dirige a pied vers le centre-ville après avoir dépose mon gros sac a la consigne. Cette capitale de district a une tête de petite ville assez "normale", on ne voit aucun building a l'horizon, tout est plutôt tranquille même si le centre semble en pleine activité. Par contre je suis plus que jamais un extra-terrestre dans cet endroit qui n'est conseille par aucun guide ! J'entre dans une salle Internet pour voir si Fan m'a répondu... pas de nouvelle. Je décide d'y passer un peu de temps pour alimenter ericde, dans l'espoir qu'elle finisse par me répondre, et lui envoie un nouveau mail dans lequel je lui dis exactement ou je me trouve. Sans nouvelle de sa part, je préfère prendre le bus de 17h car je n'ai pas du tout la certitude qu'elle me répondra... l'heure approche et toujours rien, je refais un tour en ville, visite un temple assez joli, retourne a la salle... et finis par quitter les lieux vers 16h30, et je monte dans le dernier bus un peu dépite et déçu.
J'arrive à Hekou vers 21 h, crevé de cette longue journée pleine de tumultes, d'attente, d'incompréhensions et de déceptions. Un gars qui a vraiment l'air défoncé a la coke m'alpague dès ma sortie du bus et me répète 10 fois :"How are you ?", "My name is John", "I speak English, Japanese, French", "Do you want to exchange money ?", "I have a cheap hotel for you", "Do you want a bottle of Brandy ?", "My name is John", "Do you have money ?", "I speak English, Japanese, French"... en reniflant et en tremblant ! De toute façon je n'ai pas l'énergie de galérer pour trouver ou dormir, je le suis donc, en lui disant juste : "Cheap room", "I am seek, I want to sleep". Il m'entraine dans un immeuble sans rien marque dessus, me fais monter 3 étages et je me retrouve dans une chambre un peu pourrie mais avec un matelas et un ventilo, le top ! "John" me donne RV le lendemain a 8h pour "m'aider a retirer de l'argent". Il est + que louche mais je le paye pas cher et m'effondre sur le lit. Mon réveil sonne a 7h et je m'éclipse avant le retour de mon pote le tripe. Je rencontre un autre gars qui m'aide a trouver un magasin de CD ou j'achète 2 ou 3 albums, au hasard des pochettes les plus kitsch, et a changer des $ en Dongs Vietnamiens, car les banques sont fermées le Dimanche. Je change 100 $ et il m'entube un peu, c'était quand même le but de la manœuvre (1.400.000 Dongs au lieu de 1.585.000). Je mange aussi une énorme dernière platée de riz chinoise (après 2 jours de diet totale) avant de passer la frontière, en plein centre-ville, qui donne sur le centre-ville de Lao Cai au Vietnam. Je peux le dire fièrement, JE SUIS ARRIVE A PIEDS PAR LA CHINE ! Et ça, ça en marte + d'un. Je fais donc mes adieux à cet incroyable pays (dans lequel j'ai finalement passé 24 jours) pour en embrasser un autre, le VIETNAM.
On sent tout de suite une différence de physionomie entre les 2 peuples. Les Vietnamiens ont les traits plus anguleux et plus lisses et le regard plus vif et pénétrant. Des mes premiers pas, je suis sollicite par des motos-taxis qui crient "Motobike ! Motobike ! Moto !". Un type à un guichet me propose d'aller en bus à Sapa. Ça fait si longtemps que je n'ai pas besoin de galérer pendant des heures pour faire comprendre ma destination que j'accepte immédiatement, j'apprendrai par la suite que j'ai payé 2 fois le prix. Ok, il faut que je passe en "phase Vietnam" : le but n'est plus de se faire comprendre mais de ne pas se faire prendre pour un con ! Le bus part et le voyage me laisse entrevoir de très jolis paysages de montagnes et de rizières comme j'ai déjà pu voir en Chine. Puis je découvre Sapa, village en altitude totalement saturé de touristes occidentaux ! En plus l'alphabet vietnamien est "lisible" contrairement aux idéogrammes chinois, et toutes les inscriptions en façade sont traduites en anglais ou en français (Indochine oblige). Enfin presque tous les habitants parlent ou comprennent des langues que je pratique, sans parler des innombrables touristes. C'est typiquement une atmosphère que j'aurais exécrée en début de voyage, avec ma volonté de dépaysement, mais là je suis trop content ! Après ces quelques jours passés seul, malade, ignoré, incompris... je peux enfin échanger avec qui bon me semble ! Je me sens sans doute un peu comme dans une oasis après la traversée d'un désert. Un lac artificiel a été creusé près du centre-ville, une étrange petite église de vieilles pierres surplombe timidement la grande place du village... ce lieu a beaucoup de cachet. Dimanche est le jour du marché et un flot humain se déverse dans les ruelles, les escaliers et les esplanades, achetant un fruit par là, une grillade par ci, une guimbarde artisanale ici, entre autres spécialités de l'artisanat des Hmong noirs, l'ethnie majoritaire du coin. Cette minorité est vêtue de noir des pieds à la tête, du collant au chapeau. Dans la rue, une odeur de grillade me fait saliver, ça change de la Chine ou les odeurs de friture grasse et de Dim Sum commençaient à m'écœurer. Je me pose pour boire un café : c'est un expresso, un vrai café noir bien tassé ! Je ne sais pas si ça durera mais en cet instant, j'aime le Vietnam. Je trouve sans problème le "Mountain View Hôtel" dans laquelle je m'installe comme prévu dans la chambre n°2. Anne Laure (que j'orthographierai dorénavant Anelor car elle préfère et c'est plus joli et plus court) n'est pas là mais il y a bien ses affaires, je présume qu'elle est partie en balade pour la journée. Tout se goupille pour le mieux, la ville offre des vues précieuses sur les montagnes et il fait beau. Je m'installe dans une des nombreuses salles d'accès à Internet de la ville et découvre... 3 mails de Fan ling ! Elle n'a pas pu arriver à temps au RV et me cherche partout en ville, espérant que j'y suis encore. Elle dit qu'elle est très triste, qu'elle a vraiment envie de me revoir, que je lui manque cruellement... et son premier message est arrivé quelques instants seulement après le départ de mon bus. Je suis très ému par ces mails et dégoûté qu'on se soit raté de si peu. Je peste à haute voix en français (un bon vieux "fais chier, putain !") et me fait repérer par des français qui, après s'être inquiétés de ma situation, me proposent de partir en balade guidée avec eux l'après-midi. J'accepte, bien sûr, même si j'ai du mal à me remettre sur le coup. Je réponds à Fan en lui disant que je suis malheureusement au Vietnam et que mon visa ne m'autorise pas à revenir en Chine. Je suis plus triste que prévu, mais je resterai sur un souvenir d'autant plus fort s'il est emprunt d'un tendre arrière-goût d'inachevé.
C'est un peu calmé que je pars vers 14h en compagnie de 2 couples d'étudiant en médecine parisiens et du guide. La balade n'est pas très longue mais jolie et les français sont sympas. L'une des filles est la cousine de la copine de Thomas Boulard de LUKE, le monde est petit. Le guide est lui aussi amical même si on a du mal à le comprendre. Il m'explique que la couleur bleu indigo est obtenue en laissant tremper des plantes du coin dans de l'eau pendant presque une semaine. On croise aussi de nombreuses plantations de cannabis. Les bâtons de chanvre servant à confectionner des vêtements résistants. On admire aussi de magnifiques cascades, et encore et toujours des rizières en terrasse. En traversant des hameaux, la population locale (dont beaucoup d'enfants) nous sautent dessus pour nous vendre des babioles ou réclamer de l'argent si les gens les prennent en photo. C'est assez désarmant mais je ne sais pas trop quoi en penser, s'il faut rentrer ou non dans leur jeu. Le plus frustrant est qu'il est de l'ordre de l'impossible que d'être vu autrement que comme un acheteur potentiel, un "$ sur pattes". Bien sûr. on est indéniablement plus riches qu'eux, mais y aurait-il une possibilité de rentrer dans une autre sphère de relation, de trouver une alternative de communication ? Après la balade (qu'on renégocie à la baisse vu qu'elle a duré la moitié du temps prévu), je rejoins la chambre n°2 et... c'est Anelor qui m'ouvre ! C'est trop fort de se voir ici. Anelor, c'est une fille que j'ai rencontré cette année dans des concerts, et c'est elle qui m'a donné envie d'acheter mon billet d'avion à force de me raconter ses propres voyages asiatiques en solitaire. On a plein de choses à se raconter et les bulles de récits s'entremêlent. La chambre est top la classe, avec une belle vue et des toilettes intégrés. Anelor me fait rapidement part de son aversion croissante pour le Vietnam du Nord, elle n'en peut littéralement plus de cette faune touristique et de cette pression locale face à laquelle elle ne sais pas non plus quelle attitude adopter. Elle rêve de rejoindre le plus rapidement possible le Laos, pays dans lequel elle a voyagé pendant 2 mois l'an passé et qu'elle adore (et le mot est faible). C'est rigolo car pour l'instant je me sens personnellement super à l'aise ici, mais je peux comprendre qu'après un mois et demi on craque. Mais elle ne me raconte pas que des aspects négatifs, elle me parle aussi des fabuleuses rencontres qu'elle a faites dans le sud du pays et me donne envie de goûter un tas de fruits et de spécialités locales, ce que nous nous empressons de faire en goûtant des (très bons) nems maison et un mélange de légumes aigres-doux dans un resto le soir même. On va ensuite boire un coup (Ti punch, Tequila et cocktails !) avec 2 italiens excellents, un américain et une "je-sais-plus-quoi" (qui étaient tous sur le même bateau qu'Anelor dans la baie d'Along) avant de s'inscrire à un trek pour le lendemain avec notamment un couple de français et 3 espagnols... je présume que ça ne durera pas, mais cette ambiance cosmopolite me fait pour l'instant "kiffer".
Le lendemain nous partons à pieds en début de matinée avec la petite troupe. J'hallucine d'ailleurs vraiment de voir à quel point je n'ai aucune difficulté à me coucher et me lever tôt ici. A noter qu'au Vietnam il est une heure de moins qu'en Chine et que le soleil s'y lève vers 5h30 pour se coucher vers 18h30 ! Du coup les villes se mettent en activité très tôt et les rues sont envahies dès 5-6h. On part donc pour un trek d'une journée. On se retrouve très vite au beau milieu des rizières en terrasses, en zigzaguant entre 2 niveaux sur des petites bandes de terres très étroites. On emprunte aussi de minuscules sentiers caillouteux et on doit rajouter des pierres dans l'eau pour passer des gués. Les paysages sont très beaux et on est en plein cœur de la nature. Il se met à pleuvoir dru, ça devient glissant et on n'est pas loin de plonger dans une rizière, une rivière ou une flaque de boue. Et la pluie redoublant, on accélère, ce qui n'est pas forcément recommandé. On s'en sort les chaussures boueuses et les pieds trempés mais indemnes, ce qui n'est pas loin d'être étonnant. Une éclaircie se pointe, on se pose sous un préau bétonné pour casser la croûte avec les vivres transportés par le guide : pain, fruits (dont un mélange entre une pomme et une poire très rafraichissant), œufs, tomate, et bien sûr... Vache qui rit (la vache la + riche du monde, qui cartonne tout ici) ! Pendant qu'on mange 3 petits garçons jouent dans les flaques d'eau et font les marioles devant 3 filles qui les observent sagement, c'est assez rigolo et ils sont trop forts. On continue la marche avec les montagnes nuageuses en arrière-plan, et les différentes teintes de verts humides étincellent à chaque rayon de soleil. Une nouvelle averse nous oblige à nous réfugier sous un toit boire un thé. Des jeeps nous attendent quelques pas + loin pour nous ramener à Sapa. Elles traversent une rivière sujette à un fort courant et on se la joue "Camel Trophy". La balade aura été agréable, loin des sollicitations à outrance (même si plusieurs jeunes femmes ont quand même essayé de nous vendre des sacoches), et puis j'aurai pu parler espagnol avec mes camarades de marche. Avec Anelor ça se passe super bien, j'ai l'impression qu'on est à peu près dans le même état d'esprit et c'est vraiment un plaisir de l'avoir retrouvé. Le soir, on mange une bonne fondue locale à l'hôtel, avec un réchaud au milieu de la table dans lequel mijote un bouillon aromatisé avec des herbes, des épices et un bâton de citronnelle, dans lequel on rajoute progressivement différentes salades et de la viande de bœuf (ça marche aussi avec d'autres viandes et du poisson). C'est délicieux et ça pète le bide. On s'endort tôt, une fois de plus.
Mardi, on décide de rejoindre Hanoi après avoir fait quelques emplettes au marché. Anelor brûle de rejoindre le Laos (ça devient une obsession !), et je lui dis que je ne suis pas contre l'accompagner (après tout pourquoi pas, et puis elle le vend bien) mais ça m'embête de ne pas aller à la baie d'Along avant. Elle y est déjà allé une semaine auparavant dans le cadre d'un circuit touristique de 2 jours et n'a pas été plus emballée que ça, mais elle accepte d'y retourner avec moi avant d'aller au Laos. Sympa, je tope là ! Je ne sais pas si elle sait à quoi elle s'engage en voyageant avec moi, ni si elle me supportera, mais pour l'instant ça le fait alors allons-y ! Par contre mon "grand voyage au Vietnam" avec mon visa de 3 mois va probablement être réduit à moins d'une semaine. On part en direction de Lao Cai avec un bus à prix "normal", et on se renseigne à la gare : un train de nuit part à 18h pour arriver à la capitale à 4h le matin. On passe l'après-midi entre Internet et un verre de jus de canne à sucre (pressé devant nous) et on entre dans notre compartiment-couchettes les mains pleines de denrées délicieuses à grignoter pour dîner (vache qui rit, knakis et pain). Les couchettes sont (très) dures. Les vietnamiens sont tous endormis dans l'heure du départ, comme des chinois. On passe un bon moment à discuter alors que le train parcoure le Nord-Vietnam en direction d'Hanoï, et j'ai ensuite beaucoup de mal à trouver le sommeil. Je repense à des bribes de mon voyage et à tous ceux qui me sont chers. Le fait d'être loin me fait me rendre compte à quel point certaines relations sont précieuses et fondamentales dans ma vie, je fais le point. D'ailleurs je n'arrête pas de parler d'un tel ou d'une autre à Anelor qui s'y perd un peu et que ça doit saouler, mais ça ne sera pas la première personne que je saoule à raconter ma vie ! Mes pensées vagabondent de personnes en souvenirs, récents et plus lointains, jusqu'à ce que les régulières pulsations du train parviennent à me faire basculer dans le sommeil.
Le train stoppe en gare d'Hanoï sous une pluie qui a reprit du service. Des dizaines de "motodops" nous foncent dessus, la ville bat déjà son plein autour de la gare, à 4h passé de quelques minutes. On attend que la pluie se calme avant de rejoindre le quartier historique à moto et on se pose dans la guest-house qu'Anelor avait quitté quelques jours auparavant, qui a l'avantage d'avoir un ventilateur par lit ! Nos affaires posées et après une bonne douche, on repointe le nez dehors, et je découvre une ville impressionnante. Les routes sont inondées de motos, on ne voit et n'entend que ça, dans tous les sens. Elles manquent toutes les 5 secondes d'avoir un accident mais n'en ont jamais, évitant les piétons au dernier moment et slalomant entre les autres véhicules avec une précision irréelle. On a un peu l'impression d'être dans un plan parallèle où les voitures auraient été remplacées par des motos ! Et puis c'est vraiment un no man's land de règles et les priorités semblent laissées au bon vouloir de chacun. On ne peut pas faire un pas sans être interpellé par un "motobike !", ce qui passe de rigolo à pénible selon le moment dans la journée et le niveau de fatigue et d'acceptation de l'instant. Après avoir visité un petit temple sur les bords du lac jouxtant le vieux Hanoï, on écume la ville à moto (car le chauffeur se perd complètement) pour se rendre à l'ambassade du Laos afin de faire mon visa. Je me rends compte sur place que j'ai laissé mon passeport à l'hôtel ! Nouvel aller-retour motorisé donc, beaucoup plus direct cette fois. Ici on n'a pas envie de s'emmerder, on ne me demande ni photo ni papier à remplir, il suffit de mettre 30 $ sur la table et ça roule, alors que c'est une véritable galère de la France. On se balade ensuite longuement dans le quartier et je découvre des entrelacs de rues à thèmes (instruments de musiques, épices, fruits, tableaux, habits...), pleines de vie. On se glisse entre 2 étales pour rentrer dans un petit temple en pleine cérémonie. Des femmes nous font signe d'enlever nos chaussures et de nous assoir. Un moine en habit effectue des gestes précis, des mouvements un peu arabisants avec les bras, au rythme de mantras chanté par un autre homme et de percussions produites par un mini-orchestre de cymbales bizarres. Comme de nombreuses inscriptions sont en chinois, je crois que c'est une cérémonie liée au confucianisme, religion fondée sur une philosophie morale basée sur la bonté naturelle de l'homme et sa capacité à se perfectionner en respectant 4 préceptes : s'intéresser à toute chose qui existe, pénétrer le secret des choses, avoir des idées nettes et maintenir la pureté du cœur. Il y a plus de femmes que d'hommes dans le lieu et on sent que le moment est partagé avec plus ou moins d'intensité par les fidèles. Certains semblent habités d'une foie inébranlable et suivent les gestes avec beaucoup d'attention, alors que d'autres regardent ailleurs, discutent et boivent du thé (qu'ils nous servent) ! Après 40 minutes de rythmes soporifiques et de sonorités berçantes (provoquant quelques endormissements passagers chez moi), le retour à la furie du centre-Hanoï est une véritable épreuve. On continue à errer dans les petites rues en croisant des dizaines de touristes, des centaines d'étalés en tout genre et des milliers de motos. J'essaye d'appeler le restaurant Van Song à Along, dont le tenancier m'a été chaudement recommandé par les français rencontrés à Sapa pour m'aider à organiser des visites de la baie sortant des sentiers battus. Je tombe sur sa femme qui me dit juste de venir, qu'on verra bien sur place. Le gars de l'agence de laquelle j'ai appelé veut me faire payer 20.000 dongs pour 2 minutes au téléphone, je lui dis que c'est trop, il se casse... je ne comprends rien, du coup je me casse aussi sans payer ! Retour à la guest-house, chaque pas devient une lutte et chaque coup de klaxon une agression (et dans ce cas on est dans la merde à Hanoï). Une bonne sieste sous surveillance rapprochée du ventilateur remet dans des dispositions plus acceptables, même si ma tête dans le cul ne prend que progressivement le large. L'après-midi passe tranquillement et j'en profite pour passer un moment sur Internet et gérer une ou 2 urgences pour Mediatone, avec notamment un mail du Jay fraichement rentré d'Inde qui me conseille plein de trucs à faire au Vietnam... trop tard ! Et puis Anelor est allé chercher mon passeport avec mon visa du Laos, je ne peux plus reculer. Balade nocturne. La ville bouillonne toujours. Je suis en réalité assez mitigé sur cette ambiance, qui est à la fois pleine de vie, de surprises à chaque coin de rues, et épuisante. Les vietnamiens semblent ici majoritairement voués à tirer profit de l'explosant tourisme, et ils le font avec une insistance qui fatigue. J'arrive finalement à joindre Phong, le boss du resto à Along, qui m'explique quel bus local prendre et envoie des gens nous chercher à l'arrivée vers 11h. Le soir on se fait un festin de fruits frais, entiers, en jus ou en milk-shake, en parcourant les rues. Je goûte le très bon fruit du dragon, qui, il est vrai, ressemble à se méprendre à un gros oeuf de dragon, rouge violacé à pointes, et qui est à l'intérieur blanc à points noirs, doux et fondant en bouche. Et puis je goûte en vrac des mangues, des tamarins, des longanes, des ramboutans, des mangoustans, des fruits du Jacquier, de la noix de coco fraiche, du jus d'avocat au citron... un régal, ma préférence allant au mangoustan, qui ressemble extérieurement à une sorte d'aubergine en forme de tomate et qui contient à l'intérieur des quartiers blancs attachés à un noyau central, au goût un peu acidulé et délicieux. De retour à la guest-house, je m'écroule sur mon lit tout habillé et le stylo à la main, et ne me réveille qu'au lendemain !
Le Jeudi, le concept, c'est : "En route pour la baie d'Along". On prend le bus avec 1h de retard ce qui nous fait arriver à midi à Bai Chày (épicentre des départs en bateau), et pourtant 2 personnes à moto nous tendent un papier sur lequel est écrit : "Suivez ces gens... Van Song". Ça doit faire une heure qu'ils nous attendent avec cette mystérieuse invitation ! Au restaurant, le fameux Phong (ou Van Song ?) nous fait signe de nous assoir en attendant que le service se termine car il est très occupé. Il parle parfaitement français, avec un style assez bourru, pas forcément souriant, mais ça lui donne un côté authentique qui me mets paradoxalement en confiance. On en profite pour commander un bon poisson grillé. Dès que le resto commence à se vider, il vient s'assoir avec nous et nous demande notre état d'esprit, ce qu'on veut faire. Il nous détaille toutes les possibilités et, après les avoir pesé, on décide de faire une traversée de la baie dans l'après-midi pour rejoindre l'île de Cat-Ba, de revenir après un moment manger puis dormir sur le bateau, et enfin de faire une grande balade sur la baie le lendemain en se levant aux aurores, sans oublier quelques visites de grottes et de sites pittoresques. Avec un bateau privé et un équipage de 2 personnes, la nourriture, l'eau et la possibilité d'y dormir, ça nous coûte seulement 30 $ chacun, ce qui est vraiment un bon prix (dixit des gens à qui on en a parlé par la suite). Le bateau part rapidement avec nous à bord, et nos 2 compagnons d'équipage sont d'une extrême gentillesse, aux petits soins avec nous, nous proposant sans cesse du thé... même s'ils ne parlent que vietnamien. Le petit bateau s'éloigne progressivement de la ville et atteint le site même en une heure. Le site, c'est des centaines de collines et de petites montagnes plus ou moins abruptes, de toutes formes et à la végétation variée, qui jaillissent de l'eau de partout, comme autant de petites îles. Le bateau se perd entre ces nombreuses étrangetés naturelles, impressionnantes par leur imposance et leur nombre. On peut se perdre pendant des heures dans ce dédale sans en faire le tour, et chaque hauteur semble très différente selon l'angle d'arrivée et l'impact des rayons du soleil. Nous avons beaucoup de chance qu'il fasse si beau, nous avons rencontré des personnes à Hanoï dont la sortie avait été annulé peu de temps avant pour cause de typhon violent ! Perdus au beau milieu de ce splendide nul part, le bateau arrête son moteur pour nous laisser nous imprégner du calme du lieu. Nous sommes seuls sur cette eau entourée de montagnes et j'en profite pour faire un plongeon et nager un peu dans ce paysage, c'est du bonheur. Anelor ne me suit pas, elle n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler une fille aquatique ! Le bateau redémarre et continue son sinueux trajet pendant que je sèche au soleil sur le pont.
On accoste à Cat-Ba vers 18h et on enfourche une moto pour se rendre au sommet de l'île et avoir une vue d'ensemble du site à l'heure du soleil couchant... comme ça ça paraît tentant, malheureusement le conducteur ne comprend pas bien (à moins que ce sommet n'existe pas ?) et il nous emmène à l'entrée d'un parc naturel. On essaye de lui expliquer qu'on veut aller en hauteur, et il finit par nous emmener au seul point de vue sur la mer... qui n'est pas face à la baie d'Along ! C'est malin. Par contre les nuages sont jolis, c'est déjà ça. On embarque dans le bateau vers 19h30 pour repartir en direction du merveilleux no man's land de la baie qui s'obscurcit. Il fait nuit à présent, la pleine lune se lève au dessus d'une colline (!) et baigne la baie d'une apaisante clarté, qui apporte au silence un soupçon d'éternité. Le bateau est arrêté et nos compagnons nous apportent un délicieux repas avec du poisson cuisiné, du riz, une énorme assiette de nems et de l'alcool de riz. Dehors l'eau reflète la vague tâche lumineuse de la lune montante et les contours incertains des montagnes voisines, et on est seuls au milieu, à manger un festin ! Repus, je plonge à nouveau dans l'eau opaque et m'immerge encore davantage dans cette ambiance extraordinaire. Je nage sous l'eau pour mieux ressurgir dans ce spectacle alchimique entre lune, terre et eau. J'ai bien sûr une grande pensée pour Kevin en espérant avoir d'autres occasions de pleines lunes aussi intenses avec lui. Après cette halte du temps, la réalité reprend ses droits, le moteur se réenclenche, et le bateau, qui n'a pas l'autorisation de stationer dans la baie pour la nuit, file en direction du port de Bai Chày. Il pose l'encre pas très loin de la ville et nous nous endormons sur le pont dans ce climat doux. On est plus que satisfaits de la journée et Anelor préfère aussi nettement ces conditions comparé à sa visite précédente.
Le jour commence à peine à pointer son nez qu'on entend déjà le ronronnement du moteur. Une heure de navigation plus tard, on est à nouveau dans la baie d'Along, plus à l'Ouest cette fois. Après une bonne omelette au jambon, une soupe de nouilles et un café en guise de petit déj', on entame cette longue promenade en mer ponctuée de visites. Tout en naviguant, on essaye de reconnaître des formes sur les rochers. On est aider par notre "chauffeur" qui nous montre du doigt certaines particularités naturelles en nous tendant un papier avec tout écrit en français. Le plus rigolo : la tête de François Mitterrand dans la roche ! On visite une grotte qui me fait penser à celle de la flûte de roseaux à Guilin, avec ses formes filandreuses à la Giger et surtout ses éclairages fluos multicolores ! On y est par chance quasiment seuls vu l'heure matinale, du coup c'est quand même mieux. Et puis on a une très belle vue des environs à la sortie de la grotte, en hauteur. L'étape suivante est un îlot dont on peut atteindre le sommet à pieds. On y parvient après une grimpette éreintante mais on ne regrette pas une seconde en découvrant la vue prodigieuse en haut, avec 360° de paysages au plein cœur de la baie. On ne voit pas la fin, des "pains de sucre" surgissent de la mer à perte de vue. Et puis la baie est d'autant plus tranquille aujourd'hui que c'est le jour de la 7ème plaine lune de l'année, jour (férié) des âmes errantes ici. Et quand on sait que c'est du haut de cette montagne qu'a eu lieu une historique rencontre entre De Gaulle et Mao (c'est ce dont je me rappelle, mais est-ce possible ?), ça a encore plus de poids. La curiosité suivante est la grotte du tunnel, qui n'est autre qu'un lac intérieur auquel on accède par un (plus) petit bateau en passant par un tunnel bas. Une légende raconte que c'était la baignoire dans laquelle les fées se baignaient dans les temps anciens... on comprend qu'elles n'y viennent plus vu la poubelle que c'est devenu ! Après cette bonne balade de 6h, le bateau nous ramène petit à petit vers l'embarcadère de départ auquel on arrive un peu après midi. On est bien sûr très heureux et on remercie chaleureusement nos potes d'équipage dont le sourire ne s'est jamais éteint pendant 2 jours. Bon, la baie d'Along... ça c'est fait ! On décide de repartir immédiatement en bus pour Hanoï, dans le but de partir au Laos dès que possible (le soir même ?).
Dès l'arrivée à la capitale, on prend un autre bus local pour se rendre à la petite gare routière qui dessert l'Ouest d'Hanoï, en espérant se rapprocher le plus possible de la frontière. Le bus suivant ne part malheureusement que le lendemain matin à 6h. Sur place, les gens sont super insistants et lourds, ils nous suivent pour qu'on retire de l'argent, veulent nous loger dans tel hôtel... ça nous saoule mais on n'a pas le choix. On se pose donc dans une chambre d'hôtel minuscule, bruyante mais presque gratuite (1 € par personne la nuit !), et on descend pour manger dans une gargote sympa mais qui nous entube encore en nous faisant payer plus cher que les locaux (genre on nous sert dans 3 petites assiettes ce qu'on veut, alors qu'en nous le servant dans une seule grande c'est beaucoup moins cher). Je répète, ça ne me dérange pas tellement de payer plus cher, mais c'est la façon perfide et détournée qu'ils utilisent qui m'agace. Je préfère qu'ils fassent une colonne prix local et une colonne prix étranger ! On va ensuite se siroter de succulents fruit-shakes en terrasse (quand on prend conscience de la saveur des fruits ici, ça devient vite une drogue) en observant le jeu des jeunes femmes coiffées et habillées comme des reines qui se font maladroitement haranguer par des gars sur leurs motos avant de sortir. Un gamin joue à l'épée avec un bâton de canne à sucre. Je brûle de le défier en duel et de refaire Star Wars avec lui, mais il trouve un adversaire à sa mesure, une petite fille qu'il éclate. De retour à la chambre, on discute un peu de l'histoire de ce pays avec Anelor, de la colonisation française à la guerre du Vietnam. On sent que tout ça a laissé quand même beaucoup de traces évidentes, et la réaction des gens n'est certainement pas étrangère à tout cela. J'ai été pour ma part assez effrayé en me replongeant dans l'histoire du colonialisme "à la française", surtout concernant de certaines réactions de fierté tardives et très violentes, quand tout pouvait se régler de façon beaucoup plus pacifique et progressive. Et puis vient la guerre du Vietnam... une boucherie totale et aberrante, 15 millions de tonnes de bombes larguées, 72 millions de litres de produits chimiques déversés (dont le fameux "agent orange"), 4 millions de civils vietnamiens décimés, 150 milliards de $ dépensés... tout ça pour rien, sous couvert de valeurs de "liberté". Non, la lutte pour la domination de l'influence américaine sur le monde n'est pas foireuse que depuis la guerre en Irak. Anelor me montre une brochure qu'elle a ramené du musée de la guerre à Hô Chi Minh-Ville, on y voit notamment une photo où posent 4 soldats américains, dont l'un tient en l'air les 2 têtes fraichement arrachées du corps de soldats vietnamiens, en exhibant un sourire béat. Que peut-il bien passer dans la tête d'un soldat pour considérer des restes humains sanguinolents comme un trophée si glorieux ? Qu'est ce qui est capable de rendre fous les gens au point de prendre un énorme plaisir à torturer pendant des heures un autre être humain, quelles que soit les idées qu'ils défendent ? Bien sûr chaque guerre charrie son lot d'atrocités, et il est sans doute nécessaire de parfois se forcer à se les remémorer pour les combattre avec plus d'ardeur par la suite. Ça donne vraiment l'impression d'un cruel gâchis, et c'est si récent. Et il ne fait nul doute que de telles scènes continuent à parsemer le globe, sans être forcément sous le feu des projecteurs. C'est revigoré par ces belles pensées et ces douces images que je finis par trouver le sommeil, et cris et cendres ne me quittent pas de la nuit.
Le lendemain, ça tambourine à la porte dès 5h20... c'est le chauffeur du bus qui vient nous réveiller ! On s'exécute et s'installe dans le minibus. Le trajet est super inconfortable et on est les uns sur les autres : ils ont quand même réussi l'exploit de faire rentrer 22 personnes dans un bus à 14 places ! Ils sont fous ces viets. Et puis la route est pourrie, du coup on arrive à Môc Châu avec le cul en compote, 4h + tard. A ce moment on est encore plutôt confiant, on ne se doute pas de la journée de merde qui nous tend les bras ! On est tout de suite sollicité par des moto-taxis et on leur dit qu'on veut rejoindre le Laos par la frontière à 20 Km + au sud. On négocie longtemps le prix de la course et on finit par donner les 130.000 dongs qui nous restent en se disant qu'ils ne serviront plus. Après une bonne demi-heure sur des routes de montagne en traversant des petits villages, ma moto s'arrête et me montre une sorte de bureau un peu calme. Anelor arrive à son tour et on essaye de comprendre la situation. Aucune personne en présence (un garde, quelques villageois, nos 2 motodops) ne parle un mot de français ou d'anglais, mais on finit par comprendre que le poste-frontière est fermé aux étrangers depuis toujours. On s'énerve en essayant de dire à nos chauffeurs qu'ils se sont bien foutus de notre gueule, qu'on voulait aller au Laos, pas contempler le Laos à travers un poste-frontière fermé. On leur demande de nous ramener à l'endroit ou ils nous ont pris et de nous rembourser, mais ils n'ont pas l'air de l'entendre de cette oreille. A Môc Châu, ils nous réclament même le double pour avoir fait l'aller-retour ! On refuse de payer et se rend à la petite gare routière suivis des 2 bikers. Là on essaye d'expliquer la situation à d'autres personnes pour qu'ils nous soutiennent, et certains semblent nous donner raison mais ne se mettent pas en 4 pour nous aider. On regarde mieux les cartes et on voit que le poste-frontière que nous savons ouvert est en réalité plus à l'Est et est atteignable en s'arrêtant dans la petite ville de Mai Châu. Un bus en direction d'Hanoï se pointe et on fait mine de se lever, mais les motodops nous en empêchent et continuent à réclamer leur pognon. On a même plus de dongs, il reste juste à Anelor un billet de 10 $ et deux de 1 $. Dépité et pressé, on lui donne 1 $, il s'obstine à tenir mon sac pour m'empêcher d'y aller pendant qu'Anelor tente de faire patienter le bus. Je tire dessus d'un coup très sec, il s'agrippe en rugissant d'un air féroce, je lui répond en criant aussi, avec un regard de haine... c'est pas loin de partir en live. Finalement je lui tends le deuxième billet de 1 $ et en profite pour tirer encore un gros coup sur mon sac qui me revient, et je rejoins vite Anelor dans le bus impatient. Bon, on demande d'être déposé à Mai Châu, ça nous coûte 10 $ (plus qu'à l'aller pour beaucoup moins de Km), et le gars essaye de nous en prendre 13 S en vain. Il réclame ses 3 $ de plus pendant tout le trajet et on essaye de l'ignorer mais c'est épuisant. On se retrouve à un carrefour à quelques Km de la ville en question, à laquelle des motos nous amènent. On découvre qu'il n'y a aucun bus qui aille jusqu'à la frontière, à une centaine de Km au sud. Les motos nous proposent d'y aller pour 20 $ chacun, en prétextant qu'il y a 200 Km à parcourir. Anelor vient de retrouver un billet caché ed 20 $ dans ces affaires ainsi que quelques maigres dongs, mais on n'a pas assez. On cherche une banque pour retirer, mais on est Samedi et tout est fermé jusqu'à Lundi ici. On essaye de trouver un hôtel qui accepterait de nous filer du liquide en échange d'un payement en carte bleue, mais personne ne l'accepte. On a beau faire fonctionner nos neurones, aucune solution ne nous vient... et on n'a d'autre choix que de se faire raccompagner à l'embranchement de la grande route et de prendre un bus pour rentrer sur Hanoï ! Et encore, heureusement qu'Anelor a retrouvé ces billets dans son sac sinon on ne pouvait même pas rentrer. C'est un peu la déprime. On s'est fait trimballer toute la journée dans des bus de merde, on s'est pris la tête avec des gens, on a galère... pour rien. Et on est bloqué par un ridicule problème de liquidité alors qu'on a tous les 2 de l'argent sur nos comptes. C'est quand même une bonne Dead galère. Quand Anelor me dit que c'est la journée la plus lose de tous ses voyages confondus, je me risque à lui expliquer que ce n'est pas mon cas et que voyager avec moi n'est pas dénué de conséquences ! De retour à la charmante gare routière, on repart en direction de notre première guest-house à dos de moto, décidé à prendre un bus le lendemain qui nous emmènerait directement à Vientiane, la capitale du Laos, sans passer par la case galères. Ce trajet en moto est super flippant, je crois mourir plusieurs fois mais je ferme les yeux et reste en vie... des motos arrivent de partout, on zigzague entre les engins, parfois à contresens ! La course est longue et je me rends compte à quel point Hanoï est une grande ville. Arrivé dans le vieux quartier, ma première action est de retirer plein de pognon ! C'est alors qu'Anelor me rejoins et me dit qu'on peut partir dès ce soir par un bus de nuit si on se décide dans l'instant... bingo, allons-y ! Je prends l'argent, paye les tickets, d'autres motos viennent nous chercher pour nous emmener jusqu'au bus en question et on repart dans la jungle chaotique de la circulation. A 19h, on est confortablement assis dans le bus. Cette fois on croise les doigts, on devrait y arriver ! Quand je dis confortablement c'est bien sûr en comparaison avec les minibus du jour, mais pour bien y dormir c'est une autre histoire. On y arrive quand même un peu mais les réveils pour cause de mal de dos ou de fesses ou de pauses nocturnes sont fréquents.
A l'ouverture de la frontière (beaucoup plus au sud que celles qu'on a essayé de franchir la veille), vers 6 ou 7 h du matin, le bus nous fait sortir pour régler les formalités de passage. C'est un peu la cohue mais tout se passe sans anicroche, le visa vietnamien est tamponné USED, on change nos Dongs vietnamiens en Kips Laotien (1 $ = 10.000 Kips), le visa laotien est accepté... Après tant d'effort, le Laos nous tend enfin les bras, et Anelor est tellement heureuse en passant la frontière qu'elle explose de joie en un rire libérateur et se met à tournoyer sous la pluie.
Dimanche 21 Août -Vientiane / 22h40
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