12 août 2010

Chiloé, archipel de légendes

Mercredi 11 aoûtBariloche (Argentine)

C'est d'Argentine que je poste ce récit des quelques quatre derniers jours. Des journées particulièrement riches, entre la tranquillité empreinte de légendes de l"île Chiloé, la rencontre avec Che Guevarra, les lacs perdus aux confins de la cordillère des Andes, les beaux moments humains partagés, à cheval ou autour d'un verre... étonnement, c'est déjà avec beaucoup de nostalgie que je revis ces instants à l'écrit, alors que l'arrivée dans la grande ville d'Argentine qu'est Bariloche nous est quelque peu pénible et que la magie de ces jours hors du temps semble déjà s'estomper...


Samedi 7 août

A Pargua, le bus monte dans un ferry qui le transporte rapidement de l’autre côté, à Chacao. Sur l’île, les paysages sont morcelés et sauvages, avec de nombreux lacs ou fronts de mer, on se sait pas trop. Terminal de Castro, petite capitale et point central de l’île. A l’hospedaje Cordillera, la dueña nous accueille avec un sourire d’une chaleur rare, et on n’hésite pas longtemps avant de s’installer dans une jolie petite piaule pas chère (entendons-nous, pour le Chili) avec vue sur la mer.

On a l’après-midi pour découvrir la ville. Globalement très mignonne avec ses petites maisons aux façades peintes en bois et aux toits et murs en taule découpée, dans la lignée de Puerto Varas. Il fait gris mais ne pleut (presque) pas, et le soleil fait de belles apparitions, teintant chaleureusement la ville de ses rayons déclinant. La plaza des armas abrite une grande église en bois classée au patrimoine mondial de l’Unesco, à l’instar de 15 autres églises de l’archipel. Car Chiloé n’est pas qu’une île, mais une multitude de petites îles entourant un grand îlot central.

Une légende explique cette géographie : autrefois l’île n’était constituée que d’un unique bloc compact. Le serpent Ten-ten Vilú, régnant sur la terre et les créatures terrestres, se serait livré à un combat contre le serpent Coi-Coi Vilú, régnant sur la mer et les créatures marines, chacun d’eux faisant monter tour à tour et respectivement le niveau des mers et de la terre. Le serpent Coi-coi Vilú aurait pris le dessus, ce qui explique pourquoi l’eau serait montée d’un cran, ensevelissant une partie de l’île et ne laissant que quelques montagnes côtières émerger, formant les nombreuses petites îles autour.

Chiloé est un lieu pétri d’histoires comme celle-ci. Les anciens de l’île transmettent depuis des siècles contes et légendes, et Chiloé s’est créé avec le temps une mythologie propre, regorgeant de personnages magiques "classiques" (sorcières, sirènes...) mais aussi de créatures intrinsèquement liées à l’île. El Trauco par exemple, gnome répugnant s’accouplant aux jeunes vierges à travers des rêves impurs, expliquant les enfants hors-mariage. Mais aussi la Pincoya, belle femme nue dansant sur les plages et dictant la fertilité des eaux et l’abondance du poisson et des coquillages. Ou encore la Fiura, petite sorcière à l’insatiable appétit sexuel vivant dans la forêt et dont le souffle provoque la sciatique. Il y a aussi le mythe du Caleuche, bateau pirate fantôme piloté par des brujos (sorciers) et pouvant se déplacer sous le niveau de l’eau, provoquant des naufrages de bateaux de pêcheurs. Et beaucoup d’autres. On ne peut ignorer cette mythologie qui transparait par touches un peu partout, notamment dans les créations artisanales et les livres bien sûr. J’en achète deux pour me familiariser avec ces fascinantes légendes.

Mais revenons à la ville. Tout le centre est érigé sur une grande butte dominant l’océan, donnant sur quelques îles au loin, et laissant deviner les côtes chiliennes à l’horizon. A marée haute, l’eau vient lécher les fondations de bois des Palafitos, maisons sur pilotis construites aux abords de l’eau, le long de bras de mer s’engouffrant dans la ville. Eux aussi sont classés au patrimoine de l’Unesco. Ca sent l’iode, les algues, les mouettes, et des bateaux de pêche sont amarrés un peu partout, voir échoués à même la grève à marée basse.

Un ami de Nico l’Ardéchois nous aide à organiser une cavagata (ballade à cheval) pour lundi. En attendant on flâne, on profite de l’air marin et du relatif calme de la ville. Relatif, car malgré le peu de touristes, il y a quand même beaucoup de vie, beaucoup de magasins ouverts tard, une ambiance qui brasse à la nuit tombante. Comme dans les autres villes qu’on a traversé, les enfants sont un peu les rois, et une boutique sur deux leur est dédiée : fringues, jouets… Les pharmacies sont ouvertes 24/24, comme certaines banques. D’ailleurs il n’est pas rare de trouver des distributeurs de pognon dans les pharmacies, qui diffusent aussi souvent de la musique dansante un peu fort. En gros, si les boîtes sont fermées, tu peux toujours aller teufer dans une bonne pharmacie ! Pour revenir au pognon, le Chili est quand même ultra cher, surtout si on ose comparer les prix avec la Bolivie. Tout est finalement à peu près au même prix qu’en France, on est donc obligé de faire un peu plus attention à nos dépenses (en France, on ne dort pas à l’hôtel tous les jours !).

Au Café Ristretto, on découvre un mot de remerciement écrit la veille par Audrey et Mathieu du Café du bout du monde à Lyon. Quelqu’un les connait ? C’est vrai qu’un bon expresso, ça change du Nescafé qu’on nous sert systématiquement.


Dimanche 8 août

On prend un peu le temps de se lever, se doucher, et se faire servir un copieux petit déjeuner par la dueña de l’hôtel (toujours aussi souriante et pleine d’allant), en regardant l’émission « Les maçons du cœur », diffusée à la télé de la salle à manger. Sordide.

Un microbus local nous conduit jusqu’à Achao, pittoresque village sur une autre île qu’on rejoint une fois de plus à l’aide d’un ferry. Le soleil perce encore par moment entre deux pluies fines. On se balade le long du port et de la mer. Des vieux pêcheurs accrochent leurs barques à des conglomérats de polystyrène (??), des femmes étendent leur linge, le soleil se reflète sur l’eau, on se laisse bercer par le feulement des vagues, la brise marine, la quiétude de ce petit village qui nous semble si loin de tout. Sur la place, une autre jolie église en bois classée. Une messe y est donnée (on est dimanche), on entre discrètement… elle est très belle à l’intérieure, très lumineuse, toute de bois recouverte… et blindée de monde qui prie, on se casse.

On prend un autre bus pour rejoindre Dalcahué, autre village « sur les terres », de l’autre côté de la traversé en ferry. Une foire artisanale s’y tient le dimanche. Le port est magnifique, avec des pêcheurs sont en train d’écailler le contenu de leurs filets et le de le vendre directement aux passants, sans sortir de leur bateau. Des bateaux sont de toutes les couleurs, ravivées par un soleil qui fait à nouveau une belle percée. Les rues sont un peu en ébullition, toutes sorte d’artisanats sont proposés, mais aussi des liqueurs de coin (un peu risquées) et des ponchos en laine de mouton (un peu rêches). La liqueur la plus connue est la « licor de oro », est obtenue en mélangeant du lait, de l’alcool, du sucre, des clous de girofle, des citrons, du safran, des amandes amères, des gousses de vanille et une pincée de cannelle !

A notre retour à Castro, on se sent véritablement détendu, comme happés par la sérénité que dégagent les environs. Je me plonge à nouveau dans les légendes du coin. Mais on va quand même s’enfiler un bon vieux menu « hamburger frites coca » dans un café resto blindé du centre ville, histoire de pas trop se laisser dériver non plus.

La nuit tombe rapidement sur Castro, on va faire des emplettes au supermarché et on se prépare un bon casse-croûte pour le lendemain, avant se sombrer dans des rêves tripés, dans lesquels j’organise des concerts pour des êtres étranges dans des îles fantômes…


Lundi 9 août

Le réveil sonne à 6h45. Même pas mal. Ou peu. On se lève aussi vite que possible et on dégringole la colline jusqu’au Palafito hostel, où on a RV avec le fameux Wilki, dont Nico l’Ardéchois nous a parlé et qui semble haut en couleur. Dès son arrivée, on comprend : Wilki, c’est Che Guevara ! Son portrait craché. On va passer la journée à cheval avec le Che. Cool. Il nous invite à monter dans son pick-up pour rejoindre Cucao, à 1 heure de route de Castro.

Dans l’habitacle, ça se met vite à parler de pleins de trucs, ça fuse, ça parle musique, mode de vie, politique et nature… Wilki est un gars passionné et passionnant, qui s’occupe d’environ 25 chevaux dans les environs de Castro et qui donne des cours de théâtre et est diseur de contes dans des écoles du coin. C’est un dingue d’histoires et il a à cœur de perpétuer la tradition des anciens de transmission orale des légendes liées à Chiloé. Il nous en raconte quelques unes, comme celle du Cachafaz qui permet à celui qui n’a aucun don pour la musique de maitriser un instrument en suivant un rituel magique faisant apparaitre dans l’obscurité le Cahafaz, qui transmet le savoir musical. Il nous parle de groupes de rock d’Amérique latine à découvrir. Il est par ailleurs fan de Mike Patton et Mr Bungle ! Bref, le courant passe.

Je lui demande de nous donner ses sentiments sur la politique actuelle du pays, lui demandant s’il n’est pas triste que la droite soit repassée au pouvoir après 20 ans à gauche (qui suivait 16 ans de dictature avec Pinochet, de 1973 à 1989). Il me répond qu’il préfère ne pas en parler, que ça lui donne envie de pleurer, mais admet ne pas avoir été convaincu par le dernier gouvernement de gauche : « des intellectuels exilés en Europe pendant la dictature et souhaitant transformer le Chili en pays européen, en axant tout sur l’économie, sans prise en compte des individus, de notre histoire, de nos différences », il n’a donc pas voté pour la première fois de sa vie. Selon lui, Piñera, le nouveau président, sait gérer une entreprise et faire de l’argent (il l’a prouvé en devenant l’une des fortunes du pays), mais n’a aucune expérience dans la gestion politique et la direction d’une nation. Pour autant, Wilki pense que cette élection est une bonne chose, espérant qu’elle générera un électrochoc dans une classe politique de gauche trop sûre d’elle et un peu endormie sur ses 20 ans de pouvoir, où il y a eu ponctuellement de bonnes choses comme la présidence de Michèle Bachelet (au pouvoir de 2006 à 2009) à qui il porte un grand respect. Je lui explique la situation française qui est un peu comparable, avec une gauche pas convaincante et manquant cruellement de leader crédible face à une droite s’amusant en attendant à grignoter progressivement les droits sociaux acquis à la force d’années de luttes. Il me demande comment va Carla Bruni. Encore elle.

Toutes ces discussions n’ont pas lieu que dans la voiture bien sûr, on passe en fait toute la journée à échanger, suggérer, s’interroger l’un l’autre. Je traduis à Alice quand elle ne comprend pas, mais elle comprend globalement assez bien, même si elle a du mal à parler par elle-même.

La Cavalgata en elle-même est super agréable, malgré un temps très nuageux, voire un tantinet pluvieux. On enfourche nos montures à Cucao, de petits chevaux bien robustes avec des selles bien confortables, constituées d’une épaisse laine de mouton. Le cheval d’Alice est un peu pénible mais elle le mate, excellente cavalière qu’elle est. C’est moins mon cas, mais mon cheval est cool (un punk à crête) et je suis à l’aise. Après mon expérience de cavalier mongole, plus rien ne peut m’atteindre. On sort lentement du village bordant le lac Cucao, puis on traverse une prairie sablonneuse avant de débarquer sur l’immense plage, face à l’océan pacifique. Cette fois on est sur la côte ouest de Chiloé, c’est le vrai océan, avec l’Australie tout au bout. La marée est montante, le vent souffle fort et les vagues sont assez hautes. Wilki nous explique qu’il est interdit de se baigner ici, même en été, trop dangereux. On longe l’océan pendant un bon moment vers le nord, sur le sable ou sur des dunes un peu touffues donnant des points de vue sur la plage, mais aussi sur les montagnes boisées (cyprès et végétation sauvage) du grand parc national Chiloé à notre droite. Wilki se lamente de la déforestation dont ce dernier est la victime, notamment dû à l’installation de grandes lignes électriques sillonnant une nature jusqu’alors épargnée par l’empreinte de l’homme. Il se rappelle que lorsqu’il était enfant, cette partie de l’île n’était accessible qu’en bateau en traversant les lacs adjacents, ou à cheval. Une route en terre a été construite il y a 30 ans, et cela fait seulement 2 ans qu’elle est recouverte d’asphalte.

On met la nostalgie de côté, et on part au galop sur les dunes de sable. Sentiment grisant de liberté. La marée continue à monter par vagues successives. On arrive ainsi au bout de la plage, face à une petite montagne qui avance sur la mer. Le niveau est monté et on doit traverser l’eau pour rejoindre l’autre bord et grimper sur la montagne. Mais plus on avance dans la mer, plus on s’enfonce, et les vagues qui déferlent font peur aux chevaux. Wilki se retrouve les pieds dans l’eau, on ne voit plus les pattes de son cheval… il nous dit qu’on peut passer sans problème… avec de l’eau jusqu’au dessus des genoux ! On décide donc de faire marche arrière et on se trouve un petit coin tranquille entre montagne et dunes, protégés du vent par quelques arbres. On partage notre casse-croûte avec Wilki qui a oublié sa bouffe en partant un peu vite. Il nous raconte encore son adolescence sous Pinochet, l’esprit de révolte qui émanait alors de la jeunesse, les grands espoirs suscités par les élections démocratiques de 89. Il avait alors 17 ans. Il nous raconte un peu sa vie, nous parle de sa femme et sa fille, son projet de construire une maison « écologique », ses voyages et là où il a vécu : Bolivie, Pérou, Tierra del fuego… originaire de Chiloé, il a beaucoup voyagé sur le continent et fait pas mal de métiers. Je lui raconte un peu Lyon, et mes voyages à moi. Il trouve que l’un des seuls immenses avantages qu’offre la mondialisation est la possibilité de voyager, d’aller se balader de part le monde et partager ses expériences, comme on est en train de le faire. Wilki, c’est une belle rencontre.

Le retour est un peu long et pénible, avec la grisaille qui n’en finit pas et un vent qui s’immisce partout et nous frigorifie. Et puis à force, le dada, on a beau pérorer et faire le cavalier fier sur sa selle, ça fait mal au cul. Mais cette journée en compagnie de Wilki, seuls à cheval sur une plage paumée dans une ambiance de bout du monde, aura été d’une incommensurable richesse. Le Che nous raccompagne jusqu’à Castro dans son vieux pick-up, dont la vitre gauche un peu bringuebalante à l’aller cède carrément sur le retour. Il nous dépose au terminal de bus après mains remerciements, promesses de se recontacter, de s’envoyer par mail des noms de groupes à écouter.

Le bus s’éloigne de Castro, passe par Ancud, puis se laisse transporter par le ferry l’éloignant de cette archipel envoutant qu’est Chiloé, qui donne vraiment un goût de reviens-y. On sonne à la casa Margouya de Puerto Varas à 22h30. Marie nous ouvre avec un grand sourire (et quelques cernes laissés par l’énorme teuf la veille), on est de retour dans nos quartiers.


Mardi 10 août

Le réveil sonne (encore une fois) un peu tôt. C’est aujourd’hui qu’on se fait la traversée du lac Todos Los Santos. On a décidé d’attendre avant de s’y jeter, parce que ça ne vaut vraiment le coup que s’il fait beau temps, parait-il. Et c’est couvert.

On monte quand même dans le premier bus à destination de Petrohué, un poil après les cascades du même nom. Le village n’est quasiment composé que d’un hôtel 5 étoiles et d’un embarcadère. On prend place dans un grand catamaran de tourisme à 2 étages. On est seuls à l’intérieur. Avant l’arrivée de 4 bus bondés de personnes du troisième âge, de familles bourgeoises et de lycéens de sortie. L’embarcation est prise d’assauts et le calme laisse la place à brouhaha et bousculades.

Les nuages matinaux se sont fait la malle, et le soleil entame sa montée dans un ciel totalement dégagé. On voit parfaitement le volcan Osorno, qui culmine juste au dessus du lac du haut de ses 2660 mètres enneigés. Toutes les montagnes exhibent leurs versants bien verts, d’où surgissent quelques cascades, et leurs cimes bien blanches. L’eau est bleue verte et calme et miroitante. Le bateau commence la traversée. Un guide prend le micro et donne des détails (en espagnol et en anglais) sur le lac, son histoires, ses volcans, sa vie, son œuvre. On passe devant une île appartenant aux propriétaires de la compagnie, le gars nous présente leur maison, leur terrain, leur cimetière. A côté de ces informations inutiles, le spectacle est juste fascinant. Le lac, immense, est dominé par la cordillère des Andes, et gardé par 4 volcans, le dernier, El Tronador (3491m) ayant un versant chilien et l’autre argentin. Des lycéennes chiliennes (« qui me kiffent grave », dirait Raph) insistent pour être prises en photo avec nous.

Au bout de 2 heures de traversée, le catamaran s’arrime au port de Puella. Tous les passagers courent s’assoir dans un car qui les transporte jusqu’au village… 800 m plus loin. Soudain, ce petit bled charmant, paumé entre lacs et montagne, se transforme en parc d’attraction touristique : canopée, balades à cheval, restaurants chers… On essaye autant que possible de sortir de la meute, en marchant le long du sentier. Un gardien du parc national Vicente Pérez Rosales dans lequel on se trouve nous donne des infos sur les sentiers à parcourir, et nous conseille d’aller frapper à la porte d’une petite maison jaune, à deux pas, si on veut manger un menu pas cher en dehors du vacarme ambiant. On s’exécute. Une petite dame un peu âgée nous ouvre, l’air interrogateur. Je prends la parole : « nous sommes deux français et… » « Ah, vous venez de la part d’Angelica ! Entrez, vous êtes les bienvenus, je vais vous préparer à manger ! ». Euh… ok, on s’assoit à une table. Dans la petite pièce, l’équipage du bateau est déjà en train de déjeuner. On nous sert une bonne soupe de lentille, une salade de tomate, du bœuf, du riz, une salade de fruit, un café… le top. On ne paye quasi rien et la dueña nous inonde de sourires. En partant, elle nous rappelle de faire plein de bisous à Angelica de sa part : qui qu’elle soit, on la remercie bien !

Petite balade jusqu’à une cascade, avant de grimper un peu sur la montagne pour avoir une vue sur le lac, un peu à l’écart de la fourmilière. Alice est super contente de monter encore un sentier bien pentu, mais très peu de temps par contre. Il fait vraiment beau, on se sent bien, perdus entre les montagnes dans cet écrin ensoleillé avec vue sur un lac splendide, je me retrouve en T-shirt pour la première fois du voyage.

Le retour est ultra reposant, le catamaran traverse à nouveau les paysages de rêve avec un soleil un peu plus bas, éclairant différemment lac, sommets et cascades. Alice s’endort.

On arrive à temps à Petrohué pour monter dans le dernier bus en direction de Puerto Varas. "Cuando Te Conoci" d’Andrés Calamaro résonne dans les hauts-parleurs alors que le soleil rougeoyant se couche derrière le lac Llanquihue. A destination, on s’installe au Tronko’s autour de bonnes bières artisanales et d’une grande paella espagnole. On raconte Chiloé à Nico, Marie et Riche, qui sont contents qu’on aie rencontré leur pote Wilki, et qui nous font nous rendre compte de la chance qu’on a de voyager à un moment si paisible, avec si peu de touristes, et de pouvoir profiter d’une plage de Chiloé pour nous tout seuls par exemple. Ils nous conseillent aussi pour la suite, et sont plutôt encourageants. On se fait servir un bon Pisco (alcool local à base d’alcool, de jus de limon, de sucre et de blanc d’œuf), et la soirée prend fin à l’auberge, où on discute encore un moment avec Marie et une autre française qui vit ici, dans une ambiance détendue. Marie nous offre des pignons géants à faire bouillir (provenant d’un arbre du coin) et quelques piments. On se sent à la maison.


Mercredi 11 août

Encore ce satané réveil. On attend avec impatience la prochaine grasse mat. Surtout Alice avec sa légendaire bonne humeur du matin. On se prépare un petit déj avec les denrées qui nous restent, puis taxi jusqu’au terminal de bus. Toute la presse locale fait la une sur une nana de Puerto Varas recherchée depuis 42 jours (on a vu des affiches un peu partout depuis notre arrivée) et dont le corps a été retrouvé sans vie dans sa propre maison la veille, alors que son mari disait l’avoir vu sortir, et que les policiers enquêtaient depuis des semaines. Le mari devient le suspect n°1 de l’affaire. Bien sûr, je m’achète la presse et me passionne pour le dossier de 6 pages sur cette mystérieuse histoire, fait rare dans un bled aussi petit que Puerto Varas.

Le bus part. Dans quelques heures, nous seront en Argentine.

Mercredi 11 aoûtentre Puero Varas (Chili) et Bariloche (Argentine)

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